Terrorisme et Islam : que disent les chiffres ?

Tribune libre
Écrit par Avner Bar-Hen
Publié le 26 janvier 2015

Entre la perception et les chiffres concernant les attentats, il y a de grandes différences ; le but de ce billet est de préciser les liens entre terrorisme et islamisme.

Depuis les attentats du World Trade Center à New York en 2001, les pays occidentaux se sont attachés à prévenir les attaques islamistes comme après les attentats contre Charlie-Hebdo et HyperCacher. Cependant, entre la perception et les chiffres concernant les attentats, il y a de grandes différences et le but de ce billet est de préciser les liens entre terrorisme et islamisme.

Le dictionnaire Larousse définit (ici) le terrorisme comme un ensemble d’actes de violence (attentats, prises d’otages, etc.) commis par une organisation pour créer un climat d’insécurité, pour exercer un chantage sur un gouvernement, pour satisfaire une haine à l’égard d’une communauté, d’un pays, d’un système. Notons cependant qu’il existe plus de cent définitions du mot terrorisme (ici).

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Europol, l’office de police criminelle intergouvernemental, précise dans son dernier rapport (ici, en anglais) que la grande majorité des attaques terroristes en Europe ont été perpétrées par des groupes séparatistes. Par exemple, en 2013, il y a eu 152 attaques terroristes en Europe. Seules deux d’entre elles avaient des «motivations religieuses», 84 d’entre elles étaient motivées par des idéaux nationalistes ou séparatistes. En décembre 2013, les terroristes du FLNC ont mené des attaques à la roquette contre des postes de police dans deux villes françaises, simultanément. En Grèce fin 2013, des militants de l’aile gauche des Forces Révolutionnaires Populaires ont abattu deux membres du parti politique d’extrême droite Aube Dorée. En Italie, le groupe anarchiste FAI a orchestré de nombreuses attaques terroristes, dont l’envoi d’une bombe à un journaliste. Afin d’éviter toute polémique inutile, nous ne recenserons pas les différents types de terrorisme religieux dans le monde.

Europol note que les extrémistes de droite peuvent présenter des comportements violents et intimidants, mais ne sont en général pas qualifiés de terroristes (à l’exception, en 2013, d’une série de quatre attaques au Royaume-Uni réalisée par un même individu).

L’office européen note aussi que les terroristes et les extrémistes violents de toutes affiliations sont de très grands utilisateurs d’Internet, et en particulier des médias sociaux. Pour eux, ce sont des outils centraux pour la planification, le ciblage, le recrutement, la communication, l’instruction, la formation et la propagande. Les médias sociaux sont soupçonnés, selon Europol, d’avoir contribué à l’accélération des (auto) radicalisations parmi les ressortissants de l’UE.

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Aux États-Unis, le pourcentage d’attaques terroristes commises par des musulmans est presque aussi faible qu’en Europe. Une étude du FBI (ici, en anglais) sur les actes terroristes commis sur le sol américain entre 1980 et 2005 a révélé que 94 pour cent des attaques terroristes ont été commises par des non-musulmans. Plus précisément 42 % des attaques terroristes ont été menées par des groupes liés aux communautés latinos et 24% des attaques terroristes ont été perpétrés par des acteurs de l’extrême gauche. Enfin rappelons qu’il y a presque autant d’Américains morts dans les attentats terroristes que d’Américains écrasés par leurs téléviseurs ou des meubles (ici, en anglais) .

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Le but de ce billet n’est pas de minimiser la vraie menace du terrorisme, et encore moins relativiser ou minimiser le choc des derniers attentats. Cependant, il faut se méfier de la peur irrationnelle du terrorisme et encore plus de l’utilisation de ces peurs pour justifier des restrictions de liberté.

ÉCRIT PAR

Avner Bar-Hen

Professeur titulaire de la chaire "statistiques et données massives". - Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM)

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    janvier 27, 2015
    8h33