Revue de presse novembre 2017

Revue de presse novembre 2017

Le 1er novembre 2017  - Ecrit par  L’équipe Actualités Voir les commentaires

Ce mois-ci nous parlerons d’un grand mathématicien, Vladimir Voevodsky, qui vient de disparaître. La rubrique enseignement reste toujours aussi copieuse, les inégalités dans le monde pour l’accès à l’éducation, criantes et insupportables et la pénurie d’enseignants en mathématiques semble récurrente. Nous aurons cependant de plus en plus besoin de mathématicien⋅ne⋅s et la rubrique Recherche et applications nous rappelle à nouveau que l’explosion continue, pour reprendre le titre d’une récente publication de la Société mathématique de France. Enfin, novembre serait-il le mois des anniversaires ? Deux mensuels fêtent leur création...

Honneurs

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Vladimir Voevodsky

Vladimir Voevodsky...

La nouvelle est triste et incontournable : le mathématicien russe Vladimir Voevodsky est mort, à 51 ans seulement. Professeur a l’Institut for Advanced Studies (IAS), Princeton (États-Unis), il avait reçu la médaille Fields en 2002 « pour son travail sur la cohomologie motivique et sur l’homotopie pour les variétés algébriques ainsi que pour sa preuve de la conjecture de Milnor », comme le rapporte le site du CNRS, voir aussi le site de l’IAS pour une nécrologie plus détaillée, en anglais.

Vladimir Voevodsky était une figure atypique. Il n’était pas allé au bout de ses études à l’Université de Moscou, puis rebondit brillamment avec une thèse à Harvard. Entre-temps, il avait radicalement changé de sujet, passant de la géométrie algébrique aux fondations univalentes des mathématiques, en lien avec la vérification automatique de preuves : « Quand je commence à lire un article [de math], je n’arrête pas de tout vérifier. Donc lire un article devient quelque chose de fastidieux. (...) Quand on aura établi une culture dans laquelle chaque résultat sera certifié par ordinateur, alors on pourra juste lire, faire confiance, apprécier, au lieu de douter, de trouver ça fastidieux, voire de ne pas lire du tout » racontait-il dans La Gazette des mathématiciens.
Vous trouverez plus de détails sur son travail pendant sa « deuxième vie » sur notre site, ainsi que dans deux vidéos sur ce mathématicien très complexe. La première est disponible sur
Dailymotion et a été filmée à l’occasion du colloque Alexandre Grothendieck à l’IHÉS. La deuxième est visible sur Vimeo et sous-titrée en français.
Mentionnons enfin un article de fond sur la logique univalente, niveau « vraiment hors piste » et en anglais, sur le site de Quanta Magazine.

À l’étranger

L’Agence d’information d’Afrique Centrale nous donne des nouvelles du Next Einstein Forum réunissant de jeunes et brillants scientifiques africains, lequel avait lieu au Rwanda.
À lire aussi un entretien avec Jonathan Mboyo Esole, mathématicien congolais travaillant à la Northeastern University (USA).
Entre « projets en cours pour une école d’été en sciences mathématiques à Kinshasa et aussi en programmation informatique pour 2018 » et « plusieurs projets de recherche sur les variétés elliptiques utilisées en théorie des cordes », nous ne pouvons que lui souhaiter beaucoup de réussite !

Après le Rwanda, faisons un tour en Californie avec Business Insider, qui nous parle d’un français lauréat d’une bourse prestigieuse américaine, la bourse McArthur. Il s’agit du mathématicien spécialiste de l’acquisition comprimée (ou « compressed sensing », qui est le fait d’« obtenir des signaux intéressants à partir d’un nombre réduit de mesures ») Emmanuel Candès, professeur à l’Université de Stanford. Pour en savoir plus, on pourra consulter cette vidéo YouTube.

En Suisse, signalons d’une part qu’Yves Meyer, mathématicien français lauréat de la médaille Abel, a été proclamé docteur honoris causa par l’EPFL, comme annoncé sur le site de celle-ci, « pour ses contributions novatrices dans de nombreux domaines des mathématiques appliquées, de la théorie des nombres à l’analyse harmonique, et en particulier pour son rôle central dans le développement de la théorie des ondelettes ». D’autre part, une jeune mathématicienne – également française – travaillant à l’Université de Zurich fait l’objet d’un article sur Presse Portal.

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Mathilde Bouvel

En effet, Mathilde Bouvel est cette année la récipiendaire du prix Marie Heim-Vögtlin, distinguée pour ses recherches sur « l’étude des permutations évitant des motifs, dont les applications concernent des sciences aussi variées que la génomique, l’informatique et la physique statistique ». Le prix s’accompagne d’une bourse, destinée aux femmes ayant interrompu temporairement leur carrière pour raisons familiales.

