Un portrait kaléidoscopique du jeune Camille Jordan
Hors piste Le 8 août 2012 Voir les commentaires
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C’est bien entendu l’occasion de présenter un homme, paradoxalement éminent scientifiquement et institutionnellement, tout en étant à la fois décrit comme isolé par ses successeurs immédiats. C’est aussi la présentation d’un ouvrage
protéiforme, lu en général par morceaux, et différemment suivant les époques : le fameux traité des substitutions, qui est - on le verra - bien plus qu’un jalon dans la théorie de Galois. Enfin, cet article se propose, sur un exemple, de mettre en évidence certains phénomènes d’évolutions dans les disciplines et plus généralement les organisations collectives mathématiques.
Camille Jordan a conçu une démarche décloisonnée par rapport aux branches par lesquelles était organisé le savoir à son époque, et c’est pour cette raison que la réception de ses travaux a été particulièrement sensible aux évolutions ultérieures des disciplines mathématiques.
Un premier visage de Camille Jordan se dessine ci-dessus à l’âge de 17 ans auquel notre héros intègre l’École polytechnique (1855). Cet article est principalement consacré à la première décennie de travaux de ce mathématicien, c’est-à-dire à la période séparant la soutenance en 1860 par Jordan de sa première thèse d’algèbre et la parution en 1870 du célèbre Traité des substitutions [1] et des équations algébriques.
Comme nous allons le voir, le visage de Jordan nous présente différentes facettes qu’il nous faudra scruter avec attention afin de restituer l’originalité des approches développées par le mathématicien. Nous brossons ici un portrait général du jeune Jordan et dépeignons des facettes plus spécifiques dans d’autres articles qui seront prochainement disponibles sur ce site. Certaines des questions que nous évoquons simplement dans cet article en prenant pour héros un mathématicien sont notamment approfondies ailleurs en prenant pour héros un texte mathématique - le Traité des substitutions - (Le premier théorème de Camille Jordan : l’origine du groupe linéaire) ou une forme de représentation (Évariste Galois et la représentation analytique des substitutions).
La carrière de Camille Jordan en quelques mots
Né le 5 janvier 1838 à la Croix Rousse, Jordan est issu d’une famille de notables lyonnais. Son père, Esprit Alexandre, est polytechnicien et ingénieur des ponts et chaussées. Sa mère, Joséphine, est la fille d’un ingénieur en chef des mines et la soeur du peintre symboliste Pierre Puvis de Chavannes (1824-98).
D’un point de vue institutionnel, Jordan poursuit une carrière classique de savant du XIXème siècle : après des études en classes préparatoires, il intègre l’École polytechnique puis débute ses travaux mathématiques en parallèle de ses fonctions d’ingénieur des mines.
À partir de la fin des années 1870, Jordan se voit confier les principales clés des institutions mathématiques en France : nommé Professeur d’Analyse à l’École polytechnique en 1876, élu à l’Académie des sciences en 1881, puis nommé Professeur au Collège de France en 1883.
Jordan est également célèbre pour son Cours d’Analyse de l’École polytechnique dont le premier volume paraît en 1882.
On peut l’apercevoir ci-dessus, croqué dans la force de l’âge par un élève de l’École polytechnique : traçant à la craie des successions d’intégrales ; reproduisant une faute d’impression de son Cours d’Analyse : « je crois que j’ai fait une petite faute de calcul » ; prenant le temps de la réflexion en vidant un verre d’eau sucrée : « nous allons faire un petit changement de variable » ; déambulant sur l’estrade ; puis, chiffon à la main : « nous reprendrons cette question la prochaine fois ». Jordan était visiblement apprécié des élèves polytechniciens qui ont baptisé de son nom le verre d’eau sucrée du professeur.
De 1885 à sa mort en 1922, Jordan était également directeur du Journal de mathématiques pures et appliquées, l’un des principaux journaux de recherche mathématique de l’époque. [3]
Un isolement paradoxal
À première vue, notre héros semble donc parfaitement en prise avec l’organisation institutionnelle des sciences mathématiques de son temps. Pourtant, Jordan a souvent été considéré comme « travaillant dans une solitude presque totale »,(réf [7]) isolé sur la scène mathématique française et même « presque allemand ». [4]
Brosser un portrait de Camille Jordan pose donc le problème de la restitution des dimensions collectives dans lesquelles saisir la création mathématique individuelle. Jordan était-il réellement isolé ? Dans le cas contraire, dans quels cadres collectifs ses travaux se situaient-ils ?
