Septembre 2024

Publié le 1 octobre 2024

Alors que la rentrée semble à la fois si lointaine et si proche, cette nouvelle édition de la revue de presse d’Images des mathématiques permet de faire un point sur l’actualité (méta-, para-)mathématique de ce mois de septembre 2024.
S’il nous faut retenir une seule chose, c’est que le 12 septembre 2024 a apporté son lot de bonnes nouvelles : entre la nouvelle exposition de la Maison Poincaré (dédiée au hasard, et dont nous vous parlons dans la rubrique Diffusion), la parution d’un manga en deux tomes sur la vie de Sophie Germain (dont nous vous parlons dans la rubrique Parution) ou encore le déploiement de l’exposition Bande de Labos à l’Université de Poitiers (dont nous vous parlons dans la rubrique Vie de la Recherche), il y avait de quoi avoir le sourire.
On peut aussi se réjouir aux côtés des géomètres et des arithméticien·nes de l’annonce d’une preuve de la conjecture de Langlands géométrique (dans le cas non ramifié, pour les expert·es qui passeraient par ici), à laquelle Dennis Gaitsgory (l’un des membres de l’équipe à l’origine de la preuve en question) a consacré 30 années de sa vie : une persévérance qui se voit aujourd’hui récompensée! Il faudra certes encore un peu de temps pour que ce travail colossal soit vérifié par la communauté et considéré comme effectivement complet (et correct), mais il ouvre des perspectives vertigineuses (notamment grâce aux travaux de Fargues-Scholze) quant à la compréhension des aspects arithmétiques du programme de Langlands.
La vie n’est pas toute rose, bien entendu, et les échos de la rubrique Enseignement de ce mois sont là pour nous rappeler à la triste réalité des réformes mal menées et des coupes budgétaires continues. Haut les cœurs, cependant ! Les autres rubriques de la revue de presse apportent aussi leur lot de bonnes nouvelles, que nous vous laissons à présent découvrir tranquillement.
Bonne lecture à toutes et à tous, et rendez-vous le mois prochain !

 

À la une

Une percée importante dans le programme de Langlands géométrique

Amateurs et amatrices de paysages vertigineux, cet article du journal  Le Monde 🔒 est pour vous ! Grâce à David Larousserie, on apprend ce mois-ci qu’une équipe internationale de mathématiciens annonce avoir démontré la conjecture de Laglands géométrique, au cœur du programme de Langlands géométrique. Celui-ci est constitué d’un réseau extrêmement riche de relations (pour la plupart encore conjecturées – c’est-à-dire non prouvées, voire sous forme de conjectures partiellement formulées) entre différentes parties de la théorie des nombres et de la géométrie. Dans une série de cinq pré-publications (dont la dernière est parue ce mois-ci) disponibles sur arXiv ainsi que sur le site de l’un des auteurs, nombre de concepts mathématiques élaborés se côtoient afin d’apporter un nouvel éclairage sur les liens entre deux domaines des mathématiques que l’on tend à considérer comme séparés l’un de l’autre. Ce n’est cependant que le début de la partie, car nombre de conjectures restent encore ouvertes dans le cadre de ce programme : en particulier, on ne sait pas encore comment faire le voyage du mont géométrique au mont arithmétique, et nombre de mathématiciens parmi les plus inventifs se sont attaqués de longue date à ces nouveaux massifs. Peut-être que ces avancées récentes permettront d’y gravir quelques montagnes supplémentaires ? Réponse dans les prochaines années… Pour celles et ceux qui préfèrent la plage à la montagne, et qui aimeraient avoir plus de détails quant aux résultats effectivement prouvés, direction cet article antérieur (en anglais) du magazine Quanta.

Le jeu des chaises musicales gouvernementales est terminé : les grand·es gagnant·es sont…

Après plusieurs (trop) longues semaines d’attente, notre pays dispose enfin d’un gouvernement non démissionnaire. Parmi les ministres fraîchement nommé·es se trouve Patrick Hetzel, dont le parcours est détaillé dans cet article du MESR paru le 21 septembre dernier. On y (re)découvre notamment son affectation antérieure comme conseiller éducation, enseignement supérieur et recherche de… François Fillon, à l’époque où celui-ci était Premier ministre : est-ce de bon augure pour les sciences en général, et les mathématiques en particulier ? Pas sûr du tout, si l’on en croit cet article récent de Libération, cet autre article paru quelques jours auparavant dans l’Express, ou encore cette tribune parue en fin de mois dans Le Nouvel Obs.  On apprend par ailleurs dans cet article l’existence d’un secrétariat d’État de l’Intelligence artificielle et du Numérique, dont hérite Clara Chappaz, ancienne directrice de la Mission French Tech (2021) : pas de quoi se réjouir très fort de ce côté-là non plus..

