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Actualité
Publié le 12 novembre 2012

En ce moment à Nantes se terminent les Utopiales, un festival international de Science Fiction, dont le président cette année est Roland Lehoucq, physicien et auteur de livres grand public de talent.

Parmi les « conspirateurs positifs » on pouvait compter Neil Gaiman et Cédric Villani. Le bouillant Achille des mathématiques, revêtu de sa lavallière et de son araignée magiques, a une fois encore fait part de sa jubilation des mathématiques et conquis son public.

Parmi les réflexions qu’il a livrées, j’ai noté celle-ci (traduite en mes mots, ou plutôt avec ceux, déformés, de Simone de Beauvoir) : on ne nait pas mathématicien(ne), on le devient.

C’est-à-dire que les capacités liées à la mathématique ne sont pas innées, elles doivent s’acquérir et ce n’est pas facile. Contrairement, affirme-t-il, au langage qui s’acquiert facilement.

Il a également insisté sur le singulier : il lui plait de dire la mathématique et non les mathématiques.

Alors puisque l’on parle de More (pas Alan Moore, quoique, mais Thomas More), de Maths Elem (ou plutôt de ma Thélème), de singulier et de pluriel, il est naturel de parler du genre. C’est la question que « l’homme au chapeau » n’a pas eu l’heur de pouvoir poser tant le flot de questions était important.

Si on ne nait pas mathématicien(ne), si la mathématique est explicitement ce féminin singulier, que dire de cette singularité qu’est l’arithmétique des femmes en maths ?

Si Cédric Villani passe par ce billet, je serais heureux qu’il donne son point de vue sur la question.

En attendant une réponse sur le genre dans la discipline, j’ai pu assister à un débat posant la question du genre dans le genre (entendez par là, la science fiction). Les femmes n’y sont guère plus nombreuses qu’en maths, du moins en France. Car, aux dires de Nancy Kress, la situation n’est pas la même aux Etats Unis où 47% des auteurs sont des auteures et où elles raflent en même proportion prix et distinctions.

Elle a salué le travail pionnier d’Ursula Le Guin qui a ouvert le chemin de la SF à de nombreuses femmes et fait reconnaitre leur talent. A la question de savoir s’il y avait une SF féminine (ou bien encore une SF féministe), Joëlle Wintrebert a répondu sans hésitation que l’écriture n’a pas de sexe.

Ce qui me fait compléter ma question non vocalisée à Cédric : y a-t-il des maths féminines ? et féministes ?

ÉCRIT PAR

François Sauvageot

Professeur - Lycée Alain-René Lesage - Académie de Rennes

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Commentaires

  1. ROUX
    novembre 13, 2012
    23h27

    Et la première femme récompensée d’une médaille Fields sera Sophie MOREL.
    Voilà !
    Enfin !

  2. Barbara Schapira
    novembre 15, 2012
    13h53

    Une petite réponse perso aux questions posées par l’article.

    Des maths féminines ? l’idée me choque. Certains aspects des maths reviennent a « mettre les mains dans le cambouis » (expression d’un ancien prof) pour faire des calculs « virils », d’autres tournent autour de la contemplation, de l’esthetique, de la joie d’admirer de jolies formes (ou pourquoi pas, de faire des surfaces en crochet https://images.math.cnrs.fr/crochet-objets-mathematiques-et-surfaces-de-seifert/), ce qu’on pourrait appeler féminin.

    A vrai dire, si on essaie de sortir de ce genre de stéréotypes éculés, tou-te-s les mathématicien-ne-s professionnel-le-s sont tour à tour confrontés à ces différents aspects, ce qui ne rend l’activité ni masculine, ni féminine, mais plutot… stimulante.

    Des maths féministes ? Je ne vois pas ce que ca pourrait signifier.

    Des féministes en maths, ca, certainement !

    Quant à l’idée d’une femme médaille Fields, il serait grand temps. Mais pourquoi pas plusieurs ? Parité au prochain ICM ? La grande classe !
    Par exemple, Maryem Mirzakhani ?

  3. François Sauvageot
    novembre 15, 2012
    16h16

    Merci pour les liens. Je connais bien l’article de Catherine et je suis sûr qu’il intéressera plein de lecteur(trice)s, tout comme les assertions de Grothendieck sur les maths comme activité super-yang, avant d’être le yin à l’intérieur du yang …

    L’intérêt d’une question peut être justement de se demander si elle a un sens, ou de le découvrir quand on la pose. Il me semble, en tant qu’enseignant, que toutes les questions ont le droit d’être posées !

    En fait ce sont les implicites, les sous-entendus dans la question qui peuvent poser un problème, comme le souligne Catherine Goldstein.

    Plus avant une question mal posée peut justement amener à un problème intéressant et profond.

    Mais peut-être devrais-je insister sur un point par rapport à ce complément de question (parce qu’il y avait une question principale, avant !) : les auteures de SF parlaient de leur écriture, c’est-à-dire (à mon sens) à la fois ce qu’elles écrivent et comment.

    L’idée qu’il existerait une mathématique unique, objective ne me semble pas aller de soi. De quoi elle pourrait dépendre non plus (pas du genre, sans doute). Vu de loin, j’ai le sentiment qu’il y a autant de façons de faire des maths qu’il y a de personnes qui en font.

    Quant à l’écriture, il y a peut-être une propension à se conformer au paradigme, mais nombreuses sont les personnes qui prennent des libertés, ou s’expriment différemment de ce que pourrait être « The proof read from The Book » comme dirait Paul Erdos.

    Personnellement j’ai le souvenir d’avoir dû épurer mes rédactions bien trop souvent à mon goût pour me conformer aux exigences de ce que je croyais sans doute être un absolu objectif. Pour dire le vrai, écrire a le plus souvent été une souffrance … parce que j’avais du mal à être moi en le faisant. J’ai bien sûr conscience qu’il y a certaines exigences à avoir si l’on veut être compréhensible.

    Pourtant, en lisant Kepler, j’ai réalisé combien il est difficile de lire un esprit torturé, mais en même temps j’ai adoré, parce que justement il y a beaucoup plus que le résultat, beaucoup plus que le plus court chemin pour aller au but. Le style trop économique ne me plaît pas, et ne me convient pas.

    Et puis, l’écrit est-il le seul support pour transmettre ?

    Bref, ma petite phrase visait aussi à introduire la question du duel, avant ou avec celle du pluriel (bien que le français soit dépourvu de duel, à ma connaissance, au sein de sa grammaire), en écho à celui sur mathématique. Mais à part quelques idées (sans doute très péremptoires), je n’ai pas de réponse(s) à mes questions et suis preneur des avis de tou(te)s.

    — François Sauvageot.