Octobre 2023

Publié le 1 novembre 2023

L’actualité est très sombre et nous vivons des moments angoissants. Mais cela n’entame en rien notre conviction que, pour espérer aller vers un monde où les femmes et les hommes pourront vivre libres, en harmonie, en paix, dans un environnement de qualité, l’éducation, la recherche scientifique, la pensée rationnelle, le progrès de la connaissance sont des conditions absolument essentielles. La revue de presse d’Images des mathématiques montre, mois après mois, que tous ces domaines traversent une crise qui ne fait que s’aggraver, qu’ils sont malmenés, laissés à l’abandon par les pouvoirs publics. Celle de ce mois d’octobre n’échappe pas à la règle. Les cris d’alarme s’accumulent : « Nous sommes en train d’échouer », « L’enseignement scientifique en souffrance au lycée », « Baisse du niveau des élèves », « Pénurie d’enseignants », « Manque d’attractivité de la profession », « La majorité des universités devraient être déficitaires fin 2023 »… et comment ne pas évoquer l’échec cuisant de la réforme du lycée, l’aggravation des inégalités sociales, celle de l’inégalité entre femmes et hommes dans les cursus et dans les carrières scientifiques, vraiment dramatique en mathématiques ?

Heureusement, les revues de presse apportent aussi leur lot de nouvelles plus réconfortantes. Nous vous donnerons pour commencer un bon moyen pour faire perdre la face à une bande de papier rectangulaire. Vous verrez dans la rubrique À l’Honneur les nombreux prix attribués à des mathématiciennes et des mathématiciens. Vous constaterez dans Diffusion que la science s’expose et se fête abondamment. Vous aurez la confirmation dans Recherche que les nombres premiers sont toujours aussi fascinants, que les questions qui se posent encore à leur sujet sont aussi nombreuses qu’eux et qu’il arrive à celles et ceux qui y travaillent avec ardeur d’apporter des réponses ! Vous découvrirez dans Applications que les mathématiques permettent de sérieuses avancées en médecine. Vous apprécierez dans Parutions la richesse de la production éditoriale en mathématiques. Vous pourrez aussi vous plonger dans l’histoire de notre discipline et faire un tour du côté des Arts.

Et pour votre dessert, vous aurez des calissons parfumés au Calvados. Bonne lecture !

À la une

L’expérience est simple à réaliser soi-même, avec ses élèves ou avec ses enfants : découpez des rectangles de papier de largeur constante (disons 5 cm) et de hauteur variable (entre 10 et 30 centimètres). Recollez les petits côtés des rectangles à l’aide de ruban adhésif, après avoir fait un demi-tour.

Les rectangles ayant servi pour la réalisation du bandeau de cet article.

On appelle le résultat ruban de Möbius. Pour de grands rectangles, c’est facile. Pour de petits rectangles, c’est de plus en plus difficile et si vous y parvenez, le ruban de Möbius que vous obtenez devrait ressembler de plus en plus à un triangle équilatéral. On le voit en images dans un article de ScienceNews 🇺🇸 publié en 2007.

À la limite, le rectangle a trois plis et sa hauteur est de

\[5 \sqrt{3} \approx 8.65 \text{cm}.\]

Vous n’arrivez pas à faire mieux ? Ne vous en veuillez pas trop. Richard Ewan Schwarz, dans une prépublication récente, a démontré que les rubans de Möbius plongés dans l’espace euclidien ont un ratio

\[\frac{\text{hauteur}}{\text{largeur}} > \sqrt{3}\]

et que si une suite de rubans de Möbius formés à partir de rectangles a son ratio qui converge vers \(\sqrt{3}\) alors ces rubans convergent (dans le sens approprié) vers le ruban triangulaire.

Ce résultat était attendu depuis 1977. L’histoire de cette découverte est à retrouver dans ScienceNews 🇺🇸, à qui Schwarz a accordé un entretien éclairant. Professeur à l’université de Brown, ayant fait ses preuves dans les années 1990 sur des travaux remarquables en théorie géométrique des groupes, Schwarz explique son cheminement vers des problèmes moins ésotériques, en disant que ceux-ci lui procurent moins de pression : « J’aime les situations où personne n’a la moindre idée de ce qu’il faut faire ; je n’aurai pas honte si je me plante ; je serai tout simplement comme tous les autres ».

Recherche

Du nouveau dans la répartition des nombres premiers ?
Erica Klarreich signe dans Quanta Magazine 🇺🇸 un survol des récents travaux de Julia Stadlmann, Jared Duker Lichtman et Alexandru Pascadi, qui étudient avec James Maynard 🇬🇧 à Oxford. Perfectionnant les méthodes de Yitang Zhang et de James Maynard, leurs prépublications améliorent encore les meilleures bornes connues sur les écarts entre nombres premiers et sur le nombre de décompositions en sommes de deux nombres premiers, entre autres.

Ce sont encore des jeunes qui sont à la pointe, cette fois-ci du côté du problème des ensembles de Furstenberg, vieux d’une vingtaine d’années. Situé au carrefour (à première vue improbable !) de la théorie géométrique de la mesure, de l’analyse harmonique et de la combinatoire additive, celui-ci demande d’étudier la dimension de Hausdorff 3La dimension de Hausdorff généralise la notion de dimension usuelle. C’est un concept bien adapté aux fractales ; nous renvoyons par exemple au dépliant dans l’article récent de Vincent Borrelli et Jean-Luc Ruillière sur ce site pour un éclairage.d’un ensemble du plan connaissant une borne inférieure des dimensions de Hausdorff de son intersection avec des droites, formant elle-même un ensemble dont on connaît seulement la dimension de Hausdorff. Une prépublication signée par Kevin Ren et Hong Wang annonce avoir résolu le problème dans toute sa généralité, s’appuyant sur une percée à peine moins récente d’Orponen et Shmerkin. Leila Sloman dans Quanta magazine relate la rencontre de Ren et Wang autour de ce problème.

Bien que tous les travaux cités ci-dessus soient extrêmement prometteurs, il convient de rappeler qu’il s’agit à ce jour de prépublications et que leur sort dépend encore de l’examen que les expert·e·s ne manqueront pas de leur apporter dans les prochains mois.

Vie de la Recherche

« Nous sommes en train d’échouer », telle est la mise en garde adressée au gouvernement par trente-sept scientifiques dans une tribune🔒 du Monde. Ils et elles appellent à un « projet Manhattan » pour la transition écologique. Le premier tiers du texte rappelle certaines conséquences du réchauffement climatique et la nécessité de « décarboner les procédés énergétiques, physiques, chimiques et agricoles » tout en soulignant que, d’après l’IEA 🇬🇧 (Agence Internationale de l’Énergie), (site web, communiqués et études en anglais) « 40 % des technologies nécessaires à la transition environnementale ne sont pas à un niveau de maturité suffisant ». Une deuxième partie s’ouvre avec ce constat : « nous sommes en train d’échouer », une assertion : « pour relever ce défi dans l’urgence, il est impératif de coupler des avancées scientifiques rapides à des transformations industrielles massives » et un appel à la mise en œuvre d’un projet de grande ampleur avec la création d’un centre de recherche et d’innovation qui collaborerait avec « l’ensemble du tissu académique et industriel international ». Bien entendu, puisque, pour certain·e·s, collaboration et compétition semblent se conjuguer, il était nécessaire de préciser ici que « ce projet à l’interface entre recherche et industrie a l’ambition de faire de la France et de l’Europe des leaders des technologies de la transition écologique ».

Selma Mahfouz

Le troisième tiers de la tribune propose des pistes de financement d’amorce de ce projet à hauteur d’un milliard d’euros, montant à mettre en perspective avec les travaux de Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz (inspectrice générale des finances). Le journal Libération revient sur cette tribune avec une interview d’Yves Laszlo (qui est l’un des signataires). L’occasion pour le quotidien et pour ses lecteur·ice·s d’interroger le parallèle avec le projet Manhattan, mais également le propos qui pourrait être perçu comme « technosolutionniste, […] alors qu’on sait que la sortie de crise passera par un changement des modes de vie ».