Du côté de l’Éducation nationale, un communiqué du ministère daté du 21 septembre annonce officiellement que c’est Anne Genetet qui succède à Nicole Belloubet dans le rôle de la ministre en charge de réformes massivement décriées par parents, élèves et enseignant·es. On ne peut pas dire que la nouvelle ministre soit une nouvelle venue dans l’arène politique, puisqu’elle était depuis 7 ans députée de la 11e circonscription des Français établis hors de France. Là encore, cette nomination ne suscite guère d’enthousiasme, notamment du côté des syndicats enseignants, comme le relèvent les éditions du 23 septembre de divers journaux tels France Guadeloupe, Libération🔒, Marianne ou encore Le Point, qui s’interroge quant à une éventuelle « erreur de casting » et rappelle que jusqu’alors, c’était plutôt Violette Spillebout qui était pressentie pour ce poste. Quant au programme qui sera mis en œuvre par la nouvelle ministre, notamment en comparaison avec ce que l’ex-Premier ministre Gabriel Attal défendait avec passion, guère d’informations n’ont fuité à ce jour. Heureusement que le Café Pédagogique est là pour mettre les points sur les i et présenter, dans un article clair et structuré, 10 points cruciaux sur lesquels des réponses sont attendues rapidement par les personnels de l’Éducation nationale. Rendez-vous le mois prochain pour savoir ce qu’il en est !

Vie de la recherche

Publications scientifiques et obsession des citations : quand la machine s’emballe

Au début de ce mois, un article du Monde 🔒, écrit par David Larousserie, met en lumière les dérives liées à la quête de citations dans le monde académique. La pression pour publier et augmenter son nombre de citations pousse certains chercheurs à adopter des pratiques discutables, telles l’auto-citation excessive ou la participation à des groupes de citations réciproques. Cette course à la réputation dans les publications scientifiques reflète l’un des défis majeurs auquel est actuellement confronté le monde de la recherche, dans lequel la reconnaissance académique est de plus en plus souvent liée à des métriques quantitatives, de plus en plus souvent au détriment de la qualité des recherches menées…

Bande de Labos : 37 laboratoires croqués en bande dessinée

L’université de Poitiers innove une fois encore avec Bande de Labos, une bande dessinée qui présente les travaux de ses 37 laboratoires de manière ludique et accessible. Dix autrices et auteurs se sont immergés dans l’univers de la recherche pour raconter, à travers des récits colorés, des histoires allant des fusées à la cryothérapie pour sportifs, en passant par l’étude des cloportes. Jusqu’au 14 octobre prochain, une exposition (gratuite) XXL accompagne cette publication (disponible en ligne à cette adresse), avec des totems installés sur les différents sites universitaires pour rendre visible l’univers fascinant des chercheurs à un large public. Les mathématiques y sont représentées (par Camille Van Belle) au travers du Laboratoire de Mathématiques et Applications, de manière cependant assez réductrice. En effet, seules les mathématiques permettant d’aider à la prise de décision ont été mises en lumière dans cette bulle de BD : si l’on comprend que c’est peut-être (ou pas) le plus facile à représenter, c’est dommage de ne réduire la richesse des thématiques de recherche développées dans ce laboratoire à cet unique axe très appliqué.

Les mathématiques pour comprendre le monde, dixit les Bandes de Labos !

Et aussi, ce mois-ci...

  • Le Tour de France des Bibliothèques de mathématiques, animé par la RNBM, s’arrête à Tours le 8 octobre prochain : plus d’informations sur le site du webinaire correspondant
  • Lancement du laboratoire MATritime, dont l’objectif est de développer des outils numériques et statistiques offrant à l’industrie maritime les moyens d’une conception et d’une exploitation plus durable des bateaux.
  • Save the date : dans quelques semaines, de jeunes mathématicien·ne·s travaillant sur des thématiques environnementales, agricoles ou alimentaires présenteront leurs travaux de recherche dans le cadre du 24e Forum des Jeunes Mathématiciens et Mathématiciennes, qui se tiendra à Montpellier du 20 au 22 novembre 2024. Plus d’informations sur le site de la manifestation !
  • Cédric Villani à Uzès pour la 3e édition du Parlement des Liens , à retrouver dans cet article de France Bleu.

Recherche et applications

De nouvelles figures géométriques pour décrire les cellules musculaires

Une équipe de mathématiciens de Budapest et d’Oxford ont mis à jour une nouvelle classe de figures géométriques, afin de satisfaire aux désidératas de la nature qui, selon Alain Goriely (l’un des membres de l’équipe de recherche), a « non seulement horreur du vide, mais elle semble aussi détester les angles aigus ». Selon le site Trust my Science, qui s’appuie sur un communiqué (en anglais) publié par l’équipe de Goriely sur le site du département de mathématiques de l’université d’Oxford, l’étude minutieuse des pavages polygonaux périodiques aurait permis l’identification d’une nouvelle classe de figures géométriques : les cellules molles. Ce type de structure permet de mieux comprendre certains phénomènes physiques, allant de l’allure des couches d’oignon à celle de la coquille du nautile… ou celle de nos cellules musculaires.

Voici une cellule molle

Encore une victoire de James Maynard !

En collaboration avec le mathématicien américain Larry Guth, le mathématicien britannique James Maynard (lauréat de la médaille Fields 2022) a fourni une nouvelle avancée remarquable dans l’étude de la distribution des nombres premiers et, ce faisant, a ravivé l’espoir d’obtenir un jour une preuve de l’Hypothèse de Riemann, cet « Everest des mathématiques » selon les termes de cet article bien écrit parut à la fin du mois de septembre dans le magazine Pour la Science. En combinant des techniques de théorie analytique des nombres, utilisées jusqu’ici avec succès par Maynard, à des outils d’analyse harmonique dont Guth est spécialiste, les deux mathématiciens ont réussi à dépasser la borne d’Ingham (en obtenant une meilleure borne), qui tenait le haut du pavé depuis plus de 80 ans, mais ils ont surtout développé de nouvelles méthodes dont le potentiel reste encore à évaluer.

