Octobre 2024

Publié le 1 novembre 2024

Les feuilles qui rougissent, les journées qui raccourcissent (malgré le passage à l’heure d’hiver, toujours apprécié des marmottes) et les températures qui baissent indiquent que l’automne a pris sa place dans notre quotidien. Les remises de prix divers, les nombreuses sorties littéraires, les manques persistants prévisibles mais néanmoins critiques d’enseignant·es de mathématiques et la semaine de la Fête de la Science en sont d’autres indicateurs récurrents, plus ou moins heureux, que nous développons ce mois-ci dans les différentes rubriques de la revue de presse. Bien que n’ayant pas eu beaucoup d’échos dans la presse de ce mois-ci, il serait dommage de ne pas mentionner un autre marqueur notoire de cette saison : les Journées de l’APMEP, ce traditionnel rendez-vous des enseignant·es de mathématiques placé au début des vacances de la Toussaint, qui se sont tenues cette année du 19 au 22 octobre dans la ville du Havre.
Vous l’aurez compris : octobre est venu et s’en est allé et, en cette fin de vacances d’automne, notre revue de presse fait un tour des informations du monde mathématique qu’elle a pu y moissonner. N’hésitez pas à nous envoyer vos récoltes des prochains mois, voire à intégrer notre équipe, afin que ce travail puisse continuer dans les meilleures conditions.
Bonne lecture à toutes et à tous, et un bon 1er novembre à vous, que vous soyez à la maison ou sur la route !

À la une

Du nouveau du côté des nombres premiers

L’information est confirmée ce 21 octobre par le site GIMPS, référence en matière de primalité et de nombres de Mersenne : depuis le 12 octobre 2024, le plus grand nombre premier de Mersenne est égal à 2136,279,841-1 et comporte un peu plus de 41 millions de chiffres. Rappelons que jusqu’ici, le tenant du titre (identifié en 2018) était 282589933-1. Cette découverte est due à Luke Durant, un mathématicien amateur reconnu comme le contributeur actuellement le plus prolifique de GIMPS (selon la page d’accueil site lui-même). Cette découverte fait l’objet de nombreux articles, à l’instar de ceux publiés ce 24 octobre par le Journal du Geek ou dans l’édition du 28 octobre du journal Le Figaro.

Et un nombre premier de Mersenne de plus !

Notons que dans le Courrier International du 22 octobre, on se penche plutôt sur les tout derniers travaux de Ben Green et Mehtaab Sawhney, qui fourniraient une « nouvelle manière d’identifier les nombres premiers » selon cet article. En réalité, il s’agit plutôt d’une nouvelle manière de fournir une infinité de nombres premiers, ce qui est différent, mais tout de même très impressionnant, comme en conviennent les journalistes du New Scientist dans cet article du 18 octobre.
Quant au magazine Pour la Science, il a tout récemment mis à l’honneur le mathématicien chilien Héctor Pastén, dont la procrastination redoutable à l’égard de ses sujets d’examens lui a permis de réaliser une avancée remarquable sur la compréhension des facteurs premiers des entiers dont le prédécesseur est un carré parfait, ainsi que sur certains cas de la conjecture abc (cette dernière faisant par ailleurs l’objet de polémiques régulières🔒 quant à une éventuelle preuve de cet énoncé par le mathématicien japonais Shinichi Mochizuki). De là à qualifier le mois d’octobre de Prime Month, il n’y a qu’un pas que l’on hésite encore à franchir…

Vie de la recherche

Forum Entreprises et Maths 2024

Ce lundi 7 octobre se tenait à la Cité des sciences et de l’industrie la 13e édition du Forum Entreprises et Maths (ou FEM 2024 pour les habitué·es, anciennement Forum Emploi Maths). Ayant pour ambition de « met[tre] en relation les étudiant-e-s et jeunes diplômé-e-s (universités et grandes écoles), les enseignants-chercheurs responsables de formations universitaires ainsi que des entreprises à travers les différents espaces et temps d’échange proposés », c’est un événement attendu par une grande partie des membres de la communauté mathématique, ainsi que par un nombre toujours croissant d’acteurs privés de l’économie. Cette journée est l’occasion de temps de formations, de rencontres et d’échanges – sous forme de tables rondes, d’ateliers, ou de stands plus classiques – entre jeunes et moins jeunes issu·es de divers horizons. L’un de ses temps forts est aussi la remise du prix de thèse Maths, Entreprises et Société, décerné cette année à Estelle Medeous pour ses travaux en lien avec la collecte de données pour la Poste (ce qui est bien une entreprise d’utilité publique). Toutes nos félicitations à notre jeune collègue, ainsi qu’aux deux seconds prix reçus par Alesia Herasimenka (pour ses travaux sur les voiles solaires, qui lui avaient déjà valu l’attribution d’un prix l’Oréal Unesco en 2023) et Alice Nassor (pour ses travaux en lien avec les explosions sous-marines, eux aussi récompensés précédemment par un prix de la CSMA). Un podium 100% féminin très prometteur pour l’avenir de la recherche appliquée !

Encore une édition réussie pour le FEM !

La mathématicienne Laila Soueif entame une nouvelle grève de la faim

On apprend ce mois-ci dans divers médias, ainsi que sur le site de la SMF, que la mathématicienne égyptienne Laila Soueif, âgée de 68 ans, a entamé une grève de la faim afin d’obtenir la libération de son fils, opposant déclaré au régime d’Al-Sissi, en « simple application des lois » du pays. Connue pour ses prises de position en faveur de l’indépendance des universités vis-à-vis du gouvernement, co-fondatrice (souvent oubliée) du mouvement politique Kifaya et ancienne membre du laboratoire de mathématiques de Poitiers, où elle a notamment travaillé sous la direction d’Annie Page pour préparer sa thèse de doctorat, Laila Soueif était déjà à l’origine d’une mobilisation, en juillet 2023, devant le bureau des affaires étrangères, pour la même raison. Espérons que le dénouement de cette situation difficile sera heureux pour Laila et pour son fils.

