i-MATH-ginez

Écrit par Pierre Gallais
Publié le 2 janvier 2011

«Si vous pensiez que ce qui est math n’est guère reluisant, nous vous proposons d’égayer vos maths, hier, grises !»

Tels étaient le titre et sous titre que je donnais à une exposition personnelle en 2010. De fait, si on y regarde bien, tout est math. Ce n’est pas qu’une question de vernis, ni une boutade.

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Comparons quelques instants les mathématiques à un marteau. Il y a différents marteaux, étudiés et appropriés à des situations particulières. Ce sont des outils ! Rien ne nous interdit d’utiliser les marteaux pour nous taper sur les doigts. Cela se fait d’ailleurs plus souvent que nous ne le souhaiterions … à notre corps défendant. Ce n’est certes pas leur fonction première, mais si nous trouvons du plaisir à nous taper sur les doigts… voilà un bon outil.

Il faudrait être bien masochiste pour mettre sur un piédestal cette revendication. Je n’irai pas jusque là, mais je voulais seulement taper bien fort pour m’entendre crier qu’il n’est pas interdit d’utiliser les mathématiques à des fins auxquelles aucun professeur ne nous aura préparées.

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Selon nos capacités, selon le chemin que nous aurons parcouru dans le paysage mathématique il y a matière (et matHière) à nourrir ou fermenter notre imagination (et i-math-gination). Personne ne saurait nous guider dans ces voies là, mais il y a des terres inconnues encore à découvrir et l’Aventure est stimulante. Comme toute aventure elle peut s’avérer périlleuse ou décourageante. Ce n’est pas chaque matin que l’on découvre une île inconnue. De plus, si cela arrive, il se peut que nous nous y retrouvions comme Robinson Crusoé… un peu, beaucoup isolé. Peut-être qu’en fin de semaine, un certain Vendredi croisera notre chemin… mais rien n’est certain ni acquis.

Il n’est pas commun de revendiquer que les mathématiques puissent soutenir l’aventure artistique. Mais le Petit Poucet n’était-il pas un peu mathématicien en semant ses petits cailloux : afin de retrouver le chemin alors qu’il se sentirait perdu ? C’est de la mathématique au degré presque zéro. Cependant voilà déjà une règle (ou logique) minimum à laquelle il faut songer lorsqu’on part à l’aventure. Évidemment il est pesant de se promener avec des cailloux dans les poches. Qu’à cela ne tienne, il existe d’autres instruments plus légers et universels qui, avec un peu de réflexion et certaines connaissances, permettent de se repérer. Déjà : une boussole, c’est mieux.

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Vous ne trouverez pas dans le commerce la boussole mathématique qui vous permettra de vous orienter dans l’aventure artistique. Construisez-la. Selon vos connaissances et vos moyens elle sera plus ou moins sophistiquée. Mais, comme ce sera vous qui l’aurez construite, vous saurez au moins l’utiliser… et la réparer au cas où elle ne fonctionnerait plus très bien.

Dans les quelques billets précédents j’ai présenté Roman Opalka, Markus Raetz, Piet Mondrian, Sylvie Pic, et moi-même. A des degrés divers ces personnes ont utilisé de manière consciente ou inconsciente des éléments qui réfèrent aux mathématiques. Leur production est singulière. Il ne saurait être question de généraliser leur résultat. Pour Mondrian (et ses proches), peut-être… notre société se l’étant bien approprié. J’en présenterai d’autres, pas seulement plasticiens, et si vous en connaissez n’hésitez pas à les faire partager.

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L’univers des mathématiques est bien souvent contraignant car il n’accepte pas l’incohérence… ce qui n’est pas toujours aisé d’accommoder avec l’art. Mais les mathématiques nous appartiennent ou, tout au moins, en possédons nous la jouissance. Alors ne nous en privons pas, même si parfois nous les faisons un peu grincer des dents. Souvenons-nous de la vinaigrette !

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Les images sont extraites d’un travail personnel sur les géodésiques 2la géodésique est la généralisation à une surface courbe de ce qu’est la ligne droite sur le plan : le chemin le plus court entre deux points qui me prit au dépourvu et me fit songer, après détourage des lignes, à la calligraphie. Fallait-il m’interdire cette dérive ou aventure ? Elle aura des conséquences inattendues dans mon travail suivant.

La dernière est une composition utilisant des faisceaux de cercles à points de base et points limites, projetés sur des surfaces seinpathiques… se mathamorphosant en seinsectes !

Le logo est une composition de trois anamorphoses… pour chacune, au bon point de vue, vous ne verriez que des carrés.

ÉCRIT PAR

Pierre Gallais

Plasticien, mathématicien - Institut de Mathologie

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Commentaires

  1. Gouanelle
    janvier 21, 2011
    17h59

    Bonsoir
    Quel bonheur aujourd’hui de vous avoir croisé dans cet archipel d’images et de jeux de mots ! Avec le regret de ne point me nommer Vendredi. Cl G