OpenAI o1, la première IA qui raisonne vraiment ?

OpenAI, à l’origine du lancement de ChatGPT, cherche à s’éloigner un peu de son produit phare en repartant de 1 pour nommer ses nouveaux modèles d’IA. Les modèles « o1 », puisque tel est leur nom, ont été formés afin d’améliorer les capacités de raisonnement des IA, notamment en prenant plus de temps pour analyser les problèmes avant de fournir une réponse (« o1 réfléchit avant de répondre », selon un communiqué de l’entreprise repris par l’Agence France Presse, puis par le site Radio Canada ), et pour résister plus efficacement au jailbreaking.
Les premiers tests effectués sur ces modèles, qui équipent déjà ChatGPT Plus, semblent prometteurs puisque, selon les propos d’OpenAI rapportés dans cet article paru le 13 septembre sur Netcost-Security, « ces modèles fonctionnent à un niveau comparable à celui des étudiants en doctorat sur des tests de performance exigeants dans des domaines tels que la physique, la chimie et la biologie ». Il semble donc que les doctorant·es en mathématiques soient pour l’instant épargné·es, d’autant plus que les modèles « o1 » ne sont actuellement capables de ne traiter que du texte (et pas d’autre type de données). Cependant, le porte-parole d’OpenAI ayant affirmé que « o1 apprend à reconnaître et à corriger ses erreurs. Il apprend à décomposer les étapes délicates en étapes plus simples. Il apprend à essayer une approche différente lorsque l’approche actuelle ne fonctionne pas », il est possible que ce répit ne soit que de courte durée.

Et aussi, ce mois-ci...

Enseignement

Pénurie d’enseignant·es… ou postes surnuméraires ? Tout est apparemment question de point de vue…

Ceci n’est pas une plaisanterie, contrairement (pour l’instant, en tout cas) à cet article récent du Gorafi : tandis que, comme tous les ans, le manque de professeur·es fait la une de nombreux médias et mène les rectorats à envisager de recourir de manière durable au recrutement d’enseignant·es contractuel·les, par exemple parmi un vivier de « diplômés de grandes écoles en quête de sens », les inspections générales envisagent différents scénarios de… suppressions de postes d’enseignant·es et de fermetures de classes ! On apprend dans cet article récent du journal le Monde🔒 qu’en arguant d’une baisse des effectifs d’élèves, la revue de dépenses réalisée au printemps dernier (mais rendue publique au début de ce mois) conjointement par l’inspection générale des finances (IGF) et l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR), propose de fermer l’équivalent d’un peu plus de 1900 écoles ou de 800 collèges (selon le scénario retenu) sur l’ensemble du territoire… accentuant ainsi un peu plus les disparités déjà très fortes d’accès à l’instruction. Plutôt que de profiter de cette baisse prévisionnelle d’effectifs pour permettre aux élèves et à leurs enseignant·es de bénéficier de conditions d’apprentissages plus favorables et de moyens suffisants à leur mise en œuvre (rappelons ici que la France reste l’un des pays d’Europe où les classes sont les plus chargées🔒), l’IGF et l’IGESR préfèrent tabler sur des économies budgétaires à court terme, quitte à défaire des dispositifs récemment et coûteusement mis en place (à l’instar des classes dédoublées mises en place lorsque Jean-Michel Blanquer était ministre de l’Éducation nationale), sans mettre le holà à des dispositifs douteux et fortement décriés par le monde enseignant et éducatif (comme, au hasard… le Choc des savoirs ?). S’il ne s’agit pas d’une provocation de plus à l’égard notamment des syndicats enseignants, on se demande ce que c’est…

Des ambitions pour l’école… mais pas pour le lycée ?

Dans sa note d’action de 132 pages (dont un résumé de 5 pages est aussi proposé) du mois de septembre 2024, l’Institut Montaigne s’alarme de la situation actuelle des mathématiques dans l’enseignement français, qu’il s’agisse du décrochage de plus en plus précoce ou des écarts de performance induits par le genre des élèves. L’objectif annoncé de ce document est, à l’instar des notes d’action de cet institut, de « formuler des recommandations opérationnelles » pour résoudre cette problématique qui perdure et s’aggrave. Sans vouloir vous gâcher le plaisir de la lecture de ce document volumineux, nous remarquerons juste à quel point les trois axes stratégiques qui y sont explicitement identifiés de prime abord (« adopter une stratégie dépolitisée et décennale pour l’enseignement des mathématiques, en concertation avec toutes les parties prenantes de la communauté éducative »; « dépistage précoce des élèves nécessitant un soutien renforcé » et « déploiement d’outils d’apprentissages appropriés »; « adaptation et intensification de la formation continue des professeurs des écoles pour renforcer leurs compétences en mathématiques ») vont à l’encontre des réformes mises en place ces dernières années par les différents ministres de l’actuel président de la République. Et pour un résumé (tronqué) du résumé, on peut toujours compter sur la plume d’Emma Ferrand, du journal Le Figaro.

