Il y a onze ans, le 3 février 2008, Ibni Oumar Mahamat Saleh, professeur de mathématiques à l’université de N’Djamena et principal opposant de l’époque au dictateur tchadien Idriss Déby, a été enlevé par des soldats de celui-ci. Il est mort en détention très vite, mais pour Tchad il est toujours officiellement « disparu ». Le prix créé à sa mémoire, décerné à de jeunes mathématicien(ne)s africain(e)s pour leur permettre un séjour de recherche, change de procédure pour recueillir son financement.
Hélas rien de nouveau au sujet de la disparition d’Ibni Oumar Mahamat Saleh au Tchad en 2008. Le dictateur tchadien est géopolitiquement incontournable et donc probablement hors d’atteinte de toute pression. Vous pouvez donner pour contribuer au prix créé à la mémoire d’Ibni, finançant un séjour de recherche pour de jeunes docteurs d’Afrique subsaharienne.
Ibni Oumar Mahamat Saleh, professeur de mathématiques à l’université de N’Djamena, était enlevé le 3 février 2008 par des soldats tchadiens à son domicile de N’Djamena. Il était aussi le leader de l’opposition politique et pacifique au dictateur tchadien Idriss Déby. Il n’a jamais reparu. Si vous lisez ce billet annuel à sa mémoire pour la première fois, ou si vous voulez rafraîchir vos souvenirs, vous pouvez lire cette histoire dans mon billet de 2009, et des suites importantes dans ceux de 2011, 2013 et 2014. La France est concernée parce qu’Ibni a été enlevé au moment même où elle sauvait Idriss Déby d’une prise de pouvoir par des rebelles armés, qu’elle n’a rien ignoré de ce qui s’est passé, et qu’évidemment sans sa pression, rien ne bougera. La mort d’Ibni Oumar Mahamat Saleh en détention ne sera pas reconnue, vérité pas connue, aucun responsable ne sera poursuivi.
Malheureusement, depuis deux ans, je n’ai eu strictement rien à ajouter, sauf malheureusement cette année la mort de sa veuve, qui n’aura pas vu l’État tchadien avancer sur cette affaire. Sur le plan politique comme judiciaire (procédure intentée auprès du TGI de Paris par la famille d’Ibni), rien n’a bougé à ma connaissance.
Le prix de thèse, financé par des dons
Ibni Oumar Mahamat Saleh avait fait une thèse de mathématiques à l’université d’Orléans et a créé des liens universitaires en mathématiques entre France et Tchad. Aussi, les trois sociétés françaises de mathématiques (Société Française de Statistique, SFdS, Société de Mathématiques Appliquées et Industrielles, SMAI, et Société Mathématique de France, SMF) ont créé un prix à sa mémoire, remis tous les ans à de jeunes mathématiciens africains, pour leur permettre un séjour de recherche à l’étranger.
Ce prix a changé de forme l’an dernier et récompense désormais deux personnes à l’issue de leur thèse, tous les deux ans. La dernière livraison a été décernée en juin dernier, vous pouvez consulter le palmarès ici en bref et sur la proclamation officielle avec un peu plus de détails.
Le prix est, comme depuis le début, financé par des dons et la procédure de souscription a changé. Ce qu’il faut retenir :
- le site du prix est hébergé par la Fondation de l’université d’Orléans,
- le comité scientifique décernant le prix est constitué par le CIMPA,
- les souscriptions sont recueillies par l’Association pour la Promotion Scientifique de l’Afrique (APSA), elles donnent lieu (en France du moins) à reçu fiscal. Les modalités du don se trouvent ici, en descendant un peu dans la page.