Revue de presse octobre 2022
Le 1er novembre 2022 Voir les commentaires (2)
Ce mois d’octobre est traditionnellement celui de la fête de la science, et les mathématiques y trouvent bonne place. Le tout nouveau prix Nobel de physique Alain Aspect encourage les filles et les jeunes à faire des mathématiques, et c’est une bonne nouvelle : l’éducation des mathématiques en France n’encourage toujours pas à l’optimisme par ailleurs.
Du côté de l’actualité de la recherche, grâce à l’apprentissage profond, l’intelligence artificielle sait dorénavant trouver des algorithmes pour multiplier les matrices mieux que nous. On ne s’y attendait pas forcément si vite.
En attendant le mois de novembre et les très annoncées Assises des mathématiques à la maison de l’Unesco nous vous servons ce mois-ci une revue de presse compacte avec pour filigrane le bord du ruban de Möbius.
Enfin, vous l’aurez peut-être remarqué, depuis le mois dernier un petit cadenas joue le rôle des fastidieuses mentions abonné·es, accès restreint et autres qui signalaient les articles qui ne sont pas en accès libre.
À la une
Vous aurez sûrement reconnu la structure du ruban de Möbius derrière l’œuvre que nous avons choisi pour la une de cette revue.
C’est que cette structure, « surface compacte dont le bord est homéomorphe à un cercle » comme le rappelle Wikipedia, est au cœur de deux études, l’une physique et l’autre chimique, évoquées récemment dans la presse.
The Conversation propose ainsi un article sur la photonique non-euclidienne (après la géométrie non-euclidienne du mois passé, décidément, Euclide n’a plus la cote). Après plusieurs années pour mettre en place un ruban de Möbius par impression 3D laser, le groupe de chercheuses et de chercheurs francilien s’intéresse au comportement de la lumière « guidée dans l’épaisseur de la surface (la plus petite dimension, de l’ordre du micromètre) comme dans une fibre optique et suit des trajectoires courbes, les géodésiques du ruban de Möbius ».
Côté chimie, La Recherche revient sur la synthèse d’un ruban de Möbius « sous la forme d’une nano-ceinture de carbone [...] longtemps considérée comme impossible » et réalisée dans des laboratoires japonais, puisque « le ruban de Möbius n’est pas qu’une lubie de mathématiciens passionnés de topologie » !
C’est donc une lubie partagée par des chimistes passionné·es par la beauté des molécules, car s’il sera peut-être intéressant d’« observer le comportement d’électrons placés sur sa surface », le chercheur Jean-François Morin pense lui que « c’est plus une question de curiosité scientifique et de défi synthétique qu’autre chose ».
Recherche
\[\begin{bmatrix} a_{11} & a_{12} & \cdots & a_{1n} \\ a_{21} & a_{22} & \cdots & a_{2n} \\ \vdots & \vdots & \ddots & \vdots \\ a_{m1} & a_{m2} & \cdots & a_{mn} \end{bmatrix} \times \begin{bmatrix} b_{11} & b_{12} & \cdots & b_{1p} \\ b_{21} & b_{22} & \cdots & b_{2p} \\ \vdots & \vdots & \ddots & \vdots \\ b_{n1} & b_{n2} & \cdots & b_{np} \end{bmatrix} = \begin{bmatrix} c_{11} & c_{12} & \cdots & c_{1p} \\ c_{21} & c_{22} & \cdots & c_{2p} \\ \vdots & \vdots & \ddots & \vdots \\ c_{m1} & c_{m2} & \cdots & c_{mp} \end{bmatrix}\]
Il est difficile de prévoir le progrès de la recherche, et l’actualité le démontre encore une fois. Erika Klarreich nous raconte dans Quanta magazine l’histoire de la conjecture de John Sullivan sur les bulles de savon.
En 1995, John Sullivan, maintenant professeur à la TU Berlin, proposait une conjecture sur la forme des amas de bulles de savon. En quelques mots, la conjecture prédisait que ceux-ci devraient se former comme des ombres d’empilements en dimensions supérieure.
Malgré des progrès important sur le cas de deux bulles dans la décennie qui a suivi, John Morgan estimait en 2007 que le chemin vers la solution pourrait encore prendre un siècle. Cependant, une prépublication d’Emanuel Milman et de Joe Neeman parue en mai sur l’arXiv résolvant un grand nombre de cas de la conjecture (dont les paramètres sont le nombre de bulles et la dimension) a depuis changé la donne radicalement.
- Un cluster de bulles de savon (compliqué).
Le postulat de Bertrand (fameusement démontré par Chebyschev) affirme que pour tout entier naturel $n \geqslant 3$, il existe un nombre premier $p$ tel que $n \le p < 2n - 1$.
La question a été posée en 1994 pour les nombres de Carmichael, des entiers capables de se faire passer pour premiers au test de primalité de Fermat, parce qu’ils vérifient une propriété en principe dictée par le petit théorème dudit Fermat.
Les premiers nombres de Carmichael sont
\[561, 1105, 1729, 2465, 2821, 6601, 8911, 10585, 15841, 29341, 41041, 46657, 52633, 62745, 63973, \ldots\]
On observe sur cette liste que le quotient de deux nombres de Carmichael successifs semble tendre vers 1.
En novembre 2021, un lycéen de 17 ans, Daniel Larsen (fils des mathématiciens Michael Larsen et Ayelet Lindenstrauss) a su démontrer une forme forte du postulat de Bertrand pour les nombres de Carmichael (impliquant la propriété décrite ci-dessus). Sa preuve, désormais publiée au journal International Mathematical Research Notice, fait appel à certaines des dernières avancées de James Maynard en direction du problème des nombres premiers jumeaux.