Pendant ce temps, on est toujours en attente d’un retour du Conseil supérieur des programmes, saisi le 13 mars dernier par Nicole Belloubet (alors ministre de l’Éducation nationale) concernant « les programmes de mathématiques au lycée, en fonction de la nouvelle épreuve anticipée de maths en fin de la classe de première » qui devrait être mise en place à la rentrée prochaine. D’après cet article du Café Pédagogique, on devrait en savoir plus « au plus tard au mois d’octobre 2024 ». On se donne donc rendez-vous le mois prochain pour faire le point ?

Déficit des universités françaises : une situation alarmante

Lorsque l’on diminue sans cesse les fonds alloués à un établissement donné, il ne faut guère s’étonner qu’il finisse par être en déficit, malgré tous les efforts qu’il peut fournir. L’établissement dont il est ici question représente près de 80% des universités françaises d’ici à la fin de l’année 2024, si l’on en croit les informations communiquées par le Snesup-FSU à France Info, qui les retranscrit dans cet article du 19 septembre. D’après celui-ci, « cette situation est la conséquence des baisses de crédits alloués par l’État« . Ladite situation risque d’être encore plus dramatique en 2025 si l’état maintient son objectif de 500 millions d’euros supplémentaires d’économie sur ce portefeuille (après les 900 millions déjà demandés en début d’année dernière) : de quoi contribuer à dégrader encore plus les conditions d’apprentissage des étudiant·es, et les conditions de travail des personnels de l’université (enseignant·es, enseignant·es-chercheurs/chercheuses, mais aussi personnels administratifs et de soutien logistique). On retrouve ces informations, ainsi que quelques compléments, dans cet article publié le 20 septembre dernier sur BFM TV, à partir des informations de la sérieuse Agence France Presse.
Pour tenter de limiter la casse, certain·es président·es d’université envisagent une hausse des droits d’inscription, comme le relate cet article des Échos🔒 daté du 20 septembre. Une fausse bonne idée qui risque d’encourager l’État à diminuer d’autant son écot, et de contraindre les moins fortuné·es à arrêter les études, faute de moyens financiers suffisants…

Et aussi, ce mois-ci...

  • En Espagne aussi, on s’inquiète du niveau en mathématiques des enseignant·es : cet article (en espagnol) du journal El Pais rapporte les principales causes de cette situation identifiées (à la demande du ministère de l’Éducation) par le Comité Espagnol de Mathématiques.
  • À Madagascar, on manque de statisticiens : les raisons de cette pénurie dans cet article de l’Express de Madagascar, publié le 14 septembre dernier.
  • Une nouvelle tribune du collectif Maths&Sciences, disponible en intégralité sur leur site et publiée (en accès limité) dans l’édition du 3 septembre du journal Le Monde🔒, pointe la chute nette des effectifs à l’entrée des cycles ingénieurs, qui coïncide avec l’arrivée à ce niveau de la première promotion de bacheliers et bachelières post-réforme Blanquer. Est-ce surprenant ?
  • À Mulhouse, on s’attaque aux stéréotypes de genre dans les filières scientifiques lors d’une journée organisée le 10 septembre dernier sur le campus de l’Université de Haute-Alsace, à destination de lycéennes de seconde et de première : plus d’informations sur cette initiative dans cet article de France Bleu Alsace.
  • Ce 13 septembre, inauguration à Tahiti d’une école spécialisée en informatique et jeux vidéos : à retrouver dans cet article de Tahiti Infos.
  • Utiliser les réseaux de bus de l’agglomération pour aider les élèves à apprivoiser les mathématiques : une idée développée à La Rochelle et bientôt disponible en ligne pour tou·tes, à retrouver dans cet article paru le 19 septembre sur France Bleu La Rochelle
  • Appel à l’aide d’un enseignant tétraplégique de la Drôme dans cet article paru le 10 septembre sur France Bleu Drôme Ardèche : privé de son APSH, il ne peut assurer ses cours.

À l'honneur

Nous adressons tout d’abord nos sincères félicitations à Thomas Ehrhard, chercheur en informatique fondamentale, et Laurent Régnier, mathématicien, qui viennent tout juste de se voir attribuer le prix Alonzo Church pour leurs travaux sur le lambda-calcul différentiel, un cadre théorique situé à l’interface entre la logique mathématique et l’informatique, et qui a ouvert de nouvelles perspectives prometteuses dans la théorie des langages de programmation. À cette occasion, l’IRIF nous offre un entretien avec l’un des deux lauréats, qui revient sur la genèse de ce travail colossal.

Nous félicitons tout aussi chaleureusement le mathématicien tunisien Ali Baklouti, de l’université de Sfax (Tunisie), pour être l’heureux récipiendaire du Prix Pfizer 2024. Ce prix prestigieux est lui a été décerné cet été par l’Académie Royale britannique, pour ses contributions exceptionnelles en mathématiques, et plus précisément en géométrie et en analyse.

