Du côté des lettres. Comment les mathématiciens français ont appris ce qui était arrivé à leurs collègues polonais pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le présent article est une version française de l’article publié par les auteurs dans le numéro 53 (pp.29-53) de la revue Organon en 2021.
Piste verte Le 21 mai 2022 Voir les commentaires
Depuis longtemps, les correspondances alimentent le travail des historiens. Dans cette série « Du côté des lettres » nous proposerons périodiquement la lecture commentée d’une lettre autour des mathématiques.
Cet article présente quatre lettres entre Sierpiński et Montel qui montrent comment les mathématiciens français ont pris connaissance de ce qu’ont vécu leurs collègues polonais pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Introduction
Cet article présente la transcription de quatre lettres que nous avons récemment redécouvertes dans les papiers personnels du mathématicien Paul Montel [1]. Il s’agit d’échanges à l’automne 1945 qui permettent de mieux comprendre comment la communauté mathématique française a été mise au courant de ce qu’avaient vécu leurs collègues polonais pendant la guerre [2]. Ces échanges comprennent une lettre du mathématicien Wacław Sierpiński à Montel du 27 septembre, la réponse de Montel du 13 octobre, et une correspondance entre Montel et l’ambassadeur de Pologne en France. La lettre de Sierpiński avait en outre été lue devant l’Académie des sciences par Montel le 8 octobre, et insérée dans les Comptes rendus imprimés le 1er janvier 1946 [3]. Cette terrible histoire a été maintes fois racontée dans le passé, mais il nous semble que l’on n’avait pas suffisamment porté attention à la manière dont la nouvelle fut reçue en France, où la communauté mathématique avait tissé des liens solides et chaleureux avec des collègues polonais [4].
- École de Lwow dans les années 1930
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la Pologne avait vécu un véritable âge d’or des mathématiques [5] grâce au travail enthousiaste de nombreux scientifiques auxquels l’avènement du jeune État indépendant avait donné l’occasion de multiplier des projets de recherche audacieux, notamment en logique, en théorie des ensembles, en théorie de la mesure et en analyse fonctionnelle. Les deux décennies de l’entre-deux-guerres virent une extraordinaire efflorescence de travaux fondamentaux, portée par la création de nouvelles revues comme Studia Mathematicae ou Fundamenta Mathematica qui s’imposèrent immédiatement parmi les journaux spécialisés les plus réputés. Dans un tout récent ouvrage, consacré aux communautés mathématiques au lendemain de la Grande Guerre - auquel ont contribué les trois auteurs du présent article - deux chapitres sont consacrés à la scène polonaise en raison de l’importance tout à fait exceptionnelle qu’elle a jouée à cette époque [6]. La tragédie qui s’est déroulée pendant la Seconde Guerre mondiale est d’autant plus frappante : on peut sans exagérer parler d’une tentative d’anéantissement de la Pologne mathématique. Réduite en cendres comme tout le pays par l’invasion puis l’occupation allemande et les combats de la contre-offensive soviétique de 1944, la communauté mathématique polonaise disparut en effet largement dans le cyclone [7].
Wacław Sierpiński
Wacław Franciszek Sierpiński est né le 14 mars 1882 à Varsovie. Durant les années 1900-1904, il étudie les mathématiques à l’Université impériale de Varsovie (Императорский Варшавский Университет ; Cesarski Uniwersytet Warszawski), alors institution russe, où il subit l’influence du grand spécialiste de la théorie des nombres Georgij Feodosevich Voronoĩ (1868-1908). À Varsovie entre 1906 et 1908, il est actif en tant que professeur dans des écoles secondaires. En 1907, il avait passé quelques mois à Göttingen, et en 1908, il obtient son habilitation à l’université Jan Kazimierz [Uniwersytet Jana Kazimierza] de Lvov [8] et devient professeur associé, puis professeur extraordinaire en 1910. Ses intérêts scientifiques passent alors de la théorie des nombres à la théorie des ensembles. [9]. Il consacre à la théorie des ensembles en 1912 un manuel intitulé Zarys teorii mnogości (Un aperçu de la théorie des ensembles), qui suscite l’enthousiasme de jeunes mathématiciens pour la discipline.