Afin d’aborder ce problème, il est nécessaire d’être attentif aux évolutions des organisations collectives des savoirs mathématiques en théories ou disciplines. Comme nous allons le voir, la présentation de Jordan comme savant isolé participe d’un portrait qui a souvent forcé le trait sur le développement de la « théorie des groupes », de la « théorie de Galois » et plus généralement de l’« algèbre abstraite ». Or aucune de ces catégories n’est stable historiquement ; il faut donc en restituer les significations variées dans différents temps et espaces.
Nous allons voir en particulier dans cet article le rôle de modèle joué dans les travaux de Jordan par une forme de représentation très concrète : la représentation analytique. Il ne s’agit pas là d’une simple notation : cette représentation par des fonctions polynomiales véhicule des pratiques mathématiques spécifiques. Elle permet notamment de décomposer des permutations sur des ensembles finis sur le modèle de la décomposition des polynômes en facteurs linéaires.
Jordan attribuait à cette pratique de réduction l’« essence » même de son approche car celle-ci lui dévoilait des « liens cachés » entre différents domaines comme l’algèbre, l’analyse, la théorie des nombres, la géométrie ou la mécanique.
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Un « grand algébriste » en relation directe avec les « idées de Galois »
Un premier portrait du jeune Camille Jordan s’esquisse en clair-obscur, dans l’ombre de la grande figure d’un autre jeune mathématicien : Évariste Galois. Les nombreuses nécrologies publiées après le décès de Jordan en 1922 insistent en effet toutes sur la relation entre le Traité et les travaux de Galois.
Plus généralement, les travaux de Jordan ont souvent été placés dans le cadre d’une évolution de l’algèbre envisagée comme passant d’une théorie des équations à une discipline centrée sur des structures abstraites comme les groupes. Successeur de Jordan au Collège de France, Henri Lebesgue a publié une
Mais cette relation directe entre les idées de Galois et le Traité de Jordan suscite une tension entre les dimensions individuelles et collectives des travaux de ce dernier.
D’une part, Jordan a été célébré comme l’un des principaux fondateurs de la théorie des groupes, c’est-à-dire d’une théorie qui allait jouer un rôle structurant pour les organisations collectives des mathématiques au XXème siècle. Lors de l’édition des œuvres de Jordan en 1961, Jean Dieudonné présentait ainsi notre héros comme un second père de la théorie des groupes :
Mais d’autre part, et pour la même raison, Jordan a été présenté comme isolé et incompris en son temps.
Il faut cependant être attentif à la dimension publique des commentaires sur la relation Jordan-Galois. De fait, ce n’est qu’au tournant des XIXème et XXème siècles que de telles appréciations apparaissent, c’est-à-dire à l’époque où la figure de Galois a été érigée en icône mathématique comme l’a étudié Caroline Ehrhardt [7] C’est en particulier à l’occasion du centenaire de l’École normale supérieure et de la réédition des Œuvres de Galois que Sophus Lie et Émile Picard ont attribué à Jordan un rôle majeur pour la mise en lumière des idées de Galois. [8]
Ces discours doivent être analysés en regard des rôles d’autorité endossés par des mathématiciens comme Picard. Ils impliquent souvent des hiérarchisations entre praticiens des mathématiques, notamment entre chercheurs et enseignants ou enseignants et ingénieurs. Les principales catégories mobilisées (« algèbre », « analyse », « théorie des équations », « théorie des groupes », « France », « Allemagne ») sont ainsi loin d’être neutres. Elles participent au contraire de l’établissement de frontières entre mathématiques pures et appliquées, entre mathématiques élémentaires et supérieures, entre calculs concrets et idées abstraites, entre point de vue unificateur et réducteur, etc. Aux alentours de la Première Guerre mondiale, ces lignes épousent souvent celles des frontières nationales. Galois était alors souvent présenté comme un symbole de l’universalité de la « pensée française ». Un tel entrelacement de valeurs mathématiques et patriotiques se manifeste particulièrement
Un portrait kaléidoscopique du Traité dans les textes mathématiques entre 1870 et 1914
À la différence des discours publics, les textes mathématiques publiés sur la période 1870-1914 font très rarement référence au Traité des substitutions en relation avec les travaux de Galois sur les équations algébriques. De fait, l’approche spécifique de Jordan sur la théorie des équations n’a en réalité pas été reprise, au contraire d’autres approches, comme celle de Joseph-Alfred Serret dans la troisième édition de son Cours d’algèbre supérieure de 1866 ou l’approche de Leopold Kronecker, radicalement opposée à celle de Jordan.
De nombreux historiens ont interprété cette situation sous l’angle d’une faible réception du Traité par les mathématiciens contemporains.
Mais le Traité est un ouvrage long et complexe. Il faut en envisager des réceptions multiples ainsi que des lectures fragmentées.