Enfin, nous ne pouvions passer à côté de ce joli portrait d’Isabelle Gallagher, fraîchement élue présidente de la Société Mathématique de France. Unanimement reconnue pour son engagement en faveur de la liberté et de la créativité dans les mathématiques, ainsi que pour sa promotion de l’inclusivité, on découvre dans cet article de la ville de Maisons-Alfort le parcours de celle qui, hésitant entre sciences et musique a « été rattrapée par le principe de réalité ».

Et aussi, ce mois-ci...

  • Retour sur la première édition du Prix Cosmos (dont nous vous parlions déjà dans notre édition de juin dernier) dans un article de Futura Sciences paru ce mois-ci
  • Inauguration à Pantin d’une Maison académique des mathématiques,  visant à réconcilier élèves et enseignant·es avec les mathématiques en offrant un espace de rencontre interdisciplinaire pour repenser l’apprentissage :  à découvrir dans cet article du Parisien, ainsi que dans cet article du site L’Actu

Diffusion

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Crédits : Diacritica, CC BY-SA 3.0

Le hasard peut-il être un être mathématique ?

L’exposition « Comme par hasard » de l’Institut Henri Poincaré (IHP), qui a déjà les honneurs d’un article du journal le Monde🔒 alors qu’elle n’a ouvert ses portes que le 12 septembre 2024, explore la fascinante relation entre hasard et mathématiques. À travers une série d’expériences interactives et visuelles, les visiteurs sont invités à découvrir comment les mathématiques ont cherché à donner un cadre rigoureux pour analyser ce qui semble être de l’ordre de l’aléa. Cette exposition interroge également l’existence même du hasard et la manière dont il influence nos vies quotidiennes. À l’occasion de cette exposition, les mathématiciens Jean-Baptiste Aubin et Hugo Dominil-Copin (lauréat de la Médaille Fields 2022) s’interrogent sur la manière dont les mathématiques se sont emparées du hasard dans un podcast disponible sur Radio France .

Beauté, mathématiques et flocons de neige

Crédits : Alexey Kljatov, CC BY 2.0

Ce mois-ci, une interview d’Étienne Ghys dans The Conversation met en lumière une facette méconnue de la recherche scientifique : la quête de la beauté, considérée comme une des motivations essentielles des chercheurs. Dans cette interview, on y découvre que cette recherche de beauté guide souvent les découvertes scientifiques, notamment à travers des phénomènes naturels tels que les flocons de neige, dont la symétrie et la complexité fascinent les scientifiques. Pour celleux qui voudraient en savoir plus sur la beauté qui lie les mathématiques aux étoiles des neiges, la conteuse et mathématicienne Marie Lhuissier mettra en valeur ces liens en région lyonnaise pour la fête de la science.

Cette manière d’utiliser la nature pour faire des mathématiques n’est pas sans rappeler l’article de La Vie 🔒 qui présente l’initiative de Claire Lommé, afin d’apprendre les mathématiques à travers la nature. En se promenant dans son jardin, elle montre comment les éléments naturels, telles les spirales des pétales de rose, la symétrie des feuilles ou la géométrie des toiles d’araignée, peuvent illustrer des concepts mathématiques complexes.

Et aussi, ce mois-ci...

  • Podcast « 8 milliards de voisins et de voisines » : Filles et mathématiques, d’où vient le problème ?
    Ce podcast diffusé sur Radio France International aborde les inégalités entre filles et garçons dans l’étude des mathématiques, en France et à l’international, et fait notamment intervenir notre collègue mathématicienne Ramla Abdellatif. Rediffusée le 30 août 2024 (après une diffusion en direct le 6 mars), l’émission reste pertinente dans le contexte actuel d’inégalité des genres en sciences.
  • Fête de la Science 2024 : L’édition 2024 de la Fête de la Science largue les amarres et vous embarque du 4 au 14 octobre prochain dans le monde des océans. Gageons que les mathématicien·nes seront du voyage !
  • Retour sur la Nuit Européenne des chercheurs et chercheuses, qui s’est tenue le 27 septembre dernier, grâce au site de l’événement
  • Au Havre, on n’a pas hésité à s’appuyer « Sur les épaules des géants » lors du dernier week-end de septembre : une manifestation grand public pensée pour démocratiser les sciences et dérouler les savoirs, où la lumière était mise à l’honneur cette année.
  • Yvan Monka : « Un élève qui travaille en mathématiques ne peut pas échouer »
    Dans une interview publiée le 26 septembre 2024 dans le Figaro Étudiant, Yvan Monka, enseignant et célèbre vulgarisateur mathématique sur YouTube, partage sa conviction que la persévérance en mathématiques est la clé de la réussite. De là à affirmer que cette condition nécessaire est aussi suffisante, il y a un pas que, contrairement à lui, nous n’oserons pas franchir de manière aussi tranchée.

Parutions

Dans les entrailles du tore plat grâce à l’équipe Hévéa.

