Une collègue me faisait récemment remarquer que, alors que beaucoup de grands physiciens écrivent des livres destinés au grand public, c’est très rare chez les matheux. J’ai récemment lu l’un des rares contre-exemples, La symphonie des nombres premiers de Marcus du Sautoy. J’ai beaucoup apprécié ce livre, qui mélange mathématiques, histoire des mathématiques, et histoire des mathématiciens. Je ne sais vraiment pas si les mathématiques présentées sont claires pour un public non averti ; je vous encourage à le lire et à me dire ce que vous en pensez, surtout si vous n’êtes pas matheux ou matheuse.
Dans une veine un peu différente, De l’infini par Jean-Pierre Luminet et Marc Lachièze-Rey (plutôt catalogués comme astrophysiciens je crois) m’a fait un peu la même impression. Les auteurs y expliquent, entre autres choses, comment les maths permettent de concevoir un univers fini, mais sans bord. C’est quelque chose que je comprenais déjà (depuis que j’ai appris la géométrie différentielle) mais je ne sais pas l’effet que ça peut produire sur un non matheux.
Pour finir, j’aimerais parler d’un autre livre de Jean-Pierre Luminet, Le rendez-vous de Vénus. À la différence des précédents, il s’agit d’un roman et pas d’un essai mathématique. Il raconte comment au dix-huitième siècle des mathématiciens (qui étaient également astronomes, physiciens, botanistes, etc.) ont parcouru le monde (vers la Sibérie, vers Pondichéry…) pour effectuer une mesure de la distance Terre-Soleil à l’occasion d’un évènement astronomique rare, le transit de Vénus devant le Soleil. La science est devenue pour eux une aventure dans tous les sens du terme, et la lecture en était exaltante. À la fin du livre, je me sentais prêt à démontrer des théorèmes les cheveux au vent (mais on a moins l’occasion de défier les éléments de nos jours, et en réalité je suis plutôt casanier).