Daniel Larsen avait déjà defrayé la chronique en 2017 en devenant le plus jeune concepteur de Mots croisés de l’histoire du New York Times. Son nouveau fait de gloire lui a permis de remporter un concours avec 100 000 dollars à la clé.
Vie de la recherche
Mathématiques en France
Les assises des mathématiques, lancées début 2022 par l’INSMI (Institut national des sciences mathématiques et de leurs interactions, CNRS), et dont nous avons parlé plusieurs fois depuis (voir les revues de presse de janvier, de juillet-août et de septembre), s’achèveront les 14, 15 et 16 novembre par un séminaire qui se tiendra à la Maison de l’UNESCO à Paris. Vous pouvez consulter le programme et vous inscrire.
Peut-être l’ancien directeur de l’INSMI, Pascal Auscher, a-t-il voulu contribuer au débat nourri par ces assises en publiant dans Le Monde🔒 une tribune intitulée La France doit réinvestir dans la recherche fondamentale en mathématiques.
Couacs et classements universitaires
- Copie du Penseur, d’Auguste Rodin,
à l’université Columbia.
À quoi pense-t-il ? Au classement de l’université, bien sûr !
« Doit-on délaisser les classements universitaires ? » La question est posée dans l’hebdomadaire Courrier International, qui rapporte une récente controverse mettant en cause la prestigieuse université Columbia à New York. Celle-ci vient en effet de passer du deuxième au dix-huitième rang dans le classement des meilleures universités américaines établi par le magazine US News and World Report.
Science ouverte
En France et en Europe, les initiatives se multiplient en faveur de la science ouverte, c’est-à-dire du libre accès aux publications scientifiques. L’EPRIST, association qui a notamment pour but de favoriser les échanges entre responsables de l’information scientifique et technique des organismes français de recherche, vient de publier deux fiches repères qui veulent être des guides des bonnes pratiques. La première est consacrée à la publication d’articles et la deuxième à la gestion et l’ouverture des données de la recherche.
Un mathématicien de retour de l’Assemblée
Battu d’un cheveu aux élections législatives de juin, Cédric Villani a repris en cette rentrée universitaire le chemin des laboratoires et des amphis, se partageant entre l’IHÉS (Institut des hautes études scientifiques) à Bures-sur-Yvette (Essonne) et l’université Claude Bernard à Lyon. Dans un entretien au Dauphiné🔒, il fait un bilan de ses cinq années de mandat à l’Assemblée nationale et évoque son engagement politique et sa contribution au débat d’idées. Il en reste convaincu : « On a besoin des scientifiques en politique ».
Nouvelle organisation du travail
La récente crise sanitaire a imposé des modifications brusques et profondes de l’organisation du travail dans la recherche publique. Le recours massif au travail à distance et la numérisation accrue du travail scientifique, pédagogique et administratif ont bousculé les habitudes des personnels et créé de nouveaux risques individuels et collectifs. Sédentarité, troubles musculo-squelettiques, risques psycho-sociaux, répercussion sur la vie familiale, collectifs de travail dégradés en sont quelques exemples. Partant de ce constat, le Syndicat National des Chercheurs Scientifiques (SNCS, FSU) plaide pour la mise en place d’« actions de prévention adaptées » et pour la définition collective de « nouvelles manières d’organiser le travail garantissant la santé, la sécurité et l’égalité entre les agent·es de la recherche publique ».
Discriminations dans la recherche scientifique
Ce n’est pas nouveau, le mouvement #MeToo impacte aussi le milieu scientifique. C’était le sujet d’un épisode du podcast La science cqfd sur France Culture. Les trois invitées soulignent les particularités de la place des femmes dans la recherche scientifique, les discriminations qu’elles y subissent, le plafond de verre auquel elles se heurtent, les stéréotypes de genre qui persistent. « La place de la femme dans la recherche et dans les sciences a certes évolué ces dernières années, mais elle reste précaire ». Les intervenantes semblent d’accord pour estimer que, si des violences existent bel et bien dans la recherche scientifique et à l’université, la dénonciation des abus n’y a pas pris la même forme que dans nombre d’autres secteurs où les dénonciations liées au mouvement #MeToo se sont développées.
- Poste centrale de Mexico (Palacio de Correos)
Un même plafond de verre
pour les femmes et les hommes
Applications
Maths, foot et procrastination
Ce mois-ci, les mathématiques nous donnent une nouvelle raison de ne pas nous intéresser à la prochaine Coupe du Monde de foot au Qatar, en estimant le coût d’un album Panini complet. Vieux souvenir de nos enfances, ces albums remplis de vignettes autocollantes semblent avoir survécu à la digitalisation du monde. Capital, Franceinfo:sport et Le Parisien nous présentent les calculs du mathématicien britannique Paul Harper.
... ou de notre manque de motivation ! En effet, une équipe de chercheurs et chercheuses de l’Inserm, du CNRS, de Sorbonne Université et de l’AP-HP au sein de l’Institut du cerveau à Paris a utilisé les mathématiques et leurs capacités de modélisation pour étudier la procrastination. Véritable fléau du quotidien, la procrastination est à l’origine de l’entassement de la vaisselle dans l’évier, de l’entassement du courrier non-lu sur le bureau, de l’allongement perpétuel des « to do lists ». Quels sont les mécanismes qui la sous-tendent ? Quelle zone du cerveau s’allume quand notre motivation s’éteint ? Pour répondre à ces questions, l’équipe de recherche a proposé à des volontaires d’estimer la valeur d’un ensemble de récompenses et d’efforts, tout en mesurant leur activité cérébrale par IRM. Un article sur le site de l’Institut du Cerveau explique comment ces données nourrissent alors un modèle mathématique dit « neuro-computationnel ». Il aurait été très intéressant de vous le décrire ici, mais un mal inconnu nous a atteints au moment crucial et nous repoussons cette description à la revue de presse du mois prochain...
