Pourquoi enseigner les probabilités et la statistique dans les cours de mathématiques
le 1er octobre 2013 à 19:28, par Jean-Pierre Kahane
Ce billet me parait bienvenu. Il ne dissimule pas les obstacles, mais il donne de bons arguments pour ne pas lâcher les probabilités et la statistique. Elles ne s’opposent pas à l’algèbre, l’analyse ou la géométrie, elles créent au contraire de nouvelles approches et de nouveaux liens.
L’exemple de la moyenne, que donne le billet, est éclatant ; ce peut être le point de départ de tout une réflexion. Il est introduit dans tous les cours de statistique, et le danger est qu’il y reste, la machine se chargeant du calcul. Si on le lie au calcul mental, les propriétés de la moyenne relativement à la translation ou à la dilatation des données s’imposent : comment calcule-t-on la moyenne de 1010, 1020, 1030 ? Et comment faire pour la moyenne de 1010, 1020, 1030, 2010, 2020, 2030 ? Et pour celle de 1010, 1020, 1030, 1040, 2010 ? On voit apparaître les groupements de termes et le moyennes pondérées. La traduction en géométrie, c’est le barycentre et les façons diverses de le construire, avec les propriétés géométriques correspondantes ; si elles ont disparu des programmes, il faut les faire revenir. Le barycentre, c’est aussi le centre d’inertie, et la moyenne a été liée par Legendre à la méthode des moindres carrés, souvent considérée comme le point de départ historique de la statistique. Il serait dommage de ne pas donner en exemple de parabole la représentation de la somme des carrés des distances à des points donnés, et de voir leur moyenne comme l’abscisse du sommet.
Pour la médiane, c’est la somme des distances qui intervient, et c’est l’occasion de voir une fonction affine par morceaux. Et la traduction dans le plan et l’espace à des systèmes d’un petit nombre de points fait apparaître des points remarquables (point de Steiner d’un triangle,etc). Il est vrai que sur la droite seul l’ordre intervient ; quid dans le plan ?
Le lien à l’analyse est évident : la moyenne est une intégrale. Aux probabilités : c’est l’espérance. La traduction peut se poursuivre avec la variance. Fondamentalement les probabilités se relient à l’analyse parce que ce sont deux approches pour évaluer ce qui est grand et ce qui est petit. Il est vrai qu’une comparaison de la loi de Gauss et de la loi de Cauchy est instructive et attrayante.
J’ai juste écrit le mot qui convient. Il faudrait que les probabilités et la statistique soient attrayantes pour les élèves, exercent leur imagination et la disciplinent. Et naturellement pour cela il faut qu’elles soient attrayantes pour les professeurs. Pierre Arnoux et jean-Pierre Raoult en ont pleinement conscience, et ils savent mettre la main à la pâte pour qu’il en soit ainsi.
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