Isabelle Méjean

Ce dont le mathématicien se défend dans une réponse qui laisserait pourtant comprendre l’inverse : selon lui, la transition écologique concernerait d’une part la décarbonation de l’économie, qui intéresse les signataires de la tribune « car c’est [leur] métier en tant que scientifiques » ; et d’autre part le changement des usages et la sobriété, qui serait l’apanage du politique, par des choix de planification écologique, apparemment déconnectés d’un travail préalable des scientifiques. Les économistes signataires de la tribune, parmi lesquelles Patricia Crifo, spécialiste du climat et de la finance durable, et Isabelle Méjean, spécialiste du commerce international apprécieront…

Toujours est-il que l’actualité vient effectivement étayer le constat de pauvreté des moyens déployés à l’heure actuelle par le gouvernement : au milliard d’euros immédiat demandé par les auteurs et autrices de la tribune, l’État répond par une baisse (nominale ou effective une fois rapportée à l’inflation) du budget alloué au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. À titre de comparaison le projet de loi de finances 2023 prévoyait un budget de 25,7 milliards d’euros « dont 15 milliards d’euros pour le programme « Formations supérieures et recherche universitaire », 8,2 milliards d’euros pour le programme « Recherches scientifiques et technologiques pluridisciplinaires » », celui de 2024 (dont la partie recettes a été « adoptée » en première lecture le 18 octobre dernier, le gouvernement ayant eu recours à l’article 49.3) s’élèvera à 26,6 milliards d’euros, « dont près de 15 milliards d’euros pour le programme « Formations supérieures et recherche universitaire », 7,8 milliards d’euros pour le programme « Recherches scientifiques et technologiques pluridisciplinaires » » (soit une prétendue hausse de budget total qui s’avère en fait inférieure à l’inflation et pour laquelle la somme nominale allouée aux missions de recherche a baissé). Un communiqué de la CGT répond quant à lui aux esprits provocateurs, qui seraient sans doute tentés de répondre que ce milliard d’euros pourrait être cet « argent public qui dort » dans les universités d’après Sylvie Retailleau, citée notamment par L’Étudiant. Le syndicat revient notamment sur l’annonce du lancement du Programme et Équipement Prioritaire de Recherche exploratoire Maths-VivES 4Mathématiques pour le Vivant, l’Environnement, la Société qui « vise à développer des théories, des modèles et des outils mathématiques pour une meilleure compréhension et appréhension des grands enjeux du xxie siècle », pour une enveloppe globale de 50 millions d’euros sur 10 ans. Parmi les stratégies de réponse aux enjeux écologiques, le CNRS entend allouer des budgets spécifiques à la recherche par le biais de Programmes et Équipements Prioritaires de Recherche (PEPR), qui « répondent à des enjeux environnementaux, économiques, de souveraineté nationale ou d’indépendance technologique ». Le directeur de Math-VivES, Arnaud Guillin, détaille les grandes lignes de ce programme, entre objectifs, méthodes et applications potentielles, dans une interview publiée sur le site du CNRS. Mais si le syndicat estime que « l’effort peut […] sembler significatif à première vue », il rappelle que « ce nouveau programme de recherche ne résoudra en rien les principaux problèmes auxquels est confronté l’enseignement supérieur et la recherche, en mathématiques comme ailleurs, qui vont par ailleurs être amplifiés par cette nouvelle coupe budgétaire », expliquant notamment que le recours au financement par projet devrait rester l’exception, exigeant une vague de titularisations ainsi qu’un retour aux budgets récurrents des laboratoires.

L’annonce du PEPR Math-VivES a d’ailleurs eu lieu le jour de l’inauguration à l’Institut Henri Poincaré (IHP) de la Maison Poincaré, le musée des mathématiques qui a ouvert ses portes au public le 30 septembre (voir notre revue de presse du mois dernier).

Sylvie Benzoni

L’occasion pour le journaliste de France Culture Pierre Ropert d’interroger Sylvie Benzoni, directrice de l’IHP, et Mélanie Guenais, vice-présidente de la Société Mathématique de France, sur la question de la place des femmes dans les études et carrières mathématiques, lors d’une interview croisée, au cours de laquelle elles reviennent sur la (très) faible proportion de femmes dans ces filières. Elles en énumèrent les causes potentielles (réforme Blanquer, élitisme dans cette discipline, absence de modèles, stéréotypes de genre…), également explorées dans le portrait de Mélanie Guenais dressé par France Culture. Cette dernière explique par ailleurs que cinquante millions en dix ans (l’enveloppe du PEPR) constituent « une somme relativement modeste [qui] ne permettra pas de faire changer la donne sur les conditions de travail des enseignants chercheurs. 50 millions d’euros, cela représente le coût de 12 carrières complètes d’enseignant·e·s-chercheur·e·s ; alors qu’il en faudrait plutôt 300, selon l’Institut National des Sciences Mathématiques et de leurs Interactions, pour rétablir un peu d’air ».

Mélanie Guesnais

Et le journaliste de conclure : « la place des femmes dans les mathématiques, elle, n’a pas été considérée dans l’équation », en référence à la controverse suscitée par la publication des 15 actions pour une stratégie nationale en mathématiques en 2023, dans lesquelles la question de la très faible proportion de femmes dans les cursus et carrières mathématiques reste absente. Notre dernière revue de presse avait notamment relayé à ce sujet la réaction de femmes et mathématiques, c’est ce mois-ci au tour de la Société Mathématique de France, de publier un communiqué commun avec l’Association pour la Recherche en Didactique des Mathématiques (ARDM), femmes & mathématiques et la Société Française de Statistiques (SFDS), dans lequel ces associations « saluent la qualité et la pertinence du travail collectif réalisé pour la tenue des Assises », mais « regrettent que les actes et leurs « 15 actions », non signés et non relus par les pairs, ne reflètent pas objectivement le travail produit et aboutissent à un texte déséquilibré qui oublie ou déforme des propos essentiels ». Elles dénoncent plus particulièrement « le manque de transparence dans le processus de décision [qui] n’a permis ni de clarifier, ni de discuter des critères ayant conduit au choix des « 15 actions » parmi l’ensemble de toutes les propositions effectuées dans les travaux préparatoires », estimant que « s’il n’y a aucun doute sur l’engagement de l’INSMI pour mettre en lumière le rôle de notre discipline dans la société, la méthode employée qui a conduit à une retranscription biaisée et déséquilibrée des travaux et réflexions collectifs, questionne ». Le communiqué conclut sur la nécessité de coopération et d’engagement pour des actions en faveur de la diversité et de la parité au sein de la communauté mathématique.

Parmi les causes régulièrement citées de la désertion des cursus scientifiques, et particulièrement mathématiques, par les filles, il y a la réforme Blanquer de 2019, qui a conduit à la suppression des filières générales (scientifiques, littéraires et sciences économiques et sociales) au lycée, et avec elles, celles des heures de mathématiques obligatoires pour bon nombre d’élèves. Dans son portrait sur France Culture, Mélanie Guenais souligne : « nous sommes passés à presque une fille sur deux qui abandonne les maths dès la première. C’est un recul sociétal majeur ». Un constat qui l’a poussée, il y a un an et demi à fonder le collectif maths & sciences. Et les conséquences de cette réforme ne se font pas sentir qu’en termes de parité. Un article du Monde explique ainsi que les étudiant·e·s en école de commerce sont de plus en plus nombreux·se·s à avoir un niveau en mathématiques insuffisant. Face à ce constat, les écoles investissent pour remettre à niveau leurs nouvelles recrues, à grand renfort de sessions de rattrapage pendant les vacances, et d’augmentation du volume horaire des cours de techniques mathématiques. Une approche utilitariste de l’enseignement mathématique que les écoles de commerce peuvent se permettre, aussi parce que leurs finances bénéficient du coût souvent prohibitif de leurs formations.

