La lutte des castes
El 25 noviembre 2009 Ver los comentarios (1)Leer el artículo en


Dans les pays d’influence indo-européenne, le pouvoir est partagé
entre les trois castes dirigeantes:
la caste des intellectuels, celle des guerriers et celle des marchands.
Ces trois castes ont des rapports au temps et au monde extrêmement différents
et leurs pouvoirs respectifs varient grandement d’un pays à l’autre,
ce qui donne une couleur différente à chaque pays (un peu comme
les couleurs des affiches publicitaires qui sont obtenues en juxtaposant
des taches des trois couleurs élémentaires).
Par exemple, aux États-Unis la caste ayant le plus de pouvoir
est celle des marchands, celle des intellectuels étant presque inaudible
(au point que la culture y est une marchandise
comme les autres).
À l’opposé, la France s’est longtemps distinguée (la fameuse
exception française) par la quasi-absence
de la caste des marchands (l’École Normale et l’École Polytechnique datent
de la révolution; HEC n’a été créée qu’en 1881), mais c’est en train de changer
comme en témoignent les castes d’inspiration des présidents successifs
de la cinquième république [1], la HEC-isation progressive de l’École
Polytechnique ou la diminution programmée des mathématiques au lycée au profit
de l’économie.
En mathématiques, la lutte des castes s’est longtemps cantonnée
en une rivalité entre les intellectuels (maths pures)
et les guerriers (maths appliquées), avec
un avantage aux premiers jusqu’à l’arrivée des ordinateurs
qui a permis aux seconds de se concentrer sur la partie modélisation
(de loin la plus amusante)
et de déléguer les calculs à un petit soldat particulièrement efficace.
Plus récemment, la caste des marchands est entrée dans
la lutte avec l’explosion des mathématiques financières.
Notas
[1] Ce sera ma contribution au débat
sur l’identité nationale...
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Para citar este artículo:
Pierre Colmez — «La lutte des castes» — Images des Mathématiques, CNRS, 2009
Comentario sobre el artículo
Dumézil et les mathématiques
le 25 de noviembre de 2009 à 11:17, par Michelle Schatzman