- Wacław Franciszek Sierpiński (1882-1969)
Au début de la Première Guerre mondiale, Sierpiński, sujet autrichien, est envoyé par les autorités russes dans un camp d’internement à Wiatka. Grâce à l’aide de ses collègues russes, il peut s’installer à Moscou où il collabore avec Nikolaj Nikolaevich Lusin (1883-1950) et se familiarise avec la théorie des ensembles analytiques.
En 1918, il devient professeur à l’université polonaise de Varsovie, où on lui a offert une chaire de mathématiques. Janiszewski et Mazurkiewicz y étaient déjà professeurs, de sorte que trois des meilleurs spécialistes mondiaux de la théorie des ensembles se retrouvèrent alors à l’université de Varsovie. Janiszewski avait postulé dans le manifeste O potrzebach matematyki w Polsce (Sur les besoins des mathématiques en Pologne) (1917) que l’activité scientifique future devait être concentrée sur un domaine des mathématiques (un candidat naturel était précisément la théorie des ensembles et les domaines associés comme la topologie ou la théorie des fonctions réelles) et qu’une nouvelle revue mathématique devait être créée pour soutenir l’effort de recherche. Sierpiński a joué un rôle important dans la réalisation de ce programme, en devenant l’un des créateurs et rédacteurs de la toute nouvelle revue Fundamenta Mathematicae (en 1920), la première revue au monde consacrée à un sujet mathématique spécialisé, en l’occurrence la théorie des ensembles.
La période de l’entre-deux-guerres a été l’une des plus créatives de l’activité scientifique de Sierpiński. Il écrit de nombreux articles - dont une monographie fondamentale « Hypothèse du continu » (1934) - forme un très grand nombre d’étudiants et s’engage dans l’organisation de divers congrès et conférences internationaux, en lien avec de nombreux centres scientifiques.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il poursuit tant bien que mal son activité en écrivant des articles et de nouveaux livres, ainsi qu’en enseignant dans l’université clandestine. Après le soulèvement de Varsovie, entre août et octobre 1944, il est envoyé avec des dizaines de milliers d’évacués de Varsovie au Durchgangslager (camp de transit) 121 de Pruszków. En février 1945, revenu à Cracovie, il enseigne à l’Université Jagellonne et retrouve à l’automne son ancien poste à l’Université de Varsovie qu’il conserve jusqu’à sa retraite en 1960.
Après la Seconde Guerre mondiale, les intérêts scientifiques de Sierpiński se sont concentrés principalement sur la théorie des nombres. Il a écrit plusieurs articles et une monographie intitulée Elementary Theory of Numbers (1964). Entre 1958 et 1969, il a été le rédacteur en chef de la revue Acta Arithmetica [10], dont la publication avait été rétablie. Cependant, il n’abandonna pas totalement la théorie des ensembles et publia notamment une monographie encyclopédique synthétique Nombres cardinaux et ordinaux (1958 ; deuxième édition 1965). Notons que trois fractales bien connues portent aujourd’hui son nom : le triangle de Sierpiński, le tapis de Sierpiński et la courbe de Sierpiński.
Paul Montel
Né à Nice, Paul Montel (1876-1975) appartient à la brillante école d’analyse mathématique qui avait existé en France au début du 20e siècle avec les noms de Picard, Hadamard, Borel, Lebesgue et autres [11]. Il a surtout fait des recherches sur les fonctions holomorphes en analyse complexe. Sa contribution la plus célèbre est le développement systématique de la notion de famille normale de fonctions complexes qu’il avait introduite dans sa thèse de doctorat soutenue en 1907. En 1911, il obtient un premier poste (maître de conférences) à l’Université de Paris. Les mathématiciens Pierre Fatou et Gaston Julia travaillaient également sur l’analyse complexe en relation avec des problèmes de dynamique holomorphe, ce qui provoqua quelques tensions en 1918 lorsque le Grand Prix de l’Académie des Sciences de Paris fut attribué à Julia [12].