Transdisciplinarité
Comme on le démontre tous les mois dans cette rubrique, les mathématiques sont l’outil principal de toute entreprise d’investigation de la réalité. Elles apparaissent systématiquement pour modéliser, prédire, analyser, représenter... Les mathématiciens et mathématiciennes ne se rendent peut-être pas assez compte de l’utilisation permanente de leur discipline par les autres champs de la connaissance.
Dans le même registre, la Lettre Innovation du CNRS du 20 octobre dernier nous donne une liste de partenariats entre le monde académique et celui de l’entreprise, après avoir rappelé en introduction l’étude de l’INSMI estimant que 17,8% du PIB national sont imputables aux mathématiques. Au programme, un laboratoire commun entre Siemens et le CHU de Poitiers, le financement de trois thèses du LPSM à Sorbonne Université en partenariat avec la start-up Califrais, ou encore la start-up Sonio fondée par des chercheurs du CMAP de l’École polytechnique.
Mot de la fin
Finissons cette rubrique comme on l’a commencée, c’est-à-dire avec légèreté ! Vous avez peut-être entendu parler de l’application pour smartphone « De gauche ou de droite ? ». Créée par Théo Delemazure, doctorant à l’Université Paris Dauphine, et trouvant son origine dans des discussions entre amis, elle permet de savoir si un objet, un nom ou un concept est « de gauche » ou « de droite ». Comme nous l’explique cet article du Figaro, l’application se base sur l’intelligence artificielle développée par l’entreprise Open AI qui elle-même se base sur le contenu de tout l’internet mondial. Férus de maths et de méthodes scientifiques, nous nous devions de la tester nous-mêmes ! Vous serez donc heureux ou non d’apprendre que « mathématiques » est de gauche, alors que « maths » est de droite (!), que « algèbre » est de droite, alors que « géométrie » est de gauche. Comme indiqué sur son site, tout ceci est bien sûr à prendre au second degré, d’autant plus qu’apparemment, « premier degré » c’est de droite...
Enseignement
Réformes après réformes, la dernière du lycée a fait beaucoup parler quant à son impact sur l’enseignement des mathématiques. Ce n’est pas nouveau, depuis des années, la matière la plus fondamentale des sciences modernes est de plus en plus considérée comme « trop difficile » voire « élitiste ». Le désintérêt et les préjugés dont souffrent les mathématiques ne font que croître, pourtant son importance dans l’étude de n’importe quelle autre science est indiscutable. Comme l’indique l’enseignante-chercheuse en mathématiques Mélanie Guenais dans cet article de l’Etudiant : « elles permettent de comprendre les sciences » et au-delà de ça « les maths servent pour apprendre à raisonner ou avoir un regard critique sur les données ». Bref, des compétences essentielles pour n’importe quel·le scientifique. Il est alors naturel de se demander : comment intéresser à nouveau les collégien·nes et lycéen·nes ? Deux solutions avaient l’air de sortir du lot : soit faire évoluer la façon d’enseigner les mathématiques, soit les faire disparaître d’une façon ou d’une autre pour résoudre ce problème. Lors de la réforme du lycée en 2019, le précédent gouvernement a choisi la solution de facilité (et pas la meilleure selon nous) : celle de rendre les mathématiques facultatives au lycée, donnant raison à celles et ceux qui pensent que « les maths ne sont pas si importantes ».
La rentrée 2022 a signé le retour de l’option math en classe de 1ère pour celles et ceux qui n’auraient pas choisi la spécialité math. C’est un début mais les premiers chiffres du ministère relayés dans cet article du Monde 🔒 sont plutôt décevants : « moins de 10% des lycéens éligibles suivent cet enseignement cette année ». Ce n’est pas ce qu’on peut appeler un retour triomphal des mathématiques en 1ère cette année. Et ce n’est pas une surprise, car comme le note ce billet de TF1 info : « le nombre d’élèves dans les filières scientifiques aurait en effet fondu en à peine quelques années » en s’appuyant sur des chiffres officiels : « la réforme […] a réduit les effectifs scientifiques de 20% pour les garçons et de 28 % pour les filles ». D’ailleurs pour en revenir sur les inégalités filles/garçons dans les filières scientifiques, ce même billet relaie des chiffres encore plus alarmants : « les effectifs bénéficiant d’au moins 6 heures de maths par semaine ont baissé de 37 % pour les garçons et de 61 % pour les filles ». Ces chiffres proviennent de la note justement intitulée Réforme du lycée : vers des sciences sans filles ? du Collectif Math&Sciences. Dans un autre article, L’Etudiant reprend les chiffres de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp), et note ce chiffre évocateur : 4 % des élèves d’option maths expertes sont des filles d’origine sociale défavorisée, soit trois fois moins que dans le tronc commun. Tout cela ne fait malheureusement qu’appuyer les inquiétudes déjà évoquées dans les précédentes revues de presse. Cet article de franceinfo relaie aussi ces chiffres, accompagnés d’un graphique illustrant la réduction des effectifs scientifiques depuis 2019. En outre il note que « la réforme du lycée et l’orientation précoce des élèves […] renforceraient les préjugés liés au genre ».