Et en France

Commençons par le plus atypique, le prix Tangente des Lycéens attribué – comme son nom l’indique – par des lycéens pour des ouvrages grand public ayant un lien avec les mathématiques. Cette année a été récompensé L’homme qui valait des milliards de François Darnaudet suivi de La dynamique des fluides de Mathieu Tazo et de Les maths au tribunal de Leila Schneps et Coralie Colmez. Allons maintenant à Digoin (71) et
félicitons Hugo Chomette : le Journal de Saône-et-Loire félicite ce lycéen, 5e de l’académie de Dijon aux Olympiades de
mathématiques. Mentionnons également sur le site du CNRS un article très détaillé sur le prix Ackermann « qui récompense chaque année au niveau européen une thèse exceptionnelle dans les domaines de la logique et de la science informatique ». Cette année, le lauréat est Amaury Pouly dont les travaux correspondent à un changement de paradigme intéressant et novateur du discret au continu pour la théorie de la complexité.

Des chercheurs expérimentés ont aussi été repérés par la presse. Commençons par Hugo Duminil-Copin, professeur à l’IHÉS tout juste trentenaire et véritable « aimant à récompenses », qui fait l’objet d’un portrait sur France Inter. En l’écoutant, vous en saurez plus sur la genèse de sa vocation mathématique mais vous apprendrez également qu’il existe un moyen très facile de l’importuner : lui parler de la médaille Fields... Finissons par deux portraits de conférenciers à l’ICM (Congrès international des mathématiciens) qui aura lieu à Rio en 2018, disponibles sur le site de l’INSMI. Ici pour en savoir plus sur Stéphane Nonnenmacher et l’analyse semi-classique et pour Nicolas Bergeron et « les questions de géométrie, de topologie ou de théorie des nombres dans lesquelles on rencontre une
interaction intéressante entre analyse et algèbre ».

Enseignement

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Classe de CP au Sénégal

« Apprendre pour réaliser la promesse de l’éducation » : c’est le titre plutôt sibyllin du rapport annuel sur le développement dans le monde que vient de publier la banque mondiale, comme le rapporte L’Économiste. Ce rapport met en garde contre une « crise de l’apprentissage » dans l’éducation mondiale et fait état de données effectivement alarmantes concernant plusieurs pays. Malheureusement, les remèdes préconisés ne brillent pas par leur originalité, et encore moins par leur audace : renforcer les évaluations, recourir à des indicateurs chiffrés, « mobiliser tous ceux qui ont un intérêt dans l’apprentissage », « accroître l’éthique de responsabilité », « créer une volonté politique en faveur de la réforme de l’éducation » et « associer les parties concernées, y compris les milieux d’affaires, à toutes les étapes de la réforme, de sa conception à sa mise en œuvre. »

Compter sur les milieux d’affaires pour améliorer l’éducation dans le monde, en voilà une bonne idée... Nul doute qu’elle inspirera le Maroc, pour lequel les constats de la banque mondiale sont particulièrement inquiétants, comme l’a observé le site H24info, partenaire du Figaro au Maroc. S’il conclut sur une note positive, se félicitant de l’accès des filles à l’éducation, les données sur lesquelles s’appuie ce constat, et surtout la comparaison avec les États-Unis mériteraient vraiment d’être précisées ! Bien d’autres sites, notamment L’OBS, consacrent aussi un article à ce sujet. Mais la situation semble encore bien plus grave puisque l’ISU (institut de statistique de l’UNESCO) a recensé à travers le monde 617 millions d’enfants qui « n’acquièrent pas les compétences minimales en lecture et en mathématiques ». Forbes, qui estime à 250 millions « le nombre d’enfants dans le monde qui ne savent ni lire, ni écrire, et ne possèdent pas les compétences de base en mathématiques », rapporte que l’entrepreneur milliardaire Elon Musk a fait un don de 15 millions de dollars à la Fondation Global Learning X PRIZE pour soutenir l’accès à l’enseignement pour les enfants qui en sont privés. Dans ce but, une compétition est organisée entre chercheurs dans le domaine des hautes technologies et de l’intelligence artificielle.

