16 avril 2012

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  • La démocratie, objet d’étude mathématique

    le 16 avril 2012 à 10:14, par Jonas Kahn

    Une petite remarque sur le fait d’écrire un bulletin de vote « robuste », avec juste des préférences plutôt que des valeurs.

    Une vertu qui n’en est pas mise en lumière est que les gens ne sont pas tous des machines identiques avec juste des préférences différentes. Ils pourront marquer leurs préferences différemment, quand bien même elles sont aussi fortes, s’ils ont des valeurs. Tandis que l’ordre (ou l’ordre des valeurs) est assez indépendant du « type » de la personne.

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    • La démocratie, objet d’étude mathématique

      le 20 avril 2012 à 23:53, par Rémi Peyre

      Remarque très juste ; merci Jonas !

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  • Théorème du référendum

    le 20 avril 2012 à 14:18, par xavier brochard

    Il me semble que le théorème du réferendum ne tient pas compte de deux autres choix possibles. C’est à dire qu’un référendum ne se limite pas à deux choix, mais quatre :
    on peut voter blanc et on peut s’abstenir.

    Choix qui me semblent tout à fait légitimes si on estime qu’aucun des choix proposé n’est satisfaisant. Comment alors tient-on compte de ces choix ?

    Peut-être que je me trompe, et que dans un référendum cette situation ne peut se produire ?

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    • Théorème du référendum

      le 21 avril 2012 à 00:16, par Rémi Peyre

      Bonjour Xavier,

      En fait, j’avais précisé dans la section Cadre de cet article qu’on faisait l’hypothèse que « tous les électeurs votent, et [qu’]il n’y a pas de bulletin nul ». C’est une hypothèse idéale destinée à simplifier la présentation, et c’est dans ce cadre que le “théorème du référendum” était énoncé.

      Dans les vraies élections, il y a en fait toujours des abstentionnistes et des bulletins blancs ou nuls, mais on compte généralement les votes par rapport aux suffrages exprimés, ce qui ramène à la situation que j’ai décrite.

      Ne pas prendre en compte les bulletins blancs est souvent critiqué dans le monde politique. Du strict point de vue de la prise de décision, c’est pourtant assez logique : puisque de toutes façons il faut choisir une option parmi celles proposées, cela n’aide pas à se décider que de savoir que certains électeurs n’approuvent aucune des options proposées ! Après, la question de savoir si une élection doit uniquement servir à prendre une décision ou si elle est aussi destinée à connaître l’avis des gens est une question légitime, mais je n’ai pas voulu l’aborder dans mon article, où je me suis limité à la fonction décisionnelle.

      Maintenant, on peut aussi imaginer des solutions dans lesquelles le bulletin blanc a un véritable effet. Par exemple, pour une élection présidentielle, on pourrait imaginer la règle suivante : « s’il y a plus de 50 % de bulletins blancs, l’élection est annulée et le Congrès désigne un président parmi les non-candidats ». Dans un tel cas, le bulletin “blanc” n’est plus vraiment blanc puisqu’il revient à soutenir une certaine décision.

      Ainsi, pour en revenir à votre question, s’il est organisé un référendum pour la question « faut-il augmenter ou diminuer les impôts ? » et que les règles du scrutin prévoient qu’en cas de majorité de bulletins blancs les impôts resteront constants, le bulletin “blanc” est dans ce cas une véritable troisième option, et le théorème du référendum ne s’applique donc effectivement pas puisque le choix se fait entre plus de deux options !

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  • La démocratie, objet d’étude mathématique

    le 20 avril 2012 à 18:54, par Jérôme Germoni

    Le site Vote au pluriel propose une expérimentation « grandeur nature » de plusieurs modes de scrutin à l’occasion de la présidentielle de 2012.

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    • La démocratie, objet d’étude mathématique

      le 6 mai 2012 à 21:25, par Rémi Peyre

      Merci pour ce super lien ! J’encourage tous les lecteurs à participer à l’expérience pour faire avancer la recherche sur l’impact effectif des systèmes de vote : c’est peut-être grâce à de telles expérimentations que nous arriverons un jour à une démocratie de meilleure qualité qui reflètera plus fidèlement la volonté du peuple...!

