A la une
Commençons cette revue de presse par une rencontre avec un objet étonnant. Depuis le 21 mars, la bibliothèque publique d’information (BPI), au Centre Pompidou, expose un gömböc au milieu de ses ouvrages de sciences. Pour accueillir cet objet homogène, convexe et mono-monostatique, ce mois-ci une conférence a été donnée au centre Pompidou en présence de l’un de ses créateurs, Gábor Domokos et animée par Roger Mansuy. Et en attendant de rencontrer cette – littéralement – presque sphère d’un unique point d’équilibre stable et unique point d’équilibre instable, la BPI a réalisé une vidéo de son installation !
Recherche
Démontrer, est-ce comprendre ? dans leur carte blanche au quotidien Le Monde 🔒 , Wiebke Drenkhan et Jean Farago nous raconte la curieuse histoire des intégrales de Borwein. En 2019, Satya N. Majumdar et Emmanuel Trizac ont revisité ces dernières (article paru aux Phys. Rev. Lett.) et expliqué « pourquoi » les sept premières sont égale à π tandis que la huitième pas tout à fait.
Venons-en à l’actualité qui fait l’objet de l’image en bandeau de cette revue de presse. Les designs sont des objets venant de la combinatoire. Mais ils ont des analogues vectoriels, les designs de sous-espaces (sur des corps finis). Jusqu’à récemment on ne connaissait qu’un seul design de sous-espaces, mais un preprint récent de Keevask, Sah et Sawhney en a construit une infinité d’autres. Quanta magazine relate l’histoire de la découverte. Les designs ont des paramètres, qui sont n, k et t. Ces nombres sont 9, 3 et 2 sur la figure en bandeau : un ensemble de 9 éléments muni d’une collection de sous-ensembles de 3 éléments telle que chaque sous-ensemble de 2-éléments est inclus dans un unique de ces ensembles à 3 éléments. Keevask, Sah et Sawhney ont construit des designs de sous-espaces avec tous les paramètres pour lesquels c’est possible.
Vie de la recherche
“Le monde a besoin des femmes.” On pourrait penser, à tort, que cela relève de l’évidence. Mais à regarder les chiffres de la représentations dans les STEM (sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques), cette alerte répétée par les actrices et acteurs du monde scientifique est plus que nécessaire. Ainsi, Aude de Thuin, femme d’affaires française, et Karine Berger, secrétaire générale de l’Insee, appuient dans Les Echos 🔒 la grande absence des femmes des filières scientifiques en France.
Or “75 % des emplois créés d’ici 2050 seront liés aux sciences et technologies”, a évalué l’observatoire des Nations unies. “Ces lieux où pouvoir et argent se concentreront, excluront les femmes et autoriseront mécaniquement le retour au patriarcat, quels que soient les progrès du féminisme depuis cinquante ans”, alarment les autrices.
Elles rappellent pourtant que cette absence n’est pourtant pas une fatalité : il suffit de regarder les chiffres d’autres pays. Nombre d’entre eux ont de bien meilleurs scores en termes de représentation des femmes dans les emplois liés aux technologies (en Tunisie, en Inde ou en Algérie par exemple).
En France, à l’inverse, la situation est inquiétante, que ce soit dans le milieu professionnel ou dans les études. “On ne retrouve que 20 à 30 % de filles dans les filières ingénieures. Et si on se concentre sur les filières mathématiques et physiques, elles ne sont tout simplement plus là.” Et à l’avenir ne se présagent pas de progrès. “Le plus ahurissant, c’est que la situation s’aggrave : à la suite de la réforme du BAC, la désaffection des lycéennes pour les maths se poursuit et les effectifs féminins des classes préparatoires aux grandes écoles scientifiques et de commerce ont immédiatement baissé de plus de 3 %.”
Applications
Dans le cadre des forums régionaux du savoir de l’association Science Action Normandie, l’Atrium de l’Hôtel de région de Rouen accueillait le 30 mars Claire Mathieu, mathématicienne et informaticienne, directrice de recherche au CNRS, académicienne. Elle a participé à la conception de l’algorithme utilisé par la plateforme Parcoursup pour l’affectation des étudiantes et étudiants dans les formations post-baccalauréat. Elle en a expliqué le principe au cours de sa conférence.
Les personnes qui douteraient encore de la discrimination dont sont victimes les femmes en matière de sciences et tout particulièrement de mathématiques en auront une preuve supplémentaire dans cet article de Ça m’intéresse. On y apprend en effet que des recherches menées à l’université du Sussex ont permis d’obtenir deux équations qui modélisent « les aspects physiologiques et psychologiques nécessaires pour atteindre l’apogée orgasmique »… mais que ces résultats ne sont valables que pour l’orgasme masculin ! Selon un des auteurs de ces travaux, ils « renforcent et prouvent mathématiquement les études existantes sur la psychologie du sexe ». Ajoutons qu’il y a aussi (au moins) une femme dans l’équipe qui a mené à bien cette étude.
Intelligence artificielle Comme chaque mois, la revue de presse fait aussi un tour d’horizon du sujet très médiatisé de l’intelligence artificielle. Cet état des lieux commence par l’analyse du site Vie publique sur le rapport que vient de publier la Cour des comptes sur « la stratégie nationale de recherche en intelligence artificielle » (SNIA), mise en place en 2018.
