Animath est une association dont le but est de favoriser les activités périscolaires en mathématiques. Depuis 2011 elle s’est engagée dans la construction de partenariats dans plusieurs pays africains. L’objectif est de faire émerger des groupes de lycéens susceptibles d’entreprendre ensuite des études supérieures scientifiques et de dynamiser l’enseignement des mathématiques dans ces pays. Il est aussi de contribuer à créer un réseau francophone des anciens participants, et de favoriser leur intérêt pour d’éventuelles futures études en France.
Au Cameroun
À Douala fut créé en septembre 2011, par Patrick Njionou, un jeune mathématicien camerounais, un club lycéen de mathématiques soutenu à distance par Animath et suivi par deux doctorants de l’Université Paris VII-Diderot. Ceci a conduit à définir une « charte » de fonctionnement et de créer des clubs au Gabon, au Congo-RDC, au Bénin. Des contacts en cours laissent espérer la création de clubs dans d’autres pays africains.
Tous les élèves issus de ce club furent reçus non seulement au baccalauréat mais aussi au concours d’entrée à l’université où le taux de réussite est d’environ 10 %. Pour le club de Douala, comme pour d’autres, un moment fort est l’organisation chaque année d’un stage intensif d’une semaine, encadré par des animateurs français (étudiants, doctorants, enseignants, chercheurs). La sixième session du stage de Douala se déroulera fin août 2018 encadrée par deux enseignants lyonnais.
Éléments principaux de la « charte du club Animath »
Objectifs : Développer le goût des mathématiques, et la recherche de problèmes nouveaux. Préparer les élèves aux concours mathématiques nationaux et internationaux. Encourager l’engagement des lycéens dans les filières scientifiques.
Fonctionnement : Le club lycéen se réunit régulièrement pour résoudre des problèmes mathématiques. Il doit y avoir à peu près autant de filles que de garçons. Le club est encadré par des professeurs locaux et à distance par des doctorants français. L’esprit est celui d’un séminaire de recherche plutôt que d’une classe de cours. Le travail en petits groupes y est encouragé. Session intensive : Chaque année le club organise à destination d’un public plus large une session intensive d’une semaine encadrée en collaboration avec Animath.
Mise en réseau : Animath met à disposition des clubs son expérience et ses propres outils, et espère pouvoir bientôt les mettre en réseau sur une plateforme informatique. Les MOOC « Mathmosphère » mis au point par Animath sont aussi disponibles : “teaser” Mathmosphère et les MOOC sur FUN.
Au Congo-RDC
À l’initiative de l’ONG « Synergie pour le développement intégral du Congo », un club créé à Kinshasa fin 2015 a réalisé sa première session en juillet 2016.
Au Bénin
L’introduction des mathématiques périscolaires au Bénin s’est faite en collaboration avec le directeur de l’African School of Economics, qui souhaite motiver les lycéens béninois à entreprendre des études scientifiques et améliorer le niveau scientifique de ses propres futurs étudiants. Animath a pour cela commencé son action en organisant une école d’été pour une soixantaine de lycéens.
- Session de septembre 2017 au Bénin en collaboration avec l’African School of Economics et l’Institut de mathématiques et sciences physiques du Bénin.
Une vidéo est disponible sur cette session à Cotonou.
Au Congo-RDC à nouveau
La deuxième session d’une semaine avec 30 heures d’activités, intitulée « Festival des maths », a été organisée à Kinshasa en avril 2018.
À l’issue de la session les élèves ont été invités à donner par écrit leurs appréciations sur son déroulement et sur ce qu’elle leur avait apporté.
Puis des séances de restitution furent organisées dans les lycées. Les élèves ayant participé au « Festival des maths » y ont exposé devant leurs camarades lycéens et leurs professeurs ce qu’ils y avaient appris.
À l’issue de la session, beaucoup d’élèves trouvent que cette semaine des maths est un événement réussi, un excellent moment d’apprentissage, mais aussi de découverte d’une face inconnue et enrichissante des maths. À cela s’ajoute la bonne répartition du temps de travail et, de façon globale, une bonne coordination.
Quelques témoignages d’élèves
« Ces séances de mathématiques nous ouvrent l’esprit, permettent d’élargir nos connaissances et nous poussent à réfléchir pour pouvoir trouver des réponses logiques. Nous avons eu à apprendre des choses que nous n’avions jamais vues et pour certains exercices, nous avons eu à recourir aux méthodes que nous étudions à l’école ».
« Ma formation au club de maths a été très amusante et instructive. J’ai beaucoup appris pendant toute cette semaine (…) j’ai appris à travailler avec les autres, des inconnus ».
« L’initiative en soi est bonne, et nous tenons premièrement à remercier les organisateurs pour leur temps et leur souci d’intégrer ou d’aider les jeunes esprits à aimer les maths ».