Intelligence artificielle et neurosciences sont omniprésentes dans les débats actuels sur l’éducation, et en particulier dans ceux que provoquent les récentes prises de position et initiatives de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale. Il vient de confier à Cédric Villani et à Charles Torossian (Inspecteur général de mathématiques) une mission sur l’amélioration de l’enseignement des mathématiques. L’information a été donnée dans la plupart des médias. Citons par exemple RTL, où le ministre a fait son annonce, 20 minutes, France-Info et Le Figaro. Nos deux collègues doivent remettre leurs conclusions en janvier, ce qui ne leur laisse que très peu de temps. Au cas où ils manqueraient d’idées, le ministre leur a montré la voie en préconisant l’enseignement des quatre opérations dès le CP, et presque tous les sites qui parlent de leur mission évoquent la fameuse « méthode de Singapour », qui serait la solution miracle à tous nos problèmes éducatifs (voir la revue de presse d’octobre, ainsi que BFMTV, France-Inter, Le Point ou encore France Culture qui n’hésite pas à parler de « nouvelle guerre scolaire »). La méthode de Singapour fait même l’objet d’un hors série du Point qui lui est entièrement consacrée, comme l’annonce CBNEWS. Pour ce qui est de l’apprentissage simultané des quatre opérations, Jean-Michel Blanquer a, selon La République du Centre, le soutien d’un ancien instituteur de Gien, membre du GRIP (comme Jean-Paul Brighelli, dont nous parlions dans la revue de presse d’octobre). Notons aussi la page consacrée par Europe 1 à l’apport espéré des neurosciences à l’école.

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J’adore les maths !

Les idées pour faire aimer les maths ne manquent pas. RMC relaye celles d’Éric Pruvost, pour qui « il faut raconter l’histoire des théorèmes et expliquer à quoi ça sert » et qui a créé une chaîne YouTube pour mettre en œuvre sa pédagogie.

Stressant, décourageant et ennuyeux : voilà comment 55 % des personnes interrogées dans un sondage CSA réalisé pour Le Point et rapporté par le site réunionnais LINFO.RE perçoivent l’enseignement des mathématiques, ce qui n’empêche pas 61 % des mêmes sondés de déclarer « apprécier les cours de maths à l’école » et 33 % de placer notre discipline au deuxième rang de leurs matières favorites (après le français). Le CSA ne semble pas avoir posé de question sur le sérieux et la fiabilité des sondages...

Réformer : c’est le mot d’ordre majeur, en éducation comme ailleurs. Alors que la réforme du collège n’a que deux ans, L’Étudiant annonce un nouveau brevet des collèges dès 2018 !

Le manque de professeurs est maintenant une de nos rubriques permanentes ! Les sites actu.fr et Vibration en signalent dans la Sarthe, France 3 Auvergne-Rhône-Alpes dans l’Ardèche et dans l’Isère.

Autre sujet qui devient récurrent : l’utilisation de la vidéo dans l’enseignement. Ce mois-ci, il en est question sur le site Ludovia Magazine. Deux professeurs de l’École européenne de Varèse, en Italie, expliquent comment ils intègrent les tablettes numériques à leur enseignement. La démarche a des aspects séduisants, mais on peut ne pas être d’accord avec notre collègue qui déclare : « Il me semblait intéressant que les élèves ne voient pas leur professeur. » À l’IUT de Poitiers, France 3 Nouvelle Aquitaine est allée à la rencontre d’un professeur qui utilise un jeu vidéo grand public pour son enseignement.

À force d’être mentionnée à tout moment et en tout lieu, la « révolution numérique » finit par ne plus avoir l’air tellement révolutionnaire... Invoquant la désormais incontournable intelligence artificielle, des collègues belges présentent comme une grande innovation un projet de plateforme d’exercices interactifs adaptables au niveau et à la progression de chaque utilisateur, comme le raconte La Libre Belgique. Des initiatives de ce genre existent en grand nombre (par exemple, pour rester en Belgique, Virtual Academy), mais jusqu’ici, peu d’entre elles ont été vraiment concluantes. L’ambition affichée par nos collègues de « faire progresser tout le monde » est noble, et poursuivre recherches et expérimentations dans ce domaine est indispensable. Mais il serait imprudent de penser que le numérique résoudra seul la crise profonde de notre système éducatif.

Profitant des nouvelles technologies, mais beaucoup plus classique quant au fond, Le MOOC de l’École polytechnique, « Préparation à l’entrée dans l’enseignement supérieur », que nous annoncions dans la revue de presse de juillet, et que signale le site Studyrama, est désormais opérationnel. Les cours auront lieu du 6 novembre au 18 décembre et les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 26 novembre.
L’École polytechnique vient aussi d’inaugurer sa formation « bachelor » destinée a accueillir jusqu’à 150 étudiant.e.s du monde entier, trié.e.s sur le volet. L’Étudiant décrit la rentrée des 71 jeunes, issus de 32 pays, qui ont été sélectionnés parmi 500 candidat.e.s pour constituer la première promotion. Mais le recrutement pour la suivante est déjà ouvert !