Laura Chaubard

Le Monde du 26 septembre🔒 revient sur la nomination de Thierry Coulhon à la tête de l’Institut Polytechnique de Paris. La direction de l’École Polytechnique est confiée quant à elle à Laura Chaubard, déjà directrice générale de l’X. Un choix de gouvernance bicéphale qui marque un tournant dans la politique de gouvernance de l’école Polytechnique, et pose de nombreuses questions. Pour Yves Laszlo, ancien directeur de l’école, il y a « deux versions d’interpréter ce choix, […] une version optimiste, annonçant un vrai institut de sciences et de technologies, une montée en gamme sur les laboratoires de recherche, plus de doctorant·e·s et des ingénieur·e·s qui feront plus de sciences […] et une version pessimiste, celle de la construction d’une ligne Maginot entre les écoles d’application et l’École Polytechnique, sans vision de l’État ». L’enseignant-chercheur à Paris-Saclay semble oublier qu’il y a derrière ces décisions des choix politiques. L’article explique que « l’exécutif veut relancer l’idée d’un MIT à la française », et l’un des collègues du mathématicien interroge ainsi le rôle joué par les tutelles ministérielles : « les deux ministères les plus concernés, armées et économie, ne connaissent pas grand-chose à l’enseignement supérieur et à la recherche […] l’IPP n’a été créé que pour que l’X et quelques autres écoles puissent se séparer de l’Université Paris-Saclay ». La nomination du mathématicien Thierry Coulhon, ancien président clivant (pour reprendre les propos du Monde 🔒 du haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres), ancien directeur adjoint (octobre 2009- avril 2010 ) du cabinet de Valérie Pécresse, alors ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de Nicolas Sarkozy, et ancien conseiller d’Emmanuel Macron, n’a rien de bien surprenant. Celle de Laura Chaubard, en revanche, casse au moins les codes du magazine Challenges qui salue une décision « inédite à plus d’un titre. D’abord, celle qui était déjà directrice générale depuis un an n’avait pas postulé à la relève. Ensuite, elle a été préférée aux six candidats déclarés, tous des hommes. Une seule femme avant elle, Marion Guillou, avait dirigé l’X entre 2008 et 2013. Enfin, pour succéder à Éric Labaye, 62 ans, pur produit du privé qui a fait toute sa carrière à McKinsey, le gouvernement a choisi une fonctionnaire de 43 ans, ingénieure en cheffe de l’armement. »

Enfin, le périodique Cameroon Tribune 🔒 consacre un article à l’autorisation donnée par le gouvernement camerounais à la poursuite des activités de l’Institut Africain des Sciences Mathématiques (AIMS) dans ce pays. Une attention particulière devrait être accordée aux enjeux de parité.

Applications

CorseMatin s’est attardé à décrire la collaboration entre la médecine et les mathématiques. Un séminaire s’est tenu à Ajaccio au sujet du traitement des enfants atteints de cancers. Or, depuis plusieurs années, l’oncologue spécialisé dans la radiothérapie pédiatrique à l’hôpital de la Timone à Marseille, Xavier Muracciole, travaille avec Dominique Barbolosi, professeur de mathématiques à Aix-Marseille Université (AMU). Ensemble, ils cherchent à minimiser les séquelles des traitements du cancer, tout en obtenant les meilleures efficacités. Avec l’outil “modélisation” et une base de données de l’institut Gustave Roussy à Paris qui prend en charge une centaine d’enfants par an, ils essaient de proposer « des schémas thérapeutiques plus adaptés ».

En 2015, c’est la revue L’éléphant qui avait donné la parole à Dominique Barbolosi. Il y expliquait avec pédagogie le rôle de la modélisation mathématique en médecine.
Derrière un cancer – comme le cancer du sein – se cachent en fait plusieurs variations, le médecin doit d’abord classifier la pathologie pour ainsi trouver les molécules adaptées. « À ce premier facteur d’individualité s’ajoute la spécificité du métabolisme de chacun, dont il faut tenir compte car, une fois que le choix des molécules est posé, restent encore d’autres questions essentielles : à quelle dose administrer ces molécules, à quel rythme, avec quelle chronologie ? C’est là qu’interviennent les mathématiques », indiquait le mathématicien. Et cette interindividualité, elle se traduit “mathématiquement” par des équations différentielles. Puis, « certains outils fournis par le calcul des probabilités permettent, en croisant les informations connues sur la population et sur l’individu, de calculer avec une bonne précision les valeurs de chaque paramètre ». Et enfin, « les méthodes d’optimisation permettent d’adapter la posologie afin d’obtenir pour chaque individu le traitement le plus efficace sur la tumeur et le moins toxique sur les cellules saines ».

Cet entretien ouvrait d’ailleurs sur la récurrente question de “l’utilité des mathématiques”. Après avoir cité Alain Connes, le mathématicien s’épanchait sur la question : « Contrairement à ce que l’on pourrait naïvement penser, le moteur essentiel de la découverte scientifique n’est pas la recherche d’une quelconque application immédiate, mais plutôt la curiosité. Néanmoins, lorsqu’en retour les applications sont possibles, et par exemple peuvent aider à mieux soigner, refuser par principe de le faire au prétexte que les mathématiques doivent rester « pures » me semble relever d’un détournement d’une pensée célèbre de Carl Jacobi : “Le but unique de la science, c’est l’honneur de l’esprit humain, et sous ce titre une question de nombres vaut autant qu’une question du système du monde.” »

« Rien de mystique dans l’IA, que des mathématiques ! »

Ivana Bartoletti

« Il n’y a rien de magique dedans, ce sont des mathématiques pures. » Dans un entretien pour L’Express🔒, Ivana Bartoletti 🇬🇧, fondatrice du Women Leading in AI Network 🇬🇧, responsable de la protection de la vie privée et des données personnelles chez Wipro 🇬🇧, souhaite lever le mystère de l’IA générative, qui peut aisément apparaître comme magique. « L’aspect conversationnel d’un ChatGPT est impressionnant, mais ces systèmes représentent en fait la probabilité qu’un mot en suive un autre. […] Ce qui les rend particulièrement intéressants, c’est qu’ils n’optent pas toujours pour le mot le plus probable, il y a des variables aléatoires qui rendent leurs productions plus riches. »
Elle profite de cet échange pour questionner les termes “intelligence” et “artificielle”, car « elles sont le fruit de l’analyse des données humaines » et que « ces outils sont parfois plus performants que des humains, mais uniquement sur des tâches spécifiques. Et ce n’est pas parce qu’ils sont “intelligents” à la manière dont un humain peut l’être, mais parce qu’ils ont été entraînés d’une certaine façon. »

Pour clore cette rubrique sur une thématique plus légère, Tom Crawford 🇬🇧, mathématicien à l’université d’Oxford et vulgarisateur populaire, s’est amusé à calculer le moment précis où un jeune enfant commencera une crise dans un avion, une étude publiée sur le site du courtier Asda Money 🇬🇧 (aussi relayé ici 🇬🇧). Le journal des femmes a relayé cette étude sur ce problème aussi agaçant pour les passagers qu’angoissant pour les parents. Tom Crawford s’est appuyé sur quatre paramètres (le sommeil, l’ennui, la faim et le bruit) pour trouver l’équation censée déterminer le moment de la crise de pleurs des enfants à bord d’un vol. « En clair, cela signifie que les familles et les voyageurs peuvent prétendre à un vol sans cris et pleurs si celui-ci dure moins de 129 minutes et si les parents ont en amont pris des précautions pour rassurer et calmer leurs enfants », peut-on y lire.

Enseignement

Niveau des élèves en mathématiques

Dans cette vidéo d’environ 30 minutes du Figaro TV, la rédactrice Sophie de Tarlé reçoit Mélanie Guenais (vice-présidente à la Société Mathématiques de France), Jean Nemo (directeur général de la Librairie des Ecoles) ainsi que Rémi Chautard (professeur de mathématiques). Le niveau très bas en mathématiques des élèves est constaté à travers divers exemples concrets : ainsi 50% des élèves ne savent pas dire combien de quarts d’heure il y a dans trois quarts d’heure à l’entrée en Sixième.

