Il m’est arrivé plusieurs fois de faire la même « blague » en amphi.
Dans le contexte suivant : fin de semestre, on arrive au bout ; j’ai déjà écrit pas mal de théorèmes au tableau depuis le début des cours, je les ai presque tous prouvés et les étudiants sont déjà en surchauffe. Voici un énoncé de plus. Et la preuve ? Cette fois, pas de chance : ou bien elle est trop difficile (une de trop), ou bien elle ressemble à des arguments déjà vus, ou bien on n’est pas loin de la fin de la séance ce jour-là…
Bref, la démonstration ne s’impose pas. Alors, pour une fois, j’admets le résultat. Ce n’est pas un scandale en soi, mais j’ai l’idée – peut-être parce que je m’en veux, peut-être parce que je veux réveiller les étudiants – d’accompagner ça d’un peu de provocation. Après avoir écrit « Preuve : admise. », je me tourne vers les étudiants et je leur dis en souriant : « Heureusement que l’inspecteur de l’enseignement supérieur ne me voit pas ». Un petit silence et ensuite : « Mais au fait, il existe, l’inspecteur de l’enseignement supérieur ? Non, évidemment ! »
Cette provocation a été bien accueillie une demi-douzaine de fois. Mais la dernière fois, il y a eu un malaise. Contresens par certains dans l’amphi, ton mal ajusté de ma part, je ne sais pas. Toujours est-il que j’ai compris que certains étudiants avaient été blessés. L’absence affirmée de contrôle (sous sa forme usuelle, disons lycéenne) sur nos enseignements est apparue à ce moment-là comme un manque d’égard.
En matière de recherche, nous sommes (quoi qu’on en dise) bien évalués, de façon régulière, assez impartiale et diversifiée (demande de promotion, de financement ANR, expertise de nos papiers, évaluation quadriennale etc) 2Voir également le billet : L’évaluation. Quid de l’enseignement à titre individuel ? Rien que pour l’argument de l’anecdote ci-dessus (égard pour les étudiants), nous pourrions peut-être imaginer une évaluation de nos enseignements similaires à celle de notre recherche. Pour bien me faire comprendre : il me semble que l’évaluation nationale et internationale de notre recherche – qui existe déjà ! – est assez satisfaisante pour qu’on puisse envisager de l’adapter à l’enseignement. L’évaluation (centralisée) des activités individuelles d’enseignement est, me semble-t-il, un préalable nécessaire à toute modulation de service des enseignants-chercheurs.