Écrit en 1884, Flatland est une satire mathématico-socio-religieuse où l’auteur suggère à son lecteur l’existence d’un espace ayant plus que trois dimensions.
Professeur et théologien anglais, Edwin Abbott Abbott (1838-1926) est surtout connu comme l’auteur de Flatland qui conte les aventures d’un carré soudainement au prise avec une sphère. Le carré qui, comme tous ses condisciples, vit dans Flatland, un monde de dimension 2, prend alors conscience de l’existence d’un espace ayant trois dimensions : Spaceland.
Contrairement à l’un de mes billets précédents, cette fois j’ai (re-)lu le livre ;-). Dans la toute dernière édition parue chez Zones sensibles. Cette nouvelle édition est vraiment chouette… avec une couverture en trois dimensions (!) et une mise en page pleine d’humour, presque toujours différente d’une page à l’autre, le tout accompagné de quelques petites touches de couleur de-ci de-là.
D’après certains, Flatland serait l’un des tout premiers livres de science-fiction et, à défaut, un inspirateur. Ce texte est d’autant plus remarquable que selon votre humeur, vous serez captivé par les descriptions mathématiques, vous y lirez une critique des relations sociales de l’époque victorienne, ou vous y virez une satire de la religion. Ce qui est sûr, c’est que Flatland a inspiré beaucoup de personnes, y compris les auteurs de l’excellent 3Bon… on a le droit de se faire plaisir, non ? ;-). film Dimensions 4 Dans le chapitre 2, l’idée d’expliquer à des lézards plats les solides de Platon est directement tirée de Flatland. .
Mais Flatland a au moins inspiré deux autres films :
- l’un de Jeffrey Travis et Dano Johnson avec les voix de Kristen Bell, Joe Estevez, Tony Hale, Martin Sheen, Michael York, dont voici la bande-annonce :
- et un autre réalisé par Ladd Ehlinger Jr en 2007 que l’on trouve facilement sur internet :
Faites-vous aussi plat qu’une crêpe et glissez-vous dans ce livre, vous en ressortirez avec une fabuleuse conceptualisation de nos mœurs, de nos faiblesses et de nos chauvinismes, réalisée toutefois par le biais d’une métaphore indolore et par conséquent stimulante. Edwin A. Abbott prétend faire une chose mais en fait une autre en réalité. Sans vous méfier, vous vous approchez furtivement pour regarder par-dessus son épaule. C’est le moment qu’il choisit pour se retourner d’un bond en s’écriant « Je t’ai bien eu ! » avant de vous aplatir à bord de son rouleau compresseur littéraire. Vous réalisez trop tard qu’on vous a distrait tout en vous donnant une bonne leçon. Dans une introduction antérieure à celle-ci que j’ai relue lorsque j’écrivais ces lignes, je suis tombé sur une phrase empreinte de condescendance : « Il ne s’agit pas d’un futile récit de science-fiction. Cet ouvrage a pour but de vous instruire, et il est écrit avec finesse et virtuosité. » Sottises. Comme si tout bon récit de science-fiction n’était pas instructif et ne visait pas constamment la finesse et la virtuosité. Mais surtout, que Dieu nous entende, la science-fiction a pour but de divertir. Flatland nous offre un véritable festival de concepts qui s’avèrent instructifs. Distinguons bien les choses. Dieu nous préserve des samaritains littéraires désireux de nous « améliorer ». Ce genre de choses mène aux Inquisitions et aux pelotons d’exécution. Souhaitons à ces énergumènes de tomber nez à nez avec un Isocèle aux angles aigus pris d’une crise d’éternuements et que celui-ci leur inflige une blessure fatale ! Mais pour le moment, Flatland vous attend. La fête commencera, ami lecteur, dès que vous aurez tourné cette page. Faites-le sans attendre et glissez-vous à l’intérieur.
Bref, à toutes celles et ceux à la recherche d’idées cadeaux en ce mois de décembre, cette nouvelle édition de Flatland me paraît tomber à pic surtout si, comme la préface de l’écrivain américain Ray Bradbury (1920-2012) se termine, vous n’avez pas peur de vous glisser à l’intérieur…