« …se recentrer sur les progrès de la science et laisser les générations futures décider des noms qui passeront à la postérité. »
Le 29 mai 2018 à l’Académie des sciences, pour la clôture de réception des académiciens récemment élus, Laure Saint-Raymond a prononcé une tribune libre d’une quinzaine de minutes. Avec ce franc-parler qui la caractérise, elle y explique son ressenti par rapport à la communauté de la recherche scientifique et ses évolutions récentes ; son enthousiasme, ses déceptions et ses interrogations. Elle déplore notamment la course effrénée aux publications et aux financements, ainsi que la course à la soi-disant excellence, calculée par quelques indicateurs chiffrés. Elle déplore l’hyper-spécialisation et ses effets pervers de cloisonnements, la starification du système qui tend à concentrer prix et distinctions sur quelques têtes, l’imposition des quotas dans tous les comités, l’auto-reproduction de notre système éducatif. Elle note l’urgence de ralentir et propose entre autres d’encourager le travail de longue haleine, de mettre en valeur l’originalité et l’esthétique plutôt que la pure technicité. Elle enjoint à valoriser les collaborations plutôt que la compétition, à diversifier la communauté universitaire, à l’ouvrir à la communauté civile en renforçant la présence de la science au sein des activités culturelles plus classiques.
Post-scriptum
Information repérée par Karim Ramdani, directeur de recherche à l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) et chargé de mission « Publications ouvertes » au sein du Réseau national des bibliothèques de mathématiques (RNBM), qui a également mis en ligne la transcription du discours.
Article édité par Jacob, Emmanuel