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le 15 de marzo de 2010 à 08:04, par Aurélien Djament
Bonjour à tous,
Je comprends très bien que la question de l’hégémonie d’une langue dans le domaine de la communication scientifique soulève de nombreuses questions spécifiques qui dépassent les débats linguistiques généraux, mais il me semble pour autant désinvolte de balayer toute mise en perspective dans le contexte d’une politique linguistique très claire.
J’ai du mal à admettre qu’il soit totalement indifférent que la langue quasi-unique de la communication scientifique soit l’anglais : qui l’a choisie ? Est-ce un hasard si cette même langue est progressivement imposée de façon beaucoup plus générale (titres de films en anglais non traduits, noms d’enseignes de magasin français en anglais, produits systématiquement nommés selon des appellations anglophones dans certains secteurs, invasion des publicités en anglais, hégémonie de l’anglais dans l’apprentissage des langues étrangères, etc.) ? J’ai l’impression que les arguments des défenseurs de l’état de fait linguistiques se résument pour beaucoup à une justification du fait accompli - on ne se pose pas de questions sur le pourquoi, on trouve cela pratique puisque la langue choisie comme langue unique est censée être connue par tout le monde (du coup, ce serait une question de bon sens ou de politesse de s’y exprimer systématiquement dès lors que tout le monde n’a pas forcément la même langue maternelle dans un cercle donné).
Un autre point non abordé qui interroge : l’hégémonie de l’anglais s’accompagne d’une grave régression dans l’apprentissage de la langue française. L’une des sources importantes de difficultés des étudiants, y compris en mathématiques, provient à mon avis de leur piètre maîtrise de notre langue, qui les gêne pour exprimer et structurer clairement leurs raisonnements. Mais peut-être la généralisation des cours en anglais voulue par notre ministre de l’enseignement supérieur améliorera-t-elle la situation ? Ou pensez-vous que les progrès de la traduction automatique permettront de s’affranchir d’apprendre réellement une langue, avec son vocabulaire, sa grammaire, ses tournures idiomatiques et subtilités innombrables ?
Je crois qu’il y a là matière à réflexion.
Bien cordialement,
A.D.
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