Tous les mathématiciens ne s’appellent pas Lisbeth
Le 1er janvier 2009 Voir les commentaires (2)
Aux dernières nouvelles, 8 millions de lecteurs (dont 2 millions en France) auraient acheté la trilogie Millénium de Stieg Larsson (Actes Sud, 2006, 2007). Ils ont ainsi fait connaissance avec Lisbeth Salander, victime et justicière, hacker de génie, et (pas tout à fait accessoirement) atteinte du syndrome d’Asperger. Beaucoup de ces lecteurs n’avaient sans doute jamais entendu parler auparavant de cette forme d’autisme qui n’affecte pas la maîtrise du langage. En France, on commence à peine à évoquer ce handicap (même si j’ai pu voir l’Autibus d’Asperger-Aide au Palais Royal l’autre jour). Car il s’agit bien d’un handicap : une personne atteinte de ce syndrome a généralement pendant toute sa vie d’énormes problèmes relationnels, liés à son incapacité à communiquer autrement que de façon explicite par le langage et à imaginer l’état mental, et en particulier les émotions, d’autrui. (Ces problèmes sont souvent aggravés par le fait que le syndrome d’Asperger n’est pas diagnostiqué.) Cependant, certains enfants Asperger, devenus adultes, parviennent à exploiter leurs capacités de raisonnement logique (souvent extraordinaires) et leurs intérêts très focalisés pour obtenir des succès professionnels parfois remarquables. Il n’est pas étonnant que cela soit souvent dans des domaines comme les mathématiques ou l’informatique. Simon Baron-Cohen (le cousin de Sacha, que vous connaissez peut-être en tant que Borat...), de Cambridge, un des experts du syndrome d’Asperger, a notamment diagnostiqué Richard Borcherds, médaille Fields 1998, dont il parle dans un de ses ouvrages.
La proportion de personnes atteintes du syndrome d’Asperger parmi les mathématiciens professionnels est supérieure à celle qu’on mesure dans la population générale (autour d’un pour mille). Si je devais donner un chiffre, je dirais quelques pour cent. Il resterait quand même plus de 90 pour cent de mathématiciens professionnels non autistes. Sans parler de problèmes mentaux sérieux (on pense à la schizophrénie de John Nash), ça laisse de la marge pour les mathématiciens bipolaires, narcissiques, dépressifs, etc. mais aussi (et heureusement !) pour les mathématiciens plus ou moins (voire tout à fait) équilibrés, sympathiques ou non, parfois même charmants...
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Pour citer cet article :
Viviane Baladi — «Tous les mathématiciens ne s’appellent pas Lisbeth» — Images des Mathématiques, CNRS, 2009
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Commentaire sur l'article
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le 23 août 2009 à 16:59, par Sonia G.
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le 6 mars à 10:45, par Carole Gaboriau