Le week-end de Pentecôte, une tigresse blanche en peluche rôdait dans les bâtiments flambants neufs de l’Ecole Nationale Supérieure des Techniques Avancées sur le campus de l’Ecole Polytechnique, à Palaiseau. Lili (c’est son nom) était venue pour le Tournoi Français des Jeunes Mathématiciens et Mathématiciennes. Il s’agit d’une formule de compétition mathématique récemment implantée en France, à partir d’un modèle biélorusse.
Cela ne ressemble à rien d’autre. 10 sujets, accessibles à des lycéens, sont rendus publics en mars. Ces sujets démarrent par quelques questions précises, mais ouvrent rapidement la porte à l’exploration de variantes. Les candidats, regroupés par équipes de 6 élèves, ont deux mois pour préparer leurs solutions. 4 jours avant le tournoi, un tirage au sort constitue des poules de 3 équipes et attribue un sujet à chaque équipe. A l’intérieur de chaque poule, chaque équipe reçoit la solution écrite des autres et en prépare une critique écrite. Lors du tournoi, les équipes de la poule s’affrontent en 3 phases. A chaque phase, suivant un scénario très précis, une équipe présente sa solution, une autre la critique, et la troisième arbitre le débat, devant un jury qui questionne à son tour et note, obéissant à un barême détaillé. Un second tour démarre le soir même, les candidats ayant 24h pour rédiger leurs critiques de deux nouvelles solutions. A l’issue du second tour, un classement est proclamé, les équipes les mieux classées pourront tenter leur chance au tournoi international, ITYM. Cette année, il aura lieu en Roumanie. Les débats y auront lieu en anglais.
Lili a assisté aux débats de sa poule. Sage mais un peu distraite, car les mathématiques ne représentent pas une passion pour elle, à la différence des 12 équipes d’élèves qui ont relevé le défi avec fougue. Tout de même, Lili a été impressionnée par le talent des élèves qui ont présenté, en 10 minutes, les résultats de deux mois de travail acharné, et le sérieux de leurs contradicteurs. Deux sujets ont donné lieu à des débats intéressants entre élèves. L’un d’entre eux posait la question de la validité d’une démonstration consistant en un programme informatique effectuant une recherche exhaustive. Certes, il n’y a pas de raison de rejeter une telle preuve, du moment qu’on peut vérifier qu’elle est correcte. Mais la vérification est souvent plus malcommode que celle d’un raisonnement inspiré.
Allant d’équipe en équipe, Lili a capté dans ses moustaches une ambiance à la fois bon enfant et studieuse. Elle était curieuse des circonstances qui avaient amené là ces élèves, venus de divers coins de France. Elle m’a raconté que certains étaient passé par d’autres compétitions, comme le concours Kangourou ou les olympiades académiques, et avaient manifesté une préférence pour le travail d’équipe. D’autres avaient eu la chance d’avoir un club de maths dans leur lycée. Souvent, c’était tout simplement en recherchant sur la toile des activités collectives en mathématiques qu’ils étaient tombés sur la page http://www.tfjm.org/.
Lili, la finaude, est arrivée à savoir comment ce nouveau jeu est arrivé en France. Le tournoi international ITYM est né en 2009 de l’obstination d’un doctorant d’Orsay, David Zmiaikou. Né en Biélorussie, il a participé en tant que candidat puis en tant qu’organisateur aux tournois de son pays. En s’appuyant sur le réseau des olympiades internationales, est parvenu à convaincre des collègues bulgares et russes de former des équipes et de les amener en France. Avec une sélection de la compétition biélorusse et les élèves du club olympique d’Orsay, il a pu réunir 6 équipes pour la première édition d’ITYM, à Orsay. Le TFJM2 est né en 2011 de la nécessité de constituer une sélection française pour ITYM, et a bénéficié de l’impulsion de l’association Animath. 4 équipes en 2011, 9 en 2012, 12 en 2013, ce tournoi semble promis à un bel avenir.
Lili fréquente un lycée nantais. Saurez-vous deviner lequel ?
12h34
Bonjour,
Lili-la-tigresse semble s’intéresser aux mathématiques, elle devrait normalement être au lycée Gaspard Monge, où elle se prélasse dans la célèbre brouette du même nom !
14h50
Il y a aussi un Collège Sophie Germain à Nantes.
Et on pourrait penser à Léonard de Vinci ou même à Jules Verne, mais non, la tigresse n’est pas une référence à un(e) mathématicien(ne) …