Vers un algorithme des entiers premiers ?

Tribune libre
Publié le 1 avril 2022

L’information est parue hier dans une brève de l’incontournable Journal of Sciences (journalofsciences.net) : une équipe de chercheurs du Smithsonian développerait ou aurait développé sur un ordinateur quantique de seconde génération un algorithme de construction des entiers premiers. Oui, vous avez bien lu, de construction ! La brève étant ce qu’elle est – une brève ! – il est difficile d’en savoir plus, si ce n’est que :

  • Les travaux de l’équipe semblent bien avancés,
  • l’ordinateur utilisé est encore trop limité,
  • le chercheur cité affirme qu’il sera possible d’ici 10 ans de déterminer le spectre d’un entier naturel (sa « décomposition en entiers premiers ») en moins d’une heure, quelle que soit la grandeur de l’entier naturel.

Curieusement toutefois, à peine trois quarts d’heure après sa publication, la brève avait disparu. Ça arrive, et je ne me serais pas particulièrement inquiété dans d’autres circonstances : une vantardise de chercheurs un peu trop optimistes, vraisemblablement.

Seulement, 10 ans, ça nous amène à 2032. Et je me suis rappelé un texte qui m’était tombé sous les yeux il y a quelque temps, à propos d’une « prophétie » de Nostradamus. Oui, j’ai eu la même réaction que vous : Nostradamus ? Et puis j’ai tout de même lu le texte : c’était sûrement complètement farfelu mais ça pouvait avoir du sens. En tout cas, suffisamment pour qu’il me reste en mémoire. La preuve.

Alors j’ai été rechercher ce texte. Il disait, ce que j’avais oublié, que Nostradamus avait tout de même été le médecin du roi de France ! Comme toutes ses autres « prophéties », celle-ci était sous la forme d’un quatrain :

Numeri souuerains ne seront éternels

Incomposti troueront leurs loys premieres

Lors seront fleaux onques n’aperceu vn tel,

En quarta perfecti bruslera notre terre

L’auteur du texte en offrait la traduction suivante :

les nombres souverains ne le seront pas éternellement

les entiers premiers trouveront une loi qui les régit

alors viendront des fléaux tels qu’on n’en a jamais vus

et au quart d’un parfait notre terre brûlera

Interprétant « nombre souverain » comme nombre premier, et se rappelant que les nombres parfaits (égaux à la somme de leurs diviseurs stricts) incluent 8128, il situait ce « quart d’un parfait » à 2032.

Le texte est quelconque, c’est vrai, son auteur un quasi-inconnu, la traduction du quatrain discutable et Nostradamus très certainement un charlatan.

Et puis la brève a disparu. Alors pourquoi est-ce que je m’inquiéterais ? C’est ridicule.

Mais par acquit de conscience, le texte est là : 2032

ÉCRIT PAR

Philippe Colliard

Professeur agrégé - Retraité

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