Les initiatives pour le soutien scolaire se multiplient. Le site actu.fr en a remarqué une en Bretagne, à Saint-Martin-de-Landelles. Le même site parle d’un dispositif qui concerne plusieurs communes normandes : les clubs Vis ta vie. Mais le soutien scolaire peut aussi prendre d’autres formes, comme le montre France 3 Grand Est où l’on apprend que des élèves de l’École polytechnique (encore elle !), qui ont choisi l’éducation prioritaire pour faire leur stage de six mois en « formation humaine », seront présents dans des classes jusqu’en mars pour accompagner les élèves.

« Un mathématicien aurait-il plus de valeur qu’un historien ou un artiste ? » C’est la question que pose Paul Karras dans un témoignage recueilli par Le Monde. Cet élève qui vient d’obtenir le bac ES dénonce l’importance excessive du rôle des mathématiques dans le choix des parcours d’étude. Il raconte que sa proviseure s’était étonnée qu’il ne veuille faire « que ES » ! Il s’insurge contre le fait que les bacheliers S sont admis sans difficulté dans la quasi totalité des filières post-bac alors qu’un littéraire, même excellent, ne pourra jamais entrer dans une classe préparatoire scientifique. Il ajoute enfin fort judicieusement que, dans la réforme annoncée de l’admission post-bac, il est très vraisemblable que les bacheliers S ne seront pas concernés par l’instauration probable de conditions restrictives pour l’accès à certaines filières.

Terminons par une actualité internationale.
Le Courrier du Vietnam nous apprend qu’à Hô Chi Minh-Ville le Service d’éducation et de formation (SEF) promeut les « heures de classe à l’extérieur de l’école » et veut les institutionnaliser. Cet enseignement extra-scolaire serait bien plus efficace que les cours ordinaires (où « l’enseignant parle et l’élève copie »), et favoriserait la créativité des élèves et l’acquisition des connaissances. Le même site signale la signature d’un accord de coopération entre le SEF de Hô Chi Minh-Ville, l’université américaine de Stanford et le groupe américain basé au Vietnam EMG Education, en vue de la mise en œuvre du programme éducatif STEM (Science, Technology, Engineering, and Mathematics), développé aux États-Unis pour mieux préparer les élèves du primaire et du secondaire à des études supérieures scientifiques.

Développer les études scientifiques est une préoccupation dans la plupart des pays. Au Sénégal, où 75 % des bacheliers sont littéraires, on espère former davantage de scientifiques en mettant l’accent sur le calcul mental, grâce à un programme créé en Malaisie et présent dans 70 pays : Ucmas (Universal concept of mental arithmetic system). Mais Le Soleil, qui donne cette information, précise qu’il s’agit d’une formation payante, qu’elle a été mise en place dans des établissements privés, et qu’elle aboutit à une compétition mondiale à la fin de chaque niveau, ce qui relativise beaucoup l’intérêt que pourrait présenter un tel programme.

On connaît le soutien important apporté par le Centre international de mathématiques pures et appliquées (CIMPA) et l’Union mathématique internationale (UMI) au développement des mathématiques en Afrique. L’école de mathématique africaine (EMA) en est un des aspects. L’Agence d’information d’Afrique Centrale présente la session de l’EMA qui s’est tenue à Brazzaville du 11 au 21 octobre, réunissant 45 étudiants africains qui entrent dans une formation doctorale et consacrée à la géométrie différentielle.

Voici enfin l’histoire édifiante du jeune Jaime, rapportée notamment par BFMTV et le Huffington Post. C’est une nouvelle illustration de l’importance qu’a en mathématiques le langage usuel avec ses ambiguïtés. On s’étonnera surtout que le professeur n’ait pas compris que l’élève avait parfaitement compris, et avait en fait accompli sans erreur une tâche plus difficile que celle qui lui était demandée !

Recherche et Applications

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Les pavages pentagonaux par Michaël Rao

Que peut-on bien rechercher en mathématiques ? Telle est la question récurrente que le grand public se pose en présence d’un mathématicien. Pourtant la liste est tellement longue ! D’ailleurs Slate nous met au parfum de la trouvaille de deux mathématiciens Saharon Shelah et Maryanthe Malliaris, qui prouvent que deux ensembles mathématiques infinis ont la même taille. Leur démonstration met fin, nous apprend-on, à un problème vieux d’environ 70 ans. Sciences et Vie annonce la résolution d’un vieux problème de mathématique sur la théorie des pavages. Michaël Rao, un chercheur du Laboratoire d’informatique du parallélisme de l’École normale supérieure de Lyon, qui répond à la question suivante qui date de 99 ans : « quels sont les polygones à 5 côtés (pentagones) qui peuvent paver le plan ? » Mickaël Rao a montré que la liste des 15 types de pentagones connus, pas un de plus, était complète.

