Science et grand public

El 19 noviembre 2009  - Escrito por  Pascal Chossat Ver los comentarios (9)
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Un jour (il y a bien longtemps, j’étais jeune à l’époque...), j’expliquais à un collègue américain qui venait d’écrire un livre «grand public» que cela me semblait une perte de temps. D’abord, pour faire passer correctement un message scientifique auprès d’une audience non avertie, il faut mobiliser beaucoup de temps et d’énergie qui pourraient être mieux utilisés à démontrer des théorèmes. Ensuite, ce n’est pas notre métier, nous ne sommes pas payés pour ça. Il me répondit très simplement: in fine ce sont les gens, les citoyens, qui paient notre travail et ils ont le droit de savoir pourquoi. Cet argument m’a fait réfléchir. La science n’est pas facilement accessible. Les médias en donnent souvent une image déformée voire caricaturale. Même des magazines sérieux comme La Recherche et Pour la Science ne sont pas exempts d’articles parfois incompréhensibles, d’autres fois triomphalistes ou incantatoires. Je trouve toutefois que des efforts ont été réalisés et que la situation s’est bien améliorée depuis quelques années. Il ne faut pas négliger non plus les effets collectifs suscités par l’évocation d’événements qui nous ramènent à des craintes ancestrales (par exemple le réchauffement climatique qui évoque des images d’inondations géantes, de fin du monde...). Les médias, parfois les politiciens, ont tendance à surfer sur ces inquiétudes légitimes et la science risque alors de servir de prétexte à une manipulation des esprits. C’est finalement pour cela que mon point de vue a changé. Il me semble nécessaire que les scientifiques eux-mêmes s’occupent de présenter au public non seulement leurs résultats mais encore leurs questionnements, leurs incertitudes, le cheminement intellectuel qui les a conduits à étudier tel ou tel aspect d’un problème. Ceci vaut en particulier pour les mathématiciens dont la discipline est souvent très mal comprise (y compris parfois par d’autres scientifiques). Je m’y suis personnellement attaché, sans doute insuffisamment, en publiant il y a bientôt 15 ans un petit livre sur mon domaine [1]. Oui c’est beaucoup de travail, mais c’est un devoir citoyen.

Notas

[1P. Chossat. Les Symétries Brisées, coll. Sciences d’Avenir, éd. Pour-la-Science - Belin, Paris (1996).

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Para citar este artículo:

Pascal Chossat — «Science et grand public» — Images des Mathématiques, CNRS, 2009

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  • Science et grand public

    le 22 de noviembre de 2009 à 22:56, par Damien Calaque

    Bonsoir,

    je ne trouve rien de choquant à écrire (ou simplement sous-entendre) que le savant connait des choses que le «grand public» ne connait pas. Et qu’il peut en conséquence lui expliquer des choses, d’avantage que la réciproque.

    Pour avoir participé à la fête de la Science à la fois comme visiteur et comme scientifique, je trouve bénéfique (et enrichissante) cette disymétrie qui existe entre le savant et le simple citoyen. L’art de la distance et l’amour du lointain (comme disait Nietzsche) ont toute ma sympathie.

    Oui, si on parle de mathématiques alors le citoyen lambda est moins savant que moi. Aucune prétention ici. Un simple constat.

    Je reste sceptique fasse au relativisme et à la maïeutique.

    Bref, vous l’aurez compirs, ce message est un plaidoyer pour le «et» du titre ;-)
    Pour aller vers le grand public, il faut en être distinct.

    Amitiés,

    Damien

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