Laila Soueif, jamais sans son fils

Parité dans le monde de la recherche : une lettre ouverte et un colloque

Alors que les différents indicateurs de recrutement continuent à pointer le faible nombre de femmes recrutées sur des postes de chercheuse ou d’enseignant·e-chercheuse, avec un recul manifeste en 2023 (alors que les trois années précédentes étaient « encourageantes », dirons-nous…) comme on peut le lire par exemple sur les fiches démographiques du CNU pour l’année 2023 (Section 25 par ici et Section 26 par là), des mathématicien·nes de divers laboratoires ont co-signé une lettre ouverte, disponible sur le site d’Opérations Postes, pour réclamer des mesures réelles afin de lutter contre les discriminations (notamment de genre) lors des différentes étapes d’un recrutement. Il est vrai que les estimations faites à ce jour par Laurence Broze, statisticienne très impliquée dans les questions de biais et discriminations de genre, prédisent que sans changement radical dans les processus de recrutement et de promotions actuels, il ne devrait tout simplement ne plus y avoir aucune femme parmi les chercheurs et enseignants-chercheurs en mathématiques fondamentales (a.k.s. Section 25 du CNU) à l’horizon… 2075. De quoi faire froid dans le dos, non ?

Dans un autre style, la question de la place des femmes dans la recherche scientifique, et notamment mathématique, a été au coeur de deux journées de colloque organisées au Collège de France, rien de moins que ça. Intitulé « Genre et Sciences », ce colloque de rentrée s’est tenu les 17 et 18 octobre derniers, et a permis de nombreux échanges autour de ce sujet épineux. Au sein de diverses contributions toutes très intéressantes et trop courtes pour tout ce qu’il y aurait à en dire, on pourra noter en particulier deux présentations explicitement tournées vers les mathématiques (celle de Nalini Anantharaman, très justement intitulée « Mathématiques et (non-)mixité », et celle de Pauline Martinot, sobrement intitulée « Émergence d’écarts entre filles et garçons en mathématiques à l’école primaire« ), ainsi qu’une intervention en lien direct avec la lettre ouverte sus-mentionnée : celle de Nicky Le Feuvre , intitulée « Penser les carrières académiques à l’aune des dynamiques de genre« . Certaines de ces contributions sont disponibles en vidéo sur le site du colloque : une très belle initiative du Collège de France à diffuser !

Et aussi, ce mois-ci...

  • Hugo Duminil-Copin se confie dans les colonnes du Parisien sur le trouble de l’attention (TDAH) qui lui a été diagnostiqué il y a environ 18 mois.
  • Les inscriptions pour le quatrième congrès de la SMF, qui aura lieu du 2 au 6 juin prochains à Dijon, sont désormais ouvertes ! Plus d’informations sur cette page, ainsi que sur le site de la conférence.

Recherche et applications

Modéliser les océans

L’Esprit sorcier, une chaîne YouTube de vulgarisation scientifique, s’est donnée pour mission de raconter la modélisation des océans. Pendant cinq épisodes de la série « Simuler l’océan, un modèle à suivre ! », leur envoyé spécial va questionner des scientifiques de l’Inria pour nous expliquer comment les ordinateurs les aident à comprendre ces très vastes étendues d’eau.

À la découverte des océans sur la chaine l’Esprit Sorcier

Pour l’heure, seule la vidéo de bande-annonce est disponible, et elle nous met l’eau à la bouche : heureusement que les épisodes de la série seront publiés prochainement ! « On retracera la fulgurante évolution des modèles numériques, depuis les tous débuts dans les années 1950 et jusqu’à nos jours ! » Et, surtout, les chercheurs et chercheuses qui interviennent tenteront de vulgariser leurs méthodes pour simuler et prédire les phénomènes marins. On y apprendra, par exemple, que l’océan est quadrillé afin de réaliser les calculs sur ces zones plutôt que sur l’ensemble des molécules des océans. Plus les carrés sont gros, plus les calculs sont rapides, mais plus de l’information est perdue.

Prix Nobel 2024 : l’IA remporte tout !

Les 8 et 9 octobre dernier ont été respectivement remis les prix Nobel de physique et de chimie. L’occasion de récompenser « ceux qui, au cours de l’année précédente, auront apporté le plus grand bien à l’humanité », si l’on en croit du moins les mots d’Alfred Nobel. Cette année, une grande partie des lauréats (car ce sont exclusivement des hommes) pour ces deux disciplines sont des spécialistes de l’IA.

Commençons par les deux premiers : l’Américain John Hopfield et le Britanno-Canadien Geoffrey Hinton, qui ont reçu le prix Nobel de physique « pour leurs découvertes sur l’apprentissage automatique avec des réseaux de neurones artificiels », rapporte Sciences et Avenir. Ces deux chercheurs sont parmi ceux qui ont le plus compté dans le succès de l’IA « connexionniste » face à l’IA « symbolique ». En effet, ils ont contribué de manière significative au développement de réseaux de neurones et ont proposé des méthodes d’apprentissage. D’une part, « John Hopfield avait proposé à l’époque un type de réseaux de neurones artificiels connectés entre eux, grossièrement comparables aux synapses, et que l’on a appelé « réseau de Hopfield » », explique Sciences et Avenir. D’autre part, Geoffrey Hinton étudie un autre réseau de neurones : la machine de Boltzmann. « Son réseau est capable d’« apprendre ». Il trouve les moyens de calculer les bonnes interactions entre neurones afin de reproduire les propriétés statistiques, inconnues a priori, d’un échantillon de données » détaille Le Monde. L’article de Sciences et Avenir complète en précisant que « L’apport de Geoffrey Hinton, comme il l’a expliqué lui-même en visio lors de la conférence de presse donnée à Stockholm, consiste en une méthode d’apprentissage pour un réseau de neurones, la rétropropagation du gradient, qui affine les poids de chaque neurone au fil du processus d’apprentissage. »

