Les nouvelles distractions des enseignants-chercheurs

Débat
Publié le 22 décembre 2008

Lors de sa conférence de presse du lundi 20 octobre 2008, Madame Valérie Pécresse, Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, justifie la création de chaires université-organisme notamment par l’argumentaire suivant :

« … Le nouveau maître de conférences bénéficie […] d’une participation à l’enseignement suffisante pour l’aguerrir, sans le distraire de la recherche, … »

Sans parler du fait que l’enseignement n’est pas une distraction, on peut s’étonner que l’on ne propose pas au jeune scientifique tout simplement un poste de chercheur à plein temps s’il est important de ne pas le « distraire » de la recherche.

Par ailleurs, je me demande ce qui, aujourd’hui, « distrait » l’enseignant-chercheur de sa recherche. Ne serait-ce pas, par exemple,

— la diminution du nombre de personnels non-enseignants dans les universités dont les tâches sont automatiquement attribuées aux enseignants-chercheurs ?

— la multiplication des réformes et des lois le concernant qui remettent en cause non seulement son statut mais aussi son métier, sans pour autant être concerté ?

— la mise en place dans la précipitation de nouvelles formations sans urgence réelle ?

— des projets pharaoniques (fusions d’universités, déménagements de campus, …) à mettre en place à court-terme ?

— une évaluation chronique et un financement de la recherche par projets qui requièrent la rédaction perpétuelle de bilans et de projets de recherche ?

Qu’en pensez-vous ?

ÉCRIT PAR

Peter Haïssinsky

Professeur - Université d’Aix-Marseille

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