Revue de presse novembre 2018

Le 1er novembre 2018  - Ecrit par  L’équipe Actualités Voir les commentaires (3)

Les mathématiques, c’est carré ? Pourtant, ce sont polémiques et controverses qui marquent l’actualité du mois. La première est purement scientifique, en voici les ingrédients : une de ces conjectures dont l’arithmétique a le secret, aussi simple à énoncer que difficile à prouver ; un expert que personne ne comprend, qui affirme l’avoir démontrée ; deux contradicteurs (encore plus) prestigieux ; un dialogue de sourds où chacun pense que l’autre n’y comprend rien. La deuxième, plus ancienne et plus large, porte sur la recherche de raisons biologiques à la faible proportion de femmes en sciences – on est tenté d’écrire « à la domination masculine » mais ce serait verser dans la controverse. Celle-ci en cache une autre, éditoriale celle-là, où un article publié après force atermoiements disparaît tout à coup à cause de pressions extérieures. Les éditeurs ne connaissaient apparemment pas la maxime de Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire » – peut-être parce qu’elle est apocryphe ? Pour compléter le sommaire, ajoutez une rubrique enseignement bien fournie, des activités de diffusion foisonnantes et des expositions artistiques à forte résonance mathématique, sans oublier de nombreuses parutions passionnantes.

Recherche

Pour la Science, en partenariat avec Quanta Magazine, expose la controverse actuelle autour de la conjecture $abc$. Cette conjecture de théorie des nombres, énoncée à la fin des années 80, concerne les triplets de nombres entiers $(a,b,c)$ tels que $a+b=c$ où $a$ et $b$ sont premiers entre eux. De manière approximative, la conjecture affirme que si $d$ est le produit des facteurs premiers distincts de $a$, $b$ et $c$, alors $d$ ne peut être beaucoup plus petit que $c$. Malgré son apparente simplicité, c’est une conjecture majeure dont la résolution donnerait une nouvelle preuve du théorème de Fermat-Wiles.

En 2012, le mathématicien japonais Shinichi Mochizuki avait annoncé une preuve de cette conjecture dans une suite d’articles de plus de 500 pages. Cette preuve avait attiré une grande attention mais elle était très difficile à lire et n’avait pas vraiment convaincu les experts du domaine. Le jeune Peter Scholze, tout récent médaillé Fields, avait trouvé un point à la fin de la preuve du corollaire 3.12 qui lui semblait erroné. En mars dernier, Scholze et son collègue Jakob Stix ont rendu visite à Mochizuki pour que ce dernier leur détaille ce point. Il n’a pas réussi à les convaincre et ils ont expliqué pourquoi dans un rapport disponible en ligne. Pour beaucoup, la conjecture $abc$ est toujours une conjecture bien que les articles aient été acceptés… dans un journal dont Mochizuki est l’éditeur en chef.

Questions de parité

Newsmonkey note une forte représentation d’amatrices de jeux vidéos chez les étudiantes en maths, physique et ingénierie, et suggère de concentrer les efforts sur les jeunes filles attirées par les jeux vidéo pour tendre vers plus de parité dans ces filières. Des chercheurs tentent d’expliquer (ou de justifier ?) qu’il y ait beaucoup moins de femmes que d’hommes dans les professions scientifiques. Une étude publiée dans Nature s’intéresse à l’hypothèse de « plus grande variabilité masculine », selon laquelle la variance dans l’expression d’un caractère (tel que l’intelligence) est plus élevée chez les hommes que chez les femmes. Cette théorie, déjà ébauchée par Darwin pour certaines espèces animales, a été régulièrement reprise depuis le début du XXe siècle pour justifier, chez l’être humain cette fois-ci, une surreprésentation des hommes parmi les extrêmes — plus de « génies » et plus d’« idiots ». Selon les conclusions de l’article, la différence de variabilité mesurée entre les genres existe, mais est trop faible pour expliquer les proportions d’hommes et de femmes observées dans les disciplines scientifiques. Elle est du reste plus faible pour ces disciplines que pour les sciences humaines, où le gender gap est bien moins marqué. Ces faits sont relayés par The Conversation et Développez, qui les relient aux polémiques provoquées par Lawrence Summers (en 2005) et James Damore (en 2017), respectivement président de l’université de Harvard et employé chez Google, qui ont chacun à leur tour dû quitter leur poste pour avoir tenté de donner une raison « intrinsèque » à la sous-représentation des femmes dans les secteurs scientifiques en invoquant cette hypothèse de variabilité.
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Résurrection de la censure

Cette même hypothèse est au cœur d’une affaire de censure au sein de la communauté mathématique américaine. Theodore Hill, professeur émérite en mathématiques au Georgia Institute of Technology, a mis au point, en collaboration avec Sergueï Tabachnikov, professeur à Penn State University, un modèle mathématique évolutionniste décrivant l’apparition de la plus grande variabilité masculine — observée de fait chez de nombreuses espèces animales. Dans un long récit, publié sur Quillette et traduit par Le Point, il relate comment Tabachnikov a retiré son nom de l’article sous l’effet de pressions, voire de menaces personnelles, et comment les revues ayant accepté leur/son article ont été victimes de pressions, jusqu’à ce qu’elles reviennent sur leur décision d’acceptation pour la première (Mathematical Intelligencer), et même retirent l’article de leurs pages après l’avoir publié pour la deuxième (New York Journal of Mathematics).