Différentes pistes de réflexion sont données pour répondre à la question : « Pourquoi le niveau des élèves français est-il si bas ? » et pour comprendre sur quels leviers agir pour enrayer cette chute. Cet exemple révélateur est repris dans des articles du Monde🔒 et du Point🔒 qui relaient la note d’alerte publiée par le Conseil Scientifique de l’Éducation Nationale (CSEN), dont nous parlions dans notre revue de presse de septembre. On peut notamment y lire que, selon le conseil scientifique, « à l’entrée en Sixième, la plupart des élèves ignorent le sens des fractions les plus simples ». Par exemple seulement « 22% [des élèves] placent correctement la fraction ½ sur une ligne graduée de 0 à 5 ». Selon l’article du Point, « La baisse du niveau des élèves en maths [entraîne que] la compétitivité de notre pays est en jeu ». Ceci est effectivement illustré dans cet autre article du Monde🔒 qui s’inquiète du niveau insuffisant en mathématiques des étudiants en école de commerce. Pour Ahmed Dammak (directeur des programmes de l’EDC Paris Business School), « On ne cherche pas à faire d’eux des top matheux. Mais les matières quantitatives abordées – statistiques, finances, comptabilité – exigent quand même un minimum de connaissances mathématiques ».

C’est aussi le thème de cette vidéo publiée sur FranceTV dans laquelle Sylvie Benzoni-Gavage (mathématicienne, directrice de l’Institut Henri Poncaré depuis 2018) tente de répondre à la question : « Maths : pourquoi la France décroche ? ». Comme indiqué dans le texte accompagnant la vidéo, l’invitée s’appuie sur des déclarations de Gabriel Attal (ministre de l’Éducation Nationale) qui promettait en août dernier « un choc des savoirs ». Il avait enfoncé une porte ouverte en déclarant que « nous devons engager une bataille pour le niveau de notre école ». On retrouve dans cette vidéo le triste exemple des « trois quarts d’heure », agrémenté de deux constats non moins inquiétants : « un quart des candidats au brevet ont moins de 4 sur 20 en mathématiques » et « en 2018, un élève de quatrième avait le niveau d’un élève de Cinquième en 1995 ».

Sans surprise, la situation n’est pas meilleure au lycée. Tous les rapports de ces dernières années montrent que l’enseignement scientifique y est en souffrance et que les classes sont de plus en plus hétérogènes. Sous le titre L’enseignement scientifique en souffrance au lycée, Le Café pédagogique écrit : « Au vu des enjeux du xxie siècle, on ne peut que regretter que cet enseignement connaisse des difficultés de mise en œuvre, alors qu’il est absolument nécessaire de former tous les futurs citoyens aux sciences et aux enjeux scientifiques et technologiques qu’ils connaîtront dans leur vie future ».

Les pistes d’amélioration

Tout d’abord, cet article de L’Étudiant donne quelques pistes pour améliorer le niveau des élèves en maths : susciter l’intérêt des mathématiques dès le plus jeune âge, conserver les trois spécialités en Terminale ou encore renforcer le tronc commun de maths en Première.

Une mesure étonnante proposée par les experts de l’Académie des technologies pour améliorer les compétences des petits Français en mathématiques consiste à instaurer une année d’école en plus pour les élèves en difficulté. Cette idée, relayée dans cet article du Parisien🔒, viserait à faire passer la durée du cycle 3 (c’est-à-dire CM1 – CM2 – Sixième) de trois à quatre ans. Cette mesure a aussi fait parler d’elle sur BFMTV. L’article précise que « concrètement, il s’agirait d’un « contrat » passé avec les parents volontaires. […] Cette année supplémentaire pourrait ainsi permettre « d’étaler » le programme scolaire de ces trois années sur quatre ans. Sur les temps libérés, on pourrait accompagner individuellement les élèves pour les aider à progresser ».

Outre les réformes et autres changements structurels, il existe de nombreux moyens pour s’améliorer progressivement en mathématiques. On lit par exemple dans Le Figaro Étudiant que « Deux chercheuses du Centre for Mathematical Cognition à l’Université de Loughbrough au Royaume-Uni, Jayne Spiller et Camilla Gilmore, ont montré […] qu’à un certain moment de la journée, il était plus facile de mémoriser les mathématiques ». Leurs résultats montrent qu’il s’agit du matin après le réveil. Cette étude vient conforter ce que disait le Conseil Scientifique de l’Éducation Nationale dans une note publiée en mars 2022 (Mieux dormir pour mieux apprendre). Toujours du côté du Figaro Étudiant, cet article nous parle d’Yvan Monka, professeur agrégé de mathématiques et créateur de contenu sur la chaîne YouTube maths et tiques. (que notre revue de presse a déjà eu l’occasion d’évoquer). Celui-ci nous présente une astuce pour progresser en mathématiques que nous vous laissons découvrir. En outre il insiste sur le fait qu’il est important « d’apprendre à aimer les mathématiques car elles sont incontournables » en donnant des exemples divers et variés : « Si vous souhaitez devenir avocat par exemple, vous allez être amené à faire des démonstrations tout au long de votre vie. Sans rigueur et logique mathématiques ce sera compliqué. Pour les études de médecine, l’analyse de données statistiques requiert également l’usage des mathématiques. Que vous fassiez des études de chimie, de biologie, de géologie ou pour être professeur, etc., vous aurez toujours besoin d’un minimum de mathématiques pour acquérir un niveau plus ciblé vers le métier choisi ». Et même dans la vie quotidienne nous retrouvons des maths partout autour de nous : « Pour installer un meuble, il vous faudra prendre des mesures, et pour cuisiner, faire des proportions ».

Enseigner les maths en passant par la musique.

Dernière piste pour obtenir de meilleurs résultats en mathématiques : la musique ! L’Internaute cite une étude publiée dans Educational Studies 🇺🇸. On y apprend notamment que « ces résultats, qui concernent surtout l’arithmétique, montrent que la musique a un impact plus important chez les jeunes enfants et chez ceux qui apprennent des concepts élémentaires ». Cette étude est aussi reprise par Radio France : « Et si, pour enseigner les maths, on passait par la musique ? La musique peut-elle être le moyen d’accéder à une meilleure compréhension des mathématiques ? Une question que soulève une étude turque, alors qu’en France, la discipline souffre d’une mauvaise image à l’école et affiche de piètres résultats dans les classements internationaux ».
Est-ce grâce à la musique que Bernard Sauvat est devenu professeur de mathématiques ? Est-ce grâce aux mathématiques qu’il a changé de métier pour devenir auteur-compositeur-interprète ?

Enseignant.es, finances et budget

Un autre levier intéressant et redondant dans la plupart des articles cités précédemment concerne la formation des enseignant·e·s. Cet article de vousnousils revient sur le fait que le réseau des INSPE propose la création d’une licence dédiée en présentant un « modèle basé sur celui des AED en préprofessionnalisation ». Parmi les possibles réformes évoquées on retrouve le déplacement du concours à la fin de la licence, ou encore un financement dès le post-bac (depuis plus de 15 ans, la grande majorité de la communauté éducative réclame en vain l’instauration d’un pré-recrutement des enseignants s’inspirant de ce qu’étaient les IPES dans les années 1970 et 80). L’article met aussi en avant un schéma proposé par le réseau des INSPE concernant ce que pourrait être la formation des enseignant·e·s, avec « une entrée progressive dans le métier ». Cette volonté de faire évoluer la formation s’explique principalement par la pénurie d’enseignant·e·s que nous connaissons depuis de nombreuses années. Ce communiqué de presse de l’UNESCO revient sur la journée mondiale des enseignants : « face à la pénurie de vocations, Audrey Azoulay [directrice générale de l’UNESCO] plaide pour revaloriser le statut des enseignants. À la veille de la Journée mondiale des enseignants (5 octobre), de nouvelles données de l’UNESCO montrent qu’il manque encore 44 millions d’enseignants dans le monde pour atteindre l’objectif d’un enseignement primaire et secondaire pour tous d’ici 2030. Il ne s’agit pas que d’un problème de financement : c’est aussi lié au manque d’attractivité de la profession. L’UNESCO adresse 7 recommandations à ses États membres pour améliorer le statut des enseignants ». On trouve une analyse similaire de cette pénurie mondiale ainsi que ces 7 recommandations dans cet article du Café pédagogique.