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  • La démocratie, objet d’étude mathématique

    le 30 avril 2012 à 10:48, par Christophe Boilley

    Bonjour et merci pour cet article très intéressant. J’ai un peu de mal à saisir la fin de la démonstration du théorème de Gibbard et Satterthwaite. En effet, les frontières des différentes zones de détermination de la méthode sont traitées comme des sous-variétés (transverses) or je n’ai pas vu d’argument topologique justifiant cette hypothèse. Rien n’interdit a priori que les différentes zones soient totalement disconnexes au voisinage de la diagonale, voire avec une frontière dense.

    Or le paradoxe de Condorcet permet de démontrer beaucoup plus facilement un résultat qui me semble plus général : si les suffrages sont des classements totalement ordonnés d’options et s’il y a au moins trois options, il n’existe pas de méthode démocratique robuste au sens de l’article qui aboutisse à la première option du classement majoritaire lorsqu’il existe.

    En effet, dès lors que trois classements cycliques (notés XYZ, YZX et ZXY) ont des probabilités strictement comprises entre 1/4 et 1/2, n’importe quel choix d’option (par exemple X) peut être amélioré par les électeurs les plus mécontents (en remplaçant leur suffrage YZX par ZXY, ce qui aboutit à l’élection de Z.)

    Par ailleurs, l’affirmation selon laquelle un scrutin à plusieurs tours est équivalent à un scrutin à un tour ne me semble pas facilement compatible avec l’hypothèse finitiste et le fait que les résultats dépendent de proportions continues.

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    • La démocratie, objet d’étude mathématique

      le 6 mai 2012 à 17:59, par Rémi Peyre

      Bonjour Christophe,

      Votre remarque sur le traitement injustifié des frontières comme des sous-variétés est tout-à-fait juste. Il s’agit en fait d’un choix de rédaction délibéré : j’avais opté pour cette preuve-ci car j’en trouvais l’idée générale particulièrement élégante, mais parler de la question de la régularité des frontières aurait requis un long développement peu éclairant alors que seuls les spécialistes verraient le problème ;-)

      Cela étant dit, il y a plusieurs options pour compléter la preuve, la plus simple étant... d’imposer la régularité des frontières dans la définition de ce qu’est une méthode électorale :-P On peut aussi commencer par montrer que les différentes zones de détermination sont nécessairement convexes, ou encore revenir à la nature discrète du véritable problème et donner la démonstration dans ce cadre-là (car à vrai dire, la rédaction que j’ai suivie ne définit pas rigoureusement ce qu’on entend par « possibilité de manipulation » dans le cadre continu). Enfin, la solution la plus confortable est sans doute de prendre comme démonstration de remplacement la preuve du théorème de Gibbard (qui emprunte un chemin différent), puisque le théorème de Gibbard–Satterthwaite n’en est qu’un cas particulier :-)

      Concernant votre argument fondé sur le paradoxe de Condorcet, il est effectivement très élégant, mais il requiert un lemme intermédiaire, à savoir qu’une option classée en tête par la majorité des électeurs doit nécessairement être gagnante. Or ce lemme n’est pas trivial... (d’ailleurs, j’avais écrit dans un premier temps une démonstration fondée sur cet argument, avant de l’abandonner car elle était trop compliquée !). Une autre objection moins grave est que la manipulation que vous suggérez est une manipulation collective, où de nombreux électeurs modifient leur suffrage en même temps, alors que les hypothèses du théorème tel que je l’ai écrit définissent le concept de manipulation à partir de la modification du suffrage d’un seul électeur — mais en fait, il est aisé de montrer que les deux définitions de la manipulabilité sont équivalentes.

      Je suis en revanche moins convaincu par votre objection sur les scrutins à plusieurs tours : la note [2] de l’article me semble déjà répondre en grande partie à cette question...

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  • La démocratie, objet d’étude mathématique

    le 4 mai 2012 à 17:39, par g philip

    « Une démocratie est un régime politique dans lequel les décisions sont prises en fonction de la volonté du peuple ».

    Bonjour,
    Je pense plutot qu’une democratie est un regime dans lequel les decisions sont prises par le peuple.

    L’election ne devrait pas en etre le trait fondamental mais plutot le tirage au sort, ce qui laisse encore pas mal de grain a moudre pour les mathematiciens !

