… a fait une conférence pour un petit public, à l’Institut Henri Poincaré, le 28 mars 2013, dans le cadre des Entretiens d’Animath
Dans sa main, de petits objets en matière plastique : un cube, un tétraèdre régulier, une éponge de Menger.
Hart nous emmène pour une visite guidée de son site internet. Une vraie caverne d’Ali Baba, truffée d’objets qui ont chacun une histoire. A l’origine de chaque œuvre, il y a un problème concret, qui a souvent une composante mathématique : comment assembler tel type de pièces, construire un objet qui évoque telle idée, illustrer tel concept ou objet mathématique ? Voici quelques échantillons. Allez les chercher sur le site.
Spaghetti code : c’est un assemblage de 180 pièces de métal découpées au laser. La découpe ne peut se faire qu’à 90°. Comment construire un objet à partir de pièces planes rigides qui ne se coupent qu’à 90° ? La solution au problème vaut le détour.
Spaghetti code
Millenium bookball : l’idée était d’assembler sans joints des pièces en forme de livres. Un peu comme la construction d’une grange dans l’Amérique profonde, le bois est là, on s’y met tous. Toutefois, comme chaque livre est traversé par une tige métallique, on ne peut pas ajouter les livres l’un après l’autre, impossible de placer le dernier livre. La solution, c’est le choix d’un zonoèdre comme squelette. Un zonoèdre, c’est un polyèdre dont toutes les faces sont des parallélogrammes. Il se divise bien en deux moitiés, qu’il suffit de monter séparément et d’assembler une fois montées
Bookball
Comet ! : une série de 9 objets de plus en plus complexes. Le premier est constitué d’un icosaèdre et d’un dodécaèdre imbriqués. La série imite un exposé de mathématiques : on part de choses simples et familières pour l’audience, on élabore des concepts de plus en plus compliqués.
Comet
Pavages hyperboliques (Henri Poincaré oblige) : comment faire de ces belles images planes des objets tridimensionnels qui évoquent la vie ? En leur donnant l’aspect de squelettes d’animaux marins, les dollars des sables (clypeaster subdepressus).
Eights : 60 pièces en papier en forme de 8. Hart raconte qu’il lui a fallu 4 heures pour trouver comment il allait pouvoir les assembler, et 4 autres heures pour le montage.
Eights Hart aime les puzzles. D’ailleurs, ces petits objets qu’il fait circuler parmi l’assistance sont des puzzles : chacun est fait de deux pièces, séparez-les et tâchez de les reconstituer (je n’y suis pas parvenu, un puzzle à 2 pièces !).
Cher au cœur de Hart, le congrès annuel Bridges. Depuis 1998, c’est le plus grand congrès sur les mathématiques et l’art, on y rencontre toutes les formes d’art.
Bridges
Encore plus cher à son cœur, le MoMath, le Musée National de Mathématiques, à New York, auquel il a consacré 4 ans de sa vie.
MoMath Agréablement situé à Manhattan, il est rempli d’espaces interactifs, on peut toucher. Il y a une conférence de mathématiques le premier mercredi de chaque mois. Hart est fier de la piste circulaire pour vélos à roues carrées. Chaque vélo a trois roues de tailles différentes.
Hart est aussi un merveilleux créateur d’évènements imprévus pour tous publics, ainsi que de formations pour enseignants, notamment dans le cadre de Mathematics for America
Sa page YouTube relate ses tentatives, plus quelques saynètes qui méritent un détour. Je recommande Mathematically Correct Breakfast. On en trouve d’autres sur le site de la Simons Foundation.
Mathématicien, Hart était professeur à SUNY Stony Brook avant de devenir artiste à temps plein. C’est un artiste dans l’âme. Il conçoit et fabrique. On sent le plaisir qu’il prend à réaliser des objets originaux en bois, en plexiglas, en acier, en matière plastique. Il est resté très proche des mathématiciens par sa façon de se poser des problèmes et de chercher des solutions. Il a un goût prononcé des évènements où le public réfléchit et agit, fabrique une œuvre, chacun apportant sa contribution. C’est une personnalité chaleureuse, un extraordinaire ambassadeur des mathématiques.