Enfin parlons un peu des problèmes de budget et du financement des Universités. Un article leur est consacré sur le site de France culture : Enseignement supérieur et recherche : un budget en hausse mais une précarité installée. Les auteurs écrivent : « Le budget du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche augmente d’1,2 milliard d’euros. Mais on reste encore loin de l’objectif européen, pourtant adopté par la France, de consacrer 3% du PIB à la recherche ». Des explications ainsi que des témoignages de la ministre, d’enseignants et d’étudiants y sont réunis. Signalons aussi cet article du Monde🔒 qui brosse un triste portrait du financement des Universités : « Entre Macron et les présidents d’établissements, les raisons d’une défiance. La majorité des universités devraient être déficitaires fin 2023, à défaut de toucher une dotation étatique suffisante, alertent leurs chefs pour qui la situation est critique, bien loin de celle décrite par Emmanuel Macron, début septembre ».

Journées nationales de l’APMEP

Elles ont eu lieu cette année à Rennes, du 21 au 24 octobre. Elles ont connu un grand succès. L’organisation était remarquable et le programme très intéressant. Plus de 950 enseignantes et enseignants de mathématiques s’y étaient inscrits, n’hésitant pas à amputer de quatre jours leurs vacances de Toussaint. Images des mathématiques y était bien représenté, avec un stand et un atelier, tous deux très réussis. Nous reviendrons sur ce rendez-vous incontournable.

À l’honneur

En ouverture de cette rubrique, saluons comme il se doit le récent retour en France de la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, emprisonnée en Iran en 2019, condamnée en 2020 pour « atteinte à la sécurité nationale » et libérée en février dernier sans avoir le droit de quitter l’Iran.

Fariba Adelkhah en 2010

Annoncée par Sciences-Po, l’institution de recherche de Fariba Adelkhah, l’information a notamment été reprise par Le Monde dans un article qui, fait de plus en plus rare, est accessible sans restriction. Il y a aussi sur le site de Science Po un historique détaillé de cette affaire. La revue Critique internationale, dont elle était membre fondatrice, lui avait consacré un dossier spécial en 2021.

Cette bonne nouvelle fait chaud au cœur, surtout vu l’actualité de ces dernières semaines. Si le nombre de personnes détenues arbitrairement dans le monde est pratiquement impossible à déterminer avec précision, il ne fait aucun doute qu’il est très élevé. Resco Courtage, société d’assurance spécialisée dans les risques liés à la sécurité, évoque une estimation de 20 000 à 30 000 victimes par an. Le site belge Business AM parle lui de plus de 100 000 enlèvements dans le monde pour la seule année dernière. Les deux s’accordent à dire que ces enlèvements sont en grande majorité crapuleux.

Fariba Adelkhah est anthropologue. Rien dans son travail ni dans le sort qu’elle vient de subir pendant cinq ans ne semble avoir de lien avec les mathématiques. Si nous en parlons sur ce site dédié aux mathématiques, c’est que pour notre discipline, comme pour tous les champs du savoir et de la culture, la liberté est une exigence primordiale et la justice une valeur non négociable. Tout ce qui y porte atteinte est intolérable et constitue une entrave au progrès de la connaissance et une concession à l’obscurantisme. Ce qui est à l’honneur ici, c’est la justice, c’est la liberté.

De nombreux prix ont été attribués à des mathématiciennes et à des mathématiciens en ce mois d’octobre.

L’Académie de Saintonge a décerné le Prix de la Rochelle Université à Abdallah El Hamidi, mathématicien marocain, maître de conférences à l’université de La Rochelle. Il est récompensé pour ses travaux en mathématiques appliquées au domaine médical.

Abdallah El Hamidi

MarocHebdo, qui se réjouit évidemment de cette « belle distinction », précise que les résultats obtenus par Abdallah El Hamidi « ont été utilisés avec succès au Centre Hospitalier Universitaire de Bordeaux pour le guidage des ultrasons focalisés à haute intensité pour le traitement des tumeurs cancéreuses ». Étonnamment, nous n’avons trouvé aucune mention de cette distinction sur le site de l’université de La Rochelle, pas plus que sur les pages du Laboratoire des Sciences de l’Ingénieur pour l’Environnement (LaSIE), unité mixte de recherche du CNRS associée à cette université, dont le lauréat est membre.

C’est tardivement que l’université Clermont Auvergne a annoncé l’attribution d’un Frontier of Science Award 🇬🇧 à deux de ses enseignants-chercheurs du Laboratoire de mathématiques Blaise Pascal (LMBP, CNRS) : Simon Riche et Louis-Hadrien Robert. C’est en effet en juillet que le prix leur a été remis à Pékin, au cours de la première édition de l’International Congress of Basic Science 🇬🇧. Les Frontier of Science Awards sont des prix qui récompensent la participation à la publication, au cours des 5 dernières années, d’un article original, « de grande valeur scientifique », dans une revue avec comité de lecture. Les domaines concernés sont au nombre de 34 : 22 en mathématiques (pures et appliquées), 10 en informatique théorique et 2 en physique théorique. Simon Riche a été primé dans la catégorie Théorie de Lie et théorie des représentations pour un article de 2022, et Louis-Hadrien Robert dans la catégorie Topologie algébrique et géométrique pour un article de 2020. Ce sont au total 134 articles qui ont été distingués : 86 en mathématiques, 32 en informatique théorique et 16 en physique théorique. Plusieurs mathématiciens (mais aucune mathématicienne…) exerçant en France figurent à côté de Simon Riche et Louis-Hadrien Robert. Citons Sébastien Boucksom, Laurent Fargues et Emmanuel Wagner (Institut de mathématiques de Jussieu – Paris Rive Gauche), Jérôme Buzzi, Sylvain Crovisier et Jean-Marc Fontaine (Université Paris-Saclay), Javier Fresan (École polytechnique), Maxim Kontsevitch (IHES).

Simon Riche

Pour Simon Riche, le millésime 2023 aura été exceptionnel : il fait partie des 15 lauréates et lauréats des prix de l’Académie des sciences dédiés aux mathématiques (l’académie décerne 88 prix dans les divers domaines scientifiques). Malheureusement, comme le relate Le Progrès, il a été victime d’une fracture de la clavicule lors d’une chute de vélo deux jours avant d’aller recevoir son prix. C’est sa mère qui l’a représenté à la cérémonie sous la coupole.

Outre Simon Riche, l’académie a honoré pour les mathématiques Karine Beauchard (ENS Rennes), Nicolas Bergeron (IMJ-PRG et ENS Paris), Kestutis Cesnavicius (Université Paris-Saclay), Marc Chardin (Sorbonne Université, IMJ-PRG), Anne-Laure Dalibard(Sorbonne Université, LJLL), Laurent Desvillettes (Université Paris Cité, IMJ-PRG), Eleonora Di Nezza (Sorbonne Université, ENS Paris, IMJ-PRG), Emmanuel Dormy (ENS Paris), Stéphane Gaubert (École polytechnique, INRIA), Jérôme Malick (Université Grenoble Alpes, Laboratoire Jean Kuntzmann), Yannick Privat (Institut Élie Cartan de Lorraine, École des Mines de Nancy, INRIA), Christophe Sabot (Université Lyon 1, Institut Camille Jordan), Pierre Schapira (Sorbonne Université, IMJ-PRG) et Amandine Veber (Université Paris Cité, laboratoire MAP5).

4 des lauréats honorés par l’Académie des Sciences

La liste des 15 est sur le site de l’INSMI.

Mentionnons également sept autres lauréates et lauréats de prix relevant des sciences informatiques : Isabelle Bloch, Rayan Chikhi, Gilles Dowek (Grand Prix INRIA – Académie des sciences 2023), Oana Goga, Fabien Lotte, Nelly Pustelnik et Julien Tierny.

La remise de la plupart des prix de mathématiques a eu lieu le 17 octobre lors d’une première séance solennelle sous la coupole de l’Institut de France. Une deuxième cérémonie de remise des prix est prévue le 21 novembre.

La coupole de l’Institut de France

La mathématicienne Katherine Johnson a travaillé une trentaine d’années à la NASA (agence spatiale américaine).
Elle a notamment contribué au calcul des trajectoires de la capsule Apollo-11 qui a emmené les premiers hommes sur la lune.