Montel fut nommé professeur titulaire à la Sorbonne en 1922, d’abord sur la chaire de mathématiques générales puis sur celle de mécanique rationnelle. En 1934, Julia, 41 ans, est choisi par l’Académie des Sciences de Paris comme successeur de Painlevé, alors que Montel avait été choisi auparavant par les membres de la section mathématique. Comme Michèle Audin l’explique dans (Audin, 2011), la terrible blessure reçue par Julia pendant la Première Guerre mondiale justifia probablement cette procédure inhabituelle. Pendant toute cette période, Julia fut en effet toujours mis en avant par les chercheurs de haut niveau pour illustrer les souffrances et la résilience de la science française après le conflit, circonstance qui contribua considérablement à l’accélération de sa carrière [13]. En 1937, Montel est finalement élu à l’Académie des sciences de Paris, et cette élection tardive ne contribua pas à améliorer les relations entre lui et Julia qui restèrent tendues jusqu’à la mort de Montel en 1975 [14].
- Paul Montel (1876-1975)
Entre les deux guerres mondiales, Montel exerce une influence majeure, notamment pour aider les jeunes étudiants (comme Szolem Mandelbrojdt après son arrivée de Pologne [15]) et entretient des relations profondes avec les mathématiciens d’Europe centrale et orientale.
Les échanges entre Sierpiński et Montel datent des années 1930. Sierpiński a beaucoup cherché à faire venir Montel en Pologne. Cela se produisit finalement en juin 1935, lorsque Montel reçut un doctorat honoris causa de l’université de Varsovie (Borel avait reçu la même distinction quelques années auparavant) et donna plusieurs conférences à Lvov et à Varsovie, sur les fonctions d’une ou plusieurs variables complexes (fonctions univalentes et multivalentes). Une conférence pour un public plus général fut donnée à la Société des Sciences de Varsovie au Palais Staszic, co-organisée par l’Institut Français. Ce voyage en Pologne fut l’occasion pour Montel de rencontrer de nombreux membres de la dynamique communauté mathématique polonaise qui l’accueillit avec beaucoup d’enthousiasme.
Vint la guerre où, pendant les premiers mois, Montel fut chef d’une mission scientifique franco-britannique. En 1941, il fut choisi comme doyen de la faculté des sciences de l’université de Paris et resta à ce poste jusqu’à sa retraite en 1946. Ce choix peut surprendre au premier abord car Montel était considéré comme ayant des opinions de gauche modérée, pas vraiment en phase avec les orientations du régime de Vichy, d’autant plus dans le Paris occupé, avec des doyens nommés par le gouvernement. Pourtant, il y eut un vote consultatif des membres de la Faculté des Sciences en 1941 dont la majorité choisit Montel. Ce vote exprimait donc un certain esprit de résistance et le ministre de l’éducation Jérôme Carcopino (1880-1970), historien de renom proche du régime de Vichy mais soucieux de l’indépendance universitaire, accepta habilement de suivre le résultat et choisit Montel comme doyen en 1941. Cela lui valut quelques commentaires haineux de la part de la presse collaborationniste :
« L’élection du doyen de la faculté des sciences fut organisée selon la tradition républicaine. Lors de la première sélection, une majorité écrasante fut donnée au noble Darmois, éminent physicien et mathématicien, adversaire du triste Perrin [16], dont on se souvient qu’il était un chaud partisan du front popu [17] ! Alors, pour faire nommer le sang-mêlé Montel [18], Borel [19], aidé par la grâce de Carcopino [...], fut envoyé recueillir les vœux et les voix de tout le petit personnel dans les lieux les plus discrets de la vénérable maison [20]. »
Le Darmois mentionné dans cette citation est le physicien Eugène Darmois (1884-1958), frère du mathématicien Georges Darmois (1888-1960) qui, contrairement à Eugène, passa la guerre à Londres au service de de Gaulle. Montel quant à lui réussit à traverser cette période sombre en évitant tout arrangement trop compromettant avec le régime de Vichy ou l’occupant, comme le prouvent de nombreux témoignages de sympathie émis après la Libération, et surtout le fait qu’il put poursuivre son mandat de doyen jusqu’à sa retraite en 1946, fait plutôt rare parmi ceux chargés de fonctions administratives importantes pendant l’occupation allemande [21].