Pour pallier ces désastreux résultats, peut-on espérer un retour « obligatoire » de nos chères mathématiques à la rentrée 2023 comme l’annonce le gouvernement ? Rien n’est moins sûr car même si les documents officiels l’affirment, l’Education Nationale a récemment déclaré que « ce n’est pas acté ». Cette contradiction évoquée dans un article de l’Etudiant laisse donc planer le doute en attendant une future annonce du Ministère concernant ce potentiel retour. Si c’est bien le cas, il faudra alors sans doute adapter les programmes. Comme détaillé dans cet autre article de l’Etudiant cité plus haut, c’est l’organisation elle-même du lycée qu’il faut revoir car « la structure actuelle n’est pas faite pour faire des sciences ». Plusieurs solutions sont discutées dans cet article mais, peu importe laquelle sera choisie en fin de compte, il faut un véritable retour des mathématiques à la prochaine rentrée. Les répercussions sont d’autant plus visibles cette année où les premiers bacheliers ayant subi la réforme du lycée vont passer les concours d’accès aux grandes écoles, après une classe préparatoire. Comme le mentionne la première phrase de cet article du Figaro Étudiant : « En prépa, on retrouve des élèves qui ne savent pas calculer, incapables de résoudre une équation d’un niveau 5e ou 4e ».
Néanmoins, même si elle y contribue fortement, la réforme du lycée n’est pas l’unique fautive de cette baisse de niveau en mathématiques. La tendance est même globale et s’observe à tous les niveaux. Ce reportage de franceinfo déplore en effet « des résultats de plus en plus faibles aux évaluations nationales de CP et CE1 – qui évaluent, entre autres, le niveau en mathématiques ». Il met aussi en avant une pédagogie alternative passant par le jeu pour « en finir avec les préjugés sur les mathématiques ». Une manière innovante pour intéresser les élèves dès le plus jeune âge en leur montrant que tout le monde est égal face aux maths.
Evidemment, réintéresser les élèves aux mathématiques n’est pas qu’une question de bonnes notes ou de réussite scolaire. Il s’agit aussi et surtout de l’avenir. Le titre de cet article de Marianne parle de lui-même : « Comment l’école et l’amélioration du niveau en maths pourraient relancer l’économie française ». Comme il le souligne dans son paragraphe consacré aux mathématiques : « La CAE recommande particulièrement d’investir dans l’éducation, et notamment dans les mathématiques. L’étude brosse le tableau d’une société où les métiers nécessitant de fortes compétences en mathématiques […] sont de plus en plus nombreux […]. Et ces métiers contribueraient particulièrement à la croissance ».
Pour conclure cette partie, nous vous recommandons d’écouter cette émission Public Sénat qui fait écho à l’article de La Montagne cité dans la dernière revue de presse. Elle résume la plupart des points évoqués dans cette partie : « Le niveau des jeunes Français en maths, la manière dont cette matière est enseignée, mais aussi cette question : pourquoi les filles sont-elles fâchées avec les maths en France, pourquoi moins de femmes se spécialisent en maths et surtout, comment remédier à ce problème, à cette inégalité ? ». Bonne écoute !
Les maths dans le monde
Divers
Toujours au sujet du niveau des élèves en mathématiques, Younss Messoudi professeur de mathématiques et créateur du blog J’ai 20 en maths, confiait à Femme Actuelle les signes pouvant alerter, selon lui, des difficultés d’un enfant dans la matière : absence de motivation, résultats en dessous de la moyenne… Il conseille alors de rendre concret l’apport des mathématiques ou d’aider l’élève à reprendre confiance en lui notamment à partir de vidéos ludiques. Autant de conseils qu’il est possible de retrouver sur son blog.
Rendre concrètes les mathématiques, c’est ainsi que le collège Jean-Jaurès de Lens a choisi d’aborder la discipline. La Voix Du Nord rapporte la création d’un laboratoire de mathématiques flexible dans l’établissement, le premier du Pas-de-Calais. Ici, la manipulation vient avant le passage à l’abstraction.
Au travers des souvenirs, des témoignages et des personnalités marquantes, le réalisateur Roschdy Zem signe un documentaire en deux temps sur l’histoire de l’école. De son titre « Histoires D’une Nation : l’école », ce documentaire a été diffusé ce mois-ci sur France 2. Le Monde applaudit le bon cours d’histoire, et la passion communicative des enseignants, au point où « on en oublierait certains thèmes plus délicats comme le respect vis-à-vis du corps enseignant ou de la laïcité ». Disponible en replay jusqu’en février 2023.
Des vocations ? Pourquoi pas dans le domaine très en vogue de l’intelligence artificielle ? L’université Paris-Saclay, comme le relaie LesEchos, vient justement de créer son école de l’IA appelée SclAI-School. Sytème de tutorat et bourse d’excellence, l’égalité des chances et la mixité sociale sont des objectifs affichés.
Pour finir, une petite note optimiste avec la pub du dernier prix Nobel de physique Alain Aspect pour les maths dans L’Étudiant : « Il encourage les élèves, notamment les filles, à poursuivre les mathématiques le plus longtemps possible », et précise « Si vous voulez trouver du travail facilement, faites des maths » !
A l’honneur
La fondation L’Oréal pour les Femmes et la Science a décerné ses prix Jeunes Talents français et les mathématiciennes ne sont pas en reste !
Deux d’entre elles, Alice Contat et Tina Nikoukhah, effectuent leurs travaux de recherche au sein de laboratoires de l’Université Paris Saclay qui « est particulièrement fière » de les accueillir avec trois autres lauréates d’autres disciplines.
Alice Contat est en thèse au Laboratoire de Mathématiques d’Orsay et s’intéresse au problème de parking sur des arbres aléatoires (précisons qu’il s’agit de recherche fondamentale en théorie des probabilités).
Tina Nikoukhah est doctorante au Centre Borelli (le laboratoire de mathématiques et applications de l’École normale supérieure Paris-Saclay) et doit soutenir sa thèse intitulée La vie secrète des images JPEG : détection de falsification via les traces de compression le 8 novembre.