Ce qu’il faut bien appeler censure semble avoir été le résultat de jeux d’influence peu recommandables, impliquant notamment Benson Farb, un membre du comité de rédaction du second journal. Une telle affaire, confinant au scandale académique, est pour le moins inhabituelle en mathématiques, et le retrait sans préavis d’un article déjà publié l’est tout autant dans le monde de la recherche. La réaction de Hill semble donc légitime de ce point de vue. On pourra satisfaire sa curiosité en lisant les quarante pages d’échanges d’emails plus ou moins virulents entre les protagonistes de publiés par le site Retraction Watch. On peut par ailleurs se demander si Hill avait pris les précautions nécessaires pour affirmer que son modèle suffit à expliquer le gender gap dans les disciplines scientifiques, et jeter ainsi de l’huile sur le feu en mettant en avant cette épineuse polémique dans son papier. Comme celles de Summers et Damore avant lui, ce genre d’affirmation ne passe-t-il pas (naïvement ?) sous silence le sexisme qui règne dans ces milieux et d’autres facteurs sociaux ?

Si la recherche d’une explication du faible nombre de femmes dans les sciences grâce à la génétique ou l’évolution est controversée, leur place en mathématiques fait l’objet d’études mêlant histoire et sociologie dont la Gazette des mathématiciens se fait l’écho. Étudier... et agir : L’Alsace a suivi le « Rendez-vous des jeunes mathématiciennes », un événement qui « encourage des lycéennes à ne pas lâcher la voie scientifique ». Le constat est sévère : pour la vice-présidente déléguée à la parité de l’université de Strasbourg (Unistra), « les femmes doivent avoir les mêmes chances, les mêmes droits, les mêmes opportunités que les hommes dans leur carrière. Or la Commission européenne constate que le pourcentage de femmes décline au fur et à mesure de l’avancée dans la carrière scientifique... Ce n’est pas qu’un enjeu idéologique, derrière se cache aussi un enjeu économique. » Elle prévient les lycéennes : « Ne soyez pas dupes ! Il y aura des freins, des biais inconscients... » Ces effets sociaux qui conduisent entre autres à « l’autocensure dans les concours très prestigieux » sont désastreux et semblent plus convaincants que l’hypothèse de variabilité évoquée ci-dessus. « En 2e et 3e années de licence, elles représentent 32 % des inscrits à l’Unistra [l’université de Strasbourg]. Elles ne sont plus que 25 % en master sur 143 inscrits et 21 % en doctorat [de] mathématiques sur 42 inscrits ».

Applications

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Noureddine Melikechi

El Watan salue la nomination de Noureddine Melikechi comme Fellow de la Société américaine de physique. Il utilise des modèles mathématiques de classification et d’identification pour effectuer des détections précoces de cancer à partir de données spectroscopiques, et espère pouvoir étudier, à l’aide de modèles similaires, les données récoltées sur Mars. Les Échos présentent la jeune entreprise Novadiscovery qui va plus loin dans l’usage de modèles en médecine, en simulant entièrement des essais cliniques virtuels, pour optimiser les essais cliniques réalisés sur de « vrai⋅e⋅s » patient⋅e⋅s par la suite. Des modèles prédictifs sont aussi à l’étude en sciences du sport, afin de repérer le plus tôt possible les jeunes sportif.ve.s de haut niveau, comme l’explique La Nouvelle République.

Les maladies, le sport et la planète Mars... À la lecture de ces articles, une question se pose : peut-on tout modéliser ? Les sciences humaines, économie et sociologie en tête, sont de plus en plus friandes de modèles mathématiques pour décrire et prédire les comportements humains et sociaux. Cet enthousiasme pour les modèles est modéré par Pablo Jensen dans une interview au Journal du CNRS. Il y critique l’utilisation de modèles et d’algorithmes en sciences humaines, alors que celles-ci, trop mouvantes et enchevêtrées, ne se laissent pas mettre en équations comme les sciences de la nature. C’est aussi l’avis de cette tribune d’Agora Vox, qui va plus loin en fustigeant en vrac, avec des relents complotistes, les simulations numériques, la médecine moderne et le progrès technologique.