Les travaux de recherche en mathématiques peuvent des fois aboutir à des résultats étonnants comme l’intitule Pour la Science dans sa parution du 9 octobre avec ce titre « Un paria mathématique rentre dans le rang ». En effet Science.fr nous annonce que le chercheur Ken Ono, de l’université Emory à Atlanta et ses collègues ont découvert des connexions étonnantes et spectaculaires entre les groupes finis et les formes modulaires. Dans cette rubrique, Pour la Science nous fait l’épilogue des résultats mathématiques établissant des connexions appelées moonshines entre un groupe de symétries et les formes modulaires.

Face à la question d’où vient l’inspiration des mathématiciens ? La réponse semble être difficile car les sources d’inspirations sont nombreuses. D’ailleurs dans Science et Avenir on nous parle de “L’Étincelle”, un programme diffusé par France 3 tous les jours à 18 h 55 jusqu’au 15 octobre dernier. On nous y présente Cédric Villani, le mathématicien médaillé Fields en 2010 qui évoque « la mystérieuse façon dont éclosent les idées dans les cerveaux des scientifiques ». Il nous relate d’ailleurs l’histoire de Léo Szilard (1898 -1964) qui a apparemment eu l’intuition de la réaction en chaîne devant un feu rouge. Le mathématicien Villani qualifie ça en disant que c’est « la ligne directe… un dieu de la mathématique ».

Parler de la recherche scientifique sans son outil de diffusion serait un exercice incomplet. En effet, Le Temps dans sa rubrique du 27 septembre, nous parle des journaux scientifiques qui permettent la diffusion des travaux scientifiques et ceci depuis le XVIIe siècle. On y annonce que les qualités d’un chercheur au regard de sa communauté se voient à travers ses publications dans des journaux scientifiques cotés tels Nature, Science, Cell, The Lancet etc. Cependant, cette rubrique du Temps pointe du doigt les maux de la recherche avec son titre « “Publish or perish”, quand la science met les chercheurs sous pression ». En effet, dans cette rubrique on nous apprend qu’un appel à témoignage a été lancé et la plupart des chercheurs interviewés fustigent : « On ne fait plus de la recherche pour comprendre le monde, on en fait pour publier. » Tout se résume à la course à la publication, que ce soit pour les étudiants en thèse, pour les post-doctorants ou même les chercheurs confirmés, comme le raconte dans cette même rubrique un chercheur américain : « On augmente la charge d’enseignement des professeurs qui publient trop peu, ou on leur ajoute des tâches administratives. » Effectivement, cette course effrénée à la publication dégrade la recherche comme nous le rappelle Le Temps notamment par le fait qu’on privilégie la quantité par rapport à la qualité des articles ; qu’on « saucissonne des résultats pour obtenir trois articles là où un seul aurait suffi » ; qu’on « exagère l’importance d’une étude pour créer un effet waouh qui séduira », etc.

En ce qui concerne les applications liées à la recherche scientifique, on en trouve des multitudes. Déjà La Lettre du CNRS nous parle dans son actualité du 21 septembre dernier du développement d’une méthode de compression de données adaptée à l’exploration pétrolière et gazière. Cette méthode, nous apprend-on, est le fruit d’une collaboration entre l’Institut français du pétrole (IFP) et le laboratoire d’informatique, signaux et systèmes de Sophia-Antipolis démarrée en 2014 et que l’outil est déjà intégré dans les logiciels de manipulation et de visualisation de modèles 3D de l’IFP.

Pro L’Argus.fr dans sa récente publication nous parle du géant automobile Volkswagen qui mène des recherches fondamentales en intelligence artificielle (IA) notamment sur les réseaux de neurones afin de « guider les véhicules autonomes en toute sécurité dans le trafic, optimiser les flux de circulation, accélérer les processus d’entreprise ». Le professeur Patrick van der Smagt, responsable de la recherche chez VW nous explique que son équipe, composée d’éminents spécialistes en informatique, en robotique, en physique et en mathématiques, s’active sur la création d’algorithmes « capables d’identifier et de prédire des tendances et des lois de manière de plus en plus fiable ».
L’équipe est composée d’éminents spécialistes en informatique, en robotique, en données, en physique et en mathématiques, travaillant en collaboration.

Une autre application des sciences, concerne une nouvelle trouvaille de L’INSERM, nous apprend-on sur SciencePost. Cette trouvaille porte sur les effets des perturbateurs endocriniens qui sont « des molécules qui interfèrent avec le système hormonal responsable de la régulation et du maintien des processus physiologiques d’un organisme ». On nous apprend également que c’est grâce à des modèles de prédiction mathématiques que ces trouvailles ont été obtenues.