En plus de ses recherches, Tina Nikoukhah s’intéresse à la médiation et on peut trouver sur son site un certain nombre de liens vers des articles, des vidéos ou des interviews auxquelles elle a participé. Le sujet de ses recherches s’y prête bien, et Télérama🔒 l’a surnommée la traqueuse d’images trafiquées. Le site d’info de l’ENS Paris Saclay, a aussi publié un article en son honneur, revenant sur ses travaux de recherche ainsi que ses travaux de diffusion.
Poitevine, rennaise ou les deux ? Mégane Bournissou, chercheuse post-doctorale à l’Institut de Mathématiques de Bordeaux et spécialiste du contrôle d’équations aux dérivées partielles non linéaires est célébrée dans Ouest France ainsi que dans Le 7.
Enfin, l’École Polytechnique se félicite de ses lauréates polytechniciennes puis de ses lauréates effectuant leurs recherches dans ses laboratoires.
En mathématiques, la polytechnicienne Flore Sentenac est récompensée pour ses travaux au CREST (Centre de Recherches en Economie et Statistique, à Palaiseau), autour de l’intelligence artificielle, et la chercheuse post-doctorale Angèle Niclas pour ses travaux sur la propagation des ondes en milieux complexes. Cette dernière, originaire du Doubs, est célébrée en région dans L’Est Républicain ainsi que dans Hebdo 25.
Prix des Académies et du CNRS
Pour la deuxième fois, le CNRS a choisi de remettre une médaille dédiée à la médiation scientifique, « [récompensant] des équipes de femmes et d’hommes, personnels d’appui à la recherche, pour leur action, ponctuelle ou pérenne, personnelle ou collective, mettant la science en valeur au sein de la société ».
Lyon Capitale s’est fait le relais de l’attribution de l’une des cinq médailles de cette année à Étienne Ghys.
Ce dernier a déjà été récompensé par la Clay Award for Dissemination en 2015 ; il est auteur d’une carte blanche au sein du journal Le Monde, et co-réalisateur avec Aurélien Alvarez et Jos Leys des documentaires Dimensions (2008) et Chaos (2013). Le site d’infos de l’INSMI nous rappelle qu’il est aussi à l’origine de la seconde vie d’Images des Mathématiques en tant que revue web.
L’Académie des Sciences, dont il est membre depuis 2004 et même secrétaire perpétuel depuis 2019, s’est félicitée de ce prix décerné à l’un de ses membres.
Inversement, le CNRS s’est lui félicité des prix remis par l’Académie des Sciences à ses chercheuses et chercheurs ! L’Académie a remis le prix Ernest Déchelle à Boris Adamczewski de l’Institut Camille Jordan à Lyon, le prix Langevin en hommage à la mémoire des savants français assassinés par les nazis en 1940-1945 à Cécile Huneau du Centre de Mathématiques Laurent Schwartz de l’Ecole Polytechnique, ainsi que le prix Elie Cartan à Romain Dujardin du Laboratoire de Probabilités Statistique et Modélisation à Sorbonne Université.
Sur son site d’infos, l’université Lyon I avait déjà rédigé en 2015 un petit article de vulgarisation autour des travaux de Boris Adamczewski, « virtuose des automates mathématiques ».
En région, l’Académie de Saintonge, « société savante des départements de Charente-Maritime et Charente dans le domaine des sciences, des lettres et des arts » a récompensé Mickaël Launay. « Le mathématicien rochelais Mickaël Launay décroche le grand prix » annonce le journal Sud Ouest🔒 dans un article à propos du palmarès : ils ont été récompensés avec André Deledicq pour leur Dictionnaire amoureux des mathématiques. Le journal est aussi revenu plus précisément sur le mathématicien dans un autre article🔒. Comme Étienne Ghys, Mickaël Launay est un auteur important de la diffusion et de la vulgarisation des mathématiques, avec notamment sa chaine YouTube Micmaths.
Plus de femmes mathématiciennes que d’hommes mathématiciens à l’honneur ce mois-ci donc !
Diffusion
Fête de la Science
Le mois d’octobre, dans le monde de la médiation scientifique, est celui de la Fête de la Science et sa kyrielle d’événements scientifiques en général et mathématiques en particulier. On retrouve bien entendu des programmes réjouissants sur les sites de très nombreuses institutions (au hasard de notre collecte, le LMA de l’université de Poitiers, la Cité des Sciences, l’université Paris-Diderot, Echosciences Grenoble…). Quelques échos de ce grand événement sont aussi à retrouver dans la presse : conférences de cryptologie et de biodiversité à Guer (56) dans Ouest France, « maths urbaines » à Saint-Priest (69) dans Le Progrès et ateliers scolaires à Boulogne-sur-Mer (62) dans La Voix du Nord.
APMEP
Rendez vous incontournable des enseignants de mathématiques de « la maternelle à l’université » les Journées nationales de l’APMEP se déroulent chaque année dans une ville différente. Cette année c’est la régionale Poitou-Charente qui a organisé ces journées dans la charmante ville de Jonzac sur le thème Où se cachent les mathématiques ?. La venue de 600 enseignants de mathématiques n’a pas échappée à Sud Ouest qui invitait le grand public et les scolaire à la journée dédiée organisée en amont le 21 octobre.
Une équipe d’Images des mathématiques était sur place pour animer un stand et un atelier. Vous trouverez un compte rendu plus détaillé sur cette page.