- Le centre de Varsovie en 1945. Photo de M. Świerczyński
Lettre de Wacław Sierpiński à Paul Montel
Cracovie, le [rayé : 31 Mai] 27 septembre 1945 rue sw.Tomasza 30, m.7
Mon cher Collègue et Ami,
Il m’était impossible d’écrire à Vous pendant les derniers 5 et demi années qui étaient tragiques pour l’école mathématique polonaise.
Les mathématiciens polonais nommés plus bas ont été assassinés par les Allemands pendant leur occupation de notre pays :
Stanislaw Ruziewicz, en 1939, Recteur de l’Académie de Commerce à Lvov, ancien professeur de l’Université de Lvov, tué par le Gestapo à Lvov en Juillet 1941,
Antoine Lomnicki, en 1939, Prorecteur de l’Ecole Polytechnique de Lvov, tué par le Gestapo à Lvov en Juillet 1941,
Wladimir Stozek, doyen de l’Ecole Polytechnique de Lvov, tué par le Gestapo à Lvov en Juillet 1941
Casimir Bartel, professeur et ancien Recteur de l’Ecole Polytechnique de Lvov, tué par le Gestapo à Lvov en Juillet 1941
Antoine Hoborski, ancien Recteur de l’Académie des Mines à Cracovie, Professeur à l’Université de Cracovie, est mort en 1940 dans le camp de concentration de Sachsenhausen (près de Berlin), où il fut transporté en Novembre 1939 avec d’autres professeurs de l’Université de Cracovie, dont 17 sont également morts dans ce camp.
Stanislaw Saks, chargé du cours à l’Université de Varsovie, tué par le Gestapo à Varsovie en 1943
Aleksandr Rajchman, professeur à l’Université libre de Varsovie est mort en 1940 au camp de concentration à Dachau
Adolphe Lindenbaum, chargé du cours à l’Université de Varsovie tué en 1942
J.P. Schauder, chargé du cours à l’Université de Lvov, tué en 1943
H. Auerbach, chargé du cours à l’Université de Lvov, tué en 1943
Jacob, chargé du cours à l’Université de Lvov, tué par le Gestapo à Varsovie en 1943.
Antoine Wilk, docteur en phil. qui a découvert plusieurs comètes portant son nom est mort à Cracovie en 1940 le lendemain de son retour du camp de concentration à Oranienburg
A cause des événements de guerre sont morts encore :
S.Dickstein, professeur d’Honneur de l’Université de Varsovie doyen d’âge des mathématiciens polonais, est mort en 1939 pendant une attaque aérienne,
Witold Wilkosz, professeur à l’Université de Cracovie est mort à Cracovie en 1943
Stefan Kempisty, professeur à Université de Wilno est mort en prison,
Antoine Przeborski, professeur à l’Université de Varsovie est mort en 1941,
André Kozniewski, docteur en phil. est mort en 1939,
Stefan Kwietniewski, chargé du cours à l’Université de Varsovie est mort en 1940.
Nous déplorons encore la mort de Stanislaw Zaremba, professeur d’Honneur de l’Université de Cracovie (en 1943), celle de Stefan Mazurkiewicz, prof. à l’Univ. de Varsovie, et celle de Stefan Banach, Prof. à l’Univ. de Lvov.
Ce sont des pertes personnelles. Il est à souligner que les mathématiciens polonais assassinés, parfois cruellement, par les Allemands, ne cultivaient aucune politique : la seule raison de les tuer fut celle qu’ils étaient des savants polonais (et, en 4 cas - leur « race »). Dans le domaine d’autres sciences la situation est analogue.
Mais voici d’autres pertes irréparables.
