À la bibliothèque Mazarine, la cote 30047 désigne un volume au format in octavo en provenance directe de la collection personnelle du cardinal Mazarin. Une fois ouvert la couverture de parchemin, on découvre deux livres de mathématiques signés Marie Crous, et respectivement datés de 1636 et 1641.
On dispose de peu d’informations biographiques sur Marie Crous [1] mais ces deux livres nous permettent de découvrir son activité de préceptrice en mathématiques [2].
Parmi les nombreuses curiosités de ce volume, on trouve notamment une adaptation pédagogique du célèbre traité de 1585 du flamand Simon Stévin, De Thiende traduit en français sous le nom la Dixme. Marie Crous présente ainsi le calcul décimal avec une notation originale et manipulable (le séparateur entre partie entière et partie décimale n’est pas encore notre virgule, mais un point en exposant) et des tables de conversion entre les systèmes d’unités d’ancien régime et les écritures décimales.
Voici par exemple une addition à la manière de Marie Crous :
Vous pouvez désormais découvrir ces curiosités et lire ces livres sans peine depuis votre ordinateur puisque ce volume, l’unique exemplaire connu, vient d’être numérisé par les services numériques de la bibliothèque Mazarine. Qu’un grand merci leur soit adressé !
Voici les liens directs des deux volumes :
- Abbregé recherché de Marie Crous pour tirer la solution de toutes propositions d’aritmetique, 1641
- Advis de Marie Crous aux filles exersantes l’arithmetique : sur les dixmes ou dixieme du sieur Stevin, 1636
Avec cette numérisation, ces volumes peuvent désormais être largement consultés et il est indéniable que les enseignantes et enseignants de mathématiques gagneront à les mobiliser aussi bien pour les explications « algorithmiques » de Marie Crous que pour ces exemples (appelés démonstrations) dont voici un exemple laissé à la sagacité des lectrices et lecteurs d’Images des Maths :
[1] Elle indique dans les préfaces avoir une vingtaine d’années et n’avoir pu étudier correctement à cause d’afflictions très connues qui sont arrivées dans la maison de [s]on père durant son bas-âge.
[2] Pour en apprendre davantage sur l’enseignement mathématique à destination des jeunes filles, on peut consulter l’article de Martin Muffato, où Marie Crous est rapidement mentionnée.