Katherine Johnson

Nous avions parlé d’elle, dans cette même rubrique, dans notre revue de presse de février 2020, au moment de son décès.

Les bibliothèques de West Virginia University 🇺🇸, l’université de Virginie occidentale, région dont elle était originaire, et le West Virginia and Regional History Center 🇺🇸 viennent de lui rendre hommage 🇺🇸 à l’occasion de l’ouverture officielle de ses archives.

Le site News.day s’est fait l’écho de cet événement.

Nous en parlions ici même le mois dernier, un colloque a eu lieu en septembre à l’Académie des sciences pour célébrer le centenaire de la naissance de René Thom.

Le mathématicien Federico Cantero Morán consacre à Thom un article dans le quotidien espagnol El Pais 🇬🇧.
Dans la carte blanche d’Étienne Ghys au Monde🔒 il est question de l’héritage intellectuel de René Thom. Ce dernier voyait l’unité de sa réflexion, en topologie et au-delà, dans la notion de bord.

Diffusion

L’objet à quatre trous qui n’en avait que trois ! Sylvie Benzoni et le rulpidon, emblème de la Maison Poincaré

Les médias ont été nombreux à parler le mois dernier de l’ouverture de la Maison Poincaré. Sur les ondes (France Inter, Radio France, France Info …), dans les journaux télévisés et bien sûr dans la presse écrite nationale et régionale. Le succès de la nouvelle exposition, Entrez dans le monde de l’IA, co-produite par Fermat Science(Beaumont de Lomagne), l’Institut Henri Poincaré (Paris) et la Maison des Mathématiques et de l’Informatique (Lyon), est tel que les visites affichent « complet » pour les vacances de la Toussaint. Pour la suite il est d’ailleurs « fortement conseillé » de réserver les places avant de faire le déplacement (en transports en commun ou en vélo car le nombre de places de stationnement est très réduit). Qui a dit que les mathématiques ne s’exposaient pas ? Qu’elles faisaient fuir le public ? Qu’elles ennuyaient ?

Pour les déçus il reste la solution de visionner les podcasts que l’Académie des Sciences vient de lancer en partenariat avec Canal Académies, la plateforme audiovisuelle de l’Institut de France. Petites histoires de science ce sont 35 enregistrements d’une qualité exceptionnelle actuellement disponibles.

Vous avez aussi les vidéos scientifiques d’Arte. La série documentaire Déclics, créée par la société de production montpelliéraine Mad Films, vulgarise des sujets de sciences comme la mécanique des fluides, la physique quantique ou la théorie du chaos… Cette série d’animation documentaire écrite par Pierre Lergenmüller (Points de repères) se propose de décrypter treize concepts épineux en les rendant accessibles à tous, y compris au jeune public et aux esprits hermétiques à la science. Mathématiques : le compte est bon !est une ressource qui n’intéressera pas que les enseignants.

Fête de la science

Fête de la Science 2023
La Science en fête !

Le mois d’octobre est traditionnellement celui de la Fête de la science. Au fil des années l’offres ne cesse de se développer sous la forme de conférences qui se multiplient, de présentations, d’expositions un peu partout (par exemple à Angers, de journées « portes ouvertes », de rencontres avec des chercheurs, de spectacles… Il est impossible de lister toutes les actions et l’ampleur de leur impact. Le phénomène ne se limite pas à notre « petit hexagone », les pays voisins (voir ici ou ) en profitent aussi. Mais pour l’instant il n’y a pas de coordination de tous ces événements au niveau européen.
La Fête de la Science est une richesse précieuse qui montre que l’attrait pour les sciences en général et des mathématiques en particulier est très vif dans un très large public. Si les mathématiques, un peu partout, ne sont pas en reste, loin de là, reconnaissons que les nombreuses initiatives sont parfois difficiles à repérer dans le flot des informations qui circulent. Il ne faut pas oublier non plus que la Fête de la science ne représente que quelques jours dans une année…

Hugo Duminil-Copin multiplie les interventions pour partager sa passion, expliquer les enjeux des mathématiques, leur importance, leur impact dans notre monde moderne. Il a accordé lors de la 10e édition du Heidelbert Laureate Forum(HLF), une interview au média d’Afrique sub Saharienne SciDev.Net. Extrait : « On apprend en se trompant, on apprend en essayant et un jour, on ne sait pas tout à fait pourquoi mais à force de répéter, à force d’essayer, une chose qui semblait impossible devient complètement évidente. Et ça, ce sera vrai pour toutes les mathématiques ».

Parutions

Outre Atlantique

Le volume 18.2 arrive…

Accromath est une revue francophone gratuite consacrée aux mathématiques et produite par l’Institut des sciences mathématiques du Québec.
Née en 2006, elle sort deux « volumes » par an qui sont disponibles en version « papier » (au Canada) ou en version « électronique ». Vous pouvez la lire en ligne ou la télécharger en version « pdf » en totalité ou article par article. Le site propose également un index alphabétique qui en fait une sorte d’encyclopédie, de plus en plus riche. Accromath cible principalement les jeunes (niveau collège ou lycée) et passionne toutes les personnes curieuses. C’est, entre autres, une « mine » pour les enseignant.es. Une revue qui devrait figurer dans tous les CDI, les bibliothèques municipales, les lieux de culture scientifique… À partager sans réserve et à faire connaître. Ajoutons qu’elle compte (depuis le début) Images de Mathématiques dans ses sites amis !
Le volume été-automne 2023 bénéficie du soutien de En avant math !, un catalyseur de croissance en sciences mathématiques lancé il y a trois ans. Vous y trouverez six dossiers qui abordent chacun des thèmes bien différents, présentés dans l’éditorial d’André Ross, une rubrique des paradoxes (tenue par Jean-Paul Delahaye), une « section problèmes », des pistes « pour en savoir plus ». Bonne lecture !

En kiosque

Pavage apériodique avec une tuile unique et sa retournée

Le dernier numéro du trimestriel La Recherche, couvrant les mois d’octobre à décembre, s’appuie sur un dossier qui emmène les lecteurs des origines de l’écriture aux agents conversationnels les plus récents. Dans la rubrique « mathématiques » Philippe Pajot (qui est rédacteur en chef de La Recherche) revient sur la découverte de la fameuse tuile apériodique par David Smith, Joseph Samuel Myers, Craig S. Kaplan et Chaim Goodman-Strauss, dont de nombreux médias (et notre revue de presse) ont déjà parlé. Cet article, facile à lire, permet aux lecteurs non initiés de bien appréhender l’importance du résultat et toutes les difficultés pour y parvenir. Il est complété par quelques pistes qui permettent d’aller plus loin et se termine par une conclusion qui n’est pas dénuée d’humour : Le monde des pavages n’a pas fini d’être exploré mais, même si il reste quantité de problèmes ouverts, vous pouvez désormais carreler votre salle de bain ou votre cuisine de manière apériodique avec un seul type de carreau !

Sur son site, La Recherche a publié en octobre une tribune du Collectif Maths&Sciences que vous pouvez lire dans son intégralité : Réforme du lycée : petites failles ou grandes fractures ?. On retrouve dans la dernière livraison du magazine, dans la rubrique « vie scientifique », un plaidoyer solidement argumenté pour mieux former les enseignants du primaire aux sciences, signé par Estelle Blanquet (INSPE d’Aquitaine), Serge Haroche (prix Nobel de Physique) et Daniel Rouan (Président de la Société Française de Physique). Le forum des enseignants du primaire parle d’un article vigoureux, d’un constat catastrophique et relaie l’article auprès de ses adhérents.
Les propositions ne sont nullement « exotiques », « révolutionnaires », ou « inapplicables ». Citons par exemple : « faire en sorte que les sciences ne soient plus optionnelles dans les concours de recrutement des enseignants, bénéficier d’une formation en lien avec le niveau de la classe, donner confiance grâce au partage des expériences, impliquer les familles en proposant des défis à faire à la maison ou collaborer à des projets de sciences participatives »…
Le texte souligne que « la situation est aujourd’hui critique et demande, d’urgence, une réelle volonté politique ». Les évolutions indispensables du métier des enseignants doivent s’accompagner « d’une amélioration des perspectives de carrière, tant sur le plan de la reconnaissance sociale que sur celui des salaires ». Ce qui implique que la perception par les politiques de la valeur de la science et des enjeux actuels de la formation est indispensable pour mettre en place des solutions pérennes.