Les matheux sont partout ! La Gazette de la Manche vous le prouve : le chef des pompiers de Brécey est titulaire d’un doctorat en mathématiques. Ouest-France s’intéresse à Storigin, une nouvelle application qui vise à rendre les maths ludiques pour les plus jeunes. Et pour devenir plus fort⋅e en maths sans trop se fatiguer, Science Post vous propose la simulation transcrânienne par bruit aléatoire, comprenez du courant électrique imprimé à votre cerveau, qui augmenterait les capacités à résoudre des problèmes de maths de 30 à 40 %, soit des progrès... fulgurants. Cela vous permettra peut-être de calculer vous-mêmes les dimensions des arêtes de votre futur dôme géodésique ; sinon, We demain vient à votre aide, avec quelques infos sur ces étranges cabanes.

À l’honneur

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Vincent Lafforgue, lauréat du prix Breakthrough 2019 de mathématiques

Vincent Lafforgue, directeur de recherche CNRS à l’Institut Fourier de Grenoble, recevra début novembre le Breakthrough Prize en mathématiques, un prix sponsorisé par Sergey Brin, Priscilla Chan et Mark Zuckerberg, Ma Huateng. Il est récompensé pour ses travaux sur le programme de Langlands. La cérémonie de remise se tiendra dans la Silicon Valley le 4 novembre prochain et aura tout d’une cérémonie de remise des oscars : un prix de trois millions de dollars, Pierce Brosnan en maître de cérémonie et des interludes musicaux par des musiciens en vogue. Une courte vidéo sur la chaîne du prix présente Vincent Lafforgue.

Dans son numéro d’octobre, la Gazette des mathématiciens met à nouveau Joseph Fourier à l’honneur, à l’occasion du 250e anniversaire de sa naissance : comme 2018 est l’année Fourier, la Gazette propose un article de Bernard Maurey sur les différentes vies de Fourier entre théorie de la chaleur, expédition napoléonienne en Égypte et préfecture de l’Isère.

Alessio Figalli, qui a reçu la médaille Fields en août dernier, a encore ce mois-ci les honneurs des gazettes : Pour la Science et le HuffPost italien lui consacrent un portrait. Dans ce dernier, il dit : « Moi, le roi des mathématiques, j’ai fait le lycée classique : il m’a enseigné la méthode pour étudier et la passion a fait le reste. » Il a sans doute rencontré des professeurs de la trempe de « Philippe Mercier, prof de maths et provocateur de déclics », salué par Le Républicain lorrain. La passion de Jean Béland, « le boss des maths » pour La Voix de l’Est [1], est plus spécifique : ce qu’il aime, c’est le calcul mental, discipline dans laquelle il est champion du Canada. Gageons qu’il surpasse Authai, une éléphante de quatorze ans dont capacités de calculs stupéfient les éthologues, rapporte Le Monde.

Cédric Villani, qui était l’un des deux directeurs de thèse d’Alessio Figalli avant de devenir député, annonce dans un entretien au Journal du dimanche qu’il va briguer l’investiture de LREM pour les municipales à Paris. La nouvelle est reprise par Le Parisien, Le Monde, Le Figaro, France 3, L’Obs, etc., qui presque tous soulignent le nombre élevé de candidats dans ce même parti. Il serait néanmoins porté par des sondages favorables le mettant à égalité avec Anne Hidalgo au premier tour, à l’égal de ce qu’obtiendrait Benjamin Griveaux, autre prétendant à la candidature.

Enseignement

L’actualité de ce mois, ce sont d’abord les polémiques à propos des projets de nouveaux programmes de lycée. Pour le reste, les médias continuent de se focaliser sur la quête de la recette miracle qui redonnerait aux jeunes quelque appétence pour les mathématiques et relèverait le niveau peu glorieux de nos élèves. Politique de l’éducation prioritaire, aide aux élèves décrocheurs, méthodes pédagogiques innovantes, absence de parité, questions de salaire : tels sont quelques-uns des sujets que nous avons retenus. Certes, nous n’avons pas oublié le débat sur la violence à l’école, qui a été à la une de toute la presse ces derniers jours, mais ce sujet ne concerne pas spécialement les mathématiques et il n’y avait rien de particulier à en dire ici.

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Nouvelle réforme

La réforme des programmes de lycée et les vives discussions qu’elle suscite, notamment au Conseil supérieur des programmes (CSP), sont l’occasion pour Slate, sous le titre « L’Éducation nationale est-elle gouvernée par des despotes ? », de faire état « des voix de plus en plus nombreuses [qui] dénoncent l’absence de débat sur les réformes éducatives ». De nombreux témoignages et exemples à l’appui, Slate voit là une tendance générale de l’institution, dont la politique serait « le fait du prince » et ne ferait que traduire les opinions du ou de la ministre et de leurs proches conseillères et conseillers (« dont personne ne connaît le nom »). Le site dénonce aussi le détricotage auquel se livrent pratiquement tous les nouveaux ministres, et l’absence de toute possibilité de discussion, les instances consultatives n’étant là « que pour la déco ». Il évoque le seul exemple de réelle tentative de consultation, qui date de 2004 et était piloté par Claude Thélot, mais qui est restée sans suite. Même son de cloche dans Libération : « calendrier ultracompressé, atmosphère de travail délétère et soupçons de coup de vis conservateur ». On notera que, si les critiques sur le contenu des programmes visent de nombreuses disciplines (histoire, français, sciences économiques et sociales), elles semblent pour le moment épargner les mathématiques. Pour cette discipline, Europe 1 note que « les programmes devraient insister sur la démonstration » et que des « activités rituelles » devraient être mises en place en seconde. Les projets de nouveaux programmes pour les classes de seconde et première avaient été révélés mi-octobre par le SNES, puis abondamment décrits et commentés dans plusieurs médias : outre ceux déjà cités, mentionnons seulement Le Figaro et Vous Nous Ils (un journal de la CASDEN).

