Depuis longtemps, les correspondances alimentent le travail des historiens. Aux noms de mathématiciens renommés s’associent des centaines de correspondants, illustres ou anonymes, tissant ainsi un vaste réseau de sociabilités. Dans cette série « Du côté des lettres » nous proposerons périodiquement la lecture commentée d’une lettre autour des mathématiques. S’appuyant sur les nombreux travaux d’édition de correspondances de mathématiciens en cours ou achevés, elle offrira aux lecteurs d’Images des Mathématiques une fenêtre ouverte sur les coulisses de la fabrication du savoir mathématique et de la vie mathématique, alternant lettres scientifiques et lettres plus intimes, correspondances anciennes et contemporaines.
De nombreux travaux récents d’historien.ne.s ont contribué à rendre visible « l’astronomie des dames » et à mettre en avant des figures de praticiennes de la science des astres aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Souvent filles, sœurs ou épouses d’astronomes, elles accomplissent leurs tâches hors de tout cadre institutionnel. Nous choisissons de nous intéresser ici à une période postérieure au cours de laquelle les parcours féminins se professionnalisent.
Les carrières de femmes dans l’astronomie française du début du XXe siècle sont semées d’embûches mais aussi de belles réussites. Si ces pionnières se heurtent à l’hostilité d’une communauté essentiellement masculine, elles bénéficient parfois du soutien appuyé de leur hiérarchie. Nous proposons d’examiner ici le regard positif du directeur de l’Observatoire de Paris sur l’entrée des « dames » dans le corps des astronomes.
Dans ce texte j’invite à une analyse d’un brouillon de lettre de l’astronome Benjamin Baillaud (1848-1934) adressée en 1922 à l’un des directeurs d’observatoire des départements, probablement celui de Bordeaux .