Les deux idées de Sofia Kovalevskaya

Pista verde El 23 mayo 2016  - Escrito por  Michèle Audin Ver los comentarios (10)
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Rediffusion d’un article du 22 janvier 2009.

Sofia Kovalevskaya, qui figure parmi les très grands mathématiciens de l’époque moderne, est décédée à Stockholm le 10 février 1891, âgée de 41 ans. Elle venait de recevoir, le 24 décembre 1888, le prix Bordin de l’Académie des sciences de Paris, récompensant ses travaux sur le mouvement d’un solide autour d’un point fixe. Elle était professeur à l’Université de Stockholm.

Cauchy-Kovalevskaya

Mathématicienne «à deux idées [1]», elle avait commencé sa carrière par trouver un contre-exemple à un théorème que tout le monde croyait vrai, ce qui lui avait permis de donner le bon énoncé, puis de le démontrer.

Ce théorème, qui affirme l’existence, sous certaines conditions, de solutions analytiques d’un système d’équations aux dérivées partielles, est aujourd’hui connu sous le nom de théorème de Cauchy-Kovalevskaya --- les théorèmes d’existence et d’unicité de solutions portent, en général, le nom de Cauchy...

Trois articles, une thèse

Le théorème de Cauchy-Kovalevskaya, plus deux autres articles, l’un sur les intégrales abéliennes, l’autre sur la forme des anneaux de Saturne [2], avaient constitué le contenu de sa thèse, soutenue à Göttingen (parce que le professeur de Sofia Kovalevskaya, Weierstrass, savait bien que cette université était plus «libérale» que celle de Berlin, la sienne [3]) en 1874 et in abstentia (de même que la présentation de trois fois plus de matériel que ses collègues, la soutenance en l’absence de l’impétrante était liés au fait que celle-ci était une femme).

Le solide

La deuxième idée est celle qui l’a menée à l’article sur le solide et au prix Bordin. Il s’agissait d’un vieux problème, résoudre le système différentiel décrivant le mouvement d’un solide, avec un point fixe, soumis à la seule action de la pesanteur.

Au dix-huitième siècle, Euler avait traité le cas où le point fixe est le centre de gravité et Lagrange celui d’un solide avec un axe de révolution (comme une toupie). Malgré l’intérêt persistant montré par les mathématiciens pour la question, celle-ci n’avait pas du tout avancé au dix-neuvième siècle.


On peut lire dans un roman anglais paru en 1872, Middlemarch, de George Eliot:

Bref, la femme était un problème qui, puisque Monsieur Brooke se sentait l’esprit vide en sa présence, ne pouvait guère être moins compliqué que les révolutions d’un corps solide de forme irrégulière.

Ce problème (celui du solide, pas celui de la femme) était donc très célèbre.


L’idée de Sofia Kovalevskaya était la suivante: dans les cas traités par Euler et Lagrange, les solutions ont des propriétés assez simples [4], cherchons s’il y a d’autres cas (de formes du solide, de position du point fixe), dans lesquels les solutions ont ces mêmes propriétés.

Cette idée allait avoir des répercussions profondes et à long terme, puisqu’elle donnerait naissance à ce que l’on appelle aujourd’hui les systèmes algébriquement complètement intégrables qu’il n’est pas question de définir ici, disons seulement que ce sont des mathématiques du vingtième siècle, sans doute encore du vingt-et-unième...

Toujours est-il que cette idée a fait trouver à Kovalevskaya un troisième exemple de cas dans lequel les solutions ont cette propriété simple, dans lequel elle a résolu le système --- le fait que j’ai qualifié la propriété de simple n’empêche pas que les solutions soient des «fonctions $\vartheta$ de deux variables», ce qui reste aujourd’hui plutôt compliqué (et qui ne sera pas défini ici non plus).

Sofia Kovalevskaya

Puisque ceci est un portrait de mathématicien$\cdot$ne, quelques mots sur la personne Sofia Kovalevskaya.

C’était une jeune femme déterminée. Pour quitter la Russie et faire ses études à Heidelberg, puis à Berlin avec Weiertrass, elle n’a pas hésité à obtenir le statut de femme mariée en contractant un mariage blanc.

Elle est arrivée sur le marché du travail dans les années 1870—80, à un moment où les mathématiciens étaient devenus des professionnels, salariés comme enseignants d’université. Elle a donc eu une vie professionnelle assez semblable à la nôtre: elle a démontré des théorèmes, donné des cours, elle a été très active dans le comité de rédaction d’une revue mathématique (Acta mathematica), elle a beaucoup voyagé pour des congrès ou des rencontres avec d’autres collègues, elle a écrit des rapports sur les travaux de mathématiciens, des lettres de recommandation, elle a participé à des réunions de conseils, etc.