Notre grande bibliothèque mathématique qui se trouvait rue Oczki 3 (au Séminaire Mathématique de l’Université de Varsovie) fut brulée. Les bibliothèques privées de tous les mathématiciens de Varsovie (la mienne, celle de MM. Mazurkiewicz, Kuratowski, Borsuk et autres) furent brulées, ainsi que nos maisons, pendant les mois août-octobre 1944. Plusieurs de nos manuscrits -résultats de notre travail pendant les années 1939-1944 - sont perdus. Nous n’avons littéralement aucun livre, aucun tirage à part. En automne 1939 le volume 33 des Fundamenta Mathematicae était sous presse (à Cracovie) 7 feuilles (112 pages) furent imprimées, les 10 suivantes étaient composées. Le directeur allemand de l’imprimerie a détruit la composition de ces 10 feuilles, dont les manuscrits et les épreuves sont brulés, ainsi que les exemplaires des volumes 1–32 qui se trouvaient à Varsovie, ainsi que les exemplaires des volumes parus des Monographies Mathématiques. Il ne nous reste que quelques exemplaires de ces volumes qui étaient hors de Varsovie. C’est donc une catastrophe pour les Fundamenta Mathematicae et les Monografie Matematyczne.
Ma maison (rue Marszalkowska 73) fut brulée par les Brandkommandos à la fin d’octobre 1944 sans aucune raison stratégique, quelques semaines après l’évacuation de Varsovie de tous les habitants polonais. Le 2 octobre 1944 nous étions obligés de quitter Varsovie à pieds et marcher 15 kilomètres (où se trouvait le camp de distribution) sans pouvoir prendre de notre maison rien sauf ce qu’on pouvait porter à la main. Nous avons ainsi perdu tout notre avoir. Cela avait lieu après avoir passé deux mois dans la ville assiégée et continuellement bombardée par les Allemands.
Le Siège de la Société des Sciences et des Lettres de Varsovie - le palais Staszic - est brulé. Nos académies et nos universités furent fermées et pillées par les Allemands en 1940. Des centaines de nos professeurs universitaires sont morts, respectivement tués dans les camps de concentration. Il n’y a presque aucune famille en Pologne qui n’a perdu au moins un de ses membres tués ou martyrisés par les Allemands.
Provisoirement je me trouve avec ma femme à Cracovie et j’y resterai probablement quelques mois. Les Allemands furent obligés de quitter si rapidement Cracovie qu’ils n’avaient pas le temps de détruire la ville. Cracovie est l’unique ville universitaire de Pologne où l’on pourra recommencer immédiatement l’enseignement universitaire.
Veuillez agréer, mon cher Collègue et Ami, l’expression de mes sentiments les plus cordiaux.
W. Sierpiński
Lettre de Paul Montel à Wacław Sierpiński
13 octobre 1945
Paul MONTEL, Doyen de la Faculté des SCIENCES, Membre de l’Institut,
à Monsieur le Professeur SIERPINSKI Rue sw.Tomasza, 30, m.7 CRACOVIE
Mon cher collègue et ami,
C’est avec un sentiment d’horreur que j’ai lu votre lettre. Tant de savants, dont beaucoup m’étaient connus personnellement, ont disparu en pleine production ; tant d’œuvres scientifiques ont été anéanties ; tant de chercheurs sont privés de leurs moyens de travail.
J’ai donné lecture de votre lettre à la séance de l’Académie des Sciences du 8 octobre dernier. L’académie a décidé qu’elle serait insérée dans ses Comptes-Rendus.
Au milieu de tant d’affliction, j’ai la joie de vous savoir vivants, Madame Sierpinska et vous, et ceux dont vous ne parlez pas que je suppose échappés à ce tourbillon de meurtres : les Steinhaus, Leja et mon élève et ami Biernacki de Poznan.
J’aimerais recevoir directement de leurs nouvelles.
J’espère que nous pourrons vous aider à reconstituer vos bibliothèques, en particulier les Comptes-Rendus de l’Académie des Sciences pourront vous être envoyés par plusieurs d’entre nous qui en ont des collections personnelles.
Écrivez-moi par l’ambassade de France si je peux vous aider en quelque manière.