Les mathématiques servent aussi dans les études psycholinguistiques, nous apprend-on dans cet article L’Actualité dédié au chercheur Cyril Perret, psycholinguiste à l’université de Poitiers, qui en collaboration avec le laboratoire de mathématiques et applications (LMA) de la même université, développe des modèles mathématiques pour le comportement humain. Dans cette étude, le psycholinguiste nous dit-on se base sur un enregistrement d’un grand nombre de données recueillies en plaçant « le sujet devant un ordinateur et une tablette graphique. Quand une image apparaît, il doit écrire le nom sur la tablette, ce qui permet de mesurer la vitesse à laquelle il écrit, mais aussi le temps qu’il met avant de commencer à écrire... »

Vous aurez compris que la liste des applications liées à la recherche scientifique est très longue. On peut citer entre autres la modélisation mathématique de la chimiothérapie par un problème de contrôle optimal ; la forte implication des mathématiques dans les big data, c’est-à-dire dans la gestion des données volumineuses, dont l’enjeu économique et social n’est plus à démontrer car les big data accaparent plusieurs dizaines de milliards de dollars comme on nous l’indique dans Leaders. Les mathématiques et leurs applications au service du développement tel est le titre de la conférence internationale organisée à Rabat (Maroc) du 16 au 19 octobre dernier d’après APANews. Cette conférence regroupe environ 250 participants venant du monde entier et on nous apprend que des thématiques liées : « aux diverses applications des mathématiques en tant que vecteur de développement, dans des champs aussi variés que l’exploitation des ressources marines, la santé, l’épidémiologie, l’économie ou encore l’énergie ».

Diffusion, culture mathématique

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Les maths avec la tête et les mains

Lors de la dernière revue de presse, nous vous parlions des chaînes YouTube pour apprendre les mathématiques. Cette fois, nous allons encore plus loin en vous parlant des applis. En effet, comme l’a remarqué iPhoneAddict, une nouvelle application vient de sortir pour les utilisateurs d’iPhone et d’iPad : PocketCAS. PocketCAS permet aussi bien de résoudre des problèmes de l’école primaire que d’apporter une aide dans des domaines comme les statistiques, l’algèbre, le calcul infinitésimal... On regrettera cependant qu’elle ne soit pas gratuite. Si justement vous ne souhaitez pas débourser un centime, la fête des maths était pour vous. La Dépêche du Midi lui a consacré un article et n’a pas hésité à comparer cette fête avec un véritable feu d’artifice. Plus précisément, l’article parle des activités au sein de la maison Fermat, à Beaumont-de-Lomagne. Il y en avait pour tous les goûts : objets optiques, Rubik’s cube et les cinéphiles avertis ont eu l’honneur et le plaisir d’assister à un voyage mathématico-humoristique baptisé Very Math trip. Autant dire que le réveil a dû être dur. Le village des sciences, quant à lui, eut lieu dans bon nombre de villes de France : à Strasbourg ou à Perpignan. Les organisateurs avaient prévu des énigmes mathématiques au cœur des jardins de l’université de Strasbourg les 14 et 15 octobre. Pour Perpignan, c’est la notion d’invariant mathématique qui était à l’honneur les 12 et 13 octobre. Comme les mathématiques ne délaissent aucun territoire, soulignons que Cayenne a bien été le théâtre de la Fête de la science le 7 octobre comme le rapporte France-Guyane. Au programme : mathématiques, boulier chinois et autres. Bref, rien qui ne s’apparente de près ou du loin au bagne. Revenons en métropole pour poser une question simple : les mathématiques ont-elles ou sont-elles une langue ? Cette question est posée, dans le cadre de la fête de la science, par la mathématicienne Stella Baruk. Unidivers consacre d’ailleurs un article à la conférence que donne cette chercheuse en mathématiques « qui prône un enseignement repensé par la langue, le sens et la prise en compte de l’erreur ». Toujours sur la fête de la science, l’auteur de ce paragraphe souhaite mettre à l’honneur les villes de Saint-Chamond et de Saint-Étienne. Pour Saint-Chamond d’abord, le 11 octobre, un « spectacle scientifico-burlesque autour du zéro » eut lieu, voir Le Progrès. Quant à Saint-Étienne, France Bleu a consacré un article à la Fête de la science les 14 et 15 octobre. Ce dernier s’est installé au musée de la Mine : toutes les sciences étaient présentes dont les mathématiques. Autre manifestation scientifique d’envergure : Ramène ta science ! Les 11 et 12 octobre avait ainsi lieu un événement au nom de Maths à modeler à Saint-Hilaire dans le cadre de la Fête de la science. Durant cette manifestation, il était possible pour tout participant de mettre son « raisonnement à l’épreuve au travers d’activités ludiques : chasse à la bête, pavage de la cuisine, tournée du facteur... », voir Unidivers.