Tout ceci avec des difficultés que l’on a du mal à imaginer aujourd’hui (en tout cas dans la France du vingt-et-unième siècle [5]), mais aussi en grande communion avec la communauté mathématique (allemande, française) de son époque, dans laquelle elle était très bien intégrée.

En plus d’être mathématicienne, elle était romancière et militante.

Pour en savoir plus

Son roman Sofia Kovalevskaya, Une nihiliste, Phebus, Paris, 2004.

Une biographie, en anglais, Ann Hibner Koblitz, A convergence of lives , Rutgers University Press 1993.

Sur la vie, les mathématiques, la littérature, les relations avec George Eliot, la «réputation scientifique» de Sofia Kovalevskaya (car il y avait, en Suède, déjà, et il y a, partout dans le monde, encore, des hommes qui n’aiment pas les femmes, selon le titre d’un best-seller déjà mentionné sur ce site) voir Michèle Audin, Souvenirs sur Sofia Kovalevskaya, Calvage et Mounet, 2008.

Article édité par Michèle Audin

Notas

[1Comme l’a qualifiée André Weil, qui pensait que la plupart des mathématiciens n’ont qu’une seule idée, qu’ils exploitent leur vie durant.

[2Ces travaux, moins connus, de Sofia Kovalevskaya, ont été appréciés et utilisés par son collègue Poincaré.

[3Il faut dire que Berlin était particulièrement réactionnaire: les femmes n’avaient même pas le droit de pénétrer dans le bâtiment de l’université. Weierstrass répétait à Kovalevskaya, en privé, le cours qu’il donnait à l’université.

[4Pour ceux qui savent: ce sont des fonctions méromorphes du temps.

[5Et dans les pays où une femme n’a plus besoin d’être veuve pour devenir majeure, par exemple.

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Para citar este artículo:

Michèle Audin — «Les deux idées de Sofia Kovalevskaya» — Images des Mathématiques, CNRS, 2016

Comentario sobre el artículo

  • Les deux idées de Sofia Kovalevskaya

    le 9 de abril de 2009 à 10:13, par henri lemberg

    Merci pour cet article et surtout le très bel ouvrage à deux voix à propos de Sofia Kovaleskaïa.
    Néanmoins, il me semble que jamais, vous ne posez la question «essentielle» qui ressort de ma lecture : Pourquoi n’y a-t-il pas de (vraiment) grandes mathématiciennes ?
    Laissons de côté l’aspect social (pour moi S. Kovaleskaïa participe pleinement à son époque, XIX ème siècle, comme bien d’autres femmes non mathématiciennes), et on voit aujourd’hui de nombreuses femmes réussir dans de nombreux domaines, plutôt non scientifiques (littérature, musique, peinture, direction d’entreprises, politique,...) mais pas encore en mathématiques. Quelle est votre sentiment ?

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    • Les deux idées de Sofia Kovalevskaya

      le 24 de mayo de 2016 à 09:45, par mesmaker

      Emmy Noether me semble être une ’’vraiment’’ grande mathématicienne. De plus il ne faut pas occulter si vite le côté social. Ce dernier a fait et fait sûrement encore que statistiquement moins de femme s’intéresse et sont porté à être intéressé par les maths. Sur 1000 hommes et 1000 femmes statistiquement autant devrait être potentiellement très bon, disons 10, pour les maths. Cependant si la société ne fait émerger qu’une femme sur ces dix et 15 hommes sur les 10 alors statistiquement vous aurez moins de grandes figures féminines. De plus une histoire écrite par des hommes dans une pensée de dominant aura tendance à glorifier les hommes avant les femmes. Il n’est pas totalement fortuit sociologiquement que ce soit une femme qui ait écrit cet article et non un homme. Certains hommes (je suis de cela) ont sûrement écrit des articles sur des femmes mathématiciennes mais je suis sûr qu’en majorité ce sont des femmes qui le font car elles sont plus touchée par cette réintroduction des personnages oubliés de l’histoire. Pour les temps contemporains où la parité est bien mieux acquise qu’au XIXeme siècle, il faudra attendre 100 ans pour savoir qui était les grands hommes et grandes femmes de la deuxième moitié du XXeme siècle et du XXIeme siècle.

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      • Les deux idées de Sofia Kovalevskaya

        le 3 de septiembre de 2017 à 11:51, par Bernard PETIT

        On ne peut que souscrire complètement à la réponse pertinente de «mesmaker»... mais pourquoi fallait-il que celle-ci recèle autant de fautes d’orthographes (accords, conjugaison) !
        Je proposerais les corrections suivantes :

        "[...] moins de femmes s’intéresseNT et sont portéES à être intéresséES [...]. [...] statistiquement autant devraiENt être potentiellement très bonS, [...]. De plus une histoire écrite par les hommes dans une pensée de dominantS [...]. Certains hommes (je suis de CEUX-LÀ) [...] ce sont des femmes qui le font car elles sont plus touchéeS par cette réintroduction [...]. [...] pour savoir qui étaiENt les grands [...].