Veuillez agréer l’expression de ma cordiale sympathie pour le deuil qui frappe la science polonaise, l’expression de mes hommages respectueux pour Madame Sierpinska et pour vous, mon cher collègue et ami, toute mon affectueuse amitié.
Lettre de Paul Montel à l’Ambassadeur de Pologne en France, Stanisław Skrzeszewski
13 octobre 45
Paul MONTEL Doyen de la Faculté des SCIENCES, Membre de l’Institut,
à Monsieur l’Ambassadeur de POLOGNE.
Monsieur l’Ambassadeur,
J’ai reçu de Monsieur le professeur Sierpinski une lettre relatant les assassinats des savants polonais par les Allemands durant l’occupation et, singulièrement, des mathématiciens.
L’école mathématique polonaise si brillante depuis 25 ans, unie à l’école française par la communauté de doctrine et des liens personnels, est décimée au sens littéral de ce mot.
J’ai donné lecture à l’Académie des sciences, dans la séance du 8 octobre dernier, de la lettre de Monsieur le professeur Sierpinski, au milieu de l’émotion générale. Mes confrères ont décidé à l’unanimité l’insertion de cette lettre dans nos Comptes Rendus pour qu’il reste dans nos archives la trace durable de ce crime contre la pensée.
J’ai désiré vous en tenir informer et vous adresser les condoléances émues de la Faculté des Sciences de l’Université de Paris. Je vous adresse aussi ma réponse à la lettre de Monsieur le professeur Sierpinski en vous priant de vouloir bien la faire acheminer par la voie de la valise diplomatique.
Veuillez agréer, Monsieur l’ambassadeur, l’expression de ma très haute considération.
- Première page de la lettre publiée dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences
Lettre de l’Ambassadeur de Pologne en France, Stanisław Skrzeszewski, à Paul Montel
Ambassadeur de Pologne
Paris, le 22 Octobre 1945
Monsieur le Doyen,
Vous avez bien voulu m’informer de l’impression profonde qu’a exercée sur l’ensemble des membres de l’Académie des Sciences la lecture de la lettre du professeur Sierpinski relative aux assassinats des savants polonais par les Allemands durant l’occupation.
Les sentiments que vous exprimez dans votre lettre à l’égard du corps savant polonais ne manqueront pas de toucher très vivement les intellectuels de mon pays. Je vous prie d’exprimer dès à présent à vos éminents confrères de la Faculté des Sciences de l’Université de Paris et de l’Académie des Sciences ma conviction que leurs condoléances et l’insertion de la lettre du professeur Sierpinski dans les Comptes-Rendus de l’Académie seront considérés comme une nouvelle preuve de l’éternelle amitié entre nos deux pays et un inoubliable geste de solidarité.
Veuillez agréer, Monsieur le Doyen, l’assurance de ma haute considération.
L’Ambassadeur de Pologne Stanislaw Skrzeszewski
Conclusion
Les échanges ci-dessus illustrent le terrible destin de la Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale. L’impact de cette tragédie a profondément affecté les mathématiques dans le monde entier, car les mathématiciens polonais avaient réussi à développer une école de mathématiques très productive et pionnière, notamment en logique, topologie et analyse fonctionnelle [22]. Le choc a brusquement brisé la dynamique engagée pour promouvoir la recherche et la diffusion internationales à travers la fondation de nouvelles revues scientifiques et l’intensification des échanges avec les mathématiciens d’autres pays, comme le présentent les chapitres de Jaëck et Murawski dans (Mazliak et Tazzioli, 2021). Dans la lettre de Sierpiński, les noms des défunts ne sont pas seulement ceux de mathématiciens de premier plan, mais aussi de plusieurs acteurs moins célèbres qui ont porté le renouveau des mathématiques polonaises et contribué à donner un dynamisme sans précédent à l’enseignement et à la recherche en Pologne [23].
Outre les pertes humaines, la guerre a affecté toute la structure de l’enseignement supérieur et de la recherche. De nombreux textes furent perdus à jamais, des papiers prêts à être publiés furent brûlés, comme en témoignent les lettres échangées entre Montel et Sierpiński. Dans ce paysage de ruines, il est significatif que certaines institutions établies avant la guerre aient été assez fortes pour survivre et reprendre la production de mathématiques de haut niveau grâce à un élan désespéré des survivants.