On ne peut que saluer la rédaction du magazine La Recherche qui poursuit inlassablement son engagement.
Rappelons que Sciences et Avenir avait publié il y a deux ans une lettre ouverte (écrite par l’association Femmes et Sciences ainsi que plusieurs autres sociétés savantes) à l’intention de plusieurs ministères. Peu de temps après, le mensuel publiait une tribune à l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles en sciences, initiée par l’ONU.

Pour la Science, dans son numéro de novembre, plonge ses lecteurs dans le monde des sauropodes géants ! Vous pensez que ces géants sont une exception de l’évolution ? Vous apprendrez que les « quadrupèdes dinosauriens géants sont apparus plus d’une vingtaine de fois » avant de disparaitre complètement du paysage terrestre. Bien sûr de nombreux autres sujets sont abordés dans ce numéro, le stockage de l’hydrogène, une nouvelle hypothèse sur la disparition de la civilisation de l’Ile de Pâques, la très longue histoire du vin, l’installation récente des perruches dans nos villes…
La rubrique mensuelle de Jean-Paul Delahaye, À la recherche de l’ordre caché 🔒, sera l’occasion de découvrir une nouvelle promenade mathématique ainsi que le tournesol mathématique, qui n’a rien à voir avec l’autre…
Pour sa part Loïc Mangin, chroniqueur Art et Science, s’est intéressé à l’emblème de la toute nouvelle maison Poincaré, le rulpidon, l’objet à quatre trous qui n’en avait que trois.
Connaissez vous les trajectoïdes 🇺🇸, ces curieux objets qui roulent sur une surface inclinée en suivant une trajectoire prédéfinie ? C’est le sujet de l’article de Charlotte Mauger, publié dans la rubrique mathématique des Échos des labos de ce mois. Nous vous laissons le plaisir de le découvrir.

Le numéro couvrant novembre-décembre du magazine Tangente fait sa une sur les racines carrées avec un dossier sur les racines carrées et un dossier sur le losange. De bien nombreux autres sujets sont abordés. Il y en a pour tous les goûts et c’est ce qui fait la richesse et l’originalité de la revue.
Parmi les nombreuses informations, un article est consacré à la trop peu connue Maison des mathématiques de l’Ouest et à la belle collaboration entre artistes et mathématiciens dont elle est issue.
Notons également une interview, réalisée par Anne Boyé, d’Anna Novion, la réalisatrice du film Le Théorème de Marguerite, et d’Ariane Mézard, la mathématicienne qui l’a conseillée. L’interview complète est disponible sur le site de l’association femmes & mathématiques.
Enfin la quatrième de couverture est tout simplement l’affiche de la journée Tangente 2023 au Musée des arts et métiers dont la date, le dimanche 3 décembre, se rapproche doucement…

En librairie

Les éditions Cassini réservent souvent d’agréables surprises aux amateurs de « belles mathématiques » et de « beaux livres », ceux que l’on aime avoir dans sa bibliothèque. La sortie début octobre d’Une singulière promenade mathématique en est une.
La version en langue anglaise est disponible depuis 2017 soit en version « papier » aux éditions de l’ENS Lyon, soit en téléchargement gratuit chez cet éditeur ou sur le site de l’auteur, Etienne Ghys.
La traduction « semi-automatique » a été réalisée par Nicolas Bacaër avec DeepL. Jusque là le livre n’était disponible « que » en anglais, portugais, russe, turc et arabe.


Rappelons que Nicolas Bacaër met sur son site, à la disposition de tout le monde, une impressionnante liste de livres de mathématiques en français et légalement en accès libre. Une initiative remarquable que l’on ne peut qu’applaudir chaleureusement. La liste de ses propres livres est bien sûr également en ligne.

Turing avec une Enigma
Statue construite à partir d’un demi-million de morceaux d’ardoise galloise

Turing, signé par Elsa Boyer, est sorti début octobre aux éditions Les Pérégrines. C’est un essai profond et stimulant, qui porte un regard original et nouveau sur le célèbre mathématicien anglais. Elsa Boyer s’interroge sur son legs. « Les questions de genre sont intimement liées à la façon dont Turing conçoit la technologie et les machines », écrit-elle.
France Inter lui consacre une chronique d’Arnaud Viviant, podcastée dans l’édito culture. Le critique littéraire y déclare notamment : « Elsa Boyer pose, je crois, à partir du cas d’Alan Turing, une question importante : L’IA est-elle genrée ? […] Pendant la seconde guerre mondiale, c’étaient des femmes qui accomplissaient la tâche mécanique d’introduire les données dans la machine. […] Aujourd’hui les assistances numériques ont souvent des voix féminisées et des prénoms féminins : Siri, Cortana, Alexa. […] Autrement dit, les grandes firmes du numérique reproduisent aujourd’hui l’organisation genrée et les préjugés sexistes selon lesquels les femmes seraient plus serviables, plus attentives, et donc plus susceptibles d’accomplir des tâches répétitives et fragmentées.
Sur le site Usbek&Rica, vous trouverez sous le titre Alan Turing, un visionnaire précieux pour faire face à ChatGPT et compagnie une recension de l’ouvrage par Vincent Edin. Ce dernier estime qu’en croisant histoire, critique des médias et théorie queer, l’autrice dresse un portrait sensible et incroyablement actuel du mathématicien britannique.

Mohamed Jaoua est un mathématicien tunisien contemporain. Il est notamment titulaire de la chaire Unesco « Mathématiques et développement » et a fondé et dirige l’Esprit School of Business, qui propose des formations au croisement du management et du numérique. Destin d’un Sta’, Un mathématicien entre deux siècles, publié fin octobre chez Leaders Books, est une biographie qui raconte sa passion pour les mathématiques et sa « contribution significative à l’établissement de diverses institutions éducatives et de recherche tout au long de sept décennies ».

Histoire

Des milliers de pages manuscrites et dactylographiées d’Alexandre Grothendieck (médaille Fields 1966, mort en 2014), rédigées notamment en Ariège, rejoignent la Bibliothèque nationale de France (information relayée par France 3 Occitanie). Le « fonds Grothendieck » comprend deux œuvres-fleuve, léguées à la BnF par le mathématicien et sa famille. La première est intitulée Réflexions sur la vie et le cosmos (environ 30 000 pages réunies en 41 volumes, mêlant réflexions sur les mathématiques, la philosophie, la métaphysique et la psychologie). « C’est un témoignage unique dans l’histoire des sciences au XXe siècle, d’une importance majeure pour la recherche » précise Jocelyn Monchamp, conservateur au département des manuscrits de la BnF, cité par France Info.

Alexandre Grothendieck (1970)

La seconde est La clef des songes ou Dialogue avec le bon Dieu sur l’interprétation des rêves (écrite entre 1987 et 1988). Après l’édition en 2022 (chez Gallimard) de Récoltes et semailles, ces milliers de pages vont, sans aucun doute, permettre de découvrir encore plus la pensée singulière d’Alexandre Grothendieck. C’est l’occasion pour l’une de ses cinq enfants, Johanna Grothendieck, de se confier à l’AFP, citée par plusieurs médias, comme Yahoo !Actualités. Évoquant ses propres souvenirs, elle précise notamment que l’écriture était l’activité principale de son père, et que ces pages « représentai[en]t à ses yeux une œuvre extrêmement importante. Il voulait même créer une fondation pour s’en occuper ».

L’émission « au cœur de l’histoire », sur Europe 1, a dédié un nouveau podcast (d’une durée de moins de 15 minutes) à Ada Lovelace (1815-1852), comtesse anglaise réputée comme la « pionnière du code informatique ». Cette collaboratrice de l’ingénieur et mathématicien Charles Babbage, rencontré grâce à son amie Mary Somerville (autre femme mathématicienne), laisse même son nom à un langage informatique. Le podcast revient en détail sur la vie, la pensée et le travail visionnaires, à l’époque victorienne, d’une femme scientifique (versée dans les mathématiques) qui laisse ses initiales A. A. L. (Augusta Ada, comtesse de Lovelace) en marge de ce qui sera considéré comme le premier programme informatique.

