Latin vs maths modernes

Tribune libre
Écrit par Bertrand Rémy
Publié le 13 novembre 2009

« Dessinez-moi un cercle ! »

« Vous voulez dire : un rond ? »

« Dehors ! »

Si je crois à cette histoire, c’est de cette façon que s’est conclue l’épreuve de mathématiques au baccalauréat d’un des aïeux dans ma belle-famille. Un complément de cette fable (pas fiable à 100%, ce serait trop beau !) est la note, aussi ronde que la figure ; l’ordre de grandeur est véridique, cependant. Ce coup d’éclat, ou cette inconscience, ou cette ignorance (comme on voudra), n’a pas empêché « notre » ancêtre de passer son droit et Sciences Po, et de faire une très belle carrière. Il faut dire que tout cela se passait au début du siècle dernier, que le candidat était bien né, et surtout… qu’il était très fort en latin. Ça aidait, alors.

Quelques décennies plus tard, la situation change : on instaure les maths modernes. Un argument séduisant pour cela est que les aptitudes des enfants pour les mathématiques ne dépendent pas de leur origine sociale (axiome méritocratique). Résultat : diagrammes de Venn, diagrammes sagittaux pour tout le monde, conversions de bases pour les écritures de nombres (du vécu) etc. En tant que mathématicien, je ne sais pas trop quoi penser de cette formation (un peu extrême, quand même !). Un point positif malgré tout : des années plus tard, en corrigeant au tableau un exercice de théorie des ensembles, j’ai compris l’étymologie d’un nom de signe du zodiaque.

Aujourd’hui, que faire ? Passer à l’anglais ou au chinois, à la place du reste ? Ce que les enfants apprennent en ce moment a l’air de partir dans tous les sens, mais ce n’est peut-être pas si mal…

 

ÉCRIT PAR

Bertrand Rémy

Professeur - Université Claude Bernard Lyon 1

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