Libération rapporte le jugement très sévère de la Cour des comptes sur la politique de l’éducation prioritaire, dont l’objectif, qui était de ramener « à moins de 10 % les écarts de niveau entre les élèves qu’elle scolarise et les autres, sans dégradation du niveau général » est évidemment encore très loin d’être atteint. Parmi les mesures qu’elle propose, la suppression des étiquettes « REP » et « REP+ », qui font « fuir les familles les moins en difficulté », et leur remplacement par une modulation des allocations budgétaires « en fonction de la proportion des élèves en difficulté, quel que soit leur lieu de scolarisation ». Bien qu’entreprise avant l’arrivée du nouveau ministre, l’étude de la Cour tombe à point nommé pour Jean-Michel Blanquer, puisqu’elle met en avant certaines des nouvelles mesures mises en œuvre ou annoncées, comme le dédoublement des classes de CP et de CE1 ou la scolarisation dès deux ans (déjà préconisée par la précédente ministre). Enfin, la Cour des comptes réclame « plus d’autonomie pour les chefs d’établissement ».

« Oui les Français ne sont pas bons en maths et ça se dégrade ! ». C’est ce que dit Michel Bouchaud, ancien professeur de mathématiques et ancien proviseur du prestigieux lycée Louis-le-Grand à Paris, dans un entretien au Dauphiné libéré. Il s’y déclare cependant confiant dans les réformes en cours, estimant que les autorités ont enfin pris conscience du problème et citant le rapport Villani-Torossian.

Endiguer cette dégradation, c’est évidemment la préoccupation constante de toutes celles et tous ceux qui sont concernés par l’enseignement des mathématiques. D’une revue de presse à l’autre, les mots d’ordre ne varient guère : « Faisons aimer les mathématiques, enseignons-les d’une autre manière, rendons-les ludiques, redonnons confiance aux jeunes ! » Mais le vocabulaire n’est pas figé, et il est question ce mois-ci de « dynamiser les mathématiques ». On ne sera pas trop surpris que cette expression renvoie en l’occurrence à l’utilisation du numérique, et plus précisément de l’iPad, d’autant que c’est sur le site canadien École branchée que l’on trouve le témoignage d’un professeur de collège de Poitiers qui a mis sur pied des projets collaboratifs autour de la tablette avec une enseignante du Québec. Réconcilier les élèves avec les mathématiques par les jeux, c’est désormais banal. Ce qui l’est moins, c’est que Najat Charbika, enseignante du primaire au Maroc, utilise pour cela des jeux populaires du sud du pays, notamment un jeu sahraoui dont le matériel consiste en un tas de sable, des cailloux et des petits morceaux de bois ou de roseau. On regrettera simplement que le site ABC.ma, qui nous parle de cette enseignante très active, ait donné une description peu intelligible du jeu en question, notamment en ce qui concerne la forme du tas de sable. Pour relever le niveau désolant de nos élèves, il faut des jeux, mais il faut aussi du « par cœur » : telle semble bien être la philosophie officielle, selon Le Figaro.

Pour lutter contre le décrochage scolaire, la formule des microlycées est expérimentée dans plusieurs régions. Il s’agit de structures innovantes qui accueillent des jeunes de 16 à 26 ans sortis du système scolaire pour leur permettre de préparer un bac général ou technologique, avec une pédagogie adaptée. France 3 Hauts-de-France présente les microlycées de l’académie d’Amiens.

Sous le titre « L’arithmétique ne dit pas tout du salaire de ceux qui l’enseignent », le site swissinfo.ch donne d’intéressantes informations sur les salaires des enseignants dans la Confédération helvétique. On notera d’abord l’impressionnant écart entre salaires suisses et français, qui laisse rêveur même si l’on sait bien que le coût de la vie est nettement plus élevé en Suisse. Mais ce que l’on retiendra surtout, ce sont les énormes disparités territoriales, conséquences du fédéralisme qui laisse toute latitude aux autorités cantonales pour fixer localement les rémunérations publiques. Des esprits chagrins pourraient voir là la préfiguration de ce qu’annonce chez nous la politique du toujours plus d’autonomie et de concurrence (pardon : d’émulation) : autonomie des régions, des recteurs, des chefs d’établissement, transfert des prérogatives de l’État. Enfin swissinfo.ch explique pourquoi, malgré une législation strictement égalitaire pour ce qui est du genre, les enseignantes sont en réalité désavantagées par rapport à leurs collègues masculins.

