Le 8 mars, c’est toute l’année

Tribune libre
Publié le 25 octobre 2013

Le 8 mars c’était le 8 octobre.

Quand neuf activistes du collectif féministe la Barbe ont investi l’amphithéâtre de l’Institut Poincaré pour célébrer « Trente ans de mathémachismes » 3voir aussi ce reportage radiophonique.. En effet, ce jour-là se tenait à l’IHP la journée anniversaire de la Société de Mathématiques Appliquées et Industrielles (SMAI), qui, en cette occasion, avait réuni onze intervenants dont dix hommes…

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Le 8 mars, c’est toute l’année. Pourquoi ? Parce qu’il y a un problème numérique du nombre de filles s’engageant dans les carrières mathématiques. Le 8 mars, c’est toute l’année. Parce que

La planète Terre a besoin de mathématiciens et de mathématiciennes.

Le phénomène dit de “désaffection des jeunes pour les études scientifiques” est connu. Il trouve en partie sa source dans la difficulté que rencontrent les jeunes à identifier des choix d’études qui leur apportent des débouchés accessibles et intéressants.

Un effort mérite certainement d’être fait, notamment pour illustrer des débouchés nouveaux. Ainsi, bien loin de l’image parfois austère, voire ennuyeuse, du professeur de mathématiques ou du spécialiste de finance apparaissent, notamment sur le site Mathématiques pour la planète terre, des questions mathématiques peu connues des jeunes. Certaines, comme le développement durable ou la construction d’un avenir meilleur pour tous les êtres humains, se situent pourtant au coeur de leurs préoccupations.

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Une donnée mérite une attention particulière. Le déficit de jeunes qui suivent des études en mathématiques est en effet particulièrement important en ce qui concerne les jeunes filles. Le tableau suivant montre les différences importantes d’orientation des filles et des garçons à l’issue du bac S. On peut ajouter que les filles sont particulièrement minoritaires en classes préparatoires mathématiques (20% en 1ère année MPSI et 22% en deuxième année MP-MP*) alors qu’elles sont majoritaires en première année commune aux écoles de santé (65%). De tels choix différenciés sont guidés par les représentations sexuées qui amènent les filles à se projeter davantage dans les professions liées au secteur de la santé.

Ces orientations sexuées sont renforcées par les stéréotypes qui dominent notre système social, donc aussi notre système éducatif. Ainsi, lorsqu’on interroge des élèves à la fin du Collège, on constate que 4source MENJVA-MESR DEPP, panel de la DEPP – Elèves entrés en sixième en 1995.:

  • quand ils se jugent très bons en mathématiques, 8 garçons sur 10 vont en S,
  • quand elles se jugent très bonnes en mathématiques, 6 filles sur 10 vont en S.

La compréhension de la planète Terre ainsi que la richesse des réponses que proposent les mathématiques passe par l’exploration de métiers nouveaux, par les garçons et par les filles…

Le 8 mars c’est toute l’année,

par exemple, sur images des maths le 8 mars 2013, le 22 mai 2013, le 17 septembre 2013, mais aussi à l’IHP, sous l’égide de la SMAI, de la SMF  et de l’association femmes et mathématiques.

Post-scriptum

Remerciements au collectif la barbe, pour l’aide documentaire, et à Florence Lecomte pour ses encouragements.

ÉCRIT PAR

Christine Huyghe

Directeur de Recherche CNRS - l'Université de Franche-Comté (Besançon)

Laurence Broze

Professeur émérite - Université de Lille

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