L’impression d’isolement de Jordan provient principalement d’approches rétrospectives ayant recherché les traces des travaux de ce dernier en théorie des groupes ou théorie de Galois. Or, non seulement ces catégories revêtent des significations changeantes mais nous avons vu également que ces catégories sont loin d’être neutres et étaient au contraire employées par des autorités pour discourir publiquement des dimensions collectives des mathématiques.
Comme nous le proposons en annexe 1, dissocier la réception du Traité de la question du développement de la théorie des groupes ou de la théorie de Galois permet de brosser un panorama général de la réception des travaux de Jordan. À la différence du portrait public de Jordan dans l’ombre de la figure de Galois, les textes mathématiques nous présentent un kaléidoscope de reflets mobiles et fragmentés qui nous donnent l’occasion d’éclairer les premiers travaux de Jordan sous un nouveau jour.
Cet éclairage permet notamment de montrer que la relation de Jordan à Galois n’est que peu liée à la théorie générale des équations mais bien davantage à des procédés d’indexations pour lesquels ce dernier a introduit ce que l’on appelait au XIXème siècle les imaginaires de Galois.
Nous allons porter notre attention dans cette partie sur ces procédés d’indexations ainsi que sur le rôle de modèle qu’ils ont joué pour les pratiques algébriques de Jordan. Ces dernières ont eu un héritage important dans des domaines variés comme l’arithmétique, l’analyse ou la géométrie. Dans les travaux d’Henri Poincaré ou de son élève Léon Autonne, elles prennent la forme de méthodes spécifiques de réductions de Tableaux en sous-Tableaux afin de décomposer un problème général en une chaîne de sous-problèmes. Quelques exemples en sont données ci-dessous. Au début du XXème siècle, ces méthodes ont été théorisées dans le cadre de la théorie des matrices par des mathématiciens français comme Albert Châtelet ou Jean-Armand de Séguier et des mathématiciens américains comme Leonhard Dickson. Plus tard, dans les années 1930, elles se sont trouvées au coeur d’une théorie organisée à une échelle internationale : la théorie des matrices canoniques.
Réductions successives et représentations analytiques
Dès sa thèse, Jordan a attribué l’essence de son approche à une méthode de « réductions successives » d’un problème général en une chaîne de sous-problèmes. On retrouve ici une définition très classique de l’Analyse mathématique. Mais chez Jordan ces réductions successives ne sont pas seulement une heuristique générale de résolution de problèmes. Elles présentent en effet un caractère opératoire et s’appuient sur une pratique algébrique spécifique dont nous allons donner les principales caractéristiques.
Indexation et représentation analytique
Afin de « réduire » un problème, Jordan exprime tout d’abord celui-ci par une fonction représentée analytiquement. Dans certains cas, l’emploi d’une telle représentation était tout à fait traditionnel, comme par exemple pour l’étude des équations différentielles. Mais dans d’autres cas, Jordan s’appuie sur des procédés plus spécifiques.
Considérons tout d’abord les permutations sur des ensembles finis qui ont beaucoup occupé notre héros dans les années 1860. Une forme simple de notation d’une permutation $S$ sur $p$ élements consiste à représenter l’action de celle-ci sur une suite de lettres ($a$ s’envoie sur $d$ ; $b$ sur $c$ etc.) :
[
(a, b, c, d, e, ...)
]
[
(d, c, a, e, b, ...)
]
Cette notation peut être élaborée davantage, notamment en décomposant la permutation en produit de transpositions ou en rangeant les lettres dans des tableaux.
Jordan utilise cependant peu de telles représentations. Il a davantage recours à des indexations, $a_0$, $a_1$, ..., $a_{p-1}$, de manière à faire agir la permutation non directement sur les lettres mais sur la suite ($0$, $1$, ..., $p-1$) des nombres entiers de leurs indices $x$.
Cette indexation est un préalable à l’introduction du problème crucial de la représentation analytique des substitutions : trouver une fonction analytique $f$ telle que
[
S(a_x)=a_f(x)
]
Dans le cas où $p$ est premier, l’indexation des lettres est liée aux équations binômes donnant les racines $p^e$ de l’unité :
[
X^p-1=0
]
En somme, le point important dans toutes ces transformations de notations et de points de vue, il est vrai un peu technique, est que celles-ci établissent un lien entre nombres et groupes. En effet, toutes les racines d’une telle équation peuvent être exprimées par la suite ($0$, $1$, ..., $p-1$) des puissances de l’une d’entre elles, $\omega$, dite racine primitive :
[
\omega^0, \omega^1, \omega^2,..., \omega^p-1
]
Nous proposons en annexe 2 un exemple pour le cas des racines cubiques de l’unité. Dans la liste ci-dessus, on passe d’une racine $\omega^x$ à la racine suivante $\omega^{x+1}$ en ajoutant 1 à l’exposant $x$. Cette opération est associée à la permutation $(x \ x+1)$. Cette dernière notation donne la représentation analytique d’un cycle.
