Visite au MoMath

Tribune libre
Écrit par Étienne Ghys
Version espagnole
Publié le 20 avril 2013

Il n’y a pas beaucoup de musées exclusivement consacrés aux mathématiques dans le monde. Le « Museum of Mathematics », surnommé Momath (par analogie avec le célèbre Moma) a ouvert ses portes en plein New York, le 15 décembre dernier. Je ne cherchais pas spécialement à le visiter mais comme j’étais de passage à l’occasion d’un colloque et que je me baladais dans les rues, regardant plutôt les gratte-ciels, mon regard est tombé par hasard sur un drapeau portant le logo du Momath.

A l’entrée du MoMath

Je suis bien sûr entré…

Nous sommes aux Etats-Unis et la première chose que le visiteur doit faire est de glisser sa carte de crédit dans une machine qui lui débite quinze dollars. OK ! Let’s go on…

Le musée est assez grand, étalé sur deux niveaux, rez-de-chaussée et sous-sol. C’était un samedi matin et, même s’il n’y avait pas foule, je dirais qu’une bonne cinquantaine de visiteurs étaient présents. Il y avait de jeunes enfants mais aussi un bon nombre d’adultes qui se promenaient d’animation en animation.

Autant le dire, j’ai été un peu déçu par le musée. Le principal reproche que je ferais est que le visiteur manque d’explications face à des animations qui ne sont pas toujours faciles à comprendre si on n’est pas mathématicien.

Voici par exemple une superbe machine.

Une animation… sans explication

Sur l’écran, on voit une surface dont l’équation (de degré 6) est écrite en bas. Lorsque le visiteur tourne les manettes, les coefficients changent et on voit la surface qui évolue. C’est très joli. Cela dit, j’ai observé ce monsieur qui discutait avec sa femme pour essayer de comprendre ce qui se passait. Il ne comprenait pas le lien entre la formule dont les coefficients changeaient et l’image qu’il avait sous les yeux. Je n’ai pas vu d’explications et surtout il n’y avait aucun médiateur présent qui aurait pu expliquer les choses. Le monsieur a tourné les boutons, a essayé de comprendre, n’a pas réussi, et il est passé à l’animation suivante. J’aurais du lui expliquer…

Cette petite fille s’amuse beaucoup sur ce vélo à roues carrées. C’est très bien de s’amuser !

Vélo à roues carrées

Ressortira-t-elle du musée avec une vision différente des maths ? Aura-t-elle appris quelque chose ? compris un peu de géométrie ? C’est la franche rigolade avec ces vélos mais il n’y avait pas de médiateurs dans les alentours 🙁 Est-ce mieux que la piscine pleine de boules en plastique coloré de chez Ikea dans laquelle mes enfants adoraient se vautrer ?

Là, c’est encore plus compliqué.

Un parquet électronique

Lorsque le groupe se place sur ce « parquet électronique », des lignes lumineuses s’allument. Parce que je suis mathématicien, j’ai compris que les lignes matérialisent le plus petit graphe qui passe par tous les (pieds des) personnages. Là encore, franche rigolade : on sautille et on s’interpelle joyeusement, mais l’explication se trouve en petites lettres sur un document cartonné affiché sur un mur : personne n’a envie d’aller la lire.

Ah ça, j’ai bien aimé ! On se met face à un mur et on voit son image. Jusque là, rien de sorcier.

.

Mais lorsqu’on écarte les bras, l’image devient un peu folle et par un jeu de symétries que je n’ai pas bien compris, on voit des images rigolotes. J’aimerais bien comprendre comment ça marche.

Pour sortir, on doit passer par la boutique, bien sûr \( \$ \$ \$ \$ \$ \).

L’incontournable boutique

Un bloc plus loin, un autre musée 🙂

Un autre musée

Il y a exactement deux ans, j’avais visité un autre musée mathématique plus modeste mais… gratuit et plus sympa 😉

ÉCRIT PAR

Étienne Ghys

Directeur de recherche CNRS émérite, Secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences - École Normale Supérieure de Lyon

Partager