Mathématiques et détente ? — c’est possible !

Tribune libre

ou le premier séminaire de la détente mathématique à Lyon

Publié le 12 novembre 2014

 

Pour une raison obscure, les mathématiques ont gagné une image de marque un peu repoussante dans la société… Si on tape ‘’study mathematics’’ sur Google, on tombe sur des photos de gens avec des lunettes qui se frayent un passage à travers des formules gigantesques… Et l’image standard du mathématicien, c’est un vieux monsieur sociopathe, avec de la barbe et une calvitie qui habite avec sa mère et ne sait pas utiliser une machine à laver. Pour dire la vérité, il y a des mathématiciens comme ça — mais il y a des gens comme ça en dehors du monde des mathématiciens aussi ! Les préjugés qu’on a des matheux ne sont que des préjugés… Et il est vrai que nous-mêmes, on les croit parfois…

Et en vérité, on est tous différents, il y a ceux qui font du sport, ceux qui n’en font pas du tout, ceux qui jouent du violon et ceux qui n’en ont jamais tenu un en mains, ceux qui résolvent le Rubik’s Cube en trente secondes et ceux qui ne l’ont jamais tenu en mains (cela est vraiment rare d’ailleurs !), ceux qui savent parler cinq langues, qui dansent le tango et qui savent préparer un mille-feuilles ! Mais on a tous une chose qui nous réunit — l’amour de notre travail, l’amour envers les mathématiques.

On aime les maths de façons différentes : pour certains c’est une façon de communiquer, pour d’autres de partager ce qu’on a compris ou de montrer sa force. Mais on s’amuse toujours beaucoup !

Ça fait à peu près huit mois (oui ! on sait être imprécis aussi !) que le Séminaire de la Détente Mathématique a été lancé au sein de l’ENS de Lyon. L’idée du séminaire était de partager les mathématiques qui nous plaisent de façon amicale, en ne faisant pas peur à ceux qui sont au début de leur parcours mathématique. Le séminaire accueille des mathématiciens de tous les âges, des L3 aux chercheurs.

On essaie de faire de notre mieux pour que les exposés soient à la fois compréhensibles pour les étudiants et intéressants pour les chercheurs. On a le sentiment que c’est réussi : les gens continuent à venir… (peut-être est-ce lié au fait qu’on prépare un gâteau pour le début du séminaire et qu’on partage l’apéro après ?… – les organisateurs préfèrent penser que tout cela est dû aux mathématiques qu’on partage !)

Avant l’exposé on organise une petite discussion avec l’orateur sur son parcours mathématique, sur ses idées liées à la vulgarisation et le partage de son travail. C’est une bonne occasion de connaître un peu mieux ceux qui partagent notre quotidien !

Pour vous donner une petite idée sur la manière dont le séminaire se passe, voici quelques sujets d’exposés qui sont déjà passés. L’année dernière Valentin Seigneur nous a expliqué comment partager équitablement un gâteau, Mathias Moreno a pavé l’espace pour nous, Christian Mercat nous a appris comment dessiner de beaux entrelacs, Alejandro Rivera nous a parlé des mathématiques qui se cachent dans le jeu du solitaire, Étienne Ghys nous a révélé les secrets du ballon officiel de la Coupe du Monde de football et Marie Lhuissier nous a introduits au monde des origamistes. Vincent Borelli nous a expliqué ce qui se passerait si un disque et un ruban de Moebius se mariaient et Olga Romaskevich (c’est amusant de parler de soi-même à la troisième personne mais comme ça je me cache !) nous a expliqué comment gagner à cache-cache. Cette année le séminaire a repris ses rencontres avec l’exposé de Grégory Miermont sur les paradoxes probabilistes. Grégory nous a expliqué où il faut s’arrêter dans la recherche d’un amoureux. Grégory ne prend pas la responsabilité des résultats que vous obtiendrez en mettant en pratique ce qu’il a expliqué… Coline Wiatrowski nous a raconté comment les mathématiques ont été liées à la musique au cours des années. Et elle nous a même joué un peu de cithare ! Nicolas Trotignon a partagé ses idées sur comment décomposer les graphes en morceaux plus simples (en quelque sorte comme les nombres entiers se décomposent en produit de nombres premiers). Mickaël Kourganoff nous a montré comment faire un Rubik’s Cube avec les pieds ou les yeux fermés. Finalement, on a eu l’exposé de Jean-Claude Sikorav sur la théorie de Ramsey, et le principe des tiroirs a fermé cette séquence d’exposés avant les vacances. On a repris en allumant les réverbères avec Sébastien Martineau le 5 novembre !!

Pour les informations pratiques, le séminaire a lieu chaque mercredi à la MMI. À 17h30 on se retrouve pour la discussion avec l’orateur et un café, à 18h l’exposé lui-même commence, et à 19h on finit l’exposé avec un petit apéro. Pour en savoir plus sur le séminaire, renseignez-vous sur notre page sur le site de la MMI et écrivez aux organisateurs (seminaire.detente (arobase) gmail.com) si vous voulez faire un exposé ou préparer un gâteau. Ou juste si vous avez quelque chose à dire concernant notre séminaire ! (on est prêt à entendre vos propositions, remarques, plaintes ou mots d’admiration !)

Soyez heureux mathématiquement !

ÉCRIT PAR

Olga Paris-Romaskevich

Chargée de recherche CNRS - Institut de Mathématiques de Marseille

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