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        • Les deux idées de Sofia Kovalevskaya

          le 3 de septiembre de 2017 à 21:13, par mesmaker

          AHAHAH merci de souscrire et de corriger. Désolé de ce manque de rigueur orthographique et encore je me suis amélioré depuis mes 0 en dictées à l’école, c’est un travail de tous les jours que d’écrire ce qui ne s’entends pas pour moi. Il faut lire mes textes à haute voix et sans prêter attention aux détails du texte. Mes fautes sont normalement purement scripturales, elles disparaissent à l’oral. J’avoue avoir quand même été léger, j’aurais dû mieux me relire. J’espère que ce petit texte ne contient pas (trop) de faute, j’ai fait attention. L’important est tout de même que l’on soit d’accord sur le fond, encore merci pour votre approbation.

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    • Les deux idées de Sofia Kovalevskaya

      le 19 de octubre de 2020 à 20:07, par JP94

      dans votre question, posée il y a plus de 10 ans, on pourrait presque trouver une plaisanterie !

      la question serait plutôt e savoir pourquoi on en connaît si peu... il est impossible de faire abstraction du social.
      on pourrait aussi se demander pourquoi l’histoire des maths comporte si peu de fils d’esclaves, d’enfants de paysans et d’ouvriers...
      mais déjà l’Antiquité a connu Hypathie, la mathématicienne lapidée et tuée par des moines chrétiens, prétextant qu’elle était «païenne»...
      mais le Moyen-Âge occidental connaît peu de mathématiciens...à part Gerbert et Fibonacci, peu de noms viennent...

      En littérature, on a tout de même Marie de France ...et quel homme contemporain ?
      on connaît Jeanne d’Arc, de noble lignée... mais qui connaît Jeanne Hachette ?
      L’Histoire est celle de la lutte des classes, mais le récit et l’enseignement de cette discipline s’inscrivent eux-mêmes dan ce champ ...
      qui connaît Martha desrumeaux ? pourtant cette femme a été une des organisatrices de la fameuse grève de 100 000 mineurs initiée par des manifs de leurs femmes, face à la Wehmacht occupant le Nord pour en pilier le minerai de fer.

      passons aux scientifiques du début du 20ème : nous avons Marie Curie ... finalement, elle est aussi venue à Paris et comment a-t-elle eu son doctorat bien que femme ? parce que Pierre Curie, dont le père était un médecin communard ( au lycée Lakanal) a tout fait pour que le nom et le prénom de Marie soient mentionnés dans tous leurs travaux ( au passage, elle a passé une licence de maths et été reçue 2ème...). tel n’était pas le cas des femmes de ses collègues savants, pourtant parfois fort instruites ( la propre femme d’Einstein était mathématicienne... précisons aussi que sans Pierre Curie, le génie de Paul Langevin ( savant, militant et communiste - pour pallier la disparition de son gendre Jacques Solomon son gendre résistant communiste fusillé par les nazis et immense savant encore jeune ( comme Maurice Audin ...pour des circonstances analogues).
      notre prof de Td de licence de maths «pures» à Orsay, nous disait que la femme de Laurent Schwartz ( le grand mathématicien qui a présenté la thèse de Maurice Audin «in ausencia») était en fait plus brillante et plus novatrice que son célèbre mari, mais qu’étant femme et étant tellement en avance sur son temps, elle n’avait pas été reconnue suivant son mérite...
      Noether a travaillé au plus niveau sur les choses les plus difficiles...
      bref ce ne sont pas les mathématiciennes qui n’existent pas, mais la reconnaissance sociale.

      j’ajouterai que j’ai de nombreuses amies russes, et il s’avère qu’elles sont toutes, ou presque ingénieurs ! et même ... avec une thèse sur les transports et les poids lourds, des femmes qui ont des doubles doctorats scientifiques ( chimie, physique économie...)

      dernier point : sur un site de maths US, j’ai été très frappé de lire tout un tas de témoignages féminins s’adressant à l’auteur ( mathématicien) du site et disant leur amertume de n’avoir pu étudier les maths comme elles en avaient rêvé, en étant empêché par toutes les barrières sociales..

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  • Le monde, chère Agnès, est une étrange chose

    le 10 de abril de 2009 à 06:52, par Michèle Audin

    Cher Monsieur

    Je vous remercie pour la gentille appréciation de l’article et du livre.