Géométries et Formes : C’est le titre du dossier du dernier numéro (de l’année 2024) du trimestriel La Recherche, annoncé en première de couverture et illustré par une très belle image de Calabi-Yau due à Chuck Doran. Variétés mathématiques, fractales lisses, empilement en grande dimension, formes de la nature … Le large panorama des sujets abordés montre d’emblée l’omniprésence de la géométrie dans notre monde. Offrant au lecteur ou à la lectrice un véritable voyage dans le temps, passé comme futur, il fait voler en éclats l’image encore injustement et trop souvent colportée d’une discipline austère, voire poussiéreuse. Dans le préambule, la rédaction souligne que si elle « nous renvoie à nos premières perceptions du monde », la géométrie est avant tout une science vivante qui « continue à innover, comme en témoignent les recherches actuelles sur les fractales et les variétés, et son application à tous les champs du savoir, de la biologie à la physique, en passant par l’informatique ou le design ». En l’espace de quelques siècles, elle est « devenue un outil quasi universel des mathématiques et d’autres sciences », selon les mots employés par Philipe Pajot dans son article, Au commencement était la géométrie. Il y affirme aussi que la géométrie « se niche dans tout ce qui nous entoure, depuis des choses triviales jusqu’au découpage électoral partisan ». Et il est vrai qu’en feuilletant ce dossier, on ne peut s’empêcher de penser au dernier livre de Jordan Ellenberg, intitulé Formes (et présenté dans notre revue de presse de juin), cité dans cet article. (A noter que David Larousserie en a récemment livré, dans Le Monde, une des rares recensions disponibles en français : « Jordan Ellenberg revient à la vulgarisation de sa discipline après le remarqué L’Art de ne pas dire n’importe quoi (Cassini, 2017). Bien que cette fois il ne le revendique pas, l’objectif est le même : diffuser l’idée que les mathématiques sont partout dans notre quotidien ».)
L’ensemble constitue un « joli dossier géométrie » comme l’écrit Roger Mansuy dans l’un de ses nombreux posts sur le réseau social LinkedIn. Il a particulièrement apprécié (et il n’est pas le seul !) l’article de notre comparse Charlotte Mauger : intitulé Entre la douceur et l’effroi : les fractales lisses, il a été rédigé à partir d’entretiens avec l’équipe Hévéa, à l’origine de la belle illustration disponible ci-dessus.

Bon appétit à l’université de Delft, qui nous offre les 27 premières décimales de Pi sur sa Pi Pie

Le journal Le Monde poursuit son partenariat avec Belin. Après Le fascinant nombre Pi, Vivante énigme mathématique sorti en avril (et dont on vous a parlé dans notre revue de presse de mai), un second hors-série sort en kiosque ce mois-ci : Nombre Pi – Malgré les progrès des sciences, il reste une énigme. Comme vous l’aurez peut-être déjà remarqué en cliquant sur ce lien, le sous-titre final n’est pas celui précédemment annoncé : il a en effet été changé au dernier moment par la rédaction, sans que le texte originel de Jean-Paul Delahaye ne soit cependant modifié (ouf !). Les passionné·es du nombre Pi vont donc pouvoir poursuivre l’aventure entamée à la lecture du premier fascicule, et être au point sur les avancées les plus récentes de nos connaissances sur Pi. Et oui, contrairement à ce que l’on pourrait peut-être penser, les recherches actuelles sur le nombre Pi sont loin de se limiter à une simple course aux décimales…

Dans l’avant-propos qui détaille le contenu de chacun des sept chapitres de cet ouvrage, l’auteur écrit : « Après un premier hors-série du Monde où le début de l’histoire de Pi était présenté, celui-ci explique les merveilles que la volonté de comprendre Pi a amené plus récemment à découvrir et qui font de ce nombre un objet mathématique sans égal et une énigme éternelle ». Des annexes judicieusement placées en fin de chapitre permettent une lecture à plusieurs niveaux. En outre, la fin de ce volume regroupe non seulement une copieuse bibliographie et sitologie, mais aussi des tableaux, formules et données complémentaires qui contribuent à faire de ce fascicule une véritable petite encyclopédie qui ravira tou·te·s les curieuses et les curieux.

Le dernier numéro en date du magazine Tangente nous permet de découvrir un domaine relativement récent et mal connu des non spécialistes, en nous présentant Une brève histoire de l’ethnomathématique. Selon Martine Brillaud, directrice de la rédaction, ce sujet, qui n’avait jusqu’alors été que vaguement esquissé dans quelques numéros antérieurs, méritait un dossier entier. C’est chose très agréablement faite, avec un dossier qui nous emmène à la découverte des « mathématiques d’ailleurs », partant des iles Vanuatu (anciennement Nouvelles-Hébrides) jusqu’au pays des Celtes, en passant par exemple par les Andes.
Le second dossier proposé par cette édition du magazine concerne quant à lui un sujet très différent, puisqu’il s’agit de l’approximation des courbes et des fonctions.

Du côté des Hors-séries, Tangente dédie son dernier opus en date à la vie, l’œuvre et l’influence d’un mathématicien hors norme : Augustin Louis Cauchy. Le sujet traité est si vaste qu’il ne serait pas surprenant que l’on retrouve, un de ces jours, la figure de Cauchy dans l’un des numéros de la Bibliothèque Tangente…

Chez Tangente Éducation, plutôt à destination du corps enseignant, c’est la sortie du second tome de L’informatique débranchée qui fait l’actualité de cette rentrée. Selon la rédaction, « les auteurs ont mis particulièrement l’accent sur trois sujets phares de l’informatique : les algorithmes distribués et parallèles, la sécurité, l’intelligence artificielle ».