Événements
L’automne s’installe, et c’est le moment idéal pour se faire une petite expo. Nous en avons déniché pas moins de quatre en lien avec les mathématiques ce mois-ci. À vos agendas ! À Cappelle-la-Grande (59), le Palais de l’Univers et des Sciences (PLUS) accueille Mathissime, avec un alléchant programme centré sur la découverte ludique et interactive des mathématiques pour tous publics dès 6 ans — on en parle dans échosciences et La Voix du Nord. L’Est Républicain conseille à ses lecteurs et lectrices l’exposition « Des figures anatomiques aux objets mathématiques » à l’Université de Franche-Comté (présentée sur trois lieux à Belfort, Besançon et Montbéliard).
Fait suffisamment rare pour être remarquable, le personnage principal de L’école est à nous, un film à l’affiche depuis le 26 octobre n’est autre qu’une professeure de mathématiques ! On trouvera entre autres des articles dans Le Dauphiné Libéré et France Info.
Si vous lisez ces lignes chaque mois, le nom de Manu Houdart ne vous est certainement pas étranger. Ce professeur de maths fait régulièrement couler de l’encre digitale pour le succès sans cesse renouvelé de son spectacle Very Math Trip. On le retrouve ce mois-ci à Magny dans La Gazette de Saint-Quentin-en-Yvelines et à Roubaix dans La Voix du Nord. Pendant ce temps-là, à Ambert (63), pas de « very math trip », mais une conférence du chercheur Ulysse Herbach suivie par La Montagne, qui montre au public tous les domaines d’applications des maths, parfois insoupçonnés des néophytes : traitement d’images, santé… bref, comme on se tue à le dire ici, les maths, ça ne sert pas à rien.
Au-delà de nos frontières, une brève publiée sur PRNewsWire par l’Université de Pékin se félicite de l’obtention par ses ouailles de la moitié des récompenses du concours de mathématiques Alibaba 2022 — concours ouvert à tou·tes et qui, après seulement quatre ans d’existence, rassemble 200 000 participations dans plus de 70 pays.
Soutien scolaire
Comme chaque mois, quelques plateformes de soutien en mathématiques sont mises à l’honneur par la presse. Le Progrès s’intéresse au succès fulgurant de Progresser-en-maths, à destination des filières scientifiques et classes préparatoires, lancé en 2019 et qui se double désormais d’une chaîne YouTube ; tandis que Studyrama interviewe le professeur de mathématiques Younss Messoudi, fondateur de Jai20enmaths, qui prône une approche ludique et la fin de la diabolisation de la matière.
Animations scolaires
Le Journal de la Haute-Marne est allé assister au Pentathlon du lycée Saint-Dizier, un événement pas banal qui réunit dans un même défi mathématiques et éducation physique et sportive. Plus au sud, dans le Lot, La Dépêche relate la participation par des élèves de collège et lycée à des ateliers ludiques de probabilités et de géométrie organisés par l’association Les maths en scène.
Interviews
Ce mois-ci, le récemment médaillé Fields Hugo Duminil-Copin et le chercheur David Bessis ont mis les mathématiques sur les ondes, respectivement sur RFI et France Culture. Dans un grand entretien passionnant, le premier parle de ses recherches appliquées à la physique des particules, de son métier de chercheur et de sa vision des mathématiques, tandis que l’autre tâche de redonner au public le goût des maths en tordant gentiment le cou aux clichés habituels sur l’apprentissage des mathématiques, en déclarant notamment que les mathématicien.ne.s, loin d’avoir un « don » inné pour la discipline, sont les premiers à trouver cela difficile, et qu’ils ont simplement appris à surmonter leur peur de cette difficulté !
Dans la presse, on trouve une interview d’Amandine Laveau-Zimmerlé, présidente de l’association Femina Tech, dans Le Républicain Lorrain 🔒 ; et une autre de Cédric Villani dans Sud Ouest🔒 à l’occasion de son passage à Bayonne pour intervenir sur le thème des mathématiques dans la musique.
Intéressant
Du Châtelet, Lamarr, Hypathie, cela vous dit quelque chose ? Si vous avez besoin de vous rafraîchir la mémoire, le site de l’académie de Créteil publie chaque semaine depuis septembre un portrait de mathématicienne ; initiative relayée par Le café pédagogique.
Mais après tout, ces mathématiciennes ont-elles vraiment existé, ou sont-elles, comme tout le reste de l’Univers, un produit de votre imagination ? Ce n’est pas le synopsis du nouveau Matrix, mais une énigme scientifique qualifiée de paradoxe de Boltzmann. En jouant avec les lois de la thermodynamique, basées notamment sur le calcul que des événements soient si peu probables qu’ils ne sauraient se produire, on en vient à douter de l’existence même des choses. Bigre ! Pour en savoir plus, allez regarder cette courte vidéo fort divertissante (en anglais) sur Aeon.
Parutions
Comme nous l’écrivions le mois dernier la Gazette de la Société mathématique de France est avant tout une publication destinée aux mathématiciens. Mais chaque numéro apporte en outre des articles qui relèvent de la diffusion des mathématiques. En octobre, par exemple, on y trouve une remarquable recension de Récoltes et semailles (dont le succès ne se dément pas) signée par Antoine Chambert-Loir et un compte-rendu sur la cinquième journée parité en mathématiques, rédigé par Jean-René Chazottes, qui en était l’un des co-organisateurs. Les « informations » sont consacrées à une « école mathématique incroyable » (voir ce tweet), Les Cigales, qui ouvre sa deuxième session 2022 durant les vacances de la Toussaint avec l’aide des équipes de l’IREM de Marseille, du Centre International de Rencontres Mathématiques et de l’Institut de Mathématiques de Marseille (I2M). Bien au-delà de l’aspect informatif sur cette initiative (lancée en 2019 par Pascal Hubert et Julien Cassaigne), l’importance de l’article réside dans le regard porté par une mathématicienne (engagée très tôt dans la diffusion) sur les problèmes liés au sexisme dans les sciences, ses questionnements, son vécu, ses analyses... L’autrice, Olga Paris-Romaskevich, est l’une des chevilles ouvrières (l’équipe d’organisation des Cigales comprend 7 personnes, mathématicien·ne·s et informaticiens) qui anime et font vivre ce projet dont il est inutile de souligner les enjeux pour les mathématiques et leur avenir. Après avoir précisé de quoi il s’agit, les objectifs et le déroulement d’une journée de stage-type (sans oublier la récurrente recherche du budget !), elle explique comment se passe l’exclusion des filles des matières scientifiques, pourquoi ces stages ne peuvent être « mixtes », pointe les difficultés d’organisation, les grands défis de médiation et lance un appel à la communauté pour un projet national.