Les racines $p^e$ de l’unité sont donc indexées par l’ensemble des nombres (0, 1, 2, ..., $p-1$) muni d’une loi d’addition, c’est à dire par le groupe additif cyclique $\mathbb{Z}/p\mathbb{Z}$. Les permutations de ce groupe peuvent être représentées analytiquement par la notation $(x \ x+a)$, c’est à dire par la fonction affine $f(x)=x+a$. Elles sont engendrées par le cycle $(x \ x+1)$.
Mais considérons à présent la liste des racines privée de l’unité elle-même :
[
\omega , \omega^2, ..., \omega^p-1
]
Cette liste peut être réindexée de la manière suivante :
[
\omega^g, \omega^g^2,..., \omega^g^p-1
]
Cette nouvelle indexation utilise cette fois la représentation analytique d’un cycle sous la forme $(x \ gx)$, c’est à dire par la fonction linéaire $f(x)=gx$. Elle est basée sur la détermination d’un générateur $g$ du groupe multiplicatif $\mathbb{Z}/p\mathbb{Z}^*$, qui est une racine primitive de l’équation binôme de congruence :
[
X^p-1-1 \equiv 0 \ mod(p)
]
Cette double indexation est cruciale car elle permet de décomposer simultanément l’ensemble des racines de l’unité en sous-ensembles et les groupes cycliques en sous-groupes. Ces procédés de décompositions sont détaillés dans un article consacré à la représentation analytique des substitutions ; nous nous contenterons ici de les illustrer géométriquement.
Le cycle $(x \ x+a)$ peut être envisagé comme une sorte de translation permettant de passer d’une racine à la suivante, c’est à dire du point $A$ au point $B$, du point $B$ au point $C$ etc.
Mais représentons à présent les racines de l’unité par les points d’un cercle comme ci-dessous.
L’opération $(x \ gx)$ permet de décomposer les racines en différents blocs obtenus les uns à partir des autres par des rotations du cercle sur lui même. On peut, par exemple, distinguer les blocs ($B$, $C$, $E$) et ($D$, $F$, $G$) : on passe alors d’un bloc à l’autre par une opération $(x \ gx)$, s’interprétant comme la rotation du cercle sur lui même qui envoie $B, C, E$ sur $D, F, G$, tandis que l’on circule à l’intérieur de chaque bloc par une opération $(x \ x+a)$ translatant $B$ sur $C$, $C$ sur $E$, $E$ sur $B$ etc.
Ce procédé de décomposition permet de démontrer que les équations binômes sont résolubles par radicaux ; nous le détaillons en annexe 2 pour le cas des racines septième de l’unité.
Pour le présent article, et en oubliant les précédentes subtilités, il nous faut surtout retenir trois caractéristiques de ce procédé. La première est que l’indexation des racines de l’unité permet de donner deux formes de représentations analytiques à un même type de permutations : les cycles. La seconde est que ces représentations analytiques s’accompagnent de pratiques algébriques de décompositions. La troisième est que cette pratique articule des interprétations algébriques (racines des équations), arithmétiques (congruences), géométriques (polyèdres réguliers inscrits dans un cercle) et mécaniques (mouvements de translation et rotations).
L’origine du groupe général linéaire
Bien qu’elle soit passée inaperçue de nombreux travaux historiques, la représentation analytique des substitutions a joué un rôle important au XIXème siècle. Elle a notamment été mise en avant au début du XIXème siècle par Louis Poinsot à la suite des travaux de Carl Friedrich Gauss sur les racines de l’unité. Elle a par la suite joué un rôle important dans les travaux sur la résolubilité par radicaux des équations algébriques, notamment chez des mathématiciens comme Abel ou Galois. On pourra consulter à ce sujet un article qui sera prochainement publié sur ce site : Évariste Galois et la représentation analytique des substitutions.
À partir des années 1850, les procédés de décomposition de la représentation analytique des substitutions ont fait l’objet d’une présentation dans l’enseignement supérieur, notamment dans le Cours d’algèbre supérieure de Serret. Leur usage n’était donc pas propre à Jordan. Mais tandis que la plupart de ses contemporains se concentrent sur des cas où $n$ est premier [10], Jordan se place dans le cas général de substitutions opérant sur $n$ lettres, avec $n$ quelconque.