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    • La démocratie, objet d’étude mathématique

      le 6 mai 2012 à 18:11, par Rémi Peyre

      Bonjour,

      Votre pensée se rapproche donc de celle d’Aristote (cf. la note [16] de l’article)... Pour ma part, je préfère ne pas prendre position sur la « bonne » définition de la démocratie. Disons que mon objectif se limitait à l’étude de la problématique des élections, et que celle-ci est généralement admise comme la marque de la démocratie. Après, « démocratie » n’est peut-être pas le mot juste, mais vu que le but de l’article est d’abord de parler de mathématiques, je botte en touche en arguant que ce n’est qu’un choix lexical arbitraire limité à ce texte ! :-)

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  • La démocratie, objet d’étude mathématique

    le 15 mai 2012 à 11:59, par Hadrien

    Bonjour,

    Un scrutin stochocratique proche de celui présenté dans l’article, c’est-à-dire avec un vote précédant le tirage au sort, dont la probabilité d’obtenir une option quelconque serait pondérée proportionnellement au poids des suffrages accordés à cette option par le vote perd certainement un peu de la « resistance à la manipulation » que proposait le systeme stochocratique sans pondération, mais permet-il de compliquer assez les enjeux du vote en dissuadant l’électeur de se lancer dans des spéculations ardues, n’est-il pas un bon compromis entre la limitation du risque de choix stratégique et la limitation des chances de faire triompher une proposition majoritairement impopulaire ?

    Cette question rejoint une interrogation plus générale : Si d’une manière ou d’une autre, on parvient à masquer le fonctionnement interne d’un mode de scrutin aux votants, ou si on le complexifie assez pour que sa logique propre ne soit pas comprise par les votants (en supposant qu’il reste suffisamment simple dans la pratique du vote elle-même, et donc que cette complexité apparaissent plutôt dans les influences que peux avoir tel ou tel choix, la complexité occultant alors les effets pervers du vote, empêchant une utilisation biaisée de celui-ci.), atteint-on alors aussi une forme de « resistance à la manipulation » ?

    Le système stochocratique tel que vous le décrivez dans cet article dépend-il de ce cas général (le tirage au sort entraînant une ignorance des électeurs quand à la décision qui sera finalement choisie, et donc une forme d’incompréhension du fonctionnement du scrutin) ?

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    • La démocratie, objet d’étude mathématique

      le 16 mai 2012 à 16:57, par Rémi Peyre

      Bonjour Hadrien,

      Tout d’abord, merci pour vos questions que je trouve très judicieuses.

      Il me semble effectivement qu’un manque d’information (ignorance ou mauvaise compréhension) sur le fonctionnement interne du scrutin aurait pour effet d’inciter les électeurs à voter plus sincèrement, encore que je n’aie pas de référence précise sur le sujet. Cela dit, je crois qu’il y aurait un contrepoint très grave, qui est que les citoyens perdraient confiance en les institutions démocratiques s’ils n’avaient pas la conviction que les décisions prises par le système sont bien le reflet de leur vote !

      Le scrutin stochocratique n’entre pas dans ce cadre, car il est au contraire totalement transparent (du moins si les citoyens ont confiance en l’équité du tirage au sort). Cette méthode fait bien apparaître une forme d’ignorance, mais ce n’est pas cette ignorance qui rend le système robuste à la manipulation : au contraire, l’électeur sait que, quel que soit le bulletin tiré, il a toujours intérêt à voter sincèrement ! Une autre façon de le comprendre est de penser au scrutin stochocratique comme une « dictature aléatoire » : ce qui le rend robuste à la manipulation, ce n’est pas son aspect aléatoire (qui ne sert qu’à assurer l’équité entre les citoyens), mais uniquement son caractère dictatorial !

      Quant à la possibilité de déformer le scrutin stochocratique par une forme de pondération, je crois que même une faible pondération aurait un effet majeur : en effet, dès lors que les citoyens savent que leur vote a plus de chances d’être pris en compte s’ils votent pour une option plus prisée par les autres électeurs, il choisiront plus volontiers les options les plus populaires, ce qui accroîtra les différences d’intentions de vote entre les options, rendant encore plus intéressant de voter stratégique, etc. Par ailleurs, les options généralement considérées comme « intolérables » (extrêmistes) peuvent être partagées par une minorité relativement large (37 % pour le parti nazi en 1932 — désolé pour le point Goodwin...) : il n’est donc pas clair qu’une pondération changerait quoi que ce soit de ce côté-là !