Elle a entrepris avec la sociologue Clémence Perronnet (qui est maintenant chercheuse-consultante à l’agence Phare), autrice de La bosse des maths n’existe pas. Rétablir l’égalité des chances dans les matières scientifiques, une enquête approfondie dont les résultats complets seront prêts en octobre 2023 et devraient faire l’objet d’un livre.
Sa conclusion résume bien son point de vue : nous nous retrouvons aujourd’hui devant un choix : se précipiter dans la résolution de la Conjecture de Riemann, ou construire une communauté dont la conception même assure qu’elle sera résolue.
N’hésitez pas à parcourir la galerie de photos que Bertrand Paris-Romaskevich a capturées en avril 2022 à l’édition printanière de cette école de mathématiques pour lycéennes.
En novembre le magazine Pour la Science parle beaucoup de démographie, d’agronomie, de paléontologie ou encore de la formation du système solaire. Mais c’est dans un tout autre terrain que nous entraîne la rubrique mathématique de Jean-Paul Delahaye annoncée en première de couverture : Les ruses et super-ruses du jeu Juniper Green. Ce jeu a été popularisé par Ian Stewart qui en a décrit les règles dans une de ses rubriques Visions mathématiques de Pour la science en juillet 1997.
Si vous ne le connaissez pas, vous découvrirez en quelques pages, avec plaisir, les nombreuses facettes de ce jeu amusant et facile dans certains cas mais qui demande de l’astuce pour les cas difficiles.
Si vous en aviez déjà entendu parler, vous apprendrez qu’il y a quelques mois une solution générale a été publiée et déposée sur arXiv par Julien Lemoine (un professeur de mathématiques de Mauriac). Ce dernier indique dans le résumé qu’il utilise des techniques suffisamment élémentaires pour être expliquées à des élèves maîtrisant les notions de diviseurs et multiples. Jean-Paul Delahaye parle d’un précieux outil pédagogique pour aider les élèves à maîtriser l’arithmétique et leur enseigner aussi la notion de stratégie gagnante. Il indique également dans sa bibliographie des articles publiés par des IREM (comme celui de Boris Laval et Olivier Sicard) ou dans le bulletin de l’APMEP (comme celui de Daniel Djament auquel on pourrait ajouter cette publication).
Cet article, très complet, est une belle occasion « de s’amuser avec l’arithmétique élémentaire » et « de réfléchir à la notion de diviseur et de la pratiquer ».
Le Point vient de sortir un numéro « hors-série éducation » (couvrant novembre et décembre), Les maths par le jeu sous-titré « avec le concours Kangourou ». Le célèbre jeu-concours a beaucoup contribué à la réalisation de cette brochure grand public abondamment illustrée avec près de soixante-dix pages d’activités ludiques, d’énigmes, de jeux variés, de tours de magie. L’objectif c’est de s’amuser et surtout de prendre du plaisir à faire des maths. C’est aussi de montrer, si il en était encore besoin, que le jeu est l’un des meilleurs moteurs pour progresser et faire aimer les mathématiques. Il s’adresse bien sûr à un jeune public mais beaucoup de « plus grands » passeront un moment agréable en sa compagnie. Pour aller un peu plus loin (tout en restant très largement accessible) des articles, dont beaucoup sont signés par Louise Cunéo, abordent des questions qui ne se prêtent pas facilement au jeu : des textes qui montrent que les mathématiques sont indispensables au quotidien, qu’elles sont un langage universel, leur rapport avec la musique, la nature, leur ancrage dans toutes les civilisations par exemple. D’autres qui expliquent que nous avons tous la bosse des maths, qu’il est toujours possible de surmonter ses blocages. Bref, l’ensemble donne un numéro conçu pour attiser l’envie de comprendre, ainsi que l’écrit Cédric Villani qui précise les apports et les spécificités des différents concours proposés aux jeunes en ajoutant que c’est la recherche plus que la résolution du problème qui est bonne pour la gymnastique cérébrale.
Le dernier Point hors-série consacré aux mathématiques, (Les maths au quotidien), remonte à deux ans, l’avant dernier (Maths, la méthode Singapour) à quatre ans. Ce n’est pas si simple de consacrer un numéro grand public complètement aux mathématiques. Le passage par le jeu et l’apport du Kangourou a permis de relever le défi.
Arrivé ce mois-ci en librairie Vous reprendrez bien un peu de maths ?, le dernier ouvrage de Claire Lommé a d’emblée séduit de nombreux lecteurs si l’on en juge par les premiers commentaires publiés et ceux élogieux postés sur divers réseaux sociaux. Ce livre a séduit le café pédagogique qui propose une interview de l’autrice et lui pose cette question : “Ceci n’est pas un livre de maths”, semble dire le sommaire de votre livre. Il est bien sûr question de maths. Mais toujours par un biais : la poésie, l’alignement, la naissance du zéro, Kandinsky, la cuisine etc. Pourquoi cette approche particulière des maths ?.