Dans sa thèse, Jordan a montré comment réduire l’étude des substitutions générales sur $n$ lettres à celle de substitutions portant sur $p^n$ lettres. Le procédé d’indexation que nous avons évoqué ci-dessus pour le cas $n=p$ peut alors être généralisé en ne considérant plus seulement des nombres entiers modulo $p$ mais les nombres entiers imaginaires donnant les $p^n$ solutions de l’équation :
[
X^p^n-1 \equiv 0 \ mod(p)
]
Au XIXème siècle, ces nombres étaient souvent dénommés « imaginaires de la théorie des nombres » ou « imaginaires de Galois ». Ils forment ce que l’on appelle aujourd’hui les « corps finis ». [11]
Jordan a également élaboré des procédés de réduction des permutations sur $p^n$ lettres en prenant modèle sur la décomposition des indices des racines $p^e$ de l’unité. Son premier théorème en donne un bon exemple. Nous nous contentons ici d’évoquer ce résultat et en donnons une présentation plus détaillée dans l’article Le premier théorème de Camille Jordan.
Étant donnée une substitution sur $p^n$ lettres, la thèse de Jordan montre d’abord que les indices peuvent être réorganisés en une succession de $n$ lignes de manière à ce que les substitutions opèrent soit en permutant entre elles les $p$ lettres d’une même ligne soit les lignes les unes avec les autres :
\[a_1 a_2 ... a_m\]
\[b_1 b_2 ... b_m\]
\[c_1 c_2 ... c_m\]
Le premier théorème de Jordan s’appuie sur cette réindexation afin d’énoncer que l’étude des substitutions générales peut se réduire à celle de substitutions ayant une représentation analytique très simple, de la forme affine $(x \ ax+b)$.
La démonstration s’appuie sur le fait que la forme polynomiale de $ax +b$ peut être décomposée en $ax$ et $x+\frac{b}{a}$ ; les substitutions associées peuvent donc se décomposer en deux espèces, correspondant aux deux formes de représentations analytiques des cycles. La réduction opérée par Jordan prend alors modèle sur la décomposition des racines de l’unité que nous avons évoquée dans le paragraphe précédent. Si l’on note $\Gamma_1, \Gamma_2, ..., \Gamma_n$ les $n$ lignes ci-dessus :
- La première espèce permute cycliquement les lettres à l’intérieur de chaque bloc $\Gamma_i$ par des substitutions du type $(x \ x+a)$ sur les indices.
Dans le cas plus général de lettres indexées par $n$ indices $a_{x, x', x'',...}$ ces substitutions prennent la forme :
[
a_x+ \alpha \ mod.p, \ x’+\alpha’ \ mod.p, \ x’’+\alpha’’ \ mod.p, \ ...
]
- La seconde espèce permute cycliquement les blocs $\Gamma_1, \Gamma_2, ..., \Gamma_n $ eux-mêmes par des substitutions du type $(x \ gx)$.
Dans le cas de $n$ indices, elles prennent ainsi la forme :
[
a_ax+bx’+cx’’... mod. p, a’x+b’x’+c’x’’... mod.p, a’’x+b’’x’+c’’x’’... mod.p
]
La composition de ces deux espèces engendre ce que Jordan appelle la « forme analytique linéaire » $(x \ ax+b)$, c’est à dire, pour le cas général de $p^n$ lettres :
\[ \begin{vmatrix} x & ax+bx'+cx''+... \\ x' & a'x+b'x'+c'x''+... \\ x'' & a''x+b''x'+c''x''+... \\ .. & ..................... \end{vmatrix} \]
Le groupe formé par de telles substitutions a été désigné par Jordan sous le nom de « groupe linéaire » [12]. Dans les années 1860, notre héros a consacré de très nombreux travaux à l’étude de ce groupe. Il s’agissait de poursuivre plus avant la chaîne de réductions successives d’un problème général en un problème simple en décomposant le groupe linéaire lui-même. Cette démarche a amené Jordan à élaborer des pratiques algébriques spécifiques qui structurent le Traité des substitutions et des équations algébriques de 1870.
La réduction canonique de Jordan
Nous avons vu que l’une des spécificités de Jordan par rapport à ses contemporains est la grande généralité dans laquelle se place ce dernier en considérant des substitutions de $n$ lettres. Cette généralité implique des problèmes spécifiques qui ont amené notre héros à énoncer l’un des théorèmes pour lesquels il est aujourd’hui le plus célèbre : le théorème de réduction canonique de Jordan. Comme nous allons le voir, ce résultat met à nouveau en évidence le rôle de modèle joué par la décomposition de la forme linéaire en deux formes de représentations analytiques des cycles.
Afin d’étudier le groupe linéaire, Jordan a cherché à réduire la « forme analytique linéaire » à « une forme aussi simple que possible ». Nous avons vu que dans le cas où l’on ne considère qu’une variable, la substitution $(x \ ax+b)$ se décompose aisément en un deux cycles $(x \ gx)$ et $(x \ x+1)$. Mais une telle décomposition n’est possible dans le cas de $n$ variables que dans un cas très particulier. En termes actuels, le cas de $n$ variables implique d’étudier une matrice à $n$ lignes et $n$ colonnes. Or une telle matrice ne peut être décomposée en une suite d’opérations du type $(x \ gx)$ que si elle est diagonalisable.
