Lumières dans le ciel

Tribune libre
Écrit par Étienne Ghys
Publié le 26 juin 2012

Les soixante-six satellites Iridium sont a priori sans grand intérêt. Chacun d’entre eux voyage à environ 780 km au-dessus de nos têtes et met environ 100 heures pour boucler une orbite qui passe à peu près par les pôles. Chacun s’occupe de plus de 1000 conversations téléphoniques simultanées.

Je vous les recommande car ils possèdent trois miroirs d’aluminium qui reflètent la lumière du Soleil.

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La nuit, la lumière du Soleil nous est cachée par la Terre, mais certains satellites sont encore en pleine lumière. S’ils sont équipés de miroirs, ils renvoient un faisceau lumineux vers le sol. Ce faisceau est très étroit et n’illumine qu’une petite zone d’une dizaine de kilomètres de diamètre. En un lieu donné de la Terre, à des moments très précis, si on observe le ciel dans une direction très précise, on voit un flash lumineux pendant quelques secondes. C’est un peu comme lorsqu’on est ébloui par le Soleil dans un rétroviseur.

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Les flashes peuvent être très lumineux, beaucoup plus que Vénus par exemple. On peut même en voir certains en plein jour.

Plusieurs sites internet proposent de calculer les passages de ces flashes, comme par exemple celui-ci. On indique sa position exacte (longitude et latitude, faciles à obtenir sur google maps), et l’application vous décrit les prochains passages : heure (à la seconde près), direction de l’observation dans le ciel, et luminosité.

Le phénomène est-il impressionnant ? Certainement pas ! On voit tout à coup une lumière assez puissante qui s’allume et qui disparaît presque aussitôt. Bof… Ce que je trouve impressionnant cependant, c’est la possibilité presque magique de prévoir ces flashes à la seconde près. Si vous voulez impressionner vos amis, proposez-leur de sortir dans le jardin, indiquez une direction dans le ciel et dites-leur « dans x secondes une lumière apparaîtra exactement à cet endroit » ! On comprend alors le pouvoir des prêtres et des astronomes de l’Antiquité qui prévoyaient les éclipses (et se gardaient bien d’expliquer leur méthode au peuple). D’une certaine manière, la possibilité de prévoir ces petits événements avec une telle précision me semble symboliser tout le pouvoir prédictif de l’Astronomie et des mathématiques.

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Pour les clients de Apple, ils peuvent télécharger un « widget » pour leur « dashboard » ou l’application Sputnik sur leur iPhone !

 

ÉCRIT PAR

Étienne Ghys

Directeur de recherche CNRS émérite, Secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences - École Normale Supérieure de Lyon

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