Ada Lovelace
Plaque commémorative (St James’s Square, Londres)

 

Arts et mathématiques

En octobre, le chaine éducative de France Télévision, Lumni, s’est enrichie des 10 premiers épisodes d’une série de courtes vidéos d’animation (gratuites) destinée aux élèves de lycée (particulièrement pour la classe de Première) : La grande aventure des maths. Les films sont aussi disponibles sur YouTube. Chaque épisode traite d’un point du programme, avec une perspective historique. Cinq autres épisodes devraient suivre. Les auteurs de la série, Cassia Sakarovitch, (scénario et réalisation) et Gwenael Mulsant (direction artistique et animations), accompagnés d’un comité scientifique présidé par Martin Andler, ont réussi leur pari, à savoir celui de rester fidèle du point de vue historique, correct et utile mathématiquement tout en étant accessible et attrayant pour les élèves de lycée, en moins de 6 minutes ! Bravo à l’équipe.

La grande aventure des maths, Lumni

Les élèves de l’ENS ont lancé en octobre 2023 un séminaire poético-mathématique : Poésie et mathématiques : le fond et la forme. D’après la description du séminaire, « les contraintes poétiques puisent leurs sources dans les mathématiques, de la rythmique et la versification aux contraintes oulipiennes. Les mathématiques sont un art au sens de Bergson, en ce qu’elles nous montrent « des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience ». Elles proposent également un langage enrichi et nouveau pour la poésie, en venant interroger ses limites et ses possibilités ». Le séminaire a la volonté de montrer, voire démontrer, des liens structurels encore plus forts associant mathématiques et poésie. Sept séances sont envisagées entre octobre et décembre 2023.

L’édition 2023-2024 du concours VideoDiMath est lancée. Ce concours concerne, cette année encore, tous les élèves de collèges et lycées, avec deux catégories distinctes. Les prix récompenseront des vidéos de mathématiques et de physique, d’une durée maximum de 3 minutes. Plus généralement, la page VideoDiMath (soutenu par Audimath, réseau de l’INSMI pour la diffusion des maths) rassemble des ressources audiovisuelles de diffusion des mathématiques destinées aux enseignants, chercheurs, étudiants, lycéens, collégiens et plus largement à un public curieux.

Comme nous le signalions dans la revue de presse juillet-aout 2023, « déclencher des vocations scientifiques, en particulier chez les jeunes », et « vulgariser la science par des moyens burlesques et absurdes » sont les principaux objectifs de l’Île Logique, clowns et spectacles scientifiques. L’Île Logique propose un nouveau spectacle, XX ELLES, les grandes inconnues…, alternant des saynètes théâtrales et des animations interactives avec le public, abordant les causes et les enjeux du problème de la désaffection des femmes à l’égard des filières scientifiques et plus spécifiquement mathématiques. Si le spectacle est burlesque, le sujet qu’il aborde est, quant à lui, bien sérieux !

Pour finir

Le Calvados (avec modération, évidemment) pour accompagner des calissons, voilà une proposition très appétissante ! Mais vous allez être bien déçus, car il ne s’agit pas du tout ici de ce que vous espériez. Le Calvados, c’est le département normand où habite Olivier Longuet et où il exerce son métier de professeur de mathématiques. Les calissons, c’est le nom qu’il a donné (on se demande pourquoi !) aux pièces en forme de losange que l’on utilise pour jouer au jeu qu’il a inventé en 2020 et qu’il a baptisé… Le jeu du calisson. Il s’agit d’une sorte de puzzle où l’on doit paver un hexagone régulier (de taille appropriée) avec ces losanges, en respectant des contraintes indiquées par des traits gras prédéfinis sur la figure à remplir. L’auteur y voit une analogie avec une sorte de « sudoku de géométrie dans l’espace ». Raisonnement logique, géométrie, vision dans l’espace, perspective seront notamment mis à contribution pour résoudre les problèmes qu’Olivier Longuet propose chaque jour (il y en a déjà plus de 500 disponibles). Ce jeu est très attrayant et devrait avoir un grand succès. Il a en tout cas séduit Jeanne Cridling qui lui a consacré un article enthousiaste dans La Renaissance (Bessin, Côte de Nacre). La journaliste nous dit que « certains professeurs des écoles ou des professeurs de mathématiques l’utilisent dans leur classe, et les élèves sont passionnés ». On veut bien la croire ! Mais nous vous recommandons surtout le site de l’auteur, où vous trouverez une présentation du jeu, les règles, des quantités de parties classées par difficulté, et où vous pourrez jouer très facilement en ligne. On peut de prime abord avoir l’impression que c’est un peu compliqué, mais tout devient limpide dès que l’on s’est essayé à quelques parties, en commençant par des très faciles.
Signalons aussi le blog d’Olivier Longuet, ainsi que l’entretien qu’il avait accordé au Café pédagogique en mai 2018 (deux ans avant l’invention du jeu du calisson).
Une chose est sûre (et vous le regretterez peut-être !) : si vous perdez au jeu du calisson, vous n’aurez pas une amande.

Une des parties proposées en octobre
À gauche : la grille le ventre vide. À droite : la grille rassasiée après avoir dégusté 27 calissons : 9 au citron, 9 à la fraise, 9 au bleuet. Les traits gras imposent un changement de couleur.

Crédit Images

La grande aventure des maths, Lumni – Copie d’écran @Lumni
Ivana Bartoletti – Rwendland – CC BY-SA
Ada Lovelace – Wikimedia Commons
Alexandre Grothendieck (1970) – Wikimedia Commons
Isabelle MéjeanWikimedia Commons
Laura ChaubardWikimedia Commons
Mélanie Guenais – © Université Paris Saclay
Sylvie Benzoni – © Société Mathématique de France
Selma Mahfouz – © France Starégie
Fariba Adelkhah en 2010 – Par Georges Seguin (Okki) — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=9900335
La coupole de l’Institut de France – © Académie des sciences
Abdallah El Hamidi – © Académie dde Saintonge – https://academie-saintonge.org
Simon Riche – © Université Clermont Auvergne – https://www.uca.fr/
Katherine Johnson – © West Virginia University – https://www.wvu.edu/
img_27247 – © Académie des sciences
img_27257 – https://www.epmmusique.fr/fr/tous-les-cd-jeunesse/1842-bernard-sauvat-le-professeur-est-un-reveur-cd-album-jeunesse-epm-musique-pour-les-enfants-manufacturer-name-0602547591975.html
img_27261 – domaine public
Le volume 18.2 arrive… – https://accromath.uqam.ca
Pavage apériodique avec une tuile unique et sa retournée – Wikipédia
Turing avec une Enigma – Wikipédia
Fête de la Science 2023 – Wikipédia
L’objet à quatre trous qui n’en avait que trois ! – http://math.univ-lyon1.fr/ benzoni/Rulpidon.html
Une des parties proposées en octobre – © Olivier Longuet – https://www.mathix.org/calisson/blog/index.php?categorie2/grille6

Crédits images

La grande aventure des maths, Lumni – Copie d’écran @Lumni
Ivana Bartoletti – Rwendland – CC BY-SA
Ada Lovelace – Wikimedia Commons
Alexandre Grothendieck (1970) – Wikimedia Commons
Isabelle MéjeanWikimedia Commons
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Mélanie Guenais – © Université Paris Saclay
Sylvie Benzoni – © Société Mathématique de France
Selma Mahfouz – © France Starégie
Fariba Adelkhah en 2010 – Par Georges Seguin (Okki) — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=9900335
La coupole de l’Institut de France – © Académie des sciences
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Pavage apériodique avec une tuile unique et sa retournée – Wikipédia
Turing avec une Enigma – Wikipédia
Fête de la Science 2023 – Wikipédia
L’objet à quatre trous qui n’en avait que trois ! – http://math.univ-lyon1.fr/ benzoni/Rulpidon.html
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