27 juillet 2018

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  • L’essor de la « fausse science »

    le 30 juillet 2018 à 21:14, par Aboubakar Maitournam

    Ce problème de “fausse science” hélas comme toujours se pose avec plus d’acuité « sous certaines latitudes ». En effet, mimant l’Occident et surtout le monde anglo-saxon précisément américain (mais eux ont des garde-fous) ; la culture du chiffre, du nombre d’articles publiés et de leur impact ; a envahi les instances africaines d’évaluation académique. Il faut ajouter à cela, l’obsession des publications dans des “revues abstractées et indexées” (obsession psychanalytique de la communauté universitaire d’Afrique francophone). Cette dernière expression ou plutôt fixation maladive, psychanalytique signifie implicitement qu’à défaut d’avoir des compétences disponibles (masse critique) et le temps pour analyser le fond des articles lors de l’évaluation des enseignants chercheurs ; « on » se contente de la forme. Or, une revue à comité de lecture constituée de médaillés Fields ou d’universitaires sérieux vaut mieux qu’une obscure revue abstractée et indexée mais prédatrice, n’existant que par le nom et publiant un article en 3 jours.
    “Last but not least”, les primes de publication accordées pour chaque article font qu’ « on » publie plus pour cette prime et pour la carrière que pour l’amour de la science, du savoir, de la curiosité, de l’intégrité. En effet, « monter en grade » signifie honneurs et importance (“L’importance ! Monsieur, n’est-ce rien ? Le respect des sots, l’ébahissement des enfants, l’envie des riches, le mépris du sage”. Barnave (Stendhal : le rouge et le noir)). Si au moins ce sont des publications honnêtes. Mais très souvent elles ont été faites dans des revues publiant en moins de deux semaines. « On » peut être piégé une fois, deux fois par ces revues mais pas systématiquement. Ce dernier cas de figure signifie que ces agissements sont délibérés. Comme notés par messieurs Germoni et Jacob, ces revues peuvent piéger (et piègent) les chercheurs du tiers monde en utilisant le prestige de la science occidentale, avec des noms par exemple (imaginaire) comme « Annales de l’institut Harry Pointcarré ». Toutefois il faut noter que dans les pays indexés comme pourvoyeurs de journaux prédateurs, il existe une aussi une science hyper-sérieuse et respectée.

    L’une des raisons qui font que les revues prédatrices prospèrent est aussi le rejet des articles « exotiques » (du point de vue occidental) par les revues prestigieuses, ce qui est très souvent justifié par la très haute exigence de ces revues, parfois par les préjugés. Mais très souvent, jaune, blanc ou noir, l’être humain a tendance à se surestimer, à avoir un ego « surdimensionné » et à ne pas accepter les rejets (d’articles) à raison.

    La fausse science se nourrit aussi de certaines pratiques non éthiques : mettre le nom d’un ami ou d’une amie sur un article sans qu’il ou qu’elle ait fait le moindre apport pour qu’il (ou qu’elle) ait le nombre de publications requises ; « mets mon nom sur ton article et je mets le tien sur mon article »….au point qu’il existe des sommités « sur-galonnées" incapables de publier seul même un article de vulgarisation.

    Au final, d’immenses structures scientifiques ont été bâties parfois sur du faux. Ainsi si par hasard Monsieur Erdos (ou le fantôme d’Euler) se présentait à une évaluation sous « certains cieux », malgré ses centaines d’articles de très très haute volée, il sera d’abord assistant, puis « on » mettra le compteur à zéro, au bout de 2 ans et seulement au bout de deux ans, il pourra passer à maître-assistant s’il a publié 5 articles..etc. En plus des structures « sus-évoquées », de grandes notabilités scientifiques, des réputations (“au pays des aveugles, les borgnes sont rois”) ont été construites sur du faux parfois involontairement.

    Tout ceci peut être résumé par la formule de propagation des erreurs qui signifie que la corruption, la gangrène est totale en tout cas sous « certains cieux » avec des ramifications fractales. Le problème est donc insoluble, presque la quadrature du cercle car dans certaines régions du monde, la quasi totalité de l’élite a été piégée par ces pratiques, les résistants et les « presque sûrement propres » sont marginalisés, « ostracisés » ou obligés de « faire comme tout le monde ». « Je » pense qu’il y aura deux sciences finalement dans le futur : une hyper élitiste sérieuse constituée de valeurs très s^ures, et l’autre jungle, « bazar de l’hôtel de ville » où le meilleur côtoie le pire.

    Quelques solutions :

    • Appeler les instances universitaires du monde à associer si possible des compétences externes (ces dernières n’ont probablement pas le temps…) dans leurs évaluations ;
    • Exiger la mise en ligne de toute thèse, de tout article ;
    • Bannir les articles payants ;
    • Décerner des prix de l’éthique scientifique aux scientifiques totalement propres ou pas trop sales en concertation avec l’Unesco,…etc. ;
    • Exiger la mise en place effective de comités d’éthique dirigés par de personnalités scientifiques irréprochables…

    Peut être qu’alors, le cirque sera plus éthique, plus honnête, la scène (Omar Khayyâm “ce monde dans lequel nous sommes, le soleil c’est sa lampe et la terre l’écran sur lequel pareils à des figurines, nous nous mouvons”) sera plus morale et non pas un jeu de « clowns malfaisants et pervers ».

    Aboubakar Maitournam

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