Considérons par exemple le cas des substitutions linéaires sur $p^2$ lettres (donc à deux variables) que Jordan a étudié en détails en 1868.
La détermination des formes canoniques se base sur la décomposition polynomiale d’une équation du second degré (en termes actuels, il s’agit de l’équation caractéristique d’une matrice).
Dans le cas où cette équation admet deux racines réelles distinctes, les indices des lettres peuvent être regroupés en deux blocs [13] de manière à ce que la substitution opère simplement par proportionnalité sur chacun des blocs, c’est à dire en multipliant les indices par $\alpha$ ou $\beta$ dans le cas où les deux racines sont réelles ou par $\alpha + \beta i$, $\alpha + \beta i^p$ (où $i^2 \equiv 1mod(p)$) dans le cas où les deux racines sont imaginaires conjuguées :
\[
\begin{vmatrix}
z & \alpha z \\
u & \beta u
\end{vmatrix}
\]
\[ \begin{vmatrix}
z & (\alpha + \beta i)z \\
u & (\alpha + \beta i^p)u
\end{vmatrix}
\]
Dans le cas où l’équation caractéristique a une racine double, la forme canonique ne peut prendre une forme diagonale comme ci-dessus que dans le cas particulier où il s’agirait d’une simple homothétie. Dans le cas général, la substitution ne se réduit en effet pas à de simples opérations de multiplications mais à des opérations combinant multiplication et addition :
\[ \begin{vmatrix} z & \alpha z \\ u & \beta z+ \gamma u \end{vmatrix} \]
Dans son Traité, Jordan a généralisé ce théorème à
En d’autres termes, une question d’indexation et une démarche de réductions successives de problèmes ont donné naissance à un des plus fameux théorèmes d’algèbre linéaire alors que cette dernière n’existait pas encore en tant que discipline mathématique à l’époque de Jordan.
Une pratique de réduction transversale à différents domaines
Mais la pratique de réduction de Jordan se limite pas aux substitutions. Au contraire, ce dernier l’a mobilisé dans les divers domaines où peuvent être employés des formes analytiques linéaires, de l’étude des polyèdres - où les substitutions opèrent sur des objets géométriques - à celle des équations différentielles linéaires. Dans ce dernier cas, les formes analytiques ne concernent plus des indices, c’est-à-dire des corps finis d’entiers, mais des variables, c’est-à-dire des corps infinis de nombres réels ou complexes. Jordan s’est cependant appuyé sur la permanence d’une même forme analytique linéaire dans les divers problèmes qu’il a traité pour transférer ses pratiques algébriques d’un domaine à l’autre.
Par exemple, Jordan montre en 1871 comment sa réduction canonique permet d’intégrer les
Dans le cas symétrique - qui est notamment associé à l’étude des systèmes mécaniques - ces systèmes sont diagonalisables. Jordan a montré qu’une forme diagonale ne peut cependant pas être obtenue dans le cas général. Il a dans le même temps prouvé que les systèmes différentiels linéaires peuvent néanmoins être réduits à une
La théorie de l’ordre
Abordons à présent la question cruciale des dimensions collectives des recherches de Jordan dans les années 1860. Dès l’introduction de sa thèse, notre héros a placé son approche dans un cadre dépassant celui de l’étude des permutations. Il y décrit en effet les problème traités comme relevant de l’étude des symétries présentées par des groupements de lettres. Pour Jordan, ces problèmes s’insèrent dans le cadre de la « théorie de l’ordre », présentée comme englobant les travaux de Gauss sur les équations binômes, ceux d’Abel et de Galois sur la résolubilité des équations ainsi que l’approche de Cauchy sur les déterminants. Jordan présente par ailleurs cette théorie comme un héritage des
Des travaux récents de Jenny Boucard ont montré que la théorie de l’ordre avait été envisagée par Poinsot comme articulant les analogies présentées par des situations cycliques rencontrées en algèbre, théorie des nombres, géométrie et mécanique ; notamment en relation avec l’étude des indexations des racines de l’unité. [14]
Chez Jordan, la théorie de l’ordre est associée à la méthode de réduction de la représentation analytique des substitutions. Cette réduction exprime en effet pour notre héros le type de relations cachées entre diverses théories ou classes d’objets auxquelles Jordan attribue l’« essence » de son approche. Ainsi, les procédés d’indexation des lettres et de réduction des substitutions linéaires $(x \ ax+b)$ en produits de cycles $(x \ x+1)$ et $(x \ gx)$ sont envisagés comme une sorte de dévissage par analogie avec la décomposition du mouvement hélicoïdal d’un solide en mouvements de rotation
Tout en admettant que sa méthode de réduction des substitutions générales sur $n$ lettres n’est pas des plus avantageuses dans les applications, Jordan revendique que « si l’on se borne à étudier le problème de la symétrie en lui-même, cette méthode, plus naturelle et plus directe, peut seule conduire aux véritables principes ».
