Quel est de nos jours le sens donné au mot « cours » ?

Le 18 mai 2017  - Ecrit par  Valerio Vassallo Voir les commentaires (5)

Les nombreux problèmes qui se posent dans l’enseignement des mathématiques ne laissent personne indifférent. Beaucoup de gens en parlent, mais peu les posent de façon concrète. C’est que le débat est déjà difficile à porter auprès de la communauté mathématique, et il l’est encore plus au niveau du public. C’est à cet effet que le site Images des Mathématiques souhaite offrir un espace de discussions ouvert à tous ceux qui se sentent touchés par ces questions. Ils pourront y échanger leurs idées, leurs points de vue et éventuellement apporter des éléments de réponse. Le débat sera « provoqué » chaque mois par la publication d’un billet portant sur un point précis, écrit par l’un des responsables de la rubrique ou par toute autre personne qui le souhaiterait.

A. El Kacimi, F. Recher, V. Vassallo

Dernièrement, la fille d’une amie en Terminale ES (sortie du système scolaire et préparant son Bac par correspondance au CNED - Centre National d’Enseignement à Distance - ) m’a soumis le devoir suivant car
elle bloquait sur quelques points (surlignés en jaune ci-dessous).

Il est vrai que je n’ai plus le temps de donner des cours particuliers (gratuits mais utiles pour mieux tenir à jour mes connaissances sur l’école) et je le regrette, mais s’agissant de la fille d’une amie j’ai bien voulu regarder les points de blocage.

Ma curiosité a été aussi de regarder le programme de Terminale ES sur lequel depuis quelque temps j’ai pris un peu de distance. Le devoir en question lui a été envoyé par le CNED.

J’ai voulu aller un peu plus loin dans l’exploration, rapidement je l’avoue, et jeter un coup d’oeil à un manuel de Terminale ES (Spécifique Spécialité) d’usage au Lycée. Je me suis alors demandé et je vous demande : Quel est de nos jours le sens donné au mot « cours »  ?
Je pense que c’est une vraie question.

J’aimerais que les professeurs, surtout ceux de Lycée, s’expriment à ce sujet car les difficultés rencontrées à l’université à donner une place au cours sont devenues vraiment cruciales.
Je comprends bien que le savoir faire est très important, mais le savoir tout court me semble t-il, a encore sa place, pour organiser les connaissances, elles-mêmes partie de ce savoir, et montrer la différence fondamentale entre savoir empirique et système de pensée.

Je reviens maintenant au devoir maison.

Dans l’exercice 3, j’ai trouvé la recherche de la matrice $A$ vraiment alambiquée. Vous diriez que les élèves ont l’habitude de ce genre de questions. Soit !

J’ai mis énormément de temps (trop) avant de comprendre cet exercice. Mais je reste tout de même perplexe sur son utilité. Puis,
quel intérêt à « recopier et compléter un tableau » à ce niveau d’études ?

Pas moyen non plus de trouver dans le manuel que j’ai emprunté ce qu’est une matrice technologique, et même auprès de quelques collègues.
Un collègue de Terminale ES (spécialité maths) m’a fait savoir ce matin que cette matrice technologique pourrait avoir un lien avec les systèmes de Leontief. Cette matrice technologique aurait-elle donc un lien avec la matrice des coefficients techniques ? Si ma voisine n’a pas cette définition, il faudra... l’inventer ! En effet,
après quelques recherches dans le manuel du CNED, nous l’avons trouvée, il s’agit bien de la dite matrice.

Il faudra donc que je mette mon dictionnaire à jour, ainsi qu’une nouvelle façon d’apprendre !

Qu’en pensez-vous ?

Post-scriptum :

Je remercie Virginie Leloup pour les liens qu’elle m’a indiqués sur les systèmes de Leontief.

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Pour citer cet article :

Valerio Vassallo — «Quel est de nos jours le sens donné au mot « cours » ?» — Images des Mathématiques, CNRS, 2017

Commentaire sur l'article

  • Quel est de nos jours le sens donné au mot « cours » ?

    le 18 mai 2017 à 10:56, par L’équipe Actualités

    « quel intérêt à « recopier et compléter un tableau » à ce niveau d’études ? » :

    il semble y avoir une intention initiale assez claire à cette évolution très « applicative » des sujets proposés : apprendre aux élèves à modéliser une situation de la vie courante à l’aide de mathématiques. Ça, c’est la théorie.

    En pratique et en grossissant le trait, cet exercice, clairement orienté pour la préparation de l’épreuve de math du BAC ES, peut se résumer ainsi. Un prof (formé comme toi et moi aux maths et non à la modélisation) conçoit un exercice de maths, le plus souvent ultra-standardisé (c’est ce qu’on attend de lui). Il se creuse ensuite la tête pour trouver un habillage : une situation réelle (et donc fictive en fait) que le problème de math décrirait.
    Quant aux élèves, je pense qu’on leur apprend 1. à savoir résoudre des exercices ultra-standardisés 2. à savoir lire des sujets habillés pour y reconnaître ces exercices-type.
    Où sont les maths, où est la modélisation dans ce travail ? Précisément là où l’enseignant aura su, malgré l’imposture des sujets du BAC, confronter ses étudiants à la difficulté à modéliser un problème réel et à trouver les outils mathématiques pour le résoudre.

