« Ma » bibliothèque
Le 25 septembre 2009 Voir les commentaires (2)
Je viens de passer une semaine à Rio de Janeiro [1]. Bien content de revoir « ma » bibliothèque. Il y a longtemps, j’ai eu l’occasion de faire un stage post-doctoral à l’Instituto de Matemática Pura e Aplicada, probablement le meilleur institut de recherche mathématique d’Amérique du Sud. Au cœur de l’institut, l’une des plus riches bibliothèques mathématiques du monde...
J’y ai passé un nombre incalculable d’heures, j’en connais chaque recoin, j’y ai appris beaucoup de maths... Très belle bibliothèque [2], un rêve pour un jeune post-doctorant. Chaque fois que je passe à Rio, je vais voir « ma » bibliothèque. Elle se porte bien, elle prend du poids à une vitesse incroyable, presque effrayante.
Et pourtant, même si je lis probablement aujourd’hui autant de maths qu’à l’époque de ma thèse, même si j’aime toujours autant les livres de maths, je dois bien dire que je vais moins souvent à la bibliothèque. Internet, Google, MathSciNet, arXiv, les revues électroniques, tout cela a changé notre approche de la documentation mathématique. Aujourd’hui, je trouve en quelques clics une référence, même ancienne, et après quelques clics supplémentaires le fichier pdf de l’article est dans mon disque dur. A l’époque, il fallait consulter manuellement de gros volumes des Mathematical Reviews et chercher l’article dans de longues listes écrites en petites lettres...
Pour l’instant, l’électronique ne concerne essentiellement que les articles, mais il ne faut pas douter que les e-books vont arriver très vite et que les livres en papier seront de moins en moins consultés au profit de leurs versions électroniques. Il y a beaucoup d’avantages pour l’électronique mais aussi quelques inconvénients... On pourrait aborder les aspects financiers, ou le fait que la facilité de l’électronique incite à publier n’importe quoi, ou encore que la pérennité n’est pas garantie.
Mais aussi, en allant dans une bibliothèque « physique », on a de bonnes chances de rencontrer des collègues et d’engager une conversation qui se poursuit dans la salle de café, souvent plus utile qu’une recherche sur Google et toujours plus agréable !
Cela ne veut pas dire que les bibliothèques sont condamnées à disparaître car nous aurons toujours le devoir (et le plaisir) de lire les travaux de nos prédécesseurs. Simplement, les bibliothèques vont changer de forme. Elles continueront à permettre l’accès à l’information mais elles garantiront également sa préservation, que ce soit sur du papier ou de manière électronique. Leur rôle n’en sera pas diminué pour autant et il n’y a aucune raison d’être nostalgique.
Il était temps que l’électronique arrive parce qu’à force de prendre du volume, « ma » bibliothèque risquait de ne plus tenir longtemps dans sa salle qui est pourtant vaste. Les fichiers électroniques sont moins encombrants.
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Pour citer cet article :
Étienne Ghys — «« Ma » bibliothèque» — Images des Mathématiques, CNRS, 2009
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