La Cour s’intéresse plus particulièrement à deux aspects : enseignement supérieur et recherche (ESR) . Pour ce qui est des publications en IA, elle situe la France au dixième rang mondial (sur 47 pays comparés) et au deuxième rang européen. Pour la période 2018-2022, le budget de la SNIA était d’environ un milliard et demi d’euros, dont un gros tiers était dédié à l’ESR. La Cour des Comptes déplore le « manque d’efficience » de la SNIA : le nombre d’élèves qui choisissent des filières préparant à l’IA n’augmente guère en Terminale scientifique, ni dans les premières années post-baccalauréat (on observe toutefois depuis 2020 une forte progression – + 35 % – en master et en doctorat) ; par ailleurs les financements de courte durée accordés après appel à projets sont un frein au développement de la recherche. Le rapport recommande la pérennisation des financements. Les rapporteurs sont-ils conscients que ce problème n’est pas propre à l’IA mais affecte de plus en plus tous les secteurs de la recherche scientifique ? Quoi qu’il en soit, la Cour estime que, grâce à la SNIA, « la France a évité un décrochage scientifique sur de l’IA » et place ses espoirs dans un second volet, la « stratégie d’accélération », qui concernera la période 2022-2025 et sera recentrée sur un objectif de formation des talents d’IA, avec un budget que Vie Publique juge « plus conséquent », ce qui ne saute pas aux yeux (776 millions d’euros au lieu des 573 du premier volet, pour l’ESR). Enfin, le second volet donnera la priorité aux « enjeux sociétaux » et la recherche devra être axée sur « les limites de la confiance » à l’égard de l’IA et « la frugalité de son utilisation ». Vaste programme !Les canicules sont des phénomènes trop rares (du moins pour le moment…) pour pouvoir fournir à l’intelligence artificielle suffisamment de données pour un apprentissage profond permettant de faire des prévisions fiables. Qu’à cela ne tienne, on va en fabriquer en grande quantité ! Le site We demain relate des travaux menés dans l’équipe SISYPH (Signaux, systèmes et physique) du laboratoire de physique de l’ENS Lyon (CNRS). Patrice Abry, Pierre Borgnat et Freddy Bouchet ont conjugué leurs expertises dans plusieurs domaines (systèmes complexes, traitement du signal, ondelettes, étude des phénomènes climatiques extrêmes, graphes, réseaux…) pour simuler des données « réalistes » en utilisant Planet Simulator, un outil de modélisation développé par l’institut météorologique de l’université de Hambourg. Ils ont ainsi obtenu l’équivalent de 8000 années de données climatiques, alors que l’on dispose tout au plus d’une centaine d’années de données réelles ! Malheureusement, l’article n’explique pas vraiment quelle est la méthode utilisée pour s’assurer de la fiabilité des données produites par simulation. On soupçonne qu’il y a aussi de l’intelligence artificielle là-dessous. Avoir une IA performante avec des big data qui ne seraient plus si big que cela, voilà une perspective alléchante. Mais il semble tout de même qu’on n’en soit pas encore tout à fait là…
En janvier dernier, Le Monde 🔒 relatait la guérison d’un homme de 30 ans atteint d’un cancer métastasé dont les investigations classiques n’avaient pas permis de déterminer l’origine. L’oncologue qui l’avait pris en charge à l’Institut Curie fit alors appel à un outil d’intelligence artificielle développé dans cet institut et réussit ainsi à établir avec une probabilité de 95 % que le « primitif » (premier organe touché) était un rein, et à guérir le patient ! Cette oncologue était Sarah Watson, une jeune scientifique qui, fait assez rare, mène à Curie une double carrière de recherche en biologie et de soins hospitaliers. Le Monde 🔒 revient cette fois sur le parcours de cette chercheure et clinicienne atypique, qui met en pratique les découvertes scientifiques les plus récentes et les ressources de l’IA pour son combat quotidien contre des cancers incurables.
« Investir l’IA sûre et digne de confiance : un impératif européen, une opportunité française » : sous ce titre, l’Institut Montaigne, think tank libéral, publie un rapport de 80 pages comportant dix recommandations. La quatrième consiste à « faire l’IA sûre et digne de confiance […] l’un des « produits phares » de l’Union européenne » et à y consacrer un milliard d’euros. C’est celle qui a le plus retenu l’attention des Échos. Pour le quotidien économique, « Entre les États-Unis et la Chine, l’Europe peut encore devenir un « acteur clé » de l’intelligence artificielle (IA), même si le continent a pris « un retard difficilement rattrapable » ». Si c’est l’aspect éthique de l’IA qui semble mis en avant, il apparaît surtout comme un argument pouvant permettre de mieux figurer dans la compétition économique mondiale. Et c’est bien cette guerre économique qui semble être la première préoccupation, tant pour Les Échos que pour les commanditaires du rapport, qu’ils ont pris soin de placer dans la rubrique « Compétitivité économique » de leur site. Un tel sujet méritait mieux que cela. On notera au passage l’explication limpide que donnent Les Échos de ce qu’est « l’IA sûre et digne de confiance » : « des algorithmes non biaisés, fonctionnant sur des règles, et non des probabilités mathématiques » !