Jusqu’en 1867-1868, notre héros a mobilisé sa méthode de réduction de manière transversale aux différents domaines associés à la théorie de l’ordre :
- théorie des nombres (cyclotomie, congruences)
- algèbre (équations, substitutions)
- analyse (groupes de monodromie et lacets d’intégration des équations différentielles linéaires)
- géométrie/ topologie (cristallographie, symétries des polyèdres et des surfaces (y compris de Riemann))
- mécanique (mouvements des solides).
Lors sa candidature à l’Académie en 1881, Jordan a rédigé une synthèse de ses travaux dans laquelle il décrit l’orientation générale de ses recherches comme portant davantage sur les relations entre des classes d’objets que sur les objets eux-mêmes dans le cadre de
Cette approche transversale permet de jeter un nouvel éclairage sur la dimension collective des premiers travaux de Jordan. En effet, ces travaux manifestent des interactions avec des publications de nombreux autres mathématiciens contemporains dans divers domaines. Parmi ces mathématiciens, les auteurs français sont pour la plupart liés à l’École polytechnique. On peut donc soupçonner la transmission d’une culture mathématique spécifique dans le cadre de l’enseignement polytechnicien de cette époque. Mais un domaine semblable à ce que Jordan désigne comme la théorie de l’ordre était également reconnu par d’autres mathématiciens à une échelle européenne. Il est donc possible que ce domaine ait constitué un champ de recherche spécifique dans les années 1860-1880. Cette question reste cependant encore ouverte. Les héritages de l’approche de Poinsot, des travaux de cristallographie de Bravais ou de l’enseignement de Joseph Bertrand appellent notamment davantage de recherches historiques.
Conclusion
Les portraits de Camille Jordan ont souvent brossé les traits d’un mathématicien solitaire dans l’ombre d’Évariste Galois. Nous avons vu qu’un tel éclairage projette cependant sur le passé des organisations du savoir mathématique utilisées de nos jours : théorie des groupes, théorie de Galois, algèbre, etc.
Envisagés selon la perspective de la théorie de l’ordre, les premiers travaux de Jordan ne sont pas isolés dans les années 1860. Plus encore, leurs héritages se manifestent dans des domaines variés à la fin du XIXème siècle. Les pratiques algébriques de réductions des représentations analytiques des substitutions ont en particulier joué un rôle important dans l’élaboration par Poincaré de la théorie des fonctions fuchsiennes qui entremêle théorie des groupes, équations différentielles, arithmétique, mécanique etc. Plus tard, au tournant du siècle, les procédés de réduction de Jordan ont constitué la base d’une culture algébrique spécifique partagée par un groupe de mathématiciens français et américains.
Le problème de la restitution des dimensions collectives dans lesquelles saisir la création mathématique individuelle nous a ainsi amené à redécouvrir une organisation du savoir différente des disciplines mathématiques actuelles. Ces dernières sont souvent centrées sur des objets comme, par exemple, les groupes, corps et espaces vectoriels pour le cas de l’algèbre linéaire. Au contraire, la théorie de l’ordre ou la représentation analytique des substitutions se présentent comme transversales à différents domaines.
Jordan lui même a participé aux évolutions des organisations collectives des savoirs mathématiques. Son Traité présente notamment une nature hybride entre l’approche transversale de la théorie de l’ordre et une théorie centrée sur des objets. À partir de la fin des années 1860, Jordan a en effet progressivement attribué à la notion de groupe de substitutions l’« essence » qu’il avait initialement associé à la théorie de l’ordre. On pourra consulter à ce sujet l’article Le premier théorème de Jordan : l’origine du groupe linéaire .
Références
[1] C. Jordan, Sur le nombre des valeurs des fonctions, Thèses présentées à la Faculté des sciences de Paris par Camille Jordan, 1re thèse, Paris : Mallet-Bachelier, 1860.
[2] C. Jordan, Sur la résolution algébrique des équations primitives de degré $p^2$, Journal de mathématiques pures et appliquées, 32 (2) (1868), p. 111-135.
[3] C. Jordan, Sur la trisection des fonctions abéliennes et sur les vingt-sept droites des surfaces du troisième ordre, Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, t.68 (1869), p. 865-869.
[4] C. Jordan, Traité des substitutions et des équations algébriques, Paris, 1870.
[5] C. Jordan, Sur la résolution des équations différentielles linéaires, Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, 73, 787-791.
