J’ai soutenu il y a quelques semaines mon « habilitation à diriger des recherches (HdR ) ».De quoi s’agit-il ?
C’est vraisemblablement mon dernier diplôme universitaire : BAC +++. Le doctorat en est un prérequis. L’HdR ne change rien sur mon emploi, n’augmente pas mon salaire, mais ouvre certains droits. Parmi eux, je citerai celui d’encadrer des thèses, et le droit à concourir sur un poste de « Professeur des Universités » (après être passé par un autre tri : la qualification).
Formalité ?
On m’a toujours dit : « l’habilitation n’est qu’une formalité », car il suffit de faire une synthèse de travaux déjà effectués, et la soutenance peut s’apparenter à un exercice de style. Quand on pense que son dossier de recherche postdoctoral est assez mûr, on rédige un mémoire qui peut être une synthèse de tous ou d’une sélection significative de ses travaux, ou un travail original. En mathématiques, il s’agit plus souvent du premier cas : le mémoire peut être succinct (entre 15 et 40 pages) ou au contraire assez long (200 pages par exemple). Le texte doit, me semble-t-il, montrer une cohérence dans la gestion de sa carrière (de chercheur), montrer la pertinence des travaux en les situant dans l’univers scientifique, et ouvrir des perspectives.
Si le Conseil Scientifique de l’université trouve le travail suffisamment conséquent, l’impétrant(e) est autorisé(e) à s’inscrire comme étudiant(e) en vue de la préparation de l’HdR et son mémoire est soumis à plusieurs rapporteurs, mathématicien(ne)s expert(e)s des sujets traités ; leurs rapports guident l’université pour choisir d’autoriser la soutenance (ou non). Après ces formalités (sic), la soutenance peut avoir lieu devant un jury d’experts que le Conseil Scientifique a convoqué. Elle consiste en un exposé sur ses travaux suivi de questions posées par le jury. Il résulte de la soutenance un rapport de soutenance qui le plus généralement se conclut par l’obtention du diplôme.
Comme on peut le constater, cette « formalité » est somme toute assez exigeante : d’abord, l’écriture du mémoire requiert une prise de recul sur plusieurs années de recherche. Ensuite, les démarches administratives sont assez lourdes : elles prennent plusieurs mois, même lorsque le mémoire est déjà rédigé ! Enfin, la soutenance ne ressemble en rien à une formalité : c’est la conclusion de tout ce processus qui mène au diplôme. On prie les membres du jury, scientifiques reconnu(e)s et donc souvent sollicité(e)s, de venir parfois de très loin passer une demi-journée dans son université pour nous accorder l’HdR. Il convient de les remercier en commençant par soigner sa présentation.
Un nouvel élan
En ce qui me concerne, la pression a eu un pic lors de la soutenance et a disparu dès la fin. Après délibération du jury, son Président en a rendu ses conclusions en terminant par la délivrance du diplôme, ce qui m’a de fait beaucoup touché !
Plus que cela, l’HdR a eu un effet très bénéfique que je n’avais pas soupçonné : cette reconnaissance officielle par des scientifiques de premier plan m’a galvanisé et a redoublé mon enthousiasme à la recherche, un peu comme si c’était une nouvelle activité pleine d’attentes qui démarrait. Une sensation très plaisante, qui est un peu retombée quelques jours après dû aux inquiétudes suscitées par les réformes en cours.