C’était à prévoir : l’utilisation du robot ChatGPT par les étudiant(e)s commence à embarrasser sérieusement les équipes pédagogiques, contraintes de revoir entièrement leurs modalités d’évaluation (devoirs à la maison, examens à distance, mémoires…). EducPros a enquêté pour identifier les solutions à mettre en place pour éviter que les évaluations ne se résument à des copier-coller directs de ChatGPT. Celles-ci sont d’ordre technique comme demander une restitution papier ou empêcher la fonction de « copier-coller » depuis ChatGPT, mais également de l’ordre pédagogique en faisant évoluer les évaluations : axer sur les compétences, la créativité ou la stratégie plutôt que la réponse. 20 minutes s’est aussi penché sur la question.
Enseignement
Le 11 avril dernier, le Sénat a voté une loi proposée par le groupe Les Républicains pour « l’école de la liberté, de l’égalité des chances et de la laïcité », les débats qui ont conduit à l’adoption de la loi sont disponibles sur le site de l’institution. Celle-ci doit encore être discutée à l’Assemblée nationale (le cheminement législatif est consultable sur le site de l’Assemblée). Le texte de loi a été rédigé par Max Brisson, professeur agrégé d’histoire, inspecteur général de l’Éducation nationale et sénateur Les Républicains et rapporté par Jacques Grosperrin, professeur agrégé d’éducation physique et sénateur Les Républicains. Le Café pédagogique revient sur cette proposition de loi « très politique » qui synthétise en douze articles les obsessions de la droite française pour l’école (qui pourraient se résumer ainsi « des écoles et établissements publics sous contrat, des directeurs qui évaluent les enseignants, des professeurs du second degré bivalents et des élèves en uniforme » ) ; et qui émerge dans un contexte politique particulier : « celui d’un exécutif aux abois qui ne peut faire passer ses projets de loi qu’avec le soutien de la droite. »
Notons toutefois que le texte de loi présentée à l’Assemblée nationale ne fait plus mention du port de l’uniforme. Plus en détail, la création d’établissements publics sous contrat est pensée sur le modèle des établissements privés sous contrat mais accorde encore bien davantage de latitude au chef d’établissement. Cela concerne également les écoles primaires (qui acquerrait le statut d’établissements publics). Ainsi, au cours de ce contrat de cinq ans, le directeur de l’établissement pourrait choisir, puis évaluer les enseignant·e·s qui y exercent, mais également « déroger à l’organisation des obligations de service des enseignants [ou encore] à la répartition horaire des enseignements ». L’article 2 dote le directeur (ou la directrice !) de l’établissement d’une « autorité hiérarchique » sur les enseignant·e·s, dont la formation initiale est également amenée à changer. Les INSPE (Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation) seraient désormais réservés aux futur·e·s enseignant·e·s du second degré, lorsque les professeur·e·s des écoles seraient formé·e·s dans des « écoles supérieures du professorat ». Cela marque pour certain·e·s un retour en arrière, avant 1990, date à laquelle les Instituts Universitaires de Formation des Maîtres[·ses] voient le jour, notamment dans le but de permettre une formation globale de toustes les enseignant·e·s intervenant dans le cursus scolaire obligatoire. Par ailleurs, la proposition de loi « prévoit des mesures favorisant le recrutement, sur la base du volontariat, d’enseignant·es [du second degré] bivalent·es ». Enfin, l’article 3 rendrait possible « l’affectation d’un enseignant peut procéder d’un engagement réciproque conclu avec l’autorité de l’État responsable en matière d’éducation pour une durée déterminée », et l’auteur de l’article du Café Pédagogique de conclure à ce propos « c’est la fin de la procédure nationale d’affectation. »Autre marqueur notable : le projet de loi adresse également des solutions aux problèmes supposés de la population rurale en matière d’éducation, notamment avec les articles 8 et 9 qui, respectivement, érige les territoires ruraux en nouvelles zones prioritaires bénéficiant de « moyens et dispositifs spécifiques » et en bloquant pour trois ans les fermetures de classes rurales sous certaines conditions. Pourtant, le rapport de mars 2020 de la Mission orientation et égalité des chances dans la France des zones rurales et des petites villes et le magazine Éducation et Formations de juin 2022 ne semblent pas considérer la dualité entre zones rurales et urbaines comme un prisme intéressant pour comprendre les inégalités de niveau. Ainsi, un article de la revue susmentionnée, intitulé « Influence de la ruralité sur les résultats scolaires à l’entrée en école primaire » conclut « Si les élèves de communes rurales éloignées semblent entrer à l’école avec une avance en mathématiques comme en français par rapport à ceux des communes urbaines denses, le rattrapage de ces derniers est très rapide et les distinctions rurales/urbains ne semblent plus jouer significativement au bout de quelques mois de scolarisation » et ce même s’il semble exact que les élèves des territoires ruraux s’orientent moins dans des études post-bac longues. Un article de The Conversation propose des pistes de réflexion pour mieux appréhender ce phénomène.