- Article publié en 1945 dans les Fundamenta Mathematicae
Bien qu’il y ait certainement eu des correspondances personnelles entre des mathématiciens polonais et leurs collègues, anciens élèves et amis français pendant ou juste après la guerre, la publication dans les Comptes Rendus de la lettre de Sierpiński est restée un témoignage officiel plutôt isolé de l’impact de la guerre sur la communauté mathématique polonaise. Néanmoins, grâce à la large publication des Comptes Rendus, la lettre a fourni à de nombreux mathématiciens français un témoignage de première main de l’impact de la guerre sur des collègues géographiquement éloignés mais dont ils connaissaient les récents progrès mathématiques. Du côté polonais, plusieurs mathématiciens ont profité de leurs articles dans des revues polonaises juste après la reprise des publications pour mentionner les pertes infligées par les nazis et pour alerter sur les nombreuses pertes subies.
Annexe : Notes biographiques sur les mathématiciens polonais cités
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Frédéric Jaëck, Aix Marseille Université, ADEF, Marseille, France ;
Laurent Mazliak, Sorbonne Université. Laboratoire de Probabilités, Statistiques et Modélisation, Paris, France ;
Roman Murawski, Faculty of Mathematics and Computer Science, Adam Mickiewicz University, Poznań, Poland.
Remerciements
Merci aux relecteurs (Angela Gammella-Mathieu, Jean Delcourt, Karim Slimani) pour leurs commentaires et à Sébastien Gauthier et Hélène Gispert pour leur aide à l’édition.
Notes
[1] Archives de l’Académie des Sciences, Paris.
[2] L’échange entre Sierpiński et Montel semble avoir été connu de Hugo Steinhaus, l’un des leaders des mathématiques polonaises, mais le contenu exact de leur correspondance lui était inconnu. Voir (Steinhaus 2016, p. 12) où il écrit sous le 28 octobre 1945 : « Sierpiński m’a montré une lettre qu’il a reçue de Montel suscitée par le résumé de Sierpiński des pertes pour les mathématiques polonaises occasionnées par la guerre. Montel a porté la liste à l’attention de l’Académie des Sciences française, et la décision a été prise de publier la liste dans leurs actes. »
[3] Le texte est disponible en ligne à l’adresse suivante : https://gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k3173p/f389.
[4] On peut citer ici, par exemple, la collaboration de Jean Leray (1906-1998) avec Juliusz P. Schauder, qui ont développé une méthode révolutionnaire pour établir l’existence de solutions à certains types d’équations aux dérivées partielles. Cet outil est maintenant connu sous le nom de degré de Leray-Schauder. Voir (Leray, 1980) ou (Mawhin, 2018).
[5] Voir par exemple (Kuratowski, 1973), (Kuratowski, 1980), (Beeler et Rick 2014), (Mauldin, 1981), (Duda, 1996), (Duda, 2013). Sur l’histoire de la Pologne, consulter (Davies, 2005), (Kieniewicz et al., 1979), (Reddaway et al., 1971), (Ross, 1966), (Wandycz, 1992) et (Zamoyski, 1987).
[6] Voir (Mazliak et Tazzioli, 2021) et les deux chapitres consacrés à la Pologne : (Jaëck, 2021) et (Murawski, 2021).
[7] On pourra consulter par exemple (Duda, 2016) ou (Domoradzki et Stawiska, 2018), (Domoradzki et Stawiska, 2019).
[8] Comme on le sait, la toponymie de cette partie de l’Europe de l’Est est un problème complexe car les villes étaient souvent conçues sous des noms différents par les différentes communautés qui y vivaient, et les changements de la carte politique après la Grande Guerre ont impliqué des changements dans les dénominations officielles. Par souci de simplicité, nous adoptons dans le présent document une désignation unique pour chaque ville, correspondant à son nom anglais moderne. Lvov correspond à l’ukrainien Lviv ainsi qu’à l’allemand Lemberg et au polonais Lwów. Varsovie correspond au polonais Warszawa. Cracovie au polonais Kraków et à l’allemand Krakau. Vilnius correspond à la Wilno polonaise et à la Wilna allemande.