    Quant à la question « qu’est-ce qu’un cours », on peut aussi se demander en particulier « où » doit avoir lieu le cours. Car (l’illusion de) l’accès immédiat au savoir sur internet bouleverse effectivement le rapport entre le maître et l’élève.

    C’est là tout le sens de nombreuses expérimentations à l’œuvre, comme la classe inversée, cf. par exemple http://lebrunremy.be/WordPress/

    Il reste à savoir, au delà de leur efficacité, si ces « nouvelles » façons d’apprendre sont un effet de mode où si elles vont s’imposer...

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  • Quel est de nos jours le sens donné au mot « cours » ?

    le 18 mai 2017 à 10:57, par FDesnoyer

    Bonjour,

    puisque vous demandez l’avis de professeur en lycée, je le donne (je sais c’est un gros défaut). J’ai débuté en 2004, mes « cours » ont à la fois peu et beaucoup évolué depuis.
    En effet, je donne toujours le même sens au terme de cours : « contenu que l’on peut en essence trouver dans des supports écrits », même la construction de mon cours est basé surtout sur les choix des exemples (je remercie Didier Bresch qui m’a appris que « les exemples sont mûris par un type qui passe 30h/semaine sur un sujet, écoutez-les »)

    Après, il me semble que ce contenu peut être diffusé par divers supports. On pense aujourd’hui aux formes de « pédagogie inversée » où le cours n’est plus la seule repsonsabilité du prof mais peut-être une capsule vidéo, une conférence etc.

    Quant aux exemples proposés, je pense qu’ils mériteraient débat non sur le cours et sa frome pédagogique mais bien sur la conception des programmes... (quand un expert vous dit « si j’ai mis ça au programme, c’est clairement pour caser mes thésards », on peut douter de la pertinence des contenus)

    Bien cordialement,

    François Desnoyer

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  • Quel est de nos jours le sens donné au mot « cours » ?

    le 18 mai 2017 à 21:05, par Alix

    Bonsoir,
    je suis étudiant en maths sup (MPSI) et j’ai pu voir le changement radical entre les « cours » de maths au lycée et les cours donnés en prépa. En fait, l’ensemble des étudiants de ma classe - et je crois que c’est l’avis universel parmi les autres étudiants et les professeurs - s’accordent à dire qu’au lycée nous ne faisions pas des maths, mais une sorte d’initiation à la matière.
    En fait les maths enseignées au lycée manquent profondément de rigueur et de fondements (je n’ai jamais rencontré un seul quantificateur durant mes cours du secondaire). On ne montre pas assez les mécanismes logiques qui régissent la discipline : tout est présenté comme des formules magiques et les quelques démonstrations proposées ne sont pas satisfaisantes. De plus, la métamorphose du bac S en un bac général au sens large (la somme des coefficients des matières non scientifiques vaut près de la moitié de la somme de tous les coefficients - ce bac n’est prisé que pour son image et les débouchées qu’il propose, pas pour lui-même) pousse l’enseignement vers moins d’abstraction et plus d’exemples concrets. On fait des maths appliquées avant de faire des maths pures.
    Il découle de tout cela que le lycéen ne peut jamais être vraiment à l’aise car il n’a pas le savoir pour développer ses facultés. La tendance actuelle qui concerne l’enseignement des mathématiques dans le secondaire s’inscrit dans un plus vaste mouvement « d’horizontalisation ». On veut de plus en plus que l’élève trouve par lui-même : c’est une bonne chose mais cela ne doit pas se faire au détriment d’une transmission de culture, pas d’une culture bêtement apprise par cœur (car en effet le par cœur c’est pour moi de la bêtise), mais d’une culture réfléchie, raisonnée, que l’on nommera plutôt savoir.
    Ainsi tout l’enjeu des nouveaux types de cours est de transmettre à l’élève un savoir qu’il fera sien - ce qui est particulièrement facile en mathématiques puisque chacun peut retrouver, avec certes beaucoup de courage, tous les résultats fondamentaux, chose qui est impossible à faire en science expérimentale. Cela demande de la rigueur et de la cohérence dans des programmes qui sont beaucoup trop ambitieux *. Je dirais que le sens du mot « cours » est dans le transitoire et que j’espère qu’il trouvera un état stationnaire dans le domaine que j’ai décris.

    Une bonne soirée,
    Alix Plamont

    * Faire bien des probas continues dépasse largement les compétences d’un lycéen, et les outils requis (comme l’intégration par parties qui permettrait de trouver une primitive de la densité de proba pour la loi exponentielle) ont été supprimés du programme. Logique et cohérent...

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    • Quel est de nos jours le sens donné au mot « cours » ?

      le 21 mai 2017 à 18:48, par FDesnoyer

      Bonsoir,

      la loi exponentielle a une primitive SANS IPP à ma connaissance, quant aux quantificateurs et à la logique, chacun place la barre de ses cours de Ts là où il le souhaite ;-)

      Cordialement,

      F.D.

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      • Quel est de nos jours le sens donné au mot « cours » ?

        le 21 mai 2017 à 19:17, par Alix

        Je me suis trompé, vous avez raison, c’est pour démontrer que l’espérance de la loi vaut l’inverse du paramètre qu’on a besoin d’une IPP ^^.

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