John Hopfield et Geoffrey Hinton sont lauréats du prix Nobel de physique 2024

Cette récompense n’a pas empêché Hinton d’évoquer son inquiétude concernant cette discipline désormais omniprésente. « Aujourd’hui affilié à l’université de Toronto (Canada), il incarne aussi l’ambivalence actuelle du domaine, célébrant ses progrès tout en s’inquiétant des « mauvaises conséquences qu’il peut y avoir, notamment en cas de perte de contrôle », comme il l’a rappelé à l’annonce du prix », rapporte Le Monde dans le même article. Rappelons d’ailleurs que Geoffrey Hinton a quitté son emploi chez Google en 2023 en alertant sur les risques liés à l’IA.

Côté chimie, ce sont Demis Hassabis, John Jumper et David Baker. Tous trois sont récompensés pour leurs contributions à la compréhension et la prédiction des protéines, comme on l’apprend dans Le Monde ou dans Sciences et Avenir, qui ont tous deux fait écho de cette actualité.

David Baker, Demis Hassabis et John Jumper sont lauréats du prix Nobel de chimie 2024

David Baker est distingué pour « pour la conception computationnelle de protéines », tandis que les deux autres l’ont été pour le modèle d’intelligence artificielle, nommé AlphaFold, qu’ils ont construit et « qui a révolutionné la vie des biochimistes », selon l’article du journal Le Monde. Le problème que ce programme tente de résoudre est celui du repliement des protéines. « Ce problème est une sorte de casse-tête, dur à résoudre pour les humains, mais facile pour Dame Nature : comment trouver la forme tridimensionnelle prise par les protéines en ne connaissant que la succession des vingt acides aminés qui les constituent ?  » Or la version 2 d’AlphaFold est très performante à cette tâche, au point que les chercheurs et chercheuses impliqué·es dans ce projet ne semblent guère surpris de cette reconnaissance mondiale : «On attendait ce prix Nobel, car AlphaFold a changé notre façon de travailler», appuie Sophie Sacquin-Mora, directrice de recherche CNRS au Laboratoire de biochimie théorique à Sorbonne Université. « Avant, pour comprendre une protéine, si l’on avait de la chance, on avait sa structure ou celle d’une voisine dans la base de données. Sinon, il fallait la cristalliser, ce qui prend du temps. Maintenant, en quelques minutes, on a une prédiction de structure. Peut-être pas parfaite, mais qui donne un bon point de départ pour les interprétations », détaille-t-elle. » 

Mentionnons ici également cet article du Monde sur l’ensemble de ces lauréats, dont trois sont ou ont été chercheurs de Google DeepMind : Geoffrey Hinton, Demis Hassabis et John Jumper : « Ce coup de publicité positive illustre aussi le poids pris par le géant du numérique dans la recherche sur l’intelligence artificielle (IA). »

Et aussi, ce mois-ci...

  • Deux contributions récentes du mathématicien Pham Huu Tiep de l’université Rutgers (États-Unis) ont fait l’actualité : la première est sa résolution d’une conjecture de Richard Brauer, « Brauer’s Height Zero Conjecture« , et la seconde concerne la théorie de Deligne-Lusztig. Ces progrès remarquables ont été très brièvement abordés dans Techno-Science.net, SciencePost ou encore VNExpress (en anglais).
  • Ce mois-ci, le magazine IT for Business s’attarde sur l’intelligence artificielle. Un dossier y est consacré à la thématique « Cybersécurité et IA : un duo pour le meilleur et pour le pire », selon lequel « Les applications de l’intelligence artificielle dans le domaine de la cybersécurité sont à double tranchant : elles peuvent renforcer la sécurité, mais elles offrent aussi de nouveaux outils aux attaquants.  » Un autre dossier de ce même numéro s’attaque quant à lui aux datacenters, car « l’IA accroît les besoins énergétiques des datacenters, qui deviennent de véritables points de tension sur le plan environnemental. La quête d’une infrastructure durable reste une priorité« .
  • Le dernier numéro du trimestriel La Recherche met l’optimisation à l’honneur dans un très bel article🔒 de Charlotte Mauger.
  • Le point Godwin de l’IA est officiellement atteint, comme nous l’apprend cet article du magazine en ligne korii, qui prend ses sources dans cet article du Washington Post et dans cet article du magazine en ligne Futurism.

Enseignement

Où sont les profs ?

Nous vous en avons déjà parlé à de nombreuses reprises dans nos précédentes éditions, et la situation ne va pas en s’améliorant : que ce soit dans l’enseignement secondaire ou dans les universités, le manque d’enseignant·es en mathématiques est de plus en plus critique. Que ce soit à Tours, où France Bleu nous apprend la mobilisation des parents depuis la rentrée pour tenter d’obtenir un professeur de mathématiques pour leurs collégien·nes, à Langon, où le journal Sud-Ouest🔒 explique qu'(au moins) une classe de 3ème est privée de cours de mathématiques depuis la rentrée, ou encore à Nice, où Nice matin🔒 confirme que certain·es collégien·nes n’ont là encore pas eu de professeur·e de mathématiques depuis la rentrée, la situation semble se répéter dans l’ensemble du pays. A Blanquefort (en Gironde), un collège a pu bénéficier de l’inventivité et de la notoriété d’un de ses enseignants, Antoine Carrier (a.k.a. A’rieka, le mathérappeur à l’origine des Rapémathiques) pour voir sa demande satisfaite : toute l’histoire est racontée sur France Bleu, et le clip correspondant disponible sur la chaine Youtube d’A’rieka.
L’état des lieux n’est pas plus reluisant dans le supérieur, à l’image de ce que nous apprend ce reportage publié dans l’édition du 22 octobre du journal Le Monde🔒 : l’exemple de l’université Grenoble-Alpes, bien en vue dans le classement de Shanghai mais « dont les enseignements sont, en grande partie, tenus à bout de bras par des enseignants précaires, essorés par l’institution », est assez typique de la situation actuelle dans nombre d’universités françaises. Les mathématiques ne sont là encore pas épargnées, malheureusement, et ce n’est pas les coupes budgétaires drastiques confirmées par le gouvernement actuel qui vont permettre d’arranger les choses…