Concernant la réforme des classes préparatoires HEC (voir rubrique enseignement de la revue de presse de février 2023), une réponse à été apporté par le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche sur le site du Sénat
David Bessis était l’invité de Yann Moix sur Europe 1. L’occasion de revenir sur son livre Mathematica, une aventure au cœur de nous-mêmes dont il était déjà question dans les parutions de la revue de presse de janvier 2022. L’auteur est mathématicien, anciennement chercheur au CNRS et fondateur de Tinyclues, une start-up spécialisée dans le machine learning et le data marketing. Son ouvrage parle d’enseignement mais surtout d’apprentissage des mathématiques en s’adressant à l’apprenant·e. L’entretien a le mérite du temps long et les réponses de David Bessis, parsemées d’exemples, apporte un éclairage intéressant à son propos, mais le temps long a ses défauts, et permet à celui qui conduit l’entretien de parler surtout de lui en, avec une certaine posture « matheux contrarié », n’évitant que peu des écueils pourtant soulignés par l’auteur, qui réexplique patiemment, et malgré les interruptions, que non il n’y a pas de bosse des mathématiques : « il n’y a pas de mutations qui permettraient de rendre capables ou incapables de comprendre des maths », que l’aisance mathématique est culturelle et s’entraîne « un certain nombre de concepts mathématiques sont suffisamment insérés dans la culture pour qu’on les trouve intuitifs, ce travail de rendre intuitifs les mathématiques est un travail qu’on peut faire, on ne dit jamais aux enfants que c’est ce travail qu’[ielles] doivent faire secrètement dans leur tête », et qu’il y a un aspect psychologique dans l’apprentissage mathématique.
Honneurs
Le 12 mai est devenu en 2019 la journée internationale des femmes en mathématiques. La date choisie est celle de l’anniversaire de naissance de Maryam Mirzakhani, mathématicienne iranienne, née en 1977, lauréate de la médaille Fields en 2014 et hélas décédée en 2017. (Voir aussi ce site).
À cette occasion, l’Institut des Hautes Études Scientifiques organise le mardi 9 mai 2023 un événement grand public : L’IHES célèbre les mathématiciennes. Y participeront les mathématiciennes Tina Nikoukhah (Prix Jeunes Talents France 2022 de la fondation l’Oréal-Unesco) et Nathalie Ayi.
On pourra aussi y voir l’exposition « Mathématiques, informatique… avec elles ! », réalisée par l’association femmes & mathématiques.
Ce 12 mai est également célébré par le groupe aéronautique français Safran, qui lui consacre, la veille, à Toulouse, une « journée immersive, […] avec une mise en avant particulière des femmes ingénieures et marraines de l’association Elles Bougent ».
Puisque nous parlions de l’IHES, signalons que le mathématicien Dustin Clausen vient d’y être nommé professeur permanent. L’annonce de l’arrivée du chercheur britannique de 37 ans dans cet « éden mathématique » est relayée par Le Monde 🔒, qui rappelle que les professeurs permanents bénéficient à Bures-sur-Yvette de conditions de travail exceptionnelles et d’une « liberté totale de recherche ». Dustin Clausen voit l’IHES comme « un lieu mythique ». Sa nomination porte à 7 le nombre de professeurs permanents de l’institut : une mathématicienne, quatre mathématiciens et deux physiciens.
Les Olympiades suisses de mathématiques ont vu cette année deux élèves, Bora Olmez et Mathys Douma, remporter une médaille d’or en répondant correctement à toutes les questions, situation jugée exceptionnelle par le président de ces olympiades, Paul Seidel. Sans surprise, plusieurs médias helvétiques (Bluewin, Swissinfo, Radio Fréquence Jura) célèbrent cet exploit ! Même si ce dernier préfère titrer sur la médaille de bronze obtenue par un jeune de la région.
Les fidèles d’Images des mathématiques y ont peut-être déjà vu des articles de Javier Fresán, mathématicien très engagé dans la diffusion des mathématiques. Citons par exemple Jusqu’à ce que l’algèbre nous sépare, ou Le rêve de la raison), où il parle de certains ouvrages de la série Le monde est mathématique, dont il a lui-même signé il y a dix ans le tome 19 (Le rêve de la raison – La logique mathématique et ses paradoxes). Enseignant-chercheur au Centre de mathématiques Laurent Schwartz (École polytechnique), Javier Fresán vient d’obtenir la médaille de bronze du CNRS pour ses travaux en théorie des nombres.
D’autres médailles de bronze ont été décernées, notamment, en mathématiques et informatique, à Édouard Bonnet (Informatique, théorie des graphes, Laboratoire de l’informatique du parallélisme ,ENS Lyon), Élise Goujard (Géométrie, Institut de mathématiques de Bordeaux) et Victor Magron (Automatique, Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes, Toulouse)
Pour les médailles d’argent 2023, citons celles obtenues par Sophie Achard (Statistiques appliquées aux neurosciences, Laboratoire Jean Kuntzmann, Grenoble), Laure Blanc-Féraud (Traitement numérique des images, Laboratoire d’Informatique, signaux et systèmes, Sophia-Antipolis), Sandrine Blazy (Sciences du logiciel, IRISA, Rennes) et Bertrand Toën (Géométrie et topologie algébriques, Institut de mathématiques de Toulouse).
Le Prix John von Neumann a été décerné pour 2023 au mathématicien algérien Yousef Saad, de l’université du Minnesota, pour ses « contributions fondamentales en calcul scientifique ».
Yousef Saad est invité à présenter ses travaux au prochain congrès international de mathématiques appliquées et industrielles (ICIAM) à Tokyo au mois d’août prochain. Naturellement, cette distinction a suscité l’enthousiasme des médias algériens (Algérie 360, Dzair Daily qui ont acclamé le lauréat et fait part des félicitations que lui a adressées le président de la République algérienne, Abdelmadjid Tebboune.