Ceux (de plus en plus nombreux) qui déplorent la trop faible proportion de femmes dans le domaine des sciences fondamentales et plus particulièrement en mathématiques ne semblent guère préoccupés par la forte inégalité de genre chez les plombiers... C’est une des idées développées dans un article provocateur que publie Le Point. Aux arguments usuels qui invoquent « la menace du stéréotype, les biais implicites et les micro-agressions », qu’ils remettent en cause, les auteurs, psychologues universitaires anglo-saxons, opposent en particulier une idée qui paraît au moins aussi discutable : les hommes auraient une « préférence » pour le travail avec « des choses » (ingénierie, mécanique) ou avec « des idées abstraites » (théories scientifiques), alors que les femmes « préfèrent en moyenne travailler avec et contribuer directement au bien-être d’autrui » (médecine, enseignement). Le reste est à l’avenant. Le Point inaugure là une rubrique où figurera chaque semaine la traduction d’un article de Quillette, « journal australien en ligne qui promeut le libre échange d’idées sur de nombreux sujets, même les plus polémiques », déjà évoqué ci-dessus pour l’article de Theodore Hill.

Les éditions Rue des Écoles, en partenariat avec Le Dauphiné libéré, proposent aux élèves de terminale S une formation de haut niveau en mathématiques, pour mieux les préparer à des études supérieures scientifiques. Il s’agit d’un cours interactif sur le site Mathematiques plus, complété pour les élèves de la région de Grenoble par un stage intensif pendant les vacances scolaires.

La multiplication des tests d’évaluation des élèves à plusieurs niveaux de la scolarité, voulue par Jean-Michel Blanquer, est contestée par de nombreux experts de l’éducation. Dans une tribune du Monde, Cédric Villani défend la politique du ministre et soutient que « nous ne pourrons pas guérir l’éducation nationale sans évaluations ».

Un atelier de trois jours de formation de formateurs sur les compétences de base en mathématiques a eu lieu fin septembre en Haïti. Malheureusement, l’article que lui consacre Haïti Press Network, truffé de formules ronflantes mais à peu près vides de sens, ne permet vraiment pas de comprendre en quoi consiste la « nouvelle façon d’enseigner les mathématiques » vantée par une « conseillère en formulation de projet » de la JICA (agence japonaise de coopération internationale), qui soutient cette action. Un autre article consacré à cette coopération avec le Japon n’est guère plus explicite.

Pendant ce temps, sur le terrain, d’autres chantiers sont déjà en route : la formation des enseignants (initiale et continue), la mise en place de « laboratoires de mathématiques » dans les lycées ont fait l’objet de débats lors des journées nationales de l’APMEP (Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public) qui viennent de se tenir à Bordeaux (c’était, comme tous les ans, au début des vacances de la Toussaint). Nul doute que ces questions retiendront l’attention des médias dans les prochains mois.

Diffusion

C’était la Fête de la science en octobre, cela se remarque dans la presse : les activités ont été foisonnantes ce mois-ci et la liste qui suit montre la vitalité des mathématiques.

La Nouvelle République présente « la science par le petit bout de la lorgnette », un « café pour voir les maths autrement » et « des mathématiques ludiques ». La Commère 43 annonce une conférence d’Étienne Ghys sur les flocons de neige à Tence.

Unidivers, le « web culturel breton », ne se cloisonne pas à sa région et nous invite à découvrir des objets mathématiques qui ne coûtent pas cher à Metz, des récréations artistiques et mathématiques à Saumur, les métiers des mathématiques et des stratégies gagnantes à Reims, des jeux mathématiques pour la classe à Bourges (ce que confirme Le Berry), une conférence sur les difficultés des mathématiques à Noisy-le-Sec, des mathématiques au secours du lynx à Chamonix, une célébration d’Ada Lovelace pour inciter les filles à « ose[r] le numérique » à Nancy... Dans les jours précédents, c’étaient aussi un café cinéma et mathématiques à Bondy, une table ronde sur les mathématiques et la société et des lectures mathématiques à Montreuil, des récréations mathématiques à Pantin... Sans oublier la Nuit des chercheurs, qui a permis à Arnaud Chéritat de rencontrer « ce public qui est différent des personnes que je rencontre normalement » et un journaliste de La Dépêche.

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Construction collective d’une pyramide de Sierpinski – Maths en ville 2018

Annoncée par Le Parisien la deuxième édition du festival « Maths en ville », « le premier festival de mathématiques initié par une “nulle” en maths » s’est déroulée juste après la Fête de la science à Saint-Denis. Le Bondy blog offre un entretien avec sa fondatrice, Meriem Zoghlami, qui veut « faire des mathématiques une discipline populaire ». De nombreuses activités étaient proposées, dont la construction d’une pyramide de Sierpinsky monumentale, par l’association Science ouverte. C’était en même temps que la « semaine du code », nous apprend La Marseillaise, qui a permis aux « minots du Vieux Port [de décoder] le code » : une « opération com’ d’Orange » qui montre « qu’avec des moyens, matériels et humains, l’École peut encore faire de belles choses ».