À la chasse aux ingénieur·es…

Suite à la tribune de rentrée publiée par le Collectif Maths&Sciences, dont nous vous avons parlé dans la précédente édition de notre revue de presse, le journal l’Etudiant s’est entretenu ce mois-ci avec Mélanie Guenais, coordinatrice de ce collectif. Celle-ci rappelle à juste titre que « le faible enseignement scientifique représente un risque réel de déclin économique », et que le déclin du nombre de nouveaux entrants en école d’ingénieur (en baisse de 11,5% à la rentrée 2023) est un signal à ne pas négliger. Mélanie Guenais en profite (là encore, à juste titre) pour tirer la sonnette d’alarme quant à « la mauvaise image donnée à l’importance des sciences dans notre vie quotidienne », rappelant la nécessité de « savoir exercer une analyse critique en fonction d’informations scientifiques » afin de pouvoir occuper pleinement sa place de citoyen·ne dans une société qui repose de plus en plus sur les algorithmes (coucou l’IA). Sans cela, les diverses tentatives mises en place par nombre d’écoles d’ingénieur pour attirer plus d’élèves (documentées dans cet article estival du journal l’Etudiant) se solderont par un échec, et le vivier des chasseurs d’ingénieur·es (notamment en IA, comme le décrit cet article récent du journal Le Monde🔒) va se retrouver réduit à peau de chagrin…

Parité et enseignement

  • L’appel à candidatures pour les stages Maths C pour L version 2025 est ouvert !  À destination des étudiantes de Licence (L1, L2 et L3), ces stages d’une semaine permettent une découverte du monde de la recherche et des personnes qui le constituent au travers d’une initiation à la recherche, de rencontres avec différentes intervenantes et de découvertes scientifiques et culturelles diverses selon les lieux de stage. La date limite de soumission des candidatures est fixée au vendredi 6 décembre à 23h59 : à vos claviers, mesdames, pour tenter de prendre part à une expérience qui en vaut la peine, selon les anciennes participantes.
  • De nouvelles ressources sur des questions d’égalité Filles/Garçons ont été récemment mises en ligne sur éduscol, le site de ressources officielles de l’éducation nationale. Pensées spécifiquement pour les enseignant·es du secondaire, ces ressources peuvent être des outils utiles pour tout·e enseignant·e (notamment du supérieur), notamment (mais pas seulement) de mathématiques. Outre la page « Les maths, c’est pour tou·tes », récemment mise à jour, on trouvera une exhortation pour les jeunes générations de scientifiques : « les filles, faites des sciences »… dans la rubrique « J’enseigne au lycée professionnel ». Nous ne sommes pas sûr·es que l’organisation des ressources telle qu'(im)pensée par les responsables du site permette aux principales personnes concernées d’avoir accès aux documents les plus pertinents, mais saluons tout de même l’initiative. Pour celles et ceux qui auraient le courage de parcourir les entrailles de ces ressources, il se murmure qu’un module d’auto-formation sur l’impact de sa pratique enseignante sur la diversification des orientations des filles et garçons, accessible à toutes et à tous, serait aussi disponible… mais nous n’avons pas réussi encore à mettre la main dessus.
  • Ces ressources semblent encore et toujours nécessaires si l’on en croit les résultats de l’enquête nationale publiés le 23 septembre dernier par l’association Elles Bougent, et repris dans cet article du 2 octobre du journal Le Monde. Persistance des stéréotypes de genre et des inégalités professionnelles, initiatives insuffisantes, car trop timides et trop peu nombreuses : de quoi décourager dès l’école les filles puis les femmes à se lancer dans des carrières scientifiques et techniques, dans lesquelles elles « ne se sentent pas à leur place » , ou « pas assez compétentes« . À mettre sous le nez de la prochaine personne (peut-être même vous) qui oserait vous affirmer qu' »en ce moment il n’y en a que pour les filles dans les sciences/maths, vraiment, c’est injuste pour les garçons« .

Et aussi, ce mois-ci...

  • L’heure perdue d’enseignement en 6ème et les modifications incessantes du code de l’éducation selon Julien Gossa, à retrouver dans cet article du journal Libération🔒
  • À Brizeux (dans le Finistère), on affirme se donner les moyens de permettre à plus de filles d’entrer en classes préparatoires scientifiques : c’est le message porté par Keven Commault, enseignant de mathématiques dans l’une de ces CPGE, dans cet entretien avec Ouest-France (maladroitement intitulé « Les filles ont toute leur place en prépa scientifique », l’enfer étant pavé de bonnes intentions…)
  • Une demi-journée d’études à l’occasion du centenaire de l’égalité des filles et des garçons devant le baccalauréat est organisée le 4 décembre prochain, de 14h à 18h, à l’Université de Nantes et en distanciel : plus d’informations sur cet événement gratuit (mais avec inscription obligatoire) sur le site de l’association Femmes et Maths
  • Trois jeunes filles malgaches pour représenter leur pays lors de l’édition 2024 de la compétition internationale Robotex : à retrouver dans cet article de l’Express de Madagascar
  • Une application de plus pour entrainer les élèves de primaire à travailler la résolution de problèmes : on en parle dans cet article du Café pédagogique, ainsi que sur le site Maths en vie, à l’origine de cet Atelier des Problèmes.
  • L’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne victime d’une cyberattaque, selon cet article du Parisien Etudiant.

