Vulgarisation
Piste verte Le 22 novembre 2008 Voir les commentairesLire l'article en


Si les gens ne croient pas que les mathématiques sont simples,
c’est seulement parce qu’ils ne réalisent pas combien la vie est compliquée !
John Louis von Neumann (1903-1957)
En version originale : If people do not believe that mathematics is simple, it is only because they do not realize how complicated life is.
Quelques définitions
Vulgarisation (1852 ; de vulgariser) Fait de répandre dans le public.
Vulgariser (1829 ; du latin vulgaris) 1. Répandre en mettant à la portée du grand public. 2. Péjoratif (1846) Rendre ou faire paraître vulgaire.
Vulgaire (1270 ; latin vulgaris, de vulgus le « commun des hommes ») 1. Vieilli. Banal, courant. 2. Didactique ou littéraire. Ordinaire. 3. Péjoratif. (1552) Bas, commun, grossier, trivial.
Comme on le voit le mot vulgarisation, et l’expression vulgarisation scientifique, sont empreints de connotations péjoratives.
À bien y réfléchir ses synonymes, comme diffusion ou popularisation, laissent également transparaître une idée de transmission unilatérale d’un genre un peu spécial.
Cette transmission est, sans aucun doute dans l’esprit de la majorité des chercheur-e-s ou des journalistes scientifiques qui l’emploient, verticale : les chercheur-e-s donnant ainsi accès à des trésors précieux. Et, pour les rendre accessibles, les vulgarisateur-e-s se croient contraint-e-s de vider une partie importante de leur contenu.
Il existe pourtant d’autres façons de partager un savoir.
Enjeux de la rencontre entre chercheurs et public
Il y a un enjeu social tout d’abord. Les chercheur-e-s témoignent de l’intérêt et cet aspect humain peut amener leur public sur les chemins de la science. En sens inverse le public apporte des regards différents et enrichit la propre pratique des scientifiques.
Pour les maths, un-e chercheur-e apporte un changement de point de vue (sur un sujet donné tout comme sur les maths en général), une vision transverse et peut mettre en scène la science de façon parlante.
Ces interactions ont une profonde dimension culturelle. On y parle notamment des règles, des buts et des enjeux des mathématiques, des parcours académiques aussi bien sûr. Mais surtout on apprend à se construire des avis indépendants. La situation de recherche amène naturellement à une approche modèle/contre-modèle permettant aux citoyen-ne-s de prendre part aux débats autour de questions de société.
Science populaire
C’est pourquoi on pourrait reprendre le terme de science populaire introduit au XIXe siècle. Il s’agit de parler de science, de mettre les questions sur la place publique et de débattre, chacun apportant ses vues, son expérience, les questions auxquelles il attend une réponse etc.
Il s’agit par exemple de montrer que la réponse à une question est bien souvent une autre question, d’arriver à mieux vivre face aux doutes, au hasard ou la liberté, d’accepter de se réaliser pleinement, de prendre sa vie en main et de donner du sens aux avis des experts tout en les questionnant.
Pour reprendre les idées évoquées par John von Neumann, les mathématicien-ne-s ne viennent pas pour rendre simple ce qui est complexe, ni pour vendre des recettes. Mais pour que chacun-e puisse regarder la vie au fond des yeux !
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Pour citer cet article :
François Sauvageot — «Vulgarisation» — Images des Mathématiques, CNRS, 2008
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