      Enfin, il y a une grande question derrière tout cela sur laquelle un ami philosophe (merci Géhel) a attiré mon attention récemment : la manipulation n’est pas forcément dommageable en tant que telle : ce sont plutôt ses conséquence indirectes, comme la candidature unique d’un seul candidat par parti, la difficulté pour un « petit » candidat d’attirer les suffrages sur son nom, la difficulté d’interpréter les résultats, etc., qui font qu’il est préférable qu’un système ne soit pas manipulable ! Mais à partir du moment où on suppose que les citoyens sont suffisamment intelligents pour exploiter de manière également optimale les possibilités de manipulation qui leur sont offertes, il vaut certainement mieux un système qui reflète la volonté du peuple, même si celle-ci ne s’exprime alors qu’indirectement à travers les bulletins de vote (ceux-ci tenant alors compte non seulement de la préférence personnelle des électeurs mais aussi des calculs stratégiques qu’ils font), qu’un système aléatoire ou opaque.

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      • La démocratie, objet d’étude mathématique

        le 20 mai 2012 à 13:45, par Hadrien

        Merci beaucoup pour cet excellent article et pour votre disponibilité vis-à-vis des lecteurs, merci de votre réponse !

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  • Jugement Majoritaire

    le 28 octobre 2013 à 19:21, par Vitchy

    Vous indiquez « Compte tenu que, comme nous venons de le voir, les méthodes de notation sont facilement vulnérables à la manipulation ». Il semble cependant que votre « démonstration » ne repose que sur l’opérateur « moyenne ». N’est-ce pas un peu léger pour en déduire que toutes les méthodes de notation seraient facilement vulnérables à la manipulation ?
    Entre autres, que pensez-vous de l’opérateur « médiane » utilisé par exemple par balinski et laraki ?

    • https://1984f707-a-62cb3a1a-s-sites.googlegroups.com/site/ridalaraki/xfiles/PourLascience2012.pdf?attachauth=ANoY7cr_T8-YrdyH6jo4iSOTb9yaXheWFI6XNi1kf8eiWRI04bB-ErDgbQdVApNI4ungUx1U1IHsehR9xylxLbKZmjTCg5w-fPVLBr9yzhIYqR8XF2MYL485IHdYfb5DdxmSI4ULpixVw6ele33fJyacfCQNu1earOZz4IdVInO5yp5lR13pPc85Cw7mYW9CxmQBeLuzpmNSmUfHK5qIjtZd9UhaSnDss5Jd7eRc592amo-y7Jgsb3M%3D&attredirects=1
    • http://www.college-de-france.fr/site/pierre-rosanvallon/seminar-2012-02-29-10h00.htm#|q=../pierre-rosanvallon/seminar-2011-2012.htm|p=../pierre-rosanvallon/seminar-2012-02-29-10h00.htm|
    • ou https://mitpress.mit.edu/books/majority-judgment
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    • Jugement Majoritaire

      le 31 octobre 2013 à 10:00, par Rémi Peyre

      Bonjour Vitchy,

      Votre remarque est tout-à-fait juste, et fait d’ailleurs l’objet d’une section dans le troisième article de cette série sur les mathématiques de la démocratie. J’avais ici forcé le trait pour des raisons pédagogiques...

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  • La démocratie, objet d’étude mathématique

    le 14 mai 2014 à 13:45, par Sergejack

    Est-ce que vous pourriez me donner votre avis sur le système que je présente dans l’article suivant : http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?15,935641

    Je ne suis pas mathématicien mais il me semble que cette méthode est robuste à la manipulation et devrait amener à des scrutins honnêtes.

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    • La démocratie, objet d’étude mathématique

      le 14 mai 2014 à 18:44, par Rémi Peyre

      Bonjour Sergejack,

      J’ai répondu à votre question via les commentaires de votre article sur le forum du site “les-mathematiques.net”.

      Si vous avez des questions supplémentaires, vous pouvez me contacter par le biais de ma fiche sur Images des Mathématiques. (je compte sur vous pour vous auto-modérer ! ;-)).

      Bien cordialement,

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  • La démocratie, objet d’étude mathématique

    le 15 mai 2014 à 11:44, par Sergejack

    Merci pour votre fantastique réponse (car j’ai tout compris ^^).

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