Saviez-vous que le CNRS, du moins pour ce qui concerne les mathématiques, ne possède que très peu de laboratoires propres ? En fait, la plupart des laboratoires dans lesquels travaillent les chercheurs CNRS sont ce que l’on appelle des Unités Mixtes de Recherche (UMR). Ces UMR sont localisées dans les universités mêmes et gérées en bonne entente par le CNRS et l’université d’accueil.
Par exemple, je suis moi-même chargé de recherche au CNRS affecté à l’Institut de Recherche en MAthématiques de Rennes (IRMAR). Cela signifie que mon employeur est le CNRS, mais que je travaille dans les locaux de l’IRMAR ; notamment, mes collègues de travail sont à la fois d’autres personnels du CNRS (chargés de recherche ou directeurs de recherche pour ce qui concerne les chercheurs), mais aussi des personnels de l’université (maîtres de conférence ou professeur des universités).
C’est sans doute quelque chose de moins connu, mais le CNRS possède aussi des laboratoires à l’étranger implantés dans des universités selon le même principe. On ne parle plus alors d’UMR mais d’UMI (Unités Mixtes Internationales). En mathématiques, il y en a six répartis dans le monde entier : en Russie, au Brésil, au Chili, en Autriche, aux Pays-Bas et au Canada (cf. le site du CNRS).
Ces UMI offrent chaque année à une poignée de chercheurs l’opportunité de s’expatrier facilement (notamment sans trop avoir à se soucier de l’endroit où l’on va, ni de savoir si l’on sera encore accueilli avec le sourire au retour). C’est donc dans ce cadre qu’à partir du mois d’octobre, je serai affecté au laboratoire Poncelet à l’université indépendante de Moscou.
À vrai dire, je n’ai pour l’instant pas beaucoup d’affinité avec la Russie (même sur un point de vue mathématique, j’entends)… mais je suis quand même tout à fait conquis par l’expérience. Ce sera certes l’occasion de visiter et de s’immerger dans un nouveau pays avec la culture qui va avec, mais cela sera aussi, je l’espère, une expérience intéressante pour la compréhension des mathématiques. Bien que ma bien-aimée théorie de Hodge p-adique ne soit pas ce qu’il y a de mieux représenté à Moscou, j’espère glaner là-bas bien des choses : des idées certainement, mais aussi une approche différente et un éclairage nouveau des problèmes mathématiques, également une organisation moins familière du travail et des relations humaines, etc.
Dans tous les cas, il est probable que je vous en dise plus d’ici peu par l’intermédiaire d’autres billets à venir sur ce site.
23h10
Cher Xavier,
Bon séjour à Moscou. Je profite de l’occasion pour donner l’anecdote qui explique avec un brin d’humour la raison du nom du laboratoire : Jean Victor Poncelet était lieutenant du génie de la Grande Armée, et a été fait prisonnier par les russes en Russie, où il est resté deux ans (et pas une seule année).
Mais ce séjour ne lui a pas été si désagréable, il était bien traité comme savant français par la coterie provinciale de Saratov. Et a été bien productif scientifiquement.
Que ce soit aussi ton sort !