Un texte, un mathématicien

Tribune libre
Publié le 18 septembre 2012

Le texte traite de la courbe décrite par un pénis en voie d’érection, aussi conviendrait-il que les enfants et les âmes prudes cessent illico la lecture de ce billet.

Le mathématicien, c’est Clairaut.

Le texte est anonyme, ce qui explique les crochets.

Notre mathématicien était une relation du comte de Caylus, l’un des principaux ordonnateurs de la « Société du bout-du-banc », une compagnie plus ou moins formelle qui se délassait par la composition de pièces plus ou moins littéraires.

Le texte est intitulé « Problème physico-mathématique » et a été publié avec d’autres productions de cette coterie dans le Recueil de ces Messieurs (Amsterdam, 1745).

L’anonymat du mathématicien a été levé par un contemporain, Mme de Graffigny, dont un morceau se trouve également dans le volume :

Le problème [du Recueil] que [Duclos] trouve admirable et moi fort sot est de Clairaut 2Mme de Graffigny dans sa lettre à Devaux du 14 mars 1745, Graffigny (Françoise d’Apponcourt de), Correspondance de Madame de Graffigny, J. A. Dainard et al. Eds, Oxford, 1985-, vol. 6, p. 248. Merci encore à Alan Dainard de m’avoir fait connaître cette lettre alors qu’elle n’était pas encore publiée. Le nom de Clairaut est encore révélé par Bonardy dans sa lettre à Bouhier du 12 avril 1745 : Bouhier (Jean), Correspondance littéraire du président Bouhier, éd. H. Duranton, 14 vol., Saint-Étienne, 1974-1988, vol. 5, p. 120. Pour une contextualisation plus détaillée de cette pièce, voyez Courcelle (Olivier), « C. 30 bis », Quadrature, 36 (avril-juin 1999) 31-37 et Curtis (Judith), « Le Bout-du-banc, foyer d’activité d’Alexis Clairaut ? », Quadrature, 38 (Avril-Juin 2000) 27-29..

Mais trêve de préliminaires…

On pourra aussi télécharger ces quatre pages en version PDF grâce au lien suivant :

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ÉCRIT PAR

Olivier Courcelle

Mathématicien -

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Commentaires

  1. Christine Huyghe
    septembre 14, 2012
    14h53

    Clairaut s’est bien amusé (et donc aussi les lecteurs et lectrices de ce billet 267 ans après)… Amsterdam 1745 : Fallait-il pour échapper à la censure publier aux Pays-Bas ?

    • Olivier Courcelle
      septembre 14, 2012
      16h59

      En tout cas, il fallait faire comme si ! Clairaut lui-même était censeur (pour les mathématiques), ce qui est révélateur des mœurs de l’époque en matière de Librairie…

  2. Christine Huyghe
    septembre 14, 2012
    15h00

    ps : Diderot publie un roman libertin en 1748, « les bijoux indiscrets ». Diderot connaissait-il l’ouvrage que vous citez ?

  3. Olivier Courcelle
    septembre 14, 2012
    17h00

    Je ne sais pas, mais il est certain que les deux hommes se connaissaient à peu près à cette époque. Clairaut ira d’ailleurs rendre visite à Diderot emprisonné à Vincennes après la publication de la Lettre sur les aveugles.

  4. pi.erdeux
    septembre 14, 2012
    21h16

    « la courbe décrite par un pénis en voie d’érection » : un tel thème c’est bien entendu pour faire monter l’audimaths …