À l'honneur

Les chercheuses de l’IHES sont à l’honneur en ce mois

Le 15 octobre dernier s’est déroulée la remise des prix de l’Académie des Sciences, dont le palmarès complet est disponible dans ce document. Parmi la quarantaine de lauréat·es, plusieurs proviennent du monde mathématique, plusieurs sont employé·es par le CNRS (qui en fait la recension dans cet article), et six entre dans les deux catégories, étant sous la tutelle de l’INSMI (institut du CNRS dont relèvent les mathématiques), qui s’en félicite dans cet article. Parmi elles et eux, Fanny Kassel, actuellement directrice de recherches CNRS au laboratoire Alexandre Grothendieck (IHES), a reçu la médaille de mathématiques pour avoir, par ses travaux sur les sous-groupes discrets des groupes de Lie, « contribué par des résultats particulièrement prometteurs au développement de sa discipline, sans restriction sur la nature fondamentale ou appliquée de ses recherches » :  cet article de l’IHES permet d’en savoir plus sur les apports permis par les travaux de cette brillante mathématicienne, que nous félicitons très chaleureusement. Nos félicitations toutes aussi sincères vont aux autres lauréat·es de notre discipline (et aux autres, bien entendu) : un grand bravo à Mireille Capitaine, Gilles Carron, Yvan Martel, Omar Mohsen, Paul-Emile Paradan, Xavier Pennec (à qui l’INRIA consacre un beau portrait, repris par le média en ligne Webtimes media), ainsi qu’à Laurent Chevillard, transfuge physicien membre du laboratoire de mathématiques de l’Université de Lyon. À noter la présence d’embargos sur certains prix, dont la remise (et l’annonce des lauréat·es correspondant·es) est reportée au 26 novembre prochain : peut-être aurons-nous d’autres membres de la communauté mathématique à féliciter pour les mêmes raisons dans la prochaine revue de presse !

L’INSMI, très fier de « ses » lauréat·es

Toutes nos félicitations vont aussi à une autre mathématicienne qui travaille actuellement à l’IHES : Yilin Wang est en effet l’une des deux lauréates (avec Miguel Walsh, de l’université de Buenos Aires) du prix Salem 2024, pour avoir développé de nouvelles connexions profondes entre l’analyse complexe, les probabilités et la physique mathématique (« developing deep novel connections between complex analysis, probability, and mathematical physics » en version originale). Plus d’informations sur ces travaux et sur ce prix sont disponibles dans cet article fraichement publié par l’IHES.

La valeur n’attend point le nombre des années… et les honneurs non plus

Du côté des jeunes pousses mathématiques, le mois d’octobre fut aussi synonyme de moisson de récompenses. Commençons par féliciter les quatre lauréates et les deux mentions spéciales du prix Junior Maryam Mirzakhani, décerné par la Fondation Mathématique Jacques Hadamard : un grand bravo à Inès Abouda, Antonia Baies, Bettina Kazandjian et Mesrine Mnif (à qui un article est dédié sur le site tunisien Universnews, et un autre sur le site de l’ENSTA), ainsi qu’à Fanilosoan’Ivahiny La Sylviane Andriarimanana et Lilou Domingues !

Toutes nos félicitations à ces jeunes chercheuses en devenir !

À Angers, c’est le prix François Ducrot, créé en mémoire de l’enseignant-chercheur du même nom disparu en 2022 et bien connu pour son implication dans la formation des jeunes angevin·es, qui met à l’honneur « les meilleur∙es étudiant∙es des filières en mathématiques sur des critères d’excellence« . La cuvée 2024, marrainée par la mathématicienne Alessandra Sarti, a permis de récompenser 15 lauréat·es, ainsi que d’attribuer une vingtaine de prix Espoir, dont la liste complète est disponible dans ce document. Bravo à elles et à eux !

Nous terminons cette rubrique en félicitant les lauréates de la dernière édition des prix Jeunes Talents France 2024 pour les Femmes et la Science, financés par la Fondation l’Oréal et l’Unesco, qui ont notamment permis à plusieurs jeunes mathématiciennes de se distinguer : toutes nos félicitations à Madeleine Kubasch, Solenne Gaucher (qui s’est entretenue avec l’équipe de communication du CREST, et à qui un article est consacré sur le site de l’ENSAE), Élodie Germani (dont on parle sur le site du CNRS et celui de l’IRISA, mais aussi dans l’édition du 8 octobre du Télégramme et dans celle du même jour de Ouest-France) et Sybille Marcotte (à qui l’ENS-PSL consacre un article). La liste complète des lauréates est quant à elle disponible dans ce communiqué de presse de la fondation, qui rappelle aussi (données chiffrées à l’appui) la situation critique de la représentation des femmes dans le monde scientifique.

Et aussi, ce mois-ci...

  • Le blog de la ville de Saint-Denis propose un entretien avec Meriem Zoghlami, co-fondatrice de la compagnie Terraquée (récipiendaire du prix d’Alembert 2024), à retrouver à cette adresse.