[9] Le moment décisif fut sa « découverte » que le plan et la ligne ont le « même nombre » de points, c’est-à-dire que les points du plan peuvent être spécifiés par une seule coordonnée. Il écrivit alors (voir (Mostowski, 1975, p.9)) à son collègue Tadeusz Banachiewicz (1882-1954), le futur professeur d’astronomie de l’Université Jagellonne, qui étudiait à l’époque à Gottingen, lui demandant si ce résultat était connu. Banachiewicz répondit à la question en envoyant un télégramme contenant le mot unique : « Cantor ». De cette façon, il a attiré l’attention de Sierpiński sur les travaux de Cantor - qu’il a commencé à étudier.
[10] La revue a été créée en 1935 par Salomon Lubelski (1902-1941) et Arnold Walfisz (1892-1962). Il s’agissait de la troisième revue mathématique polonaise - avec Fundamenta Mathematicae et Studia Mathematica - consacrée à un domaine spécifique des mathématiques, en l’occurrence la théorie des nombres. Avant la Seconde Guerre mondiale, trois volumes ont été publiés. La revue a été rétablie en 1958.
[11] Pour plus de détails sur la vie de Montel, notamment sur ses liens avec sa ville natale, voir le livre (de Broglie et al., 1966). Voir aussi (Gispert, 1990), (Gispert et Leloup, 2009), (Charle et Telkes, 1989).
[12] Ce point a immédiatement aidé Julia à gagner une visibilité internationale comme le montre l’annonce faite par la revue Nature le 26 décembre 1918. Pour plus de détails sur les relations complexes entre Fatou, Julia et Montel, voir (Audin, 2011).
[13] Voir (Audin, 2011, pp.203 ff.).
[14] Voir par exemple (Barbut et al., 2013, p.214).
[15] Voir la nécrologie de Montel par Mandelbrojt qui contient une discussion de son travail en théorie des fonctions, en soulignant ses contributions à l’étude des familles normales, (Mandelbrojt, 1974).
[16] Jean Perrin s’était notamment attiré la haine des milieux d’extrême-droite par la création du CNRS en 1939. Sur ce thème, voir (Blay, 2012).
[17] Le « front popu » est une allusion au Font Populaire, l’alliance de gauche entre socialistes, communistes et radicaux, qui accède au pouvoir en France en 1936, sous la direction du président du Conseil (c’est-à-dire du Premier ministre), Léon Blum (1872-1950). La propagande collaborationniste et vichyste s’est appuyée sur l’attribution de l’effondrement français de 1940 au tournant politique de 1936, ainsi que sur de dures attaques antisémites contre Blum.
[18] Montel n’avait aucune ascendance juive, mais la presse collaborationniste ne s’embarrassait pas de tels détails lorsqu’il s’agissait de détruire la réputation de quelqu’un.
[19] Emile Borel a lui-même connu de grandes difficultés pendant l’Occupation de la France. Il fut arrêté par la Gestapo, avec quelques autres académiciens, et détenu en prison pendant un mois en novembre 1941. Voir (Mazliak et Shafer, 2011).
[20] Coupure de journal datée du 21 août 1941 conservée par Montel (archives Académie des Sciences). Cité dans (Audin, 2011,p.197).
[21] Pour des compléments sur l’activité de Montel au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, voir (Mazliak, 2020).
[22] Voir (Duda, 2016) pour une vue générale de l’histoire des mathématiques polonaises au cours des 19e et 20e siècles.
[23] Voir (Duda, 2018) sur la société mathématique polonaise et son influence.
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Pour citer cet article :
Laurent Mazliak, Frédéric Jaëck, Roman Murawski — «Du côté des lettres. Comment les mathématiciens français ont appris ce qui était arrivé à leurs collègues polonais pendant la Seconde Guerre mondiale.» — Images des Mathématiques, CNRS, 2022
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