En fait, non, dans mon titre, je voulais dire changer l’image des matheux, mais je n’ai jamais su résister à la proximité d’une contrepèterie. Passons …
Il y a quelques années, je me baladais au Ladakh. On croise un couple de Français, on discute le bout de gras. Vient alors l’inévitable question :
- Tu fais quoi dans la vie ?
- Ben, prof de maths ;
- Nan, c’est pas vrai, t’as pas de lunettes ! 4Authentique !
Bon, ok, des clichés nous collent aux fesses. So what ? Les concierges ragoteraient, les professeures de piano seraient toutes vieilles filles et les bouchers sanguinaires … Alors, plutôt que d’entretenir le cliché, de se la jouer matheux ténébreux, incompris et secrètement ravi d’être inutile, je préfère parler des moments merveilleux où j’ai eu l’occasion de parler maths avec des copains 5non-matheux !!!. J’ ai déjà parlé ici de cartographie et de courbure. J’ai eu avec un copain-montagne, Laurent, dans l’Atlas, la même (bonne) surprise. Discutant de son boulot, il m’apprend que dans une épreuve de chaudronnerie 6je crois que c’est au CAP., il faut dire si l’on peut passer d’une pièce, ou plutôt d’une tôle métallique, à une autre. Et revoilà la courbure et son théorème de Gauss ! Le Sida et la prévention, combien de fois en ai-je parlé devant un auditoire scotché ? Je ne sais plus ! Et je pourrais multiplier les exemples : comment en est-on arrivé au format JPEG, pourquoi les populations de lapins et de renards oscillent, c’est quoi le brownien (fractionnaire) ? Même les maths financières !
Bien sûr, dans ces discussions, il faut savoir oublier la rigueur, les hypothèses, l’abstraction, mais au diable toutes ces pesanteurs pourvu qu’on ait l’ivresse du plaisir intellectuel, du partage de la découverte et du sens !