En librairie

Sophie Germain est désormais une héroïne au Pays du Soleil Levant… et ailleurs !

La vie de Sophie Germain déclinée en manga ! Les deux tomes de « Céleste Harmonie » , de Nomane Mitsuhiro (pour le scénario) et Chika Shimana (pour les dessins – délicieux !) ont bénéficié d’une sortie simultanée aux éditions Komikku le 12 septembre dernier. La présentation de ce titre par la maison d’édition est plutôt alléchante… et dithyrambique : «L’algèbre et la géométrie nous dévoilent l’harmonie du monde. Découvrez la jeunesse de Sophie Germain dans ce sublime diptyque !», rien de moins !

Cette bonne nouvelle arrive au même moment, ou presque, que cette moins bonne nouvelle dans le monde de la BD : les Éditions Petit à Petit ont décidé de cesser la vente de leur docu-BD « Les audaces de Sophie Germain » . Réalisée sous la direction scientifique d’Hervé Pajot (dont nous parlions à l’époque de sa sortie, dans la revue de presse d’avril 2021), sa parution avait été accompagnée, à l’université de Grenoble Alpes, d’une exposition et de la projection d’un film sur la vie de Sophie Germain.

Être ou ne pas être scientifique, telle est la question !

Nombre d’efforts sont actuellement déployés pour encourager les filles à suivre des filières scientifiques : le dernier livre d’Emmanuelle Larroque, Tu seras scientifique, ma fille ! , apporte une nouvelle pierre à cet édifice. D’après la maison d’édition : « Pensé comme un guide pratique, cet ouvrage riche de nombreux témoignages d’expertes, d’éducatrices et de cheffes d’entreprises propose des conseils et des astuces concrètes, ainsi que des idées d’activités et des histoires inspirantes pour permettre à nos filles de se libérer des stéréotypes« . L’autrice de cet opus est entrepreneure, autrice, conférencière, militante. Mi-septembre, le journal Ouest-France lui a consacré une interview dans laquelle elle explique pourquoi il faut encourager les filles à devenir scientifiques. L’article éclaire à la fois la personnalité très forte de l’auteure, les motivations et le contenu de son livre, et apporte de nombreux éléments concernant les enjeux de la lutte contre la sous-représentation des femmes dans les métiers des sciences et de l’ingénierie. À l’heure où la sous-représentation des femmes dans les études et métiers scientifiques est critique et où les stéréotypes de genre persistent, comme le souligne par exemple cet article paru il y a quelques jours dans le journal Libération, ce type d’ouvrage semble plutôt salutaire.

Histoire des mathématiques

Et si le vainqueur d’une élection n’était pas toujours celui que l’on croit ?

En cette rentrée agitée par les remous de la vie politique et par des choix gouvernementaux de plus en plus contestés par la population des votant·es, le magazine Le Point consacre, en ce 22 septembre, un article à la méthode de Condorcet. Ce mathématicien et philosophe du XVIIIe siècle s’est en effet intéressé à la question suivante : comment faire en sorte d’exprimer au mieux la volonté populaire ? Il introduit pour cela la notion de préférence majoritaire, qui mène à une organisation un peu plus subtile que celle qui régit nos scrutins actuels. Est-ce que cela changerait pour autant la donne actuelle ? À vous de le découvrir en lisant cet article clair et assez court !

L’invention du mètre, c’est toute une histoire !

Dans son édition du 27 septembre dernier, le podcast Sciences chrono revient sur la grande aventure de l’invention puis de l’institutionnalisation du mètre. En compagnie de Céline Fellag-Ariouet, du Bureau International des Poids et Mesures, on parcourt en un peu moins d’une heure les années ayant permis de passer de plus de 800 unités de mesures (de longueur) différentes à la création du mètre étalon, qui sert encore de référence aujourd’hui dans notre pays et dans bien d’autres. Une manière plus concise (et moins fouillée, limitation de temps oblige) de (re)découvrir ce que Denis Guedj narrait avec talent dans son roman Le mètre du monde.

Effectuer des multiplications au temps du Genji… ou du Yamato ?

Grâce à cet article de Science et vie, on apprend que le Nara National Research Institute for Cultural Properties a fait une annonce retentissante le 4 septembre dernier : celle de la découverte de ce qui semble être la plus ancienne table de multiplication du Japon. Ce fragment de bois vieux de 1300 ans (soit donc antérieur de quelques siècles à l’époque des samouraïs) a été retrouvé en 2001 sur le site de Fujiwara-kyo, capitale de l’empire à cette époque, et il intrigue depuis lors les chercheurs par sa rareté et par la complexité des mathématiques de l’époque qu’il suggère. En particulier, il semblerait que ce type d’objet, qui témoigne d’un degré de complexité dans les calculs non attendu à ce stade de l’histoire, était fort utile aux administrateurs de l’époque, tout en témoignant d’échanges culturels forts avec la Chine et la Corée de l’époque.
Notons que certains chercheurs vont jusqu’à émettre l’hypothèse que cet artefact pourrait être encore plus vieux que ce qui a été annoncé, et dater de l’époque du Yamato (soit donc entre 210 et 700 de notre ère) : de quoi remettre en perspective nos connaissances sur le développement des mathématiques pré-médiévales en Asie, et notamment au Japon !