Recruté il y a moins d’un an par le CNRS comme chargé de recherche au Laboratoire Paul Painlevé de l’Université de Lille, le mathématicien ukrainien Danylo Radchenko a obtenu une bourse ERC Starting Grant pour un projet intitulé FourIntExP, où interviennent la théorie des formes modulaires, l’analyse de Fourier et l’optimisation géométrique et où la recherche portera notamment sur la conjecture de Cohn-Kumar, qui intéresse les physiciens. Danylo Radchenko a commencé ses études universitaires en mathématiques à Kiev et les a poursuivies dans plusieurs établissements prestigieux à travers le monde, obtenant plusieurs distinctions. Il a parlé de son parcours et de ses projets à CNRS Info.
Le Figaro 🔒 nous annonce que Charles Beigbeder, homme d’affaires et politicien, vient de créer un prix littéraire dédié à la vulgarisation scientifique, le Prix Bourrienne, destiné à récompenser « un ouvrage qui éclaire l’esprit des lecteurs dans le domaine des sciences de la nature : Sciences de la terre et de l’univers, de la matière, de la vie et de l’environnement ». Le premier lauréat sera désigné le 20 juin 2023.
Le jury (4 femmes et 4 hommes) est composé de 7 scientifiques éminentes et d’une excellente écrivaine.
Parmi les 12 ouvrages sélectionnés pour cette première édition, on note la présence de Mathematica, de David Bessis (éditions du Seuil), dont notre revue de presse a souvent parlé (notamment lors de sa parution en janvier 2022 ou encore lors d’un entretien à France Culture en novembre).
Ce nouveau prix doit son nom à Louis Antoine Fauvelet de Bourrienne, homme politique, militaire et diplomate, condisciple et ami de Napoléon Bonaparte, dont la seule activité connue qui puisse avoir quelque rapport avec la science aura été la création du lycée de Sens (Yonne), sa ville natale. Si Charles Beigbeder a choisi d’appeler ainsi son prix, c’est simplement parce qu’il a installé son entreprise principale à Paris dans l’hôtel particulier Bourrienne, qu’il a acheté en 2015.
La maison de la géologie, fondée par l’Association des Géologues du Sancerrois (AGS), est installée à Verdigny, à quelques kilomètres au nord de Sancerre (Cher), dans les caves de La Perrière.
Le parrain de ce musée était le grand paléontologue Yves Coppens, disparu en juin 2022. Et c’est une autre petite commune des environs, Crézancy-en-Sancerre, qui a tenu à rendre hommage au co-découvreur de l’australopithèque Lucy. Annoncé par France Bleu Berry, cet événement a réuni, autour des responsables de l’AGS, la famille et de nombreux amis d’Yves Coppens, parmi lesquels le footballeur Lilian Thuram et le mathématicien Cédric Villani. Ce dernier a parlé de « la passion de la transmission des sciences » qu’incarnait selon lui Yves Coppens, et qui l’a lui-même animé lorsqu’il dirigeait l’Institut Henri Poincaré et qu’il préparait le chantier de la Maison Poincaré, musée des sciences mathématiques dont l’inauguration est prévue au mois de juin à Paris.
Le mathématicien tchéco-américain Ivo Babuška est décédé le 12 avril à l’âge de 97 ans. Son domaine était l’analyse numérique et plus particulièrement la méthode des éléments finis. Il avait commencé sa carrière universitaire en Tchécoslovaquie avant d’émigrer aux États-Unis en 1968 lorsque les chars soviétiques envahirent son pays et écrasèrent le printemps de Prague. Il prit une première fois sa retraite (de l’université du Maryland) en 1995, mais entama peu après une troisième carrière à l’Oden Institute, à l’université d’Austin, au Texas, où il resta 23 ans. Le site de cet institut a publié un long article nécrologique sur Ivo Babuška.
Diffusion
Partons pour l’habituel tour de France des événements mathématiques dans la presse locale. Mars et avril ont vu se tenir les congrès MATH.en.Jeans dans plusieurs villes de France et du monde : La République du Centre relate celui d’Orléans (également ici) et La Dépêche, celui de Toulouse.
Parmi d’autres initiatives de diffusion en milieu scolaire, on remarque aussi un atelier de mathématiques ludiques dans une école primaire de Lamballe dans Ouest-France ; les contes mathématiques de Marie Lhuissier à Vierzon dans le Berry Républicain ; la rencontre Maths en Scène à Castanet-Tolosan dans La Dépêche ; et des conférences d’Hugo Duminil-Copin (médaille Fields 2022) devant des collégien.ne.s de Bures-sur-Yvette dans Le Parisien et de Frédéric Métin (historien des mathématiques) dans un collège de Saint-Georges-sur-Baulche dans l’Yonne Républicaine.
Écouter et jouer
L’universalité et la précision du langage mathématique sont un outil précieux pour la physique et permettent de mieux décrire le monde qui nous entoure, disait déjà Galilée au XVIIe siècle. France Culture explique ce mariage heureux entre mathématiques et physique dans un court podcast. Toujours sur France Culture, dans l’Invité des Matins, on peut écouter une conversation passionnante sur la science des objets du quotidien (avec de célèbres exemples comme la forme de dodécaèdre tronqué du ballon de football, pour ne citer que lui) entre deux célèbres « vulgarisateurs » : Étienne Klein et Étienne Ghys.