Diffusion

Fête de la science 2024

L’édition 2024 de la Fête de la Science a encore été un franc succès

Comme tous les ans, la Fête de la Science a été l’occasion de nombre d’événements mathématiques dans toute la France : à Paris bien sûr, où la Maison Poincaré était une fois de plus à l’honneur grâce au périodique Sortir à Paris, mais encore à Dijon, Lyon, Nancy ou Saint-Étienne. À Sablé-sur-Sarthe, le one-man-show « Very Maths Trip » de Manu Houdart a mêlé humour et mathématiques, prouvant qu’on peut rire en explorant cette discipline. À Poitiers, l’événement « Océan de Savoirs »  organisé par l’université de la ville a transformé l’Hôtel de Ville en Palais des Sciences, où plus de 2 800 visiteurs et visiteuses pu notamment découvrir de belles applications des mathématiques. Un événement similaire avait lieu à cette période à l’université de Lyon. A CY Cergy Paris Université, l’ouverture de cette semaine d’événements fut l’occasion d’une remise des prix de la médiation scientifique, récompensant des projets de vulgarisation accessibles à tou·tes. Comme nous l’apprend le site mesinfos, la lauréate du prix individuel n’est autre que Constanza Rojas-Molina, pour son travail permettant de désinvisibiliser les femmes dans les mathématiques au travers d’expositions, d’ouvrages (comme celui publié – pour l’instant en espagnol seulement – avec Leslie Jimenez) et de résidences artistiques.
Ce fut aussi l’occasion, à Alès, de l’ouverture de l’exposition Jeux et Mathématiques : accessible à toutes et à tous jusqu’au 30 décembre prochain dans les locaux du Pôle Scientifique et Culturel de Rochebelle, elle vous propose de venir « explorer comment ces jeux [mathématiques] ont traversé le temps, évoluant avec la société tout en restant un pilier fondamental dans l’éducation et la recherche scientifique. »

De nombreux ateliers, comme ceux présentés au CIRM, ont aussi captivé leurs participant⋅es : par exemple, si l’on était à Caromb (dans le Vaucluse), on pouvait apprendre à utiliser les mathématiques pour faire des tours de magie, tandis qu’à Reims, l’association Accustica permettait aux élèves de découvrir la logique au travers de contes mathématiques.

Et la fête de la science, ce n’est pas qu’en métropole : plus de 500 événements seront en effet organisés en Outre-Mers entre le 10 et le 27 novembre 2024. Nous aurons certainement l’occasion d’en reparler dans les colonnes de la prochaine édition de la revue de presse !

39e championnat international de Jeux Mathématiques

La 39e édition du championnat international de jeux mathématiques, parrainée pour la seconde année consécutive Hugo Duminil-Copin, a été lancée dans le courant du mois d’octobre. Organisée en France par la FFJM, son objectif est « d’intéresser les jeunes aux mathématiques en les présentant d’une façon attractive et ludique ». Il s’agit avant tout « de prendre et partager du plaisir en résolvant sérieusement des énigmes et défis mathématiques de tous niveaux ». Ce championnat se déroule tout au long de l’année, en différentes étapes, et s’adresse à toutes et à tous, des plus jeunes (à partir de 7 ans pour les CE1) jusqu’aux étudiant⋅es, parents et adultes. Si l’aventure vous tente, n’hésitez pas plus longtemps et participez !

Et aussi, ce mois-ci...

Parutions

En librairie

Après Vous reprendrez bien un peu de maths ?, qui a reçu le prix Tangente du livre 2023, Claire Lommé vient de signer un nouvel ouvrage : Une mathématicienne au jardin. Sorti au début du mois d’octobre, c’est un livre pour toutes celles et tous ceux qui souhaitent porter un regard curieux sur la nature qui nous entoure et sur les beautés mathématiques qu’elle recèle. Écrit par une autrice qui sait transmettre sa passion et son amour des mathématiques, il est organisé de manière très simple (pour ne pas dire « naturelle ») qui le rende agréable à lire (et bien illustré) : quatre saisons, quatre chapitres, quatre regards différents. À l’hiver la topologie du givre, à l’été la géométrie des mauvaises herbes.
L’autrice écrit sur son blog qu’elle est « très heureuse de cet ouvrage. C’est grâce à Roger Mansuy que je l’ai écrit, déjà, ce qui me rend fière. Et puis, comme Vous reprendrez bien un peu de maths ?, édité chez Retz, il me correspond. C’est aussi moi, sous un autre angle, mais toujours avec plein de belles mathématiques dedans« .
Invitée le 28 octobre dans le 28 minutes d’Arte pour parler de son ouvrage, présenté par la rédaction de l’émission comme un livre qui « aide parents et élèves qui ont gardé de mauvais souvenirs de cette discipline et en ont parfois été dégoûtés », elle a longuement parlé de sa passion des mathématiques, de leur présence « partout dans la nature », ou encore de la parité filles-garçons.

Des mathématiques au fil des saisons

Une semaine plus tôt, c’est Mickaël Launay, le montreur de mathématiques, qui était sur le plateau du 28 minutes d’Arte pour faire aimer les mathématiques aux téléspectateurs de la chaine et, bien sûr, pour faire la promotion de son dernier ouvrage : L’Équation de la chauve-souris: De la poussée d’Archimède à la physique quantique.
Selon la rédaction de l’émission, la passion de Michaël Launay est de « Se poser des questions que personne ne se pose. Ce genre d’explications contre-intuitives, il les a réunies dans un livre » abondamment illustré par Chloé Bouchaour. Dans un langage simple, il aborde en cinq grandes parties des notions comme la poussée d’Archimède, la pression, l’effet papillon, la propagation du son, la cuisson des coquillettes, la théorie du chaos… On peut retrouver une présentation de cet ouvrage par l’auteur dans une vidéo postée sur sa chaine Youtube, MicMaths, ainsi qu’un avis très enthousiaste de lecture prioritaire sur le blog Geek and Chill.