Des opérations plus complexes qu’il n’y paraît au pays du Soleil Levant.

Et aussi, ce mois-ci...

  • De nouvelles ressources sur Numaclay ! Les fonds d’archives mathématiques Albert Châtelet et Luc Illusie sont désormais accessibles depuis votre ordinateur, tablette ou téléphone portable (même si ce dernier cas risque de n’être guère confortable). Des pépites mathématiques et historiques sont à portée de vos doigts !
  • Alan Turing au Cœur de l’Histoire : L’édition du 23 septembre du podcast « Au cœur de l’Histoire », sur Europe 1, met à l’honneur Alan Turing dans un double récit narré par Virginie Girod, et complété par une sitographie un peu frustre et de pertinence toute relative.
  • Modélisation des marchés et lois du hasard : Cet article détaillé du site BBC Afrique revient de manière chronologique et claire sur les différents acteurs et moments-clés de l’élaboration d’une formule « magique » qui va provoquer un désastre financier, la formule Midas.

Maths et Arts

Ce mois encore, la danse et la mode sont de mèche avec les mathématiques.

Du côté de la danse, Libération dresse ce mois-ci un portrait du danseur et chorégraphe Radouan Mriziga, pour qui l’espace scénique est structuré autour de principes mathématiques. Sa collaboration avec Anne Teresa De Keersmaeker, figure majeure de la danse contemporaine dont la pratique est aussi, entre autres, basée sur les mathématiques, fait quant à elle l’objet d’un article publié cet été sur le site de France Inter, et d’un spectacle présenté du 13 au 22 septembre dernier au Théâtre de la Ville (Paris).

Hypathie d’Alexandrie, muse de la mode contemporaine

En ce qui concerne la mode, le magazine Marie-Claire a publié en ce 20 septembre un article intitulé « Qui est la mathématicienne dont est inspiré le dernier défilé Max Mara ? ». La réponse à cette question, et muse de la collection Max Mara printemps-été 2025, n’est autre qu’Hypathie d’Alexandrie, mathématicienne et philosophe du IVe siècle. Dans la note de son défilé, la maison de haute couture et de prêt-à-porter explique : « Une grande partie du travail d’Hypatie a été développée à partir de Pythagore. Ces équations, exprimées sous forme de triangles diagrammatiques, sont comme les simples flèches que la couturière utilise pour transformer un drap plat en une structure vivante tridimensionnelle« .

Et qui dit Pythagore dit généralement (triangle rectangle puis) musique et gammes pythagoriciennes : en effet, à sa suite, ne pense-t-on pas généralement que musique et mathématiques sont intimement liées ? Ce n’est pas le résultat de la Résidence « Mathématique & musique » de Thomas Menuet à l’Institut de Recherche Mathématique de Rennes (IRMAR), que nous avions déjà évoquée dans nos colonnes estivales, qui nous convaincra du contraire. Le compositeur utilise « la musique comme guide dans le paysage mathématique« . Les fruits de ces deux années de travail sont non seulement des compositions musicales, mais aussi des énigmes mathématiques. Les morceaux ont pour thèmes la place des femmes en mathématiques, la transmission du savoir, la vérité en mathématique ou le renforcement de l’esprit grâce à la pratique mathématique. Les énigmes nous immergent dans les mathématiques appliquées : cybersécurité quantique, télécommunications, observation spatiale, fusion nucléaire et architecture du web. L’un des objectifs de cette résidence étant le développement d’actions de médiation auprès du grand public, une exposition s’appuyant sur ces différentes productions aura lieu du 7 octobre au 8 novembre à l’espace Le Diapason, sur le campus de l’Université de Rennes.

Pour terminer, un petit détour par l’art pictural : l’exposition-hommage créée par John Segura au CIRM en l’honneur de Maryam Mirzakhani, dont nous vous parlions déjà dans nos colonnes estivales et dont 2024 voit fêter le 10e anniversaire de sa médaille Fields, sera visible à partir du 3 octobre prochain (et jusqu’au 30 mai 2025) entre les murs de l’Institut Henri Poincaré (Paris), dans le cadre de l’exposition « Les mondes mathématiques de Maryam Mirzakhani« . Nous vous en reparlerons très certainement dans les mois à venir !

Maryam Mirzakhani, première médaillée Fields de l’histoire, il y a seulement dix ans…

Et aussi, ce mois-ci...

Pour finir

  • Joyeux premier anniversaire à la Maison Poincaré ! Ayant ouvert ses portes au grand public le 30 septembre 2023, ce « premier musée des maths en France » (sic) a l’honneur d’un article (en anglais) d’Euronews en date du 27 septembre dernier.
  • Les Visites Insolites du CNRS sont de retour du 4 au 14 octobre prochain ! Pour en savoir plus sur les surprises qu’elles vous réservent, notamment dans les laboratoires de mathématiques de l’université la plus proche de chez vous, et réserver vos places si le cœur vous en dit, direction le site de l’édition 2024.
  • Envie de soutenir votre revue de presse préférée ? N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez participer au maintien en vie de cette revue de presse : collecter des informations, rédiger des rubriques ou encore relire ou illustrer l’ensemble, il y en a pour tous les goûts !

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