Il y a quelques mois, le jeu de lettres Wordle passionnait les foules sur Internet. Son cousin Digits, récemment lancé, connaîtra-t-il la même popularité ? Le principe est simple et rappelle l’émission Des Chiffres et des Lettres : combinez des nombres donnés avec les quatre opérations pour obtenir le résultat !
Enfin, pour initier les plus jeunes aux plaisirs des mathématiques, le site être parents décrit quelques activités ludiques à proposer aux enfants.
Parutions
En librairie
On trouve à la fois des mathématiques et de l’Histoire dans Paris, boulevard Voltaire écrit Libération dans un court article, Michèle Audin, le théâtre du boulevard, et ajoute qu’il n’est nécessaire de goûter ni l’un ni l’autre pour apprécier la balade proposée – la poésie suffit.
Le dernier ouvrage de la mathématicienne et oulipienne Michèle Audin est en effet sorti fin mars chez Gallimard et les critiques commencent à en parler. « Paris est un champ de bataille violent que l’on raconte dehors et trop peu dans les livres. Michèle Audin cherche ce Paris-là en l’écrivant, et cela impose une certaine lecture », écrit Pierre Tenne dans En attendant Nadeau, le « Journal de la littérature, des idées et des arts » (qui a déjà a rendu compte de plusieurs de ses textes). Le Monde parle du chemin de mémoire de Michèle Audin 🔒. « D’une écriture vive, changeante, glissant du poème au polar avant de pasticher Perec, citant Aragon et Queneau, Audin fait revivre avec grâce les heurs et malheurs du boulevard ». Une promenade historique en quatorze stations (numérotées de zéro à treize bien sûr) sur la plus rectiligne des artères parisiennes. Ce recueil d’histoires est suivi de trente-cinq poèmes consacrés chacun à un des ponts qui permettent de franchir la Seine à Paris. Parions qu’après sa lecture vous ne verrez plus le boulevard Voltaire du même œil…
Sorti il y a plus d’un an Toxic Data de David Chavalarias reste très présent dans les rayons des libraires. Il est accompagné d’un site dédié, Comment les réseaux manipulent nos opinions et du politoscope qui propose, entre autres l’enquête Horus (voir cet article du monde 🔒). Car David Chavalarias entend bien ne pas seulement tirer la sonnette d’alarme et démonter les mécanismes des environnements numériques qui sont devenus toxiques dans nos relations. Il donne des pistes et des outils pour se prémunir des effets pervers des réseaux sociaux sur le débat public, sur les risques d’influence des opinions par certains groupes d’intérêt. Le sujet traité, toujours d’une brulante actualité, est important, il interroge, il inquiète… La sortie récente en format poche du livre est l’occasion pour Lyon Capitale de publier une interview de l’auteur et de souligner l’avis du « Lyonnais Cédric Villani » (il enseigne à nouveau à Lyon1 depuis octobre dernier 🔒) : « Tous les citoyens devraient lire cet essai qui explique, mieux qu’aucun autre, pourquoi les »Big Tech« menacent la démocratie – et comment leur résister. » Il rappelle que les réseaux sociaux sont des environnements avec des objectifs fondamentaux qui ne sont pas nécessairement ceux qui sont affichés, que « ce qu’on perçoit dans l’environnement social numérique n’est pas le reflet de la réalité »…
Intelligence artificielle, intelligence humaine. La double énigme, le dernier ouvrage de Daniel Andler sortira en librairie début mai. En attendant Charles Perragin en propose d’ores et déjà une (courte) recension dans PhiloMag, titrée Intelligence artificielle, intelligence humaine. La double énigme. Cela permet en même temps au magazine d’annoncer un entretien avec l’auteur dans son prochain hors-série IA. Le mythe du XXIe siècle, qui sera disponible, en kiosque celui-là, dès le 11 mai.
Nicolas Bacaër n’est pas un inconnu pour les lecteurs d’Images des Mathématiques (voir cet article) ou de sa revue de presse (voir celle de juin 2021). Son ouvrage Histoires de mathématiques et de populations chez Cassini, est disponible actuellement en 19 langues. Mathématiques et épidémies, sorti en 2021, n’est disponible, pour l’instant, qu’en 6 langues. Il s’agit à chaque fois de traductions automatiques avec DeepL corrigées par des mathématiciens ayant la langue en question comme première langue. Ce n’est pas fréquent de nos jours et cela mérite d’être souligné : les fichiers « pdf » sont disponibles gratuitement tant sur le site de l’éditeur que celui de l’auteur… Il vient juste d’achever la traduction en français du livre de Mordechai Ben-Ari, Mathematical surprises paru en « open access books » en 2022 chez Springer. Une « Introduction à la traduction » signée par Nicolas Bacaër donne, entre autres, quelques chiffres intéressants et importants qui éclairent le « degré de dépendance linguistique vis-à-vis de l’anglais et de dépendance économique vis-à-vis de Springer auquel est arrivée la communauté mathématique en ce début de XXIe siècle ». Il précise que le « service accès ouvert » signifie « que l’auteur (plus exactement son institution) paie la publication, que ce soit sous forme d’article ou de livre » pour permettre la promotion de la « science ouverte. Sur son site Nicolas Bacaër a commencé à faire une liste de livres de mathématiques en français et en accès libre qui est déjà assez fournie et qui sera probablement utile à bien des lecteurs. On ne peut que l’applaudir et le remercier !