Très agréablement illustré, facile à lire par un très large public, c’est, comme l’autrice le dit par ailleurs, un voyage mathématique, une balade qui invite à porter un autre regard sur une discipline avec laquelle, malheureusement, beaucoup trop de gens sont fâchés.
De son côté Vosges matin, dans un article titré “On accorde autant de crédit à un tweet qu’à un théorème” : professeur agrégé à Cornimont, il sort un livre consacré aux mathématiques, met un coup de projecteur sur un ouvrage très différent qui se veut un complément aux manuels scolaires. Mathieu Kieffer vient de publier chez Ellipse le premier tome d’une série de quatre, consacré aux mathématiques Apprendre à raisonner maths en 6e.
En estimant que parfois, une image vaut mille mots, les éditions Larousse quant à elles ont choisi de privilégier les représentations visuelles avec Les Mathématiques en 101 infographies qui vient juste de paraître.
Vous appréciez les Défis du calendrier mathématique et vous aimeriez bien savoir quels seront ceux qui vous attendent l’an prochain ? L’édition 2023 est d’ores et déjà disponible nous apprend ActuaLitté qui met en ligne un extrait de la présentation. Le calendrier 2023 trônait également, en bonne place, sur le stand de l’APMEP aux Journées Nationales de Jonzac (voir dans la Tribune le compte-rendu de ces journées) où il a rencontré un franc succès.
Vous pouvez bien sûr vous le procurer sur le site des Presses universitaires de Grenoble qui en assurent la diffusion et, comme on le dit, dans les « bonnes librairies » ! Certaines années il a disparu très rapidement des rayons. Car il est « collector ». Certains le collectionnent depuis les premières éditions. Les thèmes traités, comme tous les problèmes, changent chaque année et il constitue une véritable mine pour les amateurs de jeux mathématiques.
En 2023 le fil directeur sera Structurer le monde et il sera « accompagné » de pas moins de 260 défis. La nouveauté, c’est qu’il y aura deux parcours : collège et le défi du mois pour les insatiables.
Arts, histoire et maths
Une langue peut-être universelle mais d’accès encore souvent réservé aux initié·es... « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément », lorsque dans la vérité générale de Boileau les mots manquent, la compagnie l’île logique utilise l’art, et notamment le spectacle vivant, pour rendre le public acteur de sa compréhension, et en particulier des phénomènes mathématiques. L’idée est « [d’]utilise[r] l’absurde et son indéniable avantage d’inciter le spectateur [et la spectatrice] à comprendre par lui-même [elle-même], tout en laissant une large place à l’humour et à l’imagination. » La compagnie a désormais sa propre chaîne Youtube et propose de courtes vidéos « mathéatralisées ». Les personnes peu friandes d’art vivant filmé trouveront quant à elles leurs contes avec les dix spectacles proposés par la troupe.
- Une du Scientific American en avril 1961
Les mathématiques sont en filigrane de « cette relation directe, mais équivoque, qu’entretiennent l’art optique, l’esprit, et souvent le corps, du spectateur [ou de la spectatrice] » qui constitue l’objet principal du travail de Philippe Decrauzat, nommé pour le prix Marcel Duchamp 2022 avec Giulia Andrani, Iván Argote et Mimosa Échard, et exposé jusqu’au 2 janvier 2023 au Centre Pompidou. La filiation de Philippe Decrauzat avec l’art optique offre une occasion trop belle de rappeler la contribution majeure de Martin Gardner à la vulgarisation et à la culture scientifiques, notamment mathématiques, puisque la question de l’art optique et de son rapport aux mathématiques était déjà présente dans sa chronique Mathematical Games du Scientific American de juin 1965 (à partir de la page 100 du périodique, en anglais).
Pour finir
Pour que les footeuses et les footeux ne nous en veuillent pas, après avoir évoqué le boycott de la Coupe du Monde de cette année dans la rubrique Applications, nous mettons à l’honneur un footballeur !
Manuel Akanji, joueur suisse qui évolue à Manchester City depuis le mois d’août, s’est confié à la chaîne britannique Sky à propos de son amour de la compétition... et des maths !
« Mon professeur a toujours aimé la compétition, surtout en mathématiques. C’est comme ça que j’ai su que j’étais très bon là-dedans. J’allais toujours en finale, je gagnais quasiment tout le temps les compétitions en math. »
On remercie Le Soir pour cette petite pépite qui redore le blason des maths, après tant de « j’ai toujours été nul·le en maths ».
L’équipe de la revue de presse recrute ! Si vous voulez participer, contactez les secrétaires de rédaction d’IdM.
Notes
[1] mais les films eux-mêmes peuvent-ils se résumer à une simple note ?
Partager cet article
Pour citer cet article :
L’équipe Actualités — «Revue de presse octobre 2022» — Images des Mathématiques, CNRS, 2022
Laisser un commentaire
Actualités des maths
-
22 mai 2023Exposition « sphère, seinpathie... et plus par affinité » de Pierre Gallais (10/06)
-
5 mai 2023Conférence « Sciences et société » : La stratégie du moindre effort pour apprendre aux machines (11/05)
-
14 avril 202324e édition du Salon Culture & Jeux Mathématique (25-28/05)
-
14 avril 2023Journées nationales de l’APMEP, appel à ateliers (29/4)
-
5 mars 2023Maths en scène : Printemps des mathématiques (3-31 mars)
-
20 janvier 2023Le vote électronique - les défis du secret et de la transparence (Nancy, 26/1)
Commentaire sur l'article
Revue de presse octobre 2022
le 2 novembre 2022 à 11:47, par Christophe Boilley
Revue de presse octobre 2022
le 2 novembre 2022 à 14:47, par Nicolopoulos, Anouk