[6] C. Jordan, Notice sur les travaux de M. Camille Jordan à l’appui de sa candidature à l’Académie des sciences, Paris : Gauthier-Villars, 1881.
[7] C. Jordan, Œuvres de Camille Jordan. Publiées sous la direction de M. Gaston Julia, par M. Jean Dieudonné, Paris : Gauthier-Villars, 1961-1964.
L’auteur tient à remercier Bertrand Rémy pour avoir encouragé l’écriture de cet article et pour son travail de relecture et de conseil ainsi que Carole Gaboriau pour son patient travail de mise en ligne. Tous mes remerciements également aux relecteurs et relectrices d’Image des maths pour leurs commentaires très constructifs : Michèle Audin, Etienne Ghys, Joël Merker,Thomas Sauvaget, Marielle Simon et Diego.
Notes
[1] Une substitution est ce que nous désignerions aujourd’hui comme une permutation d’un nombre fini de lettres ($a$, $b$, $c$, $d$, ...).
[2] Pour une notice biographique sur Jordan, voir notamment ici : LEBESGUE (Henri), Notices d’histoire des mathématiques. Notice sur la vie et les travaux de Camille Jordan, L’enseignement mathématique (1923), p. 40-49.
[3] Voir ici BRECHENMACHER (Frédéric), Le « journal de M. Liouville » sous la direction de Camille Jordan (1885-1922), Bulletin de la Sabix, 45 (2009), p. 65-71.
[4] KLEIN (Felix), [1921-1923] Gesammelte mathematische Abhandlungen, Springer : Berlin, 1921, vol. 1, p. 51
[5] [Voir ici PICARD (Émile), Résumé des travaux mathématiques de Jordan, Comptes rendus de l’Académie des sciences de Paris, t. 174 (1922), p. 210-211.
[6] Voir ici : LEBESGUE (Henri), Notices d’histoire des mathématiques. Notice sur la vie et les travaux de Camille Jordan, L’enseignement mathématique (1923), p. 40-49.
[7] EHRHARDT (Caroline), Evariste Galois. La fabrication d’une icône des mathématiques, Paris, Éditions de l’EHESS, 2011.
[8] Voir ici LIE (Sophus), Influence de Galois sur le développement des mathématiques, in DUPUY (Paul) (ed.), Le Centenaire de l’École Normale 1795-1895, Paris, Hachette, 1895.
Voir également ici GALOIS (Évariste), Œuvres mathématiques d’Évariste Galois, publiées sous les auspices de la Société Mathématique de France, avec une introduction par M. Émile Picard, Paris : Gauthier-Villars, 1897.
[9] Voir ici ADHEMARD (Robert d’), Nécrologie. Camille Jordan, Revue générale des sciences pures et appliquées, t. 3 (1922), p. 65-66.
[10] Les contemporains de Jordan se concentrent notamment sur les cas $n=3, 5, 7, 11$ qui se présentent dans un grand domaine de recherche de l’époque : l’étude des fonctions elliptiques.
[11] Il s"agit notamment un espace vectoriel de dimension $n$ sur le corps $\mathbb{Z}/p\mathbb{Z}$.
[12] Nous le désignerions aujourd’hui comme un groupe affine sur un corps fini.
[13] En termes actuels, on décompose l’espace vectoriel de dimension 2 en deux sous-espaces vectoriels de dimension 1..
[14] Jenny Boucard a soutenu récemment une thèse de doctorat d’histoire des mathématiques consacrée à l’histoire des congruences, entre algèbre et arithmétique. On pourra consulter ici : BOUCARD (Jenny), Louis Poinsot et la théorie de l’ordre : un chaînon manquant entre Gauss et Galois ?, Revue d’histoire des mathématiques, 17, fasc. 1 (2011), p. 41-138.
[15] Janni, Sardi, Netto, Klein, Pellet, Bolza, Hölder, Borel et Drach, Vogt, Weber, Picard, Echegaray, Bianchi, Pierpont etc.
[16] Comme les travaux de Bochert et Maillet sur les théorèmes de finitude des groupes primitifs et transitifs ou les très nombreuses références aux travaux de Jordan de la fin des années 1870 sur la classification des groupes linéaires finis en lien avec les formes quadratiques.
[17] Cette équation avait notamment été étudiée par Galois. Voir à ce sujet : GOLDSTEIN (Catherine), Charles Hermite’s strolls in Galois fields, Revue d’histoire des mathématiques, 17 (2011), p. 211-270.
[18] Netto, Sylow, Marie, Kronecker, Krause, Nöther etc.
[19] Cremona, Clebsch, Geiser, Brioschi.
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Pour citer cet article :
Frédéric Brechenmacher — «Un portrait kaléidoscopique du jeune Camille Jordan» — Images des Mathématiques, CNRS, 2012
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