Mais l’important reste le contenu de ce nouveau livre qui présente de « nombreux résultats fascinants qui n’apparaissent pas dans les manuels scolaires, bien qu’ils soient accessibles avec une bonne connaissance des mathématiques du lycée » comme vous pourrez vous en rendre compte par vous-même. Les prérequis sont par ailleurs clairement indiqués. Chaque chapitre se termine par un paragraphe « Quelle est la surprise ? » qui explique le choix du sujet qu’a fait Mordechai Ben-Ari. Et, en finale, le tout est une belle surprise pour les lecteurs.
En kiosque
Vous trouverez dans le numéro de mai du périodique Pour la Science, un bref article de Sean Bailly sur les pavages apériodiques – dont on vous parlez le mois dernier – Un pavage non périodique avec une tuile unique, accessible de surcroît gratuitement en ligne. Cette tuile unique, un polygone à treize côtés, est parfois appelée le chapeau ou « la tuile d’Einstein » mais n’a rien à voir avec le physicien. Le nom vient de l’allemand « ein stein » qui signifie « une pierre » ou plus vaguement « une forme ». Depuis la découverte par Penrose de ses pavages non périodiques en 1974, on cherchait à savoir s’il existait des pavages apériodiques avec une seule tuile. « De nombreux mathématiciens pensaient que cela était impossible, mais personne n’avait pu le démontrer formellement ». Jusqu’à ce que David Smith, Craig Kaplan et ses collègues ne déposent leur prépublication sur Arxiv. Cependant le chapeau « apparaît dans le pavage dans deux versions dues à une inversion par une symétrie miroir » et la question de savoir s’il s’agit d’une tuile unique se pose… « La quête d’un motif qui paverait le plan en n’utilisant que des translations et des rotations (mais sans la retourner) reste à mener » ! conclue l’auteur. Par ailleurs, soulignons qu’une vidéo de vulgarisation à ce sujet est proposée par Thomaths sur YouTube.
Autrement, dans sa rubrique Logique et calcul mensuelle Jean-Paul Delahaye nous explique que compléter sa collection de vignettes 🔒 est loin d’être simple et que « les mathématiques apportent des explications inattendues » ! Si votre enfant veut avoir la collection complète par exemple des onze cartes des joueurs de son équipe favorite de foot qu’il trouve une par une dans les paquets de céréales achetés pour son petit déjeuner, combien devrez vous en acheter en moyenne ? Plus on s’approche du but, plus la probabilité de tirer la carte manquante se réduit. C’est un problème qui « intéresse les mathématiciens depuis trois siècles ». C’est aussi une belle promenade mathématique en compagnie de mathématiciens comme Abraham de Moivre, Pierre-Simon de Laplace, Herman von Schelling, Donald Newman ou Lawrence Shepp. En fin de compte il apparait, comme l’écrit l’auteur, que ce qui ne semble qu’un simple jeu de peu d’intérêt « suggère une quantité considérable de questions qui, plus de trois siècles après les premiers travaux d’Abraham de Moivre, semblent devoir se renouveler encore longtemps ».Notons également que le magazine Science & Vie du mois de mai cherche à décrypter la beauté des mathématiques. Derrière le titre « Ce qui fait la beauté des mathématiques », plusieurs questions : Quels mystères rendent une formule jolie ou intrigante ? Que se cache-t-il derrière une preuve élégante ? Au travers d’exemples, les mathématiciens et mathématiciennes interrogé.e.s donnent leur définition de la beauté en mathématiques. Cet article fait suite à la publication d’un article de recherche en février par la doctorante Rentuya Sa, du département des mathématiques de l’Université de Loughborough et ses collègues sur la question du consensus en mathématiques autour de la beauté : Est-ce que tous les mathématicien(ne)s trouvent les mêmes choses jolies ?
Histoire
Il y a tout juste un mois, Roger Mansuy nous faisait découvrir sur Images des mathématiques la mathématicienne du dix-septième siècle Marie Crous et les deux ouvrages qu’elle nous a laissés. On ne sait presque rien sur Marie Crous (il serait tout à fait hasardeux d’imaginer qu’elle puisse être à l’origine d’un service social destiné aux étudiantes). Mais une chose est sûre : elle a exercé l’activité de préceptrice en mathématiques et l’élève dont elle avait la charge, Charlotte de Caumont, Damoiselle de la Force, a été dédicataire de son premier livre, où elle s’adresse à « ses très chères compagnes », les « filles exersantes l’arithmetique ». Comment ne pas voir là, à près de quatre siècles de distance, une résonance avec nos actuels combats contre les inégalités de genre dans l’accès à la formation scientifique ?
Les uniques exemplaires connus des deux textes de Marie Crous sont conservés à la bibliothèque Mazarine.
Et grâce à l’intervention de l’ami Mansuy (signalée dans un article du Monde 🔒), celle-ci vient de prendre l’excellente décision de les numériser et de les rendre publiquement consultables. Advis de Marie Crous aux filles exersantes l’arithmetique : sur les dixmes ou dixieme du sieur Stevin (1636) et Abbregé recherché de Marie Crous pour tirer la solution de toutes propositions d’aritmetique (1641) peuvent certes apparaître surtout comme des curiosités historiques, mais ils constituent un apport indéniable à notre patrimoine culturel et scientifique.
