J’ai assisté au début du mois de décembre 2009 à l’inauguration du Laboratoire International Associé (LIA) franco-uruguayen de mathématiques : l’IFUM 3Je ne connais pas l’origine de ce calembour à la « papa », Institut Franco-Uruguayen de Mathématiques. Je voudrais tout de suite ajouter que la communauté mathématique argentine est aussi concernée par ce projet.
De quoi s’agit-il ? C’est une structure du CNRS assez légère dont le rôle principal, me semble-t-il, est d’inciter, encourager et soutenir les échanges entre chercheuses et chercheurs argentin(e)s, français(es), et uruguayen(ne)s, surtout parmi les plus jeunes ; il existe une liste de membres, mais celle-ci n’est pas exclusive : toutes les personnes intéressées sont a priori les bienvenues. Le LIA est axé autour de trois thèmes principaux : algèbre et géométrie algébrique, probabilités et statistiques, et systèmes dynamiques. Ce sont les thèmes pour lesquels des collaborations importantes sont déjà présentes.
Ce LIA est avant tout à l’initiative de scientifiques : c’est un moyen de concrétiser des coopérations existantes et d’en faciliter leur continuation. Son origine n’a rien de politique. J’ai l’impression, comme je l’ai aussi remarqué dans d’autres réseaux internationaux, que ce sont d’abord des personnes qui se sont rencontrées lorsqu’elles étaient plus jeunes : doctorant(e)s ou postdoctorant(e)s à l’étranger, participant(e)s aux mêmes conférences, etc. En devenant plus mûres, elles ont eu l’opportunité et la volonté de traduire leurs relations plus concrètement afin d’en faire profiter le reste de la communauté.
Alors que la politique nationale nous vend l’excellence à travers la concurrence tous azimuts, il me semble intéressant de constater que les scientifiques visent au contraire l’excellence via la coopération et la collaboration. Il est aussi rassurant de voir que tous les politiques et diplomates ne sont pas aussi convaincus des bienfaits de la concurrence effrénée : étaient présents notamment à l’inauguration de l’IFUM, la Ministre de l’Éducation et de la Culture d’Uruguay ainsi que l’Ambassadeur de France en Uruguay, qui ont salué avec ferveur cette initiative.
Le financement n’est pas très important : ce laboratoire n’a pas de murs, ni d’employé — je crois. Il provient essentiellement du CNRS et de son équivalent uruguayen le PEDECIBA, ainsi que d’établissements universitaires des deux pays. Son objet est surtout de défrayer des missions de courte durée d’un pays à l’autre. Il est important que cela profite aux plus jeunes afin de consolider les liens entre ces pays, et pour faire perdurer ce projet.
Comme on me l’a fait remarquer, les mathématiques se développent à travers des réseaux, dont celui-ci en est une nouvelle illustration. A ma connaissance, l’INSMI 4INstitut des Sciences Mathématique et de leurs Interactions , un des nouveaux instituts du CNRSa créé deux autres LIA en mathématiques, l’un avec le Maghreb et l’autre avec le Mexique : des collaborations fructueuses et des belles mathématiques sont devant nous !