La Dépêche montre comment Fermat science « s’occupe régulièrement à démentir » l’« idée préconçue » selon laquelle « les mathématiques ne servent à rien ». Toujours d’après La Dépêche, elle permet même à des lycéens de Saint-Cyr-l’École de « se transformer en aventuriers de la science et des mathématiques ». Autre lieu dédié à la diffusion, « la Maison des Maths, un endroit où l’on apprend en s’amusant », que de nombreux téléspectateurs auront découvert au 13 h de TF1. Ce journal n’est plus disponible mais on pourra se consoler avec les Carnets de route de Marie Lhuissier.

Des médias à l’audience nationale ont également apporté leur contribution à la culture mathématique. The Conversation offre un article écrit par une spécialiste, Brigitte Bidegaray-Fesquet, qui permet de découvrir quelques paradoxes des probabilités pour « apprendre [aux élèves] qu’un mauvais usage, volontaire ou non, des outils statistiques comme les pourcentages, mais aussi les représentations graphiques, les moyennes... peut mener à des conclusions erronées ». Côté (France) culture, Adèle Van Reeth demande au philosophe Jean-Pierre Cléro si « les mathématiques peuvent nous aider à connaître le réel » dans une série d’émissions consacrées à Blaise Pascal. Cela ne passe pas sur France musiques mais on s’en rapproche : France 3 nous présente Radouane Abassi, alias Great Teacher Issaba, qui défie Soprano d’aller rapper avec lui à Épinay. Hip hop corner nous vante aussi « ses “Rapématiques” ».

Pour terminer, voici une énigme proposée par Hervé Lehning sur Futura sciences qui, quelque jours après nous avoir expliqué ce qu’est « un arbre gracieux », ressuscite du Moyen Âge « l’énigme des voleurs de drap » :

Des malfaiteurs volent un stock de drap. Ils décident de le partager équitablement entre eux. Si chacun en reçoit six aunes, il en reste six. Et si chacun en reçoit sept, il en manque sept.

Quel est le nombre de voleurs ?

Parutions

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Imprécis de vocabulaire mathématique

Tant pis pour ceux qui tenaient le langage mathématique pour un modèle de précision ! L’Imprécis de vocabulaire mathématique de Léo et Jean-Pierre Laroche a été lancé officiellement en octobre pour tout public, avec en particulier une présentation au Palais de la découverte.

L’originalité de cet ouvrage tient dans la démarche des auteurs qui se sont immergés durant plusieurs semaines dans le quotidien du laboratoire de mathématiques Jean Leray de l’Université de Nantes. Seize mathématiciennes et mathématiciens se sont impliqués avec les auteurs.

Cette interaction a produit un genre de dictionnaire « imprécis de ces adjectifs imprécis, objet hybride entre l’encyclopédie, la pièce de théâtre et l’imagerie pour enfants. »

Tout au long des cent trente pages de leur ouvrage, ils recensent quarante-sept adjectifs, allant d’abstrait à violent, « dont le sens relativement flou révèle le rapport subjectif et sensible que les mathématiciens entretiennent avec les objets mathématiques ».

Des textes vivants, très courts « qui reprennent des discussions réelles dans lesquelles des mathématiciens comparent leurs compréhensions de mots qu’ils emploient souvent dans un sens technique, mais qui ont pourtant un autre sens dans la langue de tous les jours. On croirait lire une succession de poèmes ésotériques » écrit Étienne Ghys dans le Monde.
Original, agréable, accessible à un large public l’Imprécis de vocabulaire mathématique peut être mis entre toutes les mains !

Tangente nous propose ces derniers mois une belle moisson de revues :

De l’IA à la une du numéro « Hors série 68 » intitulé « Intelligence artificielle, l’alliance des mathématiques et de la technologie pour transformer le monde ».
Beaucoup de questions et des éléments de réponse présentés à partir des dernières percées en IA. L’un des dossiers explique, par exemple, pourquoi les mathématiques sont omniprésentes : « Nourrie de concepts qui empruntent à la logique formelle aussi bien qu’à la théorie des probabilités, l’IA est un vaste chantier qui prépare une partie significative de notre avenir. Les mathématiques y jouent, et y joueront, un rôle clé. Tous les secteurs sont concernés, de la logique aux réseaux de neurones, des probabilités aux statistiques. »

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Un puzzle redoutable

Le numéro trimestriel de Tangente Éducation, « L’intelligence artificielle appliquée à la pédagogie », nous rappelle que l’IA frappe aussi à la porte de l’école... « Si la machine qui remplacera l’enseignant est encore très loin d’être pensée (si tant est qu’elle est réalisable), l’assistant intelligent est aux portes de l’école. » Évolution ou révolution en devenir ? En tout cas, à suivre attentivement. Signalons également dans ce numéro une présentation de la plateforme de ressources en ligne Mathscope initiée et développée par l’APMEP. Vous pouvez retrouver en ligne un certain nombre des articles proposés dans les derniers numéros à cette adresse.