Un nouveau titre de Mickaël Launay, le montreur de mathématiques

Maniac, c’est la version française du dernier roman de Benjamín Labatut, paru aux éditions Grasset. Maniac est un acronyme pour « Mathematical Analyzer, Numerical Integrator, and Computer », ainsi qu’un triptyque organisé autour de trois figures marquantes de l’histoire des sciences modernes : Paul Ehrenfest, John von Neumann (à qui la majeure partie du livre est consacré) et Lee Sedol, le champion de go battu par une intelligence artificielle.
Bien que sorti au début du mois de septembre 2024, les critiques littéraires continuent d’affluer en ce mois d’octobre, à l’image de celle parue dans l’édition du Monde du 20 octobre. On y lit que Nils C. Ahl « distingue en arrière-plan de Maniac une rupture dans l’histoire des sciences, une révolution technologique, du projet Manhattan à l’avènement de l’intelligence artificielle, qui semble faire tenir ensemble les trois parties du texte« . Son article est en partie une interview de l’auteur, qu’il clôt en lui posant une question qu’une grande partie des lectrices et des lecteurs se poseront peut-être : pourquoi un écrivain chilien choisit-il d’écrire en anglais plutôt qu’en espagnol, sa langue maternelle ? Nous vous donnons ici la réponse faite par Labatut : « À l’âge de 8 ans, je suis allé avec ma famille vivre aux Pays-Bas et j’ai cessé d’utiliser l’espagnol. Même si je suis à 100 % indéniablement chilien, mon cerveau fonctionne en anglais, je ne pense pas en espagnol« .
L’un des petits chanceux qui a pu lire l’ouvrage avant sa sortie en France est Mathieu Denis, responsable du Centre Sciences Avenir, et il partage avec nous une critique très enthousiaste de sa lecture sur le blog du Conseil scientifique international. « À la fois thriller, essai philosophique et livre d’histoire, le roman de Labatut entraîne le lecteur dans un voyage fascinant dans l’histoire de l’intelligence artificielle. »

Labatut remet le Maniac au goût du jour

Dans le Canard Enchainé du 11 octobre, on peut aussi lire une recension enlevée de ce roman. Intitulée «  »Maniac », de Benjamín Labatut : les maths attaquent ! », elle présente l’ouvrage comme suit : « Avec l’électrisant MANIAC, Benjamín Labatut raconte l’éclosion d’une science nouvelle, créée par les hommes et désormais prête à les dévorer« . Les ondes n’échappent pas à ce phénomène : dans l’émission du
Dans l’émission du 26 octobre de La folie mathématique, sur France Culture, Alain Finkielkraut recevait Olivier Rey et Étienne Klein pour parler pendant cinquante minutes du « prodigieux roman de Benjamin Labatut » et apporter un éclairage particulièrement intéressant sur l’œuvre de John von Neumann, ou sur la question des fondements des mathématiques. En particulier, Olivier Rey souligne que « l’immense majorité des mathématiciens ne sont absolument jamais, au cours de leur vie, préoccupés par la question des fondements des mathématiques. Ça, c’est un truc de logicien, de philosophe, mais pas du tout de mathématicien dans la pratique« .
Le précédent roman de Benjamín Labatut, When We Cease to Understand the World, inaugurait ce nouveau genre littéraire, aux confins de la non-fiction. Traduit en français sous le titre Lumières aveugles et paru aux éditions du Seuil, il a rencontré un succès international. Finaliste du National Book Award et du Man Booker Prize, traduit en vingt-deux langues, il vient de sortir en édition de poche, aux éditions Points, pour notre plus grand plaisir. Gageons que ce Maniac devrait continuer sur sa lancée et rencontrer un franc succès!

En kiosque

Mathématiques, la démonstration historique : c’est le titre qui dévore la première de couverture du tout dernier numéro du magazine Epsiloon. Le dossier de ce numéro de novembre est en effet consacré à l’annonce faite récemment de la démonstration d’une partie du programme de Langlands (qui faisait déjà la une de notre précédente édition de la revue de presse) : “la version géométrique, en caractéristique nulle et dans le cas non ramifié”. Les auteurs précisent d’entrée de jeu que la lecture des articles mathématiques dont il est question est abordable par bien peu de personnes, y compris parmi les spécialistes du domaine. L’objectif de ce dossier est plutôt de souligner l’importance des résultats qui ont été obtenus, et de leur contribution à l’avancée des mathématiques. Il est émaillé des réflexions de mathématiciens familiers de ces questions, à l’image de Sergey Lysenko, Sam Raskin, Vincent Lafforgue (et non Laurent, attention à ne pas les confondre) ou encore Edward Frenkel. Une fresque chronologique retraçant quelques 2500 ans de recherches donne au lecteur des points de repère clairs et précis et favorise une lecture agréable et fluide. Un article qui peut donc être mis entre toutes les mains !

Toutes celles et tous ceux qui apprécient les articles de la rubrique Logique et calcul du magazine Pour la Science découvriront avec plaisir, dans le numéro de novembre, une nouvelle promenade, inattendue, que leur propose Jean-Paul Delahaye. Intitulée l’algorithme oublié, elle nous permet de réaliser que tout ce qui est simple n’est pas nécessairement connu, à l’image de cet algorithme que Donald Knuth a appelé l’algorithme CVM, en référence aux initiales de ses découvreurs. Selon lui, il ne fait aucun doute que, dans tous les livres et cours d’algorithmique à venir, on réservera désormais une place de choix pour présenter et expliquer ce nouvel outil qui, c’est tout aussi certain, sera largement utilisé en pratique.