Intervention intégrale de Lola, élève de première, lors du bilan de la session de 2016
« De nos jours, que ce soit pour nos parents ou pour nos professeurs, un bon élève se résume à celui qui étudie bien ses leçons, réussit ses contrôles ou encore celui qui a de bonnes notes. Pourtant on ne parle jamais d’un bon élève pour les compétences que la formation suivie lui a permis d’acquérir. Comment expliquer que nous travaillons d’arrache-pied pour maîtriser une formule et réussir à un contrôle, et que 8 semaines plus tard tout ce que nous avons fait nous semble si lointain, et qu’un effort de réapprentissage ou mieux d’actualisation s’avère plus que nécessaire si nous voulons retrouver l’astuce nous ayant aidé à mieux appliquer une formule. Nous étudions donc plus pour réussir nos partiels. Notre système d’enseignement ne nous apprend pas comment allier la théorie reçue au quotidien de tous les jours et encore moins comment développer l’esprit créatif enfoui en chacun de nous.
Il nous est presque impossible d’expliquer, dans un langage simple avec des exemples et des illustrations de la vie de tous les jours, un théorème ou une formule apprise lors d’une leçon. Pourtant A. Einstein, l’a bien dit : « Si vous ne pouvez pas l’expliquer simplement c’est que vous ne le comprenez pas assez bien », et « L’éducation est tout ce qui nous reste après qu’on ait oublié ce qu’on a appris à l’école ». Comment rationaliser les moments passés sur le banc de l’école afin de tirer l’essentiel de notre formation et être en mesure de faire le pont et le lien indispensable entre ce qu’on nous apprend et les situations que nous rencontrons dans notre quotidien. Qu’est-ce qu’un raisonnement, une démonstration, un théorème ? À quoi servent les formules ? Quelle est la différence entre une égalité, une identité et une équation ? Entre l’algèbre et l’arithmétique ? Les mathématiques, à quoi peuvent-elles nous « servir » ? Ont-elles une histoire ? Y va-t-il encore des résultats à découvrir ?
Cette semaine dans cet atelier m’a permis d’avoir une vision différente des mathématiques. De quoi parlent les mathématiques ? Quelle est l’astuce pour les comprendre ? Au cours de cet atelier, j’ai compris que le cours des mathématiques est aussi un cours de langue : les mathématiques sont un langage où chaque phrase exprime une idée, annonce un résultat et formule une demande. J’ai compris qu’en mathématique avant de mémoriser à la lettre une formule et la reproduire lors d’un exercice ou dans un contrôle, il faut déceler la chose la plus importante, à savoir la logique qu’elle comporte. Celle-ci se trouve dans chaque donnée, théorème, formule que nous appliquons. Ce n’est qu’une fois cette logique imprégnée que les voiles tombent.
La logique nous aide à vérifier nos résultats, à débloquer un problème, à bien comprendre les énoncés d’exercices. Ce n’est que par l’appropriation de cette logique, par la compréhension des mathématiques comme un langage que nous serons à même de donner corps aux théorèmes, axiomes et principes. Pourtant aujourd’hui, bien que nous ne puissions nous vanter de nous être imprégnés de cette logique dans son entièreté, nous savons qu’avec beaucoup d’effort et de la bonne volonté, nous serons capables, dans un futur proche, d’appliquer ce langage dans les divers aspects de notre vie.
Cependant, la véritable question demeure, et celle-ci prive notre esprit de repos : Pourquoi la logique ne fait-elle pas partie de nos programmes ? Pourquoi notre système privilégie le bourrage de cerveau au lieu de développer les compétences, la logique et, nous irons plus loin, l’imagination créatrice ?
C’est l’art suprême du professeur (éducateur) de réveiller la joie dans le savoir et l’expression créative. Nous avons le droit de ne pas les aimer, mais c’est beaucoup plus intéressant et captivant quand nous les comprendrons, ces maths. »
Vers un club à Brazzaville ?
Un professeur à l’université Marien Ngouabi de la République du Congo, très engagé dans la vulgarisation des maths à Brazzaville, a participé au Festival des Maths à Kinshasa dans l’idée de pouvoir intégrer en septembre 2018 le Congo-Brazza dans le programme des clubs Animath.
- La direction de l’Inspection provinciale, deux inspecteurs de mathématiques, le proviseur du lycée français, une représentante de l’ambassade de France, des professeurs et directeurs d’une dizaine d’établissements scolaires ont participé aux activités de ce « Festival des mathématiques » à Kinshasa, encadré par Jean-Pierre Boudine et Thomas Sentis, envoyés par Animath
Animath souhaite développer ce volet de son activité. Pour monter un club, il faut un porteur local et deux animateurs (par exemple doctorants) français bénévoles ; financièrement, le coût est pour Animath assez faible : il s’agit essentiellement des frais de missions des animateurs du stage.
Post-scriptum
Vous voulez en savoir plus ? Vous voulez participer à ces actions ? Contactez Christian Duhamel. Voyez aussi le site d’Animath.
Article édité par Germoni, Jérôme