Peut-on vulgariser D’Alembert ?
Le 10 juillet 2009 Voir les commentaires
C’est mon premier billet. Il portera évidemment sur D’Alembert puisque, de toutes les œuvres mathématiques, c’est celle que j’ai étudiée le plus en détail. Je participe depuis dix ou quinze ans à l’édition de ses Œuvres complètes et pourtant un point de vue global sur la vie et les travaux du personnage me semble encore assez hors de portée. Néanmoins, il est des circonstances où l’on peut difficilement reculer.
La rédactrice des Génies de la Science, Marie-Neige Cordonnier, m’a demandé l’année dernière de préparer un numéro presque entier de la revue (le n° 39 et avant-dernier de la série, il vient de sortir : mai-juillet 2009) sur D’Alembert, ... c’est-à-dire d’écrire un livre. J’aurais bien attendu dix ans avant d’accepter ; en effet, seuls quatre volumes des Œuvres complètes sur environ soixante sont sortis. C’était un peu proposer une synthèse avant d’avoir effectué une grosse partie des recherches. Mais j’ai fini par dire oui.
Usuellement, un numéro des Génies de la Science, consacré à un savant, doit être rédigé par une seule personne, afin d’assurer la cohérence et l’harmonie du style. J’ai mendié le droit à un travail semi-collectif et réussi à faire écrire quelques chapitres par de meilleurs spécialistes : Fabrice Ferlin (optique), Alexandre Guilbaud (fluides), Guillaume Jouve (analyse), Christophe Schmit (dynamique) et Jean Souchay (astronomie).
Ce volume est sûrement critiquable. Mais bon, c’est fait. L’aventure a attiré mon attention sur deux aspects.
1) Essayer, pour chaque thème, de partir du message essentiel : d’abord effectuer un travail de réflexion et de recul pour déterminer quel est ce message ; ensuite ne pas le noyer dans les détails ou explications complémentaires.
2) Se poser explicitement la question du lecteur, de la relation entre l’auteur et le lecteur. Qui est ce dernier ? Non seulement que sait-il déjà du sujet, mais que croit-il savoir (vrai ou faux), quel est son imaginaire autour du sujet, qu’est-ce qui va le surprendre en lui donnant envie d’approfondir ou au contraire en le conduisant à renoncer ?
Il est certes plus facile, en histoire des mathématiques qu’en mathématiques pures, d’écrire un article de recherche lisible par un public assez large, du moins en général. Mais le risque de ne parler qu’à son « milieu », de survaloriser ses petites découvertes (documents inédits, rapprochements hardis, enquêtes sur les « querelles de priorité » - dont tout le monde se moque ou presque -, interprétations « astucieuses »), bref de se faire admirer par ses pairs ou prétendus tels, n’en est pas moins réel. En même temps, « vulgariser », cela doit aussi autant que possible fournir des informations nouvelles.
Assez de verbiage. Dans le billet suivant, j’essaierai de donner quelques points marquants et peu connus de l’œuvre scientifique de D’Alembert.
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Pour citer cet article :
Pierre Crépel — «Peut-on vulgariser D’Alembert ?» — Images des Mathématiques, CNRS, 2009
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