Histoire des mathématiques

Maryam Mirzakhani mise à l’honneur par le CIRM et l’IHP


En ce mois d’octobre, la mathématicienne Maryam Mirzakhani, première femme à recevoir la médaille Fields il y a maintenant dix ans, a été mise à l’honneur par le CIRM et par l’Institut Henri Poincaré. Pascal Hubert, président actuel du Centre International de Rencontres Mathématiques basé à Luminy, a donné à cette occasion une conférence intitulée « Les mondes mathématiques de Maryam Mirzakhani – Espaces de formes« . Basée sur une exposition créée par le CIRM et présentée dans cet article, cette intervention retrace la vie et les travaux menés par cette pionnière de la géométrie et de la topologie. Quant à l’exposition, elle est visible depuis le 3 octobre sur les murs de la bibliothèque de l’Institut Henri Poincaré. Composée de deux parties (« Mathematical Worlds of Maryam Mirzakhani », sous la direction scientifique de Anton Zorich, qui présente en anglais les principaux axes de ses travaux mathématiques, et « L’espace des formes », sous la direction scientifique de Jayadev Athreya, qui s’adresse à celles et ceux qui souhaiteraient plus spécifiquement connaître son travail sur les triangles, les tores et les surfaces), elle est accompagnée d’une mini-BD intitulée « Mirzakhani, la mathématicienne », écrite et dessinée par Johan Segura.

Retour vers le futur de l’intelligence artificielle

Here comes a new challenger…

Ce mois d’octobre a aussi été celui de la diffusion de la série Rematch, produite par Arte et disponible gratuitement en ligne jusqu’au 23 novembre prochain. Rematch revient sur l’un des événements majeurs de l’histoire de l’intelligence artificielle, que l’on pourrait résumer comme suit : « En 1997, la société IBM convainc le champion du monde d’échecs Gary Kasparov, vainqueur du super ordinateur Deep Blue, de jouer un match retour. » Bien que les premiers algorithmes d’échecs émergent dès les années 1940, cette journée du 11 mai 1997 (et celles qui l’ont précédée) marque un réel tournant dans l’histoire des échecs… et dans celui du développement de l’intelligence artificielle. Constituée de 6 épisodes d’une quarantaine de minutes, cette série a été primée lors de l’édition 2024 de Séries Mania, sorte de Festival de Cannes des séries télévisées.

Et aussi, ce mois-ci...

Arts et Mathématiques

Lorsque les mathématiques inspirent l’art : deux expositions et un film

L’exposition « Générations Intuitives » : quand les artistes s’inspirent des mathématiques, qui a occupé les salles de la Maison Poincaré du 25 avril au 23 juillet 2024, continue à faire parler d’elle. En effet, un court documentaire à son sujet a été publié le 7 octobre dernier sur la chaine Youtube de l’Institut Henri Poincaré. Réalisée en partenariat avec la galerie Wagner, elle présente un dialogue entre Florence Wagner, commissaire de l’exposition, et Annalisa Panati, mathématicienne, qui nous permet de découvrir les œuvres exposées et leur histoire. Une belle session de rattrapage pour celles et ceux qui n’ont pu visiter l’exposition, ainsi qu’un complément instructif pour les personnes ayant pu voir les œuvres en réalité.

L’une des œuvres de Carlos Cruz-Diez, maître de l’art construit (et des segments de droites)

Plus au sud, les Galeries Zemma et Art Dialogue, toutes deux situées à Marseille, ont inauguré le 17 octobre dernier une nouvelle exposition. Nommée « Art construit, unicité, multiplicité : vers un nouvel élan géométrique », elle est visible dans les locaux de la galerie Zemma jusqu’au 18 janvier 2025 et se présente, selon la commissaire de l’exposition, comme « un dialogue intergénérationnel, confrontant les figures historiques du mouvement – telles que Vera Molnár, François Morellet, Victor Vasarely, Julio Le Parc, Carlos Cruz-Diez et Aurélie Nemours – à des artistes contemporains qui perpétuent cet héritage avec talent et innovation. » Amatrices et amateurs de géométries planes et de peintures, mais aussi de typographie, d’architecture ou de design, ne manquez pas cette occasion d’admirer 90 œuvres de 19 artistes majeurs du mouvement de l’Art Construit… que l’on retrouve aussi à la galerie Wagner !

Qui maîtrise les mathématiques a le pouvoir et la puissance… dixit (en autres) Vicki Abeles

Du côté du 7e art, vous pouvez enfin découvrir la bande-annonce ainsi que diverses informations concernant le documentaire Counted Out, le tout dernier projet de la réalisatrice Vicki Abeles. Ce film, dont le sous-titre est tout simplement « Math is power », annonce sans ambages son propos : montrer la nécessité de maîtriser des bases des mathématiques afin d’être en mesure d’affronter les enjeux sociétaux de notre siècle. La présentation par la réalisatrice des motivations qui sous-tendent son travail, ainsi que la liste des influences qu’elle revendique, ne font que nous rendre plus impatient·es de le voir, sachant qu’il n’a pour l’instant été projeté que dans quelques salles des États-Unis. Espérons que des bonnes volontés permettront sa projection en France dans les plus brefs délais, et que nous aurons ainsi l’occasion de vous reparler de cette œuvre qui s’annonce particulière.

Pour finir

  • Si vous êtes élève de classe préparatoire, étudiant·e de licence, ou que vous connaissez des personnes ayant ce profil, n’hésitez pas à leur parler de la demi-journée « Maths en mouvement » organisée à votre/leur intention le 16 novembre prochain par la SMF. Toutes les informations sont disponibles sur cette page, et les inscriptions sont encore ouvertes !
  • Les Tourangeaux et Tourangelles pourront bénéficier d’une belle compagnie lors de la Nuit des mathématiques qui se tiendra dans leur ville le 6 novembre prochain.
  • Les prochaines sessions des soirées “un texte, une aventure mathématique” ont été récemment annoncées, et sont disponibles à cette adresse : n’attendez plus pour vous inscrire, car les places sont limitées !
  • Last but not least : le concours Bulles au carré 2025 est désormais ouvert ! Sur le thème « Des Maths dans ma cuisine », en hommage à l’exposition qui a permis à Nina Gasking de se voir attribuer le prix Simon Norton de l’EMS, il ne devrait pas vous laisser de marbre… À vos crayons, tablettes et autres aquarelles !

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