D’autre part les éditions Pole publient régulièrement dans la collection Bibliothèque Tangente des numéros thématiques. Le plus récent, Découpages et pavages, balaye largement le sujet des pavages du plan et de l’espace. Vous y retrouverez, entre autres, le plus vieux puzzle du monde, le Stomachion ou bien le plus simple du monde... qui n’a que deux pièces mais est en fait un redoutable casse-tête. Jean-Jacques Dupas nous explique pourquoi.

Tout le monde le sait, la cryptologie a joué un rôle crucial lors des deux premières guerres mondiales. Et cela continue de nos jours. La première de couverture du magazine La Recherche, Les maths du secret, la cryptographie de l’antiquité au post-quantique, annonce une série de dossiers orientés vers les recherches actuelles sur la science du secret. On y trouve les codes correcteurs d’erreurs, la signature par hachage, la cryptographie multivariable, la complémentarité des technologies quantiques et post-quantiques... Un numéro qui permet de faire le point sur des questions qui taraudent pas mal d’institutions ou d’industriels. Dans sa chronique mensuelle, Roger Mansuy nous raconte comment un petit groupe de statisticiens nord-américains a permis de lever un doute et d’identifier de façon quasi certaine le compositeur d’In My Life.

Dans le numéro de novembre de Pour la Science, le rendez-vous mensuel de Jean-Paul Delahaye nous invite à découvrir un objet mathématique stupéfiant, un graphe universel et singulier. « Qu’un seul nombre puisse contenir, dans ses décimales, tous les autres est déjà un fait étrange et troublant. Mais le monde des graphes présente une situation analogue encore plus surprenante, qui frôle le paradoxe. » Bonne lecture !

Trois ans après son Éloge des mathématiques, Alain Badiou fait paraître L’Immanence des vérités. L’être et l’événement, 3, dont L’Humanité rend compte. « C’est un pavé de près de 700 pages, mais composé bizarrement aux trois quarts de démonstrations mathématiques donc, touchant à la théorie des ensembles et à celles des infinis » dans lequel Badiou « poursuit sa déconstruction de la théorie de la fin de l’Histoire chère aux néolibéraux ».

La Lettre.ma relate la présentation par Fouad Laroui à l’ambassade du Maroc à Paris de son livre Dieu, les mathématiques, la folie, un essai dans lequel il étudie trois formes de folie de grands mathématiciens comme Grothendieck, Cantor et Gödel, qui tous trois lient leur pratique scientifique à Dieu.

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Le graveur Patrice Jeener

« Art et mathématiques font bon ménage », c’est bien connu et confirmé aux quatre coins de l’Hexagone. La Nouvelle République nous le rappelle à l’occasion de l’exposition présentée dans la BU de Blois et dédiée à « Jean-Luc Johannet, sculpteur blésois et Patrice Jeener, graveur installé dans la Drôme ». Plus au sud, René Motro expose aussi « un monde entre art et science », comme l’annonce le Midi libre. À Chalon-sur-Saône, Thomas Destrières, « jeune artiste passionné de science et d’art », présentait en octobre une exposition d’art fractal dans la bibliothèque de l’IUT, rapporte Info Chalon.

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« L’exposition “Rétrospective 2019–1959” consacrée à l’œuvre de Bernar Venet au Musée d’art contemporain de Lyon rassemble de façon exceptionnelle plus de cent soixante-dix peintures, dessins, sculptures, photographies, films, œuvres sonores, diagrammes et performances qui retracent la carrière d’un des pionniers de l’art conceptuel en France », annonce Paris art. Son œuvre, « minimaliste » d’après Le Point, a une forte résonance avec les mathématiques, qu’elle les cite explicitement – « bien qu’il ne comprenne pas les mathématiques », dit Culture box, ou les évoque par des formes épurées ou aléatoires. Pour la (re)découvrir avant de foncer à Lyon, on pourra (re)lire l’entretien entre le critique d’art Philippe Piguet et Aurélien Alvarez.

L’exposition de Hiroshi Sugimoto dans le château de Versailles a tellement plu au physicien Joël Chevrier qu’il en a fait un article dans The Conversation. Il a été impressionné par les modèles de surfaces mathématiques, dans lesquels il reconnaît les « micropointes en silicium des nanos », quand l’intention de l’artiste est « de transformer des équations mathématiques en objets tangibles [...] en utilisant les outils d’usinage les plus avancés du Japon » pour les produire « en aluminium pur ». L’événement a été signalé dans cette brève.