Sans transition avec les maths à modeler, parlons de boue d’argile. Ou plutôt, nous vous invitons à regarder cet arbre fractal dans la vidéo d’Universcience. Tout aussi surprenant, l’invasion de la ville de Saint-Denis par des drôles de maths. Le Parisien consacre ainsi un article à cette manifestation aussi inattendue que bienvenue. Imaginée par Meriem Zoghlami, qui se revendique elle-même du titre de non-matheuse, le but avoué est de faire du théâtre autour des maths pour faire prendre conscience qu’elle n’est pas froide du tout. Pour parvenir au but, elle s’est associée avec « François Perrin, à la fois comédien, metteur en scène, chanteur… et mathématicien agrégé ! » En particulier, ils vont apprendre au grand public que le ballon de foot n’est pas rond du tout, mais est en fait un icosaèdre tronqué. De quoi perdre toutes ses certitudes... Pierre Carrée nous apprend même que les Shadoks savent compter. On savait qu’ils avaient un système de numération mais il faut maintenant savoir que le nombre GaBuZoMeu...GabuZoMeu (répété $n$ fois) est en fait le produit d’une puissance de trois avec un nombre sans facteur carré... Il était une fois les contes. Là, au moins, pas de sciences... Eh bien si ! Comme le rapporte Sciences et Avenir, à la Cité des sciences jusqu’au 18 novembre, l’exposition « Il était une fois, la science dans les contes met en scène des concepts et des phénomènes scientifiques dans un univers merveilleux tiré de l’imaginaire des contes de fées. » Au programme : construction de murs en briques et en mousse et déclenchement du souffle du méchant loup pour se rendre compte que « la technique de construction est aussi importante que les matériaux utilisés ». Marie-Pierre Lahalle, de la direction des expositions à la Cité des sciences et de l’industrie, explique que l’exposition est très interactive. Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire si vous avez des enfants de sept à onze ans. Et s’ils préfèrent rester devant la télévision, sachez que La lettre de l’audiovisuel nous apprend que FranceTV éducation a proposé du 7 au 15 octobre (dans le cadre de la Semaine de la science) une série télévisée : « Math Mathews, la malédiction de Sylla ». Cette série en vingt épisodes de trois minutes faisait réviser les enfants de l’école primaire. Notons que « Math Mathews » a été créée en 2012 par Kiupe, studio de jeux vidéo éducatifs. En parlant de malédiction, sortez les pieux et l’eau bénite car nous allons parler de nombres vampires. Trust my Science s’intéresse à ces nombres curieux. Dorment-ils le jour ? Se nourrissent-ils de sang ? Se pourrait-il que les maths soient en fait dangereuses ? En fait, il n’y a pas de quoi s’affoler. « Un nombre vampire, noté ”v” (pour vampire), est un nombre entier naturel différent de 0 et possédant un diviseur positif différent de 1 ou de lui-même ; un tel nombre est appelé nombre composé. ”V” contient un nombre pair de chiffres noté ”n” et est factorisable en deux entiers naturel ”x” et “y” nommés “crocs“. Ces derniers sont composés de n/2 chiffres et n’ont pas de zéro en queue (ou à la traîne). Pour finir, “v” contient tous les chiffres de “x” et “y”. » Mais il y a aussi le nombre de Belphégor, les nombres parasites... Après les nombres qui allient les naturels au surnaturel, parlons de l’équation qui allie l’économie et l’écologie. Unidivers nous parle ainsi d’une conférence qui eut lieu le 12 octobre à La Rochelle. « Éloise Comte développe de nouveaux modèles mathématiques pour le contrôle de la pollution agricole des ressources en eau. Le but étant d’optimiser économiquement et écologiquement l’épandage d’engrais. »

Parutions

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Les mathématiques font leur cinéma

Le mensuel Pour la science, revue de vulgarisation scientifique française bien connue, est la version française du mensuel Scientific American et a été fondée en 1977. Pour la Science fête donc ses 40 ans en novembre. Pour la circonstance la rédaction a choisi « une sélection des 40 articles les plus marquants, emblématiques, ou insolites publiés depuis la création du magazine » qui sont mis en ligne gratuitement. Ce retour vers le passé est l’occasion de se replonger dans quelques temps forts de la science. Vous y retrouvez, entre autres, pour les articles de mathématiques des titres comme Fermat enfin démontré, Le réalisme en mathématiques et en physique, Cube hongrois et théorie des groupes, Comment notre cerveau calcule-t-il ?, L’analyse par ondelettes... et 35 autres sujets passionnants.