C’est également il y a un mois que nous évoquions ici, dans la rubrique Recherche, le théorème des quatre couleurs. Au même moment, Quanta Magazine consacrait un article à ce sujet. David Richeson y raconte les différentes étapes qui ont jalonné l’histoire de cette conjecture, devenue un théorème dans les années 1970 dans les conditions inédites que l’on connaît. On y apprend, avec pas mal de détails, comment la question initiale, posée par Francis Guthrie en 1852 à propos des cartes de géographie, est devenue un problème sur les graphes. Et y sont aussi évoquées des conjectures autour de ces questions, qui résistent toujours aux travaux de recherche. Il est toutefois bien dommage que l’article de Quanta ne parle pas du tout des améliorations importantes qui ont été apportées à la première preuve du théorème des quatre couleurs, grâce aux progrès faits en matière d’assistants de preuve. Cet aspect est bien mentionné dans l’article de Wikipédia sur le sujet, ainsi que dans celui d’Accromαth que nous citions le mois dernier.
L’Institut des textes et manuscrits modernes (ITEM) est une unité de recherche du CNRS et de l’École normale supérieure (UMR 8132 CNRS / ENS-PSL), en partenariat avec l’Université de Poitiers. Son objet est « l’étude de la genèse des œuvres de l’esprit à partir des traces empiriques laissées au cours du processus créateur ». L’ITEM organise le séminaire Manuscrits scientifiques, adossé au programme Brouillons mathématiques du Centre Jean Pépin (UMR 8230, CNRS / ENS-PSL), porté par Emmylou Haffner. Ce programme est soutenu par la Mairie de Paris dans le cadre de son dispositif Émergence(s). Lors de la prochaine séance du séminaire (12 mai 2023, École normale supérieure, 45 rue d’Ulm, Paris 5e), Camille Rolland (Archives Henri-Poincaré – PReST, Université de Lorraine) parlera de « Questionnements autour des archives du groupe de mathématiciens Nicolas Bourbaki ».
La photo ci-dessous a été prise par Marie-Thérèse Bastien (secrétaire de Bourbaki), lors de la première réunion du groupe en juillet 1935 à Besse. Cette commune du Puy-de-Dôme allait devenir Besse-en-Chandesse en 1961, puis Besse-et-Saint-Anastaise suite à la fusion des deux communes en 1973. Debout de gauche à droite : Henri Cartan, René de Possel, Jean Dieudonné, André Weil, Luc Olivier (biologiste). Assis de gauche à droite : A. Mirles (cobaye), Claude Chevalley, Szolem Mandelbrojt.
L’activité à laquelle ont participé les élèves du collège Victor Considérant, à Salins-les-Bains (Jura) est présentée sur le site Voix du Jura (actu.fr) comme permettant de lier histoire et mathématiques « en réalisant des maquettes étonnantes ». Mais ce n’est pas sans hésitation que nous la plaçons dans la rubrique Histoire. En effet, si cette activité est certainement très intéressante et utile pour la pratique des mathématiques, la nature du lien entre les deux disciplines n’est malheureusement pas explicitée. On sait seulement qu’il s’agit d’un projet « Moyen-Âge », que les élèves (de Cinquième) ont réalisé une reproduction à l’échelle de la salle voûtée du site de La Châtelaine qu’ils ont visité en octobre 2022, et qu’ils ont « réalisé des relevés à l’aide de bâtons, de morceaux de ficelle et même de parties du corps pour comprendre les ordres de grandeur et autres notions appliquées en mathématiques ». On aurait eu envie d’en savoir plus !
Arts
Depuis plus de vingt ans, l’association Entretemps organise des séminaires autour des mathématiques, de la musique, de la philosophie ou des arts. Nommés MAMUPHI (pour mathématique-musique-philosophie), ces séminaires sont donnés à l’Ircam un samedi par mois, voici le programme des derniers donnés. La thématique de celui d’avril ? L’esthétisme de la structure du mouvement, notamment en lien avec les travaux du mathématicien français Jean-Marie Souriau, un séminaire à retrouver sur YouTube (comme les précédents).
Pour finir
Vous l’aviez déjà noté dans votre agenda ? Fin mai vous retrouverez le salon Culture et jeux mathématiques, un évènement majeur de la diffusion des mathématiques qui remplit pendant quatre jours la place Saint-Sulpice de milliers de curieux petits et grands – programme à retrouver directement sur le site du salon. Nous en reparlerons, bien sûr, dans la prochaine édition de cette revue de presse. Rappelons que pour permettre de pouvoir continuer à proposer cet évènement, tout en préservant sa gratuité, Animath a lancé un appel aux dons via la plateforme HelloAsso.
Crédits images
Victor Héraut
10h06
Une autre vidéo intéressante sur la tuile apériodique a été faite sur la chaîne Youtube Passe-Science : https://www.youtube.com/@PasseScience/
10h00
Une carte du monde recense les modèles de Gömböc exposés dans diverses institutions (bibliothèques, musées…) : https://gomboc.eu/en/individual-gomboc-pieces/#list dont trois françaises : la bibliothèque de l’Institut Henri Poincaré, le Centre Pompidou et la bibliothèque de l’Institut de Mathématiques de Bourgogne.