La bulle universitaire
Faut-il poursuivre le rêve américain ?
Le 13 octobre 2010 Voir les commentaires (1)
Ce petit essai [1] lestement mené décrit et critique en une centaine de courtes pages
l’évolution récente de l’EPFL - ou Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne.
L’auteur, professeur de physique
[2],
n’y parle pas de maths,
mais de la « success story » fascinante et inquiétante d’une institution
abritant parmi beaucoup d’autres une très solide section de mathématiques.
Il nous y livre son analyse, ses espoirs et ses craintes
sur l’enseignement, la recherche, la liberté, et son utopie.
Son titre se réfère aux bulles spéculatives qui font parler d’elles
depuis une quinzaine d’années,
sur internet, dans l’immobilier, dans la finance ...,
et qui sait bientôt dans le monde éducatif et universitaire ?
Et si les prétendument meilleures de nos grandes écoles faisaient fausse route ?
Et si on y passait tout son temps à agir, à évaluer, à faire parler de soi,
à chasser les crédits, en un mot à manager
[3],
au lieu d’y enseigner, d’y penser et d’imaginer ?
Et si on y avait perdu tout lien avec les « élites locales » au soit-disant profit
de super-vedettes hors-sol ?
Et s’il était temps de réfléchir à des méthodes d’évaluations des pratiques universitaires
moins débiles que les classements de Shanghaï [4]
chers aux frétillements des médias et du monde politique ?
Les modèles du temps ont choisi quelques « domaines d’excellence »
où les nouvelles vedettes de la star academy exhibent leurs brillantes prestations :
nanotechnologies, biotechnologies, technologies de l’information et sciences cognitives.
Mais qui se souvient que la vie d’aujourd’hui est portée par les découvertes d’hier
qui furent nombreuses à résulter de recherches radicalement hors des sujets dominants ?
Ce livre n’offre pas de recette clé en main ! Sinon qu’il faut remettre à l’honneur
la passion de l’enseignement, sa gratuité,
qu’il faut favoriser l’esprit critique contre les pratiques publicitaires,
et l’imagination contre l’auto-promotion.
Et surtout qu’il faudra bien « commencer à penser qu’il faudrait penser davantage ».
Notes
[1] Libero Zuppiroli, La bulle universitaire (Faut-il poursuivre le rêve américain ?), Les Editions d’en bas (2010).
[2] Libero Zuppiroli, directeur du Laboratoire d’optoélectronique des matériaux moléculaires, ou officiellement Laboratory of Optoelectronics of Molecular Materials.
[3] En vieux français : organiser ou gérer.
[4] Voir cet article et ses commentaires.
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Pour citer cet article :
Pierre de la Harpe — «La bulle universitaire » — Images des Mathématiques, CNRS, 2010
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Commentaire sur l'article
La bulle universitaire
le 13 octobre 2010 à 16:08, par Rémi Peyre