40 ans de découvertes, c’est aussi le titre du numéro anniversaire de novembre. L’actualité des labos nous parle en particulier des « moonshines » et de l’impressionnant groupe monstre. Ensuite deux articles sont étiquetés « mathématiques ». Celui d’Étienne Ghys, La conjecture de Poincaré vaincue (vous pouvez voir aussi à ce sujet l’article d’Étienne Ghys, ( Géométriser l’espace : de Gauss à Perelman publié sur ce site) et une interview de Cédric Villani" (en accès libre sur le site), Il y a un roman derrière le grand théorème de Fermat. Le rendez-vous mensuel de Jean-Paul Delahaye est une agréable promenade mathématique autour des Coïncidences surprenantes, mais banales : Des erreurs de jugement nous conduisent à voir dans certaines coïncidences des phénomènes incroyables et à leur rechercher d’impossibles explications. Vous y découvrirez par exemple des corrélations étonnantes, mais fortuites aux États-Unis, une surprise de l’infini mathématique, la loi de Poisson et les accidents d’avions et d’autres paradoxes contre-intuitifs. En conclusion l’auteur nous invite à éviter de rechercher des causes communes à ce qui, logiquement, n’en a pas besoin.

Encore un anniversaire en vue... Le dernier numéro de Tangente nous rappelle que la revue fêtera bientôt ses 30 ans. À cette occasion une journée exceptionnelle sera organisée le dimanche 3 décembre au musée des arts et métiers (ouvert gratuitement à tous pour la circonstance) prolongée par un événement les 8 et 9 décembre à Bruxelles. Il porte le titre alléchant de Mathématiques et cinéma : Lumière sur les effets spéciaux, le polynôme de Charlie Chaplin (un article rédigé par Casio) et « des mathématiciens en vedette » sont mis en exergue sur la première de couverture. De nombreux encarts complètent le copieux dossier « maths et cinéma ». C’est l’occasion de découvrir par exemple des instruments de captation anciens ou les dessous mathématiques des effets spéciaux. Un second dossier est consacré aux aires et aux calculs d’aires. Approximation de pi par des aires, théorème de Pick et polygones, aires et primitives, coordonnées polaires, la loi des aires de Kepler sont au menu. Le numéro se clôture avec l’angle inscrit dans l’histoire et un article d’Hervé Lehning intitulé autour de l’angle inscrit.

Bien sûr la rubrique « problèmes » consacre une large place aux quarts de finale individuels du 32e championnat de la Fédération Française des jeux mathématiques (FFJM). Cette compétition se déroule en trois étapes et se termine chaque année à Paris, fin août, par une finale internationale.

Notons en passant une page consacrée à la mathématicienne Maryam Mirzakhani, la première femme et pour l’instant la seule à avoir reçu la médaille Fields, une évocation du mathématicien Gérard Tronel qui s’est impliqué toute sa vie pour la diffusion des mathématiques et un retour sur la sphère réduite de l’équipe Hévéa. Trois sujets abordés dans la revue de presse de septembre de votre site préféré.

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Un problème lumineux ...

Dans sa rubrique de La Recherche, Roger Mansuy nous pose un petit problème d’aménagement intérieur. Un énoncé mathématique qui date de 1950 « lorsque le mathématicien Ernst Gabor Straus demanda si une pièce couverte de miroirs pouvait toujours être complètement éclairée à partir de tout point ou si toute pièce pouvait être éclairée d’au moins un point ». Il revient (en une page !) sur le problème de l’éclairage et la conférence The Illumination Problem du mathématicien Howard Masur (de l’Université de Chicago) filmée au Mathematical Sciences Research Institute (MSRI), mais qui n’est visible qu’en anglais. Un problème pas si simple, passionnant et qui représente aussi une sympathique promenade où l’on retrouve les noms de mathématicien(e)s comme Georges Tokarsky, Alex Eskin, Maryam Mirzakhani, Amir Mohammadi...

Avant de terminer deux mots sur un mensuel de bandes dessinées, Les Rues de Lyon. Le dernier numéro, lancé milieu octobre à la Maison des mathématiques et de l’informatique, est consacré au mathématicien Girard Desargues, le Lyonnois. Il a été écrit par Simon Iosti, un jeune enseignant-chercheur en mathématiques et informatique, et mis en image par Léah Touitou. Une initiative originale qui éclaire à la fois la vie d’un mathématicien mal connu et l’invention de la géométrie projective.

Article édité par Louis Dupaigne

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Pour citer cet article :

L’équipe Actualités — «Revue de presse novembre 2017» — Images des Mathématiques, CNRS, 2017

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