    Je vous prie de m’excuser de ne pas savoir répondre à vos «questions» [1].

    Il s’agissait, dans les deux cas, de parler des mathématiques et de la vie de Sofia Kovalevskaya, rien de plus.

    Je vais quand même faire deux commentaires. Au bénéfice des lecteurs qui auraient des enfants ou des élèves (des deux sexes) [2] qu’il conviendrait de ne pas décourager de faire des mathématiques.

    • Vous écrivez:

      jamais, vous ne posez la question

    On ne pose jamais toutes les questions. Je ne pose jamais de questions dont je ne comprends pas la formulation [3].

    • Vous écrivez aussi:

      on voit aujourd’hui de nombreuses femmes réussir dans de nombreux domaines, plutôt non scientifiques (littérature, musique, peinture, direction d’entreprises, politique,...) mais pas encore en mathématiques.

    Le fait que l’on ignore une chose ne prouve pas que cette chose n’existe pas. Cela prouve simplement notre ignorance.

    Pour finir plus légèrement, puisqu’il est aussi question dans votre message de «sentiment»:

    Quelle est votre sentiment ?

    laissez-moi vous dire que votre usage du féminin à cet endroit m’a beaucoup touchée!

    [1Une de mes collègues (spécialiste de géométrie arithmétique, je ne vous explique pas ce que c’est ici, le lien vous décevra sans doute, mais c’est difficile) me suggère que votre message puisse être une provocation. Elle me dit: «C’est tellement gros comme remarque, que cela semble être une plaisanterie». Ma collègue, en plus d’être brillante, est jeune.

    [2même si le titre de cette réponse vient de l’École des femmes

    [3Je dis bien «la formulation», ici la «taille» (?) des mathématiciens. Des questions auxquelles je ne connais pas de réponse, je pourrais vous en parler... mais la marge est trop étroite, je me contenterai d’en citer deux, avec des liens, les propriétés des solutions des équations de Navier-Stokes, et, au-delà de la conjecture de Kodaira, celle de Hodge, un peu difficile à formuler au niveau de ce site.

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  • Les deux idées de Sofia Kovalevskaya

    le 11 de noviembre de 2013 à 22:39, par Monique Pencréach

    Bonjour,
    Votre article est assez intéressant dans la mesure où bien que traçant le XIX siècle, j’ai pu le vérifier au XX. En effet à Pierre et Marie Curie, où j’ai un peu étudié, j’avais comme prof Malliavin, et sa femme aussi, si je me souviens bien, était là, et fort chahutée dans les amphis.
    Vous faites un travail courageux. Depuis longtemps les femmes sont des ombres. Elles le restent encore. Quand une femme est un modèle, il s’agit bien sûr d’un objet à dessiner par un artiste. Merci beaucoup.
    Bien cordialement

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    • Les deux idées de Sofia Kovalevskaya

      le 19 de octubre de 2020 à 21:42, par JP94

      très spirituel ...on dit pourtant un modèle...
      A Orsay, beaucoup de profs de Td étaient des femmes...impressionnantes d’intelligence et de tempérament. Jamais observé de comportement désagréables à leur encontre.
      mais on n’a presque jamais eu de prof d’amphis femmes...Mme Werner, une Suissesse très sympathique et excellente. Elle enseignait avec le Chilov. A l’époque, elle était jeune, mais aucun souci dans l’amphi..

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  • Les deux idées de Sofia Kovalevskaya

    le 19 de mayo de 2016 à 08:44, par Michèle Audin

    Ce post-scriptum tardif pour signaler que j’ai appris des choses assez précises, par exemple sur les dates exactes du passage de Sofia Kovalevskaya à Paris en 1871, qu’on les trouvera dans cet article (cliquer), lui-même inclus dans un nouveau site (blog) consacré à la Commune de Paris (cliquer).

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    • Les deux idées de Sofia Kovalevskaya

      le 7 de junio de 2016 à 10:49, par Mauricio Garay

      Merci pour ces nouvelles découvertes très intéressantes.

      J’en profite pour dire que je ne partage pas votre point de vue au moment où vous écrivez: «Elle a donc eu une vie professionnelle assez semblable à la nôtre.» Je crois que pour un(e) mathématicien(ne), il n’y a tout d’abord pas de vie professionnelle. Il y a simplement une vie de mathématicien(ne) et je pense, qu’en fait, vous serez d’accord avec moi.

      La vie de S.K. est à la fois pleine de souffrances et d’aventures, à mon avis très éloigné de nos vies confortables et paisibles. D’ailleurs, votre propre ouvrage (Souvenirs sur S.K.) montre bien cet itinéraire où les mathématiques de S.K. pansent les plaies des souffrances qu’elle endure et laissent s’exprimer son génie créatif.

      M.

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