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Bâton d’Ishango

Dans un tout autre registre, Le Point relate le « dialogue adulte entre la Belgique et le gouvernement de Kinshasa » à propos de la restitution des œuvres d’art africaines qui se trouvent dans les musées belges. Cela concerne notamment les bâtons d’Ishango, « sur le[s]quel[s] sont marqués des signes mathématiques datant d’il y a 9 000 ans ».

Article édité par Jérôme Germoni

Notes

[1On rencontre un⋅e « boss des maths » presque à chaque revue de presse. Y en a-t-il plus ou moins que des villes surnommées Venise ?

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Pour citer cet article :

L’équipe Actualités — «Revue de presse novembre 2018» — Images des Mathématiques, CNRS, 2018

Commentaire sur l'article

  • Revue de presse novembre 2018

    le 5 novembre 2018 à 05:18, par Alain Busser

    Bonjour,

    je voudrais juste apporter une petite précision sur la fête de la science qui se conjugue au passé en métropole mais n’a pas encore eu lieu à La Réunion. Elle sera l’occasion de présenter des concepts innovants comme les mathématiques en plein air ou les graphes en Grande Section ou de refaire connaître des outils disparus comme les nomogrammes voire l’abaque de Gerbert.

    Certes il serait exagéré de ma part, de reprocher à la presse de n’avoir pas encore couvert un évènement qui aura lieu la semaine prochaine, mais mon petit doigt me suggère que la couverture médiatique de la fête de la science à La Réunion ne sera pas à la hauteur de celle dont a bénéficié son homologue de métropole...

    Répondre à ce message
    • Revue de presse novembre 2018

      le 6 novembre 2018 à 09:45, par L’équipe Actualités

      Nous y serons attentifs en tout cas.

      Répondre à ce message
  • Revue de presse novembre 2018

    le 6 novembre 2018 à 15:13, par Bruno Scherrer

    Bonjour,

    Dans la partie « Questions de parité », il est un peu dommage que le récit sur la polémique autour de l’article de Theodore Hill ne donne la parole qu’à un seul protagoniste, Hill lui-même. Pour commencer, il serait un peu mieux de donner également la parole à d’autres protagonistes, à commencer par les déclarations d’Amie Wilkinson et de Benson Farb.

    L’affaire est en fait un peu plus compliquée qu’elle n’en a l’air. Si l’on peut effectivement et très justement regretter le silence des comités éditoriaux des deux journaux impliqués (par peur que cela s’ébruite et ternisse leur image ? raté...), un certain nombre d’éléments assez intéressants sont évoqués dans un billet d’un mathématicien biologiste, Lioar Patcher. Ce billet est loing d’être parfait, mais on y apprend notamment deux choses :

    * la mysoginie notoire (et revendiquée publiquement) d’un membre de comité éditorial qui a réussi à faire publier (en moins de 48 heures) un article de modélisation de biologie évolutionnaire dans un journal de mathématiques pures

    * si ce n’est le manque de connaissances de l’auteur sur le domaine auquel il souhaite contribuer, un usage très amateuriste des références bibliographiques.

    Sur ce deuxième point, on pourrait citer de nombreux exemples... En voici un qui n’a à ma connaissance pas été documenté : Hill présente une citation d’un article :
    "For mathematics performance, across three meta-analyses and a wide variety of samples, variance ratios consistently range between 1.05 and 1.20 [i.e., males consistently have between five and twenty percent higher variance than women]... Similarly, for verbal performance, variance ratios range between 1.03 and 1.16” [29, p. 390].
    L’extrait ci-dessus est à la fois tronqué et fait l’objet d’un ajout (les différences sont soulignées par moi en gras). On peut le retrouver dans sa version intégrale dans l’article (les différences sont soulignées par moi en gras).
    « For mathematics performance, across three meta-analyses and a wide variety of samples, variance ratios consistently range between 1.05 and 1.20. Males display more variability, but the variance ratios are not very far from 1.0, i.e., the variances are not radically different. Similarly, for verbal performance, variance ratios range between 1.03 and 1.16. For temperament, two variance ratios are less than 1.0—for fear and emotionality—indicating greater female variability. However, none of these variance ratios are very far from 1.0, indicating equal variability for males and females. »
    On mesure ici l’art de supprimer les petit détails qui dérangent, tout en ajoutant un commentaire personnel pour faire dire essentiellement le contraire de ce qui était originellement écrit...

    En l’état actuel de la connaissance scientifique (voir notamment cet article et un article de vulgarisaiton en résumant les grandes lignes), l’existence d’un phénomène génétique qui impliquerait une grande variabilité masculine ne saurait être proposée comme une explication sérieuse à la sur-représentation des hommes parmi les mathématiciennes et mathématiciens reconnus. Je laisserai le dernier mot à un court extrait d’un excellent tour d’horizon des nombreuses questions scientifiques autour du genre et des mathématiques datant de 2000 (mais en fait beaucoup plus à jour que la « revue bibliographique » de Hill) :

    « We must explore the unpleasant possibility that many girls do not want to be part of the math crowd because